6. Choisis

Le Roi Caspian se leva brusquement et sortit son épée avant de la pointer sur un point derrière Eléonore. Celle-ci se retourna avant de regarder Caspian d'un air indécis.

- Pas derrière elle, Majesté, devant ! Enfin, elle ! La fille ! S'écria un autre en accourant. C'est une sorcière ! Descendante directe de la Reine Jadis, la Sorcière Blanche.

- Enfin c'est absurde, je sais à peine qui est votre femme la ?! S'exclama la jeune fille indignée.

- Sire, je vous en conjure, ne croyez pas à ces fadaises, assura Drignan. Ces hommes ont, il semblerait abusé du vin, et vocifèrent des insanités.

- Ça n'empêche en rien le fait que je ne suis pas une sorcière enfin ! Gronda Eléonore, dont la pointe de l'épée de Caspian penchait dangereusement vers son thorax.

- Roi Caspian, avec tout le respect que je vous dois, si j'avais voulu vous tuer, je ne me serais pas armée d'un bâton et je vous aurais déjà roulé dans la poussière, tous autant que vous êtes, conclut la jeune fille en croisant ses bras sur sa poitrine.

Caspian sembla réfléchir, puis abaissa son épée avant de soupirer bruyamment.

- Messieurs, souffla-t-il, le mal que nous avons combattu est terminé. Je ne sais pas si cette jeune femme est l'origine d'un nouveau souci, mais pour l'instant, je vous propose de profiter des heures de tranquillité qui s'offrent à nous. Quant à toi, reprit-il en se tournant vers Eléonore, suis-moi, je vais t'indiquer où tu vas dormir cette nuit.

Les marins se dispersèrent sur la plage, certains chantant, d'autres discutant simplement. Caspian observa Eléonore et l'invita à le suivre ; ils se dirigèrent sur un des coins à l'est de la plage, où plusieurs couchettes étaient mises.

- Drignan est ici, et je suis là annonça-t-il montrant les deux couches. Ils ont improvisé une sorte de lit ici. J'espère que tu comprends pourquoi nous te mettons en retrait des autres marins. Tu peux t'éloigner un peu si tu veux, mais n'oublie pas que l'île est petite.

- D'accord, merci beaucoup, mec. Euuuh, je veux dire, bafouilla-t-elle, Majesté. Merci beaucoup Majesté.

Il haussa les sourcils d'incompréhension face à ce terme inconnu puis partit dîner avec ceux qui restaient. Eléonore souffla de soulagement. Elle n'était pas sûre que Elizabeth II aurait acceptée et laissé partir vivant une personne l'ayant appelée "meuf". En effet, elle avait eu très chaud. Dorénavant, et jusqu'à ce qu'elle quitte ce Roi, elle ne devait pas oublier qui il était, et se tenir à sa place. Chose qu'elle faisait assez souvent, mais pas trop quand même. Enfin. Un dilemme se forma dans l'esprit de la jeune fille. Allait-elle rejoindre les autres, qui l'avaient plus ou moins accepté, et pourrait-elle aller s'asseoir, on ne sait trop où, tant que ce n'était pas à côté du Minotaure ? La réponse était tout simplement non. Non, elle ne pourrait pas débarquer au milieu de tous ces gens qui avaient vécu, subi, et survécu à la guerre, au mal, sous toutes ses formes physiques et morales. Elle ne pourrait pas aller s'installer après tout le monde, cherchant délibérément une place à l'écart, et après quelques instants horriblement gênants, profiter de la pitié de l'un ou l'autre. Eléonore préféra donc, par mesure de sécurité et par question de respect s'abstenir et elle s'allongea dans la couverture, après avoir enlevé ses espadrilles. Elle fut (plus ou moins, notons) bercée par les voix tonitruantes des marins, et son dernier regard fut la forêt, avec en privilège quelques magnifiques étoiles derrière.

- Eléonore, réveillez-vous, chuchotait une voix à l'oreille de la jeune fille.

Elle ne voulait pas se réveiller. Et si toute cette histoire n'était qu'en réalité un rêve ? Si elle se réveillait au milieu d'un cours, les autres élèves la regardant avec curiosité ? Bon. En fait, elle savait très bien qu'elle n'était pas dans un rêve, elle ne pouvait pas avoir autant d'imagination et de sens acquis dans son corps. Toutes les odeurs, toutes les visions, toutes les matières... Elle n'était pas assez douée pour imaginer tout ça. Alors, à contrecœur, elle se leva, acceptant les mains de Caspian qui la releva un tantinet brusquement. Il lui demanda si elle avait bien dormi, ce à quoi elle répondit que pour une première nuit dans un monde qu'elle n'avait jamais connu, elle s'en sortait sa foi plutôt pas mal. Après une bribe de discussion, Caspian la laissa aux mains de Drignan, qui lui passa de quoi déjeuner. Certains hommes étaient en train de remettre dans les chaloupes les vivres accumulées la veille et certains allaient jusqu'à même chanter des chants narniens. Drignan envoya Eléonore (à son grand désespoir et incompréhension) voir le Minotaure quand il vit que la jeune fille eut fini de petit-déjeuner. Apperemment, il devait lui donner de quoi se défendre et lui faire une sorte de visite guidée du bateau, alors elle ne rechigna pas, heureuse de pouvoir taper non plus avec ses mains, mais avec des armes. Des vraies. C'était pas chez elle qu'elle pourrait manier ça.

- Bon, marmonna Tavros, tu préfères une épée ou une dague ?

- Les épées sont lourdes, demanda Eléonore.

- Ça dépend, on va regarder.

Il lui tourna le dos, et farfouilla dans les sacs avant de ressortir plusieurs objets. Une était une arbalète, une autre un arc. Deux d'entre elles possédaient toutes deux une lame. Une épée et une dague. C'était intéressant.

- Tiens, essaye la pour voir, soulève la, indiqua-t-il.

Eléonore prit l'épée que lui proposait le Minotaure et la souleva. Elle n'était pas très lourde, mais elle ne se sentait pas à l'aise avec une aussi grande lame. Aussi se permit elle d'essayer la dague, et à son grand plaisir, elle réussit dans grand dommage à la manier.

- Je crois que c'est bon du coup... merci beaucoup Tavros.

- Y a de quoi, grogna l'animal.

- Roooh, les hommes, qu'ils soient animaux ou humains, y en a toujours un qui râle, chuchota la jeune fille. Je vais où maintenant ? Reprit plus fortement Eléonore.

- Va voir le Roi, il sera le plus a même de te répondre.

Eléonore le remercia encore une fois puis se dirigea vers Caspian, qui était peu proche de ses hommes, en solitaire, les mains sur ses hanches, le regard haut. Quant elle arriva à quelques mètres de lui, de peur de le déranger qu'il lui vienne l'envie de la couper en petit morceaux, elle toussota. Le concerné se retourna.

- Oui ?

- Heem, Tavros a fini de faire son travail avec moi, et il a pense plus préférable que je vienne vous voir ne sachant pas trop mon rôle et mon utilité ici.

- Vous avez bien fait. Alors, qu'as-tu choisi ?

- Une dague, je n'étais pas bien avec l'épée.

- Bien. Aujourd'hui, on embarque, alors je vais t'emmener avec moi. Les hommes ayant fini leurs besognes, ils iront dans les dernières chaloupes, tu vois.

- Je vois. Quand partons nous ?

- Maintenant, si tu n'y vois pas de problème. D'ailleurs, je te donnerai des vêtements plus adaptés. La reine Lucy a dû en laisser.

- Merci beaucoup Majesté.

- Sire ! Les chaloupes sont prêtes, annonça Drignan.

- Eléonore ? Es-tu prête à découvrir le Passeur d'Aurore ?


Et oui ! Je poste enfin x)
Ce chapitre est un peu plat mais bon on fait ce qu'on peut hein x) j'espère qu'il était quand même cool à lire !

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