20. Déclaration de guerre
- Alors le repas t'a-t-il plu ? demanda Caspian alors qu'il marchait avec Eléonore afin de la reconduire à sa chambre comme tout honnête gentilhomme.
En effet, dès qu'ils furent rentrés au château, ils s'étaient séparés pour aller se préparer ou du moins se rafraîchir pour le dîner. Ils y avaient retrouvés Philitarus, entre autres et d'autres personnes dont Eléonore ignorait le nom. Caspian était à l'extrémité de la table et par un heureux comble du destin, elle était placée en face du Seigneur Iwen. Il avait un bras bandé et son visage présentait une égratignure sur sa joue. Eléonore ignorait d'ailleurs comment il se l'était fait. Mais elle dut bien reconnaître que cela n'entachait rien à sa beauté. Il ne lui avait adressé aucun mot, deux trois sourires coincés à la rigueur, mais rien de plus. Ça l'arrangeait en soi, elle ne craignait pas de provoquer une dispute au milieu du repas ; il avait le don de la faire sortir de ses gonds.
- Oui, c'était vraiment bon, j'ignorais tout de la nourriture narnienne. Mais je t'avoue que ce qui m'a plu le plus, c'est la tête de six pieds de longs que tirait Iwen, s'esclaffa avec espièglerie Eléonore.
- C'est vrai que c'était amusant, mais tu sais, fais attention à ce que tu fais et ce que tu dis, tout peut finir par se savoir un jour. Et puis n'oublions pas que c'est tout de même un Seigneur ! Même si je sais qu'il ne t'a fait bonne impression, n'oublie pas que tu lui dois du respect.
- Tu as raison, je ferais attention demain, répondit Eléonore.
- Je me posais une question, déclara Caspian soudainement. Sur l'origine de ta venue ici.
- Oui ? Je t'écoute !
- Je me disais que peut-être, tu pourrais aller voir le Professeur Cornelius demain pour lui demander son avis sur tout ça ? Il est très sage, et comme il lit dans le ciel, et qu'il rejoint une ou deux fois par mois les centaures pour discuter de leurs visions, cela pourrait t'aider...
- Oui, bien sûr pourquoi pas ! Mais s'il sait quelque chose d'important, il ne devrait pas t'en avoir déjà parlé ?
- Je ne sais pas, Cornelius est quelqu'un de très mystérieux, même pour les gens qui l'entourent depuis longtemps, fit Caspian, songeur. Mais s'il y a quelque chose de vraiment important, sois persuadée que je serais tenu au courant.
- Je me permets de t'interrompre, mais savoir l'avenir n'est-il pas mauvais pour notre destin ?
- L'avenir reste flou, on ne peut pas totalement le prédire, et puis, il peut toujours changer en fonction de nos actes ou paroles spontanées... Donc ne t'en fais pas pour ça.
- Tu me rassures, j'aime être surprise par les aléas de la vie, dit Eléonore en tournant à gauche afin d'arriver à sa chambre.
Elle fit quelques pas avant de déclarer :
- Ton château est vraiment agréable, j'aime beaucoup y vivre. Même en temps limité, murmura-t-elle.
Comme elle ne reçut aucune réponse, elle se tourna vers son interlocuteur. Interlocuteur, qui, soit dit en passant, n'était pas là.
- Caspian ? appela-t-elle.
- Eh Eléonore, cria une voix au loin.
Elle se retourna et vit Caspian, plié de rire, qui se tenait les côtes.
- Y a quelque chose d'amusant peut-être ?
- Non, du tout... Mais c'est...
Il n'arrivait plus à parler tellement il rigolait.
- Mais vraiment, pourquoi tu rigoles ? déclara Eléonore qui commençait aussi à rire à présent.
En effet, Caspian avait le don de posséder un rire contagieux.
- Tu... tu prends un chemin et tu parles toute seule, c'est une merveilleuse raison pour rigoler, continuait-il d'exploser.
- Mais je pensais que c'était par là, indiqua Eléonore du menton vers le chemin qu'elle avait pris.
- Oh je ne te l'ai pas dit ? Fit avec surprise Caspian qui semblait s'être calmé.
- Apparemment non, répliqua Eléonore en croisant ses bras.
- Comme nous nous promenons beaucoup ensemble, j'ai décidé de déplacer ta chambre à une très grande proximité de la mienne, afin que les trajets soient moins longs. Et qu'on ne te retrouve pas à sauter par les fenêtres tous les matins.
- Haha, très drôle, vraiment je ris fort là. Et tu n'as pas senti comme... un air passer sur toi ?
- Je te demande pardon ? déclara Caspian, complètement désarçonné. Qu'est-ce qu'elle racontait ?
- Tu n'as pas l'air de m'avoir demandé mon avis, moi, la principale concernée ?
- Je suis au regret de t'avouer que je suis le Roi, et que, jusqu'à preuve du contraire, je suis celui qui dirige, révéla le souverain.
- Ah oui, c'est sûr qu'en effet, ça joue beaucoup.
- Ça ne te dérange pas ? demanda Caspian avec hésitation après un court silence.
- Mais non, bien sûr, s'exclama Eléonore.
Et puis, ça m'éloignera sans doute de Iwen, c'est que du bénef.
- J'espère qu'elle est aussi belle que l'ancienne, plaisanta la jeune fille. On y va ?
Caspian lui sourit et lui proposa son bras, qu'elle accepta aussitôt. Il la dirigea ensuite vers ce qui allait devenir sa chambre. Il traversèrent rapidement un dédale de couloirs, et s'arrêtèrent devant la chambre de Caspian ; on pouvait aisément la reconnaître car de petits détails dorés ornaient la porte de bois. Caspian lui lâcha le bras et lui fit signe de reculer. Puis il ouvrit la porte et invita Eléonore à rentrer en lui tenant galamment la porte.
- Merci beaucoup.
- Tu voudrais pas arrêter de sourire à l'occasion ?
- Pourquoi, ça te dérange ? Fit Caspian avec un sourire en coin.
- Oui, assez, on dirait que j'ai quelque chose sur le front ou j'sais pas moi, quelque chose comme ça.
- Sois sûre que je te préviendrais en cas de problème physique.
- Perfide et immonde homme. Montre moi plutôt ma chambre, s'écria Eléonore en prenant une voix aigre et mesquine.
- Mais tout de suite ma dame, veuillez m'excuser.
- Je ne veux pas être témoin de votre incompétence, Caspian, sachez-le.
Ils se mirent à rigoler de plus belle et sortirent de la chambre de Caspian après que celui-ci ait pris un objet qu'il cacha dans sa veste. Ils bifurquèrent dans un couloir adjacent et après avoir admiré le paysage des fenêtres, ils entrèrent dans une chambre qui donnait sur le côté intérieur du château. On était pas si loin de la chambre de Caspian, si son sens de l'orientation était bon. Eléonore retint un cri d'admiration. C'était merveilleux. La chambre était dans les tons or et orange. Il lui semblait que la même armoire était présente et elle s'empressa d'aller ouvrir ce meuble qu'elle adorait. Oui, tout était là. Ne prenant plus en compte le fait que Caspian soit toujours dans la pièce, elle se jeta sur le lit. Le trouvant fort confortable, elle s'étira tel un chat, et après s'être rendu compte que le Roi la regardait avec un air moqueur, elle se leva, reborda légèrement le lit, puis s'arrêta devant le balcon, et étouffa un cri de joie.
- C'est magnifique, souffla-t-elle.
La nuit se reflétait dans une fontaine présente en dessous de son balcon et quelques buissons et arbres se mouvaient doucement sous l'air d'une petite brise. Eléonore était subjuguée par l'atmosphère qui s'en dégageait. Elle sortit sur le balcon, fait de pierre, et tourna la tête. Le balcon donnait sur une terrasse qui était cachée par des feuillages. Plutôt grande, elle avait l'air d'être un endroit très envoûtant et parfait pour regarder le ciel. Elle fronça les sourcils et se retourna vers Caspian, qui, souriant gentiment l'invita du regard à poursuivre sa visite. Alors Eléonore s'avança, et Caspian se plut à admirer sa robe qui virevoltait doucement entre les colonnes. Il sentait qu'elle allait bientôt découvrir sa petite surprise. Il en profita pour retourner dans la chambre et remettre le petit colis qu'il avait pris dans sa chambre.
- Oh Caspian ! C'est super ! J'adore !
Il avait mis à sa disposition une chambre qui avait un balcon proche du sien. Comme ça, ils pouvaient se retrouver plus facilement pour discuter, ou tout simplement pour s'échapper en étant discret. Les deux balcons donnaient donc sur la fontaine en contrebas, et la jeune fille se dit qu'elle irait explorer ce nouvel endroit dès qu'elle le pourrait, le soir même !
Eléonore ne sachant pas comment le remercier (car elle n'allait pas lui sauter au cou tout de même !) lui prit des deux mains et les serra en le remerciant maintes fois.
- On pourra regarder les étoiles ainsi ! S'écria la jeune fille joyeuse.
- Sûr ! D'ailleurs, fit Caspian en rentrant dans la chambre, il vaudrait mieux que tu rentres. Je ne tiens pas à ce que tu attrapes froid et tu sois en indisposition de participer à notre petite fête.
- Quelle petite fête ? Demanda suspicieusement Eléonore en retournant dans sa chambre en prenant bien soin avant de fermer la fenêtre.
- Et bien, le bal organisé après-demain enfin !
- Mais bien sûr ! Suis-je bête, marmonna Eléonore en se frappant intérieurement le caboche.
- Ça, je ne te le fais pas dire.
- Et ça je ne te permets pas de le dire, s'exclama-t-elle en s'approchant de lui et en le tapant -doucement, c'était son Roi tout de même- sur la tête.
- Tu as osé me frapper ? Tonna-t-il de sa voix qu'il essaya de faire paraître grave.
Pour toute réponse, Eléonore décida de prendre une décision et une tactique mature et à la hauteur de son âge : fuir.
Elle se dirigea de l'autre côté de son lit afin de ne pas être en première ligne d'attaque pour Caspian. Il avait posé sa veste sur une chaise et était à présent en chemise. (Ce qui n'était pas désagréable à regarder du tout), prêt à sauter sur la jeune fille qui regretta d'être en robe. En effet, essayez de vous battre en robe, c'est très difficile. Ils s'affrontèrent du regard pendant quelques bonnes minutes avant qu'Éléonore osa demander :
- On peut peut être s'arranger ?
- Bien sûr, répondit-il doucement.
Eléonore revint doucement sur ses pas et s'assit sur son lit, face à Caspian, qui la dévisageait avec surprise. N'était-elle pas en train de se jeter dans la gueule du loup ? Était-il assez fort pour faire croire à la jeune fille qu'il ne lui ferait rien ? Il la pensait moins naïve, tout de même. Tant mieux, cela tournait en sa faveur. Il décida de continuer sa feinte et s'approcha calmement d'elle et ramena une chaise qu'il posa juste devant le lit ou était assise Eléonore.
- Alors, commença Caspian en ricanant, qu'as-tu à me proposer ?
- Heeuuuu, fit Eléonore, je peux t'offrir... ma gratitude et mon respect ?!
Bravo Eléonore, vraiment, c'est vrai que ça s'offre ce genre de chose et qu'il va s'en contenter...
- Ce que tu me proposes... ne me convient pas, déclara le Roi. Cela ne correspond pas à mon statut.
- De Roi ? demanda Eléonore, non habituée à ce que Caspian joue de sa position.
- Il me faudrait... autre chose, dit-il avec un sourire en coin signifiant ce qu'il voulait.
- Attends, tu rigoles là ?
Eléonore n'eut pas le temps de finir sa phrase que Caspian avait déjà bondi sur elle, tel un félin.
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Alors, selon vous ? Qu'est-ce que Caspian souhaite ?
J'adooooooore ce chapitre hehe :)
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