Pendant que les hommes s'étaient dispersés, Eléonore s'était dirigée, se sentant inutile aux chefs d'autorités, vers les attelages. Elle décida d'aider, pour faire bonne impression.

- Que puis-je faire pour vous aider ? Demanda-t-elle à un homme qui ramassa des pierres.

Il se retourna, lui sourit et répondît en joignant le fait au geste :

- Comme tu le vois, je ramasse des pierres afin de contenir le feu et d'éviter qu'il se propage. Tu peux m'aider à en trouver des assez grandes. Quand tu en auras une dizaine, tu en auras pour un foyer.

Elle hocha la tête et partir à la recherche de sa quête. Eléonore ne trouva pas de difficulté à obéir à la requête, aussi rapporta-t-elle des pierres assez rapidement. Et plus d'une dizaine. Elle n'avait pas trop de difficulté à les porter, elle en était assez fière.

- Et maintenant ? Dit-elle en posant les pierres dans le tas.

- Heuuu... fit le marin, peu habitué à donner des consignes. Tu peux aller demander au Capitaine, il te trouvera quelque chose à te faire faire.

Elle le remercia d'un hochement de tête.

- Moi, c'est Iryef.

- Eléonore, mais tu le sais déjà, le tutoya-t-elle.

Elle ne préféra pas aller de suite voir le Capitaine. En plus, il discutait avec le Minotaure. Elle se dirigea vers le rouquin qui avait fort bien montré ce qu'il pensait d'elle dans la forêt.  Il était accompagné de quatre hommes, et en plus d'un homme à jambes de chèvres. Un faune, se rappela-t-elle.

- Excusez moi, fit-elle alors que tous les regards se tournaient vers elle. Quelqu'un aurait une idée de ce que je pourrais faire ? Comme ramasser, ou couper du bois, j'en sais rien..

- Oui. Tu n'as qu'à aller aider à "la cuisine", ils préparent les plats pour les faire cuire.
Eléonore obtempéra et se retrouva à éplucher des baies et des fruits exotiques qu'elle n'avait jamais vu de toute sa vie. Les cuisiniers n'étaient pas très bavards, alors Eléonore pensa à tout ce qu'il lui était arrivé. Elle cherchait encore le but et l'utilité de l'avoir emmené la, où elle se retrouvait à éplucher des fruits alors que la nuit tombait, laissant entrevoir quelques étoiles. Maudites étoiles.

Quand elle eut fini, elle remit quelques mèches derrière ses cheveux et se dirigea fermement et sûrement vers Drignan qui discutait avec Caspian, cette fois. "Oucch, la mission sera délicate, enfin ! Je peux tout affronter. Tout sauf Trevor ou Trésor.. mince, c'est quoi son nom à l'autre ?"

- Heem, toussota-t-elle, interrompant la conversation des deux hommes. Je suis désolée de vous déranger, mais on vous a recommandé afin de me donner du travail.

- As-tu déjà fait quelque chose ? Interrogea le Capitaine.

- J'ai ramassé une double douzaine de pierres pour les feux, et j'ai aidé à la cuisine, énuméra-t-elle.

Caspian haussa les sourcils, surpris par ce travail énorme. Il ne pensait pas que sitôt "libérée" la jeune fille irait fournir une aide à l'équipage. Il se demandait vraiment ce qu'elle faisait là. C'était à peine une adulte, c'était une enfant, de dix-neuf ans maximum. Le Roi décida de lui donner congé, vouant que tous les hommes avaient plus ou moins fini leur tâche et se rapprochaient de lui.

- Reste là, tu as bien fait. Je te remercie.

- Merci Sire, la remercia Eléonore.

Elle se trouvait un peu idiote à appeler Majesté et à vouvoyer quelqu'un qui n'avait même pas le double de son âge.

- Avez-vous quelque chose de prévu ? Où puis-je disposer ?

- Tu peux disposer, ne t'éloigne pas trop, nous sonnerons un cor quand il sera le temps de se réunir pour manger et pour prévoir, répondit le Capitaine Drignan en mimant un semblant de sourire.

Elle fit un signe de tête aux deux hommes puis partit sur la côte, au plus près de la mer. La nuit était tombée, et un magnifique clair-obscur de la lumière était présent dans l'atmosphère. Un rocher était disposé là, comme pour l'inciter à s'assoir, et c'est ce qu'elle fit pendant trente secondes, avant de s'allonger sur le côté, afin de voir la mer. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours apprécié la mer, bien qu'elle soit dangereuse. Les magnifiques ondulations, les jolies couleurs, les agréables embruns formaient un halo lumineux qui faisait sentir bien quelqu'un de terriblement malheureux. À ce moment, elle se dit que si elle avait pu prendre son téléphone avec elle, elle aurait pu prendre de magnifiques photos et cela auraient fait de très bon souvenirs. Elle pensa, nostalgique, qu'un de ses souhaits lorsqu'elle serait entourée de quelqu'un qui l'aimait et qu'elle aimait, serait de se poser la, devant le soleil couchant sur la mer. Elle repensa à ce Eustache dont les marins parlaient. Qui était-il ?
D'où venait-il ? Et elle, avait-elle un but précis, ou n'était-ce qu'un rêve, qu'un souhait imaginaire, qu'une utopie ? Le remous des vagues faisant doux écho à ses oreilles, elle soupira, avant de s'allonger sur le dos et de fermer les yeux. Lorsqu'elle les rouvrit, quelques instants plus tard, le ciel était à l'apogée de la magnificence. Elle regrettait de ne pas avoir cette vue de chez elle, au moins elle pourrait s'endormir tôt au lieu de traîner quatre heures sur son téléphone. Eléonore entendit des pas, aussi préféra-t-elle se relever et se retourner afin de voir qui osait la déranger.
La cause de son dégagement était tout simplement Caspian, il lui fit un léger sourire, puis s'assit sur le rocher.

- À Narnia, là où je vis, je peux voir les étoiles et les constellations de ma chambre, commença-t-il.

- Vous avez bien de la chance, marmonna Eléonore.

- Tu- vous, tu permets que je te tutoie ? S'auto-coupa Caspian.

- Oui, bien sûr, acquiesça Eléonore.

- J'ai remarqué que tu n'avais pas l'air d'être mal ici. Tu avais l'air soulagée. Comme si ta vie était impossible là-bas. D'où tu viens, précisa le Roi.

- Si je vous racontais tout, nous en serions encore pour des mois.

- Cela m'importe. En tant que Roi, je me dois de connaître toute culture et peuple même si elle n'est pas définie sur nos cartes. Alors, soupira l'homme, que se passait-il chez toi ?

Eléonore hésita un peu avant de lui raconter. Devait-elle faire son adolescente en crise et raconter qu'elle se sentait mal chez elle ? Dans son corps ? Devait-elle raconter qu'elle voulait découvrir des contrées fantastiques ? Qu'elle voulait vivre dans un monde magique ? Non, c'était impossible.

- Majesté ! Majesté ! Hurla un marin. Faites attention !

Caspian, stupéfait, se retourna et indiqua une interrogation muette à l'encontre de son timonier.

- Faites attention ! À la sorcière ! La sorcière, là, derrière vous !

---

SUSPENSE de fouuuuu

Premier moment un peu cute entre les deux jeunes gens 

J'espère que ça vous a plu :) courage, il reste moins d'une semaine de cours :D