25. Merci beaucoup
- Eléonore ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Caspian ? Fit Eléonore, surprise. Lui, que faisait-il là ?
- Le professeur Cornelius m'a fait chercher, tu semblais être paniquée. Tout va bien ? fit le souverain (légèrement) affolé.
- Oui, oui, je vais bien, j'ai juste... assisté à quelque chose qui m'a fait perdre pied, mais ça va mieux !
- Tu veux m'en parler ? continua-t-il.
- Je pense que ça ne sera pas sain pour toi, sauf le respect que je te dois. Ahem, professeur Cornelius, pourrai-je vous dire quelques mots ?
- Bien sûr, dit-il en entrant dans son bureau.
Elle espérait ne pas avoir offensé le Roi ou brisé des coutumes en disant cela, mais pour l'instant, Caspian ne devait pas être au courant. Celui-ci se recula et sortit après un signe de tête de son professeur et un sourire crispé de son amie.
Le bal avait lieu le soir même qui plus est. Comment allait-elle faire ? Si Caspian l'apprenait, il serait sur ses gardes et cette fête que tout le monde attendait serait envahie de gardes et remplie de méfiance. Il fallait qu'elle réfléchisse bien à ce qu'il fallait faire.
Dans un sens, elle s'en voulait de le lui cacher, mais elle ne devait pas prendre à la légère ce qu'elle avait entendu. Caspian ne serait mis au courant que lorsqu'elle aurait vraiment la preuve qu'Adriel lui voulait du mal. Elle ne mettrait pas son ami en danger inutilement et le professeur Cornelius semblait être parfait pour l'écouter. Sa sagesse et ses bons conseils n'étaient pas des rumeurs.
- Bien bien bien, fit en tapant dans ses mains le professeur. Pouvez-vous me dire ce qu'il vous arrive ?
- C'est un peu délicat, professeur, je m'excuse si cela vous parait flou ou compliqué à comprendre...
- Je vous écoute, dit Cornelius.
Il l'invita de sa main à s'asseoir. Eléonore s'assit, se tritura les mains et prit une grande inspiration. Puis elle commença :
- Je pense qu'un complot se trame contre Caspian. J'ai entendu une discussion plutôt étrange et je pense que la vie de notre Roi est en danger.
- Savez-vous de qui il s'agit ?
- De Adriel Iwen.
- Du... du seigneur Iwen ? En êtes-vous sûre ? C'est une accusation très grave vous savez, Caspian m'a raconté que vous aviez eu quelques paroles houleuses l'un comme l'autre.
- Professeur, je vous assure j'ai été témoin de sa discussion entre lui et son médaillon. Je vous en prie, il faut me croire. J'étais dans la bibliothèque et lorsqu'il est entré, son collier a brillé d'un rouge flamboyant et une voix s'est mise à en sortir... Iwen disait qu'il ne voulait plus attendre, qu'il était la depuis longtemps et que rien n'avait changé.
Le professeur resta soucieux, il gratta sa longue barbe et resta pensif quelques instants.
- Je vous crois, Eléonore, vous me semblez suffisamment bouleversée. Mais on n'accuse pas quelqu'un de trahison comme ça. Il faut des preuves. Et en ce moment, le peuple n'a pas besoin de fausse alerte. Les périples du Passeur d'Aurore sont encore dans les esprits, même si cela fait de nombreuses semaines désormais. On ne peut se permettre de réunir le conseil de guerre sans arguments valables, comprenez vous ?
- Oui, je comprends. Mais qu'allez-vous faire ?
- Pour l'instant, je vais moi-même mener l'enquête et faire suivre ce seigneur, après tout on ne sait pas vraiment qui il est. Je vais demander à Tavros ou un garde de le surveiller ce soir. Il y a trop de monde, il ne tentera rien.
- Et pour Caspian ?
- Je vais l'en informer. Je pense qu'il décidera d'avoir une garde rapprochée mais il faudra faire ça en secret.
- Bien sûr. Je vais vous laisser prévenir Caspian alors, j'attendrai dans la cour.
L'ancien précepteur sourit à Éléonore et l'invita à sortir. Caspian était assis sur un banc, regardant dans le vide.
- Caspian ? Le professeur t'attend.
- Oh, merci. Tu peux m'attendre dans la cour si tu veux, ainsi nous pourrons aller explorer le village, déclara Caspian en retroussant ses manches. Il avait repris un air sérieux, de souverain. Normal.
- Bien sûr.
La jeune fille se dirigea vers la porte qui menait à la cour intérieure. A présent, elle était soulagée, et laissa dériver ses pensées vers un événement beaucoup plus intéressant : le bal !
Attends, minute papillon... Mais qu'est-ce que je vais mettre ?
C'est vrai, elle n'avait pas emporté sa petite valise avec des robes de soirées... L'idée de mettre son pantalon et son sweat lui sembla au mieux démesurée, au pire irrespectueux envers le peuple. Elle pourrait demander à Caspian s'il n'avait pas une robe ou deux qui traînait dans son armoire, mais elle en doutait. Il ne devait pas mettre beaucoup de robes. Bon, elle se débrouillerait, c'est ce qu'elle avait toujours fait, n'est-ce pas.
-
Caspian sortit du bureau du professeur Cornelius. A vrai dire, il ne croyait pas vraiment à ce que lui avait dit son ancien précepteur. Non pas qu'Éléonore avait menti, mais tout cela lui semblait exagéré. Le deuil de ses ancien compagnons de mer n'était pas terminé, et il ne savait pas si son peuple pourrait assurer et se défendre contre cette nouvelle menace. Il était Roi, il se devait d'être fort pour eux. Lorsqu'il avait été sacré roi, il savait que son règne serait parsemé d'embûches, mais pas autant. Aslan leur viendrait en aide s'il y avait besoin, comme il l'avait toujours fait. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Mais un sentiment d'insécurité s'était emparé de lui.
Pour l'heure, il allait passer une partie de la journée avec son amie, à lui montrer le village et quelques habitants. Il lui avait prévu une surprise, pour la fin de journée, juste avant le bal. Caspian espérait que ça lui plairait. Il descendit et arriva dans la cour où il vit la jeune blonde assise sur un banc de pierre. Il lui fit signe lorsqu'elle dirigea son regard vers lui, puis il se rejoignirent.
- Je te prie de m'excuser pour l'attente.
- Il n'y a pas de mal, ne t'en fais pas , répondit-elle en souriant.
- On y va ? La journée est déjà bien entamée et j'ai plein de choses à te montrer !
Eléonore acquiesça en riant puis ils traversèrent le pont. Ils flânèrent à travers les petites rues ou une petite foule s'amassait devant un boulanger. D'autres habitants étaient assis autour d'une fontaine où des enfants faunes et centaures s'amusaient.
- Alors, par quoi commence t-on ?
- Je vais te montrer une armurerie, c'était là que mon père m'avait offert ma première épée quand je n'étais encore qu'un petit garçon. Mais avant ça, je voulais te dire quelques mots à propos de tout à l'heure.
Et zut. Et elle qui pensait qu'une fois sortis du château, ils feraient comme si rien ne s'était passé. C'était loupé.
- Oui, que voulais-tu me dire, répondit-elle comme si elle maîtrisait le sujet mieux que quiconque. Si elle devait lui répéter mot pour mot ce qu'elle avait entendu, elle le ferait sans hésiter, elle ne s'éterniserait pas en gêne et peur. C'était une faiblesse qu'elle haïssait montrer aux autres. Elle souhaitait que ce genre de sentiments reste à l'intérieur d'elle, et ne sorte jamais. Un peu comme un bouclier, finalement.
- Ce que tu as fait pour moi, et pour notre pays en te confiant au professeur Cornelius, c'est très courageux et brave. Cela prouve un peu plus que nous pouvons te faire confiance et que tu es à nos côtés. Je n'ai aucun doute quant au fait de te voir te battre avec une épée si besoin il y a. Et je voulais donc te remercier, vraiment.
Caspian s'approcha de la jeune fille, qui frissonna, et en lui tenant les bras, prononça un "merci beaucoup" qui fit ressentir à Éléonore une sensation d'apaisement et de satisfaction personnelle. Caspian avait confiance en elle. Elle n'était pas inutile ici. Ses insécurités partaient de jour en jour. Elle avait l'impression d'avoir appris quelque chose de très important : c'était à elle de se rendre utile et importante pour les autres, pas d'attendre qu'on vienne à elle.
- De rien Caspian, c'est normal. Vraiment.
Pour la richesse de ses mots, on repassera. Et ça se disait grande littéraire.
- Bon alors, on y entre dans cette armurerie ? reprit-elle joyeusement, en détournant la conversation (habilement, selon elle).
Certains enfants les montrèrent du doigt. Tous ne connaissaient pas l'existence d'Éléonore où qui elle était aux yeux du souverain. Il était donc normal de penser que le souverain avait trouvé quelqu'un pour régner à ses côtés lorsqu'on voyait la proximité du roi avec une belle jeune fille et la façon dont il la regardait.
Les deux concernés étaient très loin de s'imaginer ce qu'on pouvait penser d'eux. Les ragots allaient bon train, entre les "c'est pas trop tôt", "elle est vraiment belle la future Reine" et les "vous pensez qu'ils officialiseront quand ?".
Caspian montra du menton la fameuse armurerie à Éléonore et la laissa entrer en premier, comme un parfait gentleman.
En entrant, sur la gauche, des dizaines d'épées, de taille et de formes différentes étaient exposées sur des étagères. Là, assis sur un tabouret de bois, le front transpirant et la barbe ruisselante, un nain forgeait. Il leva à peine les yeux lorsqu'il entendit deux personnes rentrer. Les nains n'étant pas réputés pour être les plus aimables, il lança simplement tout en continuant de façonner son épée : "si vous voulez une bague d'fiançailles c'est pas l'jour, je m'occupe uniquement des armes".
Gêne chez Eléonore. Ne laisse pas ton émotion sortir, ce serait encore plus gênant.
- Meghidir, mon brave ami ! Nous ne sommes pas là pour ça ! Salua Caspian, pas gêné le moins du monde. Il semblait même plutôt amusé par le drôle de personnage.
- Majesté, je vous prie de m'excuser, j'ai cru que c'était encore ces jeunes tourtereaux... Arrg, maugréa le dénommé Meghidir, ils viennent tous les quatre matins me demander une bague pour au final ne jamais avoir de quoi la payer. C'est pas bon pour les affaires.
Caspian rit, puis se souvint qu'il n'était pas seul. Meghidir regarda la jeune fille, qui se sentit observée jusqu'aux os. Il pouvait se calmer, elle n'allait pas lui demander une bague. Pourquoi faire, de toute manière ?
- Oh, je te présente Eléonore, elle vient du -
- Vous venez du même monde que les Rois et Reine de l'ancien temps, non ?
- Heu... Oui, comment le savez-vous ?
- A l'odeur.
- Oh.
Bon... il n'était déjà pas très aimable et puis maintenant elle sentait quelque chose de suffisamment fort pour que ça aie l'air de le dégoûter ?
- Bien bien bien, Meghidir, reprit Caspian en tapant dans ses mains. Tu as toujours un flair de chien ! Éléonore vient en effet de là bas, nous l'avons trouvée sur une île avant de rentrer ici. Elle n'était d'ailleurs pas très hospitalière à ce moment là, rajouta-t-il avec malice en la regardant.
Eléonore sourit. C'est vrai qu'elle avait été très offensive, même si Drignan l'avait maîtrisée rapidement. On l'avait prise pour une sorcière puis pour un danger envoyé pour tester les marins. Elle s'était ramollie depuis qu'elle était là, d'ailleurs. Pff, quel gâchis de ses compétences.
- Oui, c'est vrai, mais vous étiez une cinquantaine à me menacer avec des épées, il y avait de quoi !
- Nous étions à peine vingt-cinq, Eléonore...
- Certes, mais les épées comptent doublent.
Caspian rit de plus belle. elle était vraiment hilarante. et modeste qui plus était.
Meghidir, ayant suivi cet échange fut amusé. Ainsi donc, c'était elle la jeune fille, nouvelle amie du souverain. Elle lui avait semblé mauvaise et opportuniste lorsqu'elle était entrée, mais finalement l'instinct du nain (assez mauvais) s'était révélé faux. Et il pressentait quelque chose sur l'avenir des deux. Il était sûr que son instinct ne se tromperait pas cette fois ci.
-
WOW ça fait vraiment des mois que je n'ai pas posté, j'ai été dépassée par les cours maiiis voici le chapitre 25, tout frais qui sort du four ! Merci beaucoup pour tous les retours adorables :)
J'espère qu'il vous aura plu comme d'habitude !
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