19. Un génie de cheval
- Alors, qu'en dis-tu ? demanda Eléonore au bel étalon après lui avoir expliqué son plan totalement machiavélique.
- C'est rudement perfide, et je sais de quoi je parle, néanmoins c'est parfaitement faisable.
- Bien, alors c'est quand tu veux, conclut-elle.
Elle fit un signe de tête au cheval, et s'éloigna discrètement en faisant mine de s'intéresser à la conversation des deux hommes.
Iwen s'approcha d'Éléonore et la surprit en passant un bras autour de son épaule, comme le ferait deux bons vieux amis du vingt et unième siècle. Or, là se posait un problème : ils n'étaient ni de vieux bon amis, ni au vingt et unième siècle. Eléonore grimaça mais s'avança comme pour caresser Callus, ce qui fit tomber mollement le bras de Iwen. Gnégnégné.
- Montez d'abord, monseigneur, je vous en prie, fit la jeune fille en l'incitant à monter. L'homme passa fièrement devant elle et monta maladroitement, mais sûrement sur Callus. Ah oui, donc les mauvaises manières avaient repris, visiblement.
Ensuite tout se passa si vite qu'Éléonore n'eut pas le temps de se pousser et faillit se faire écraser. Que je vous explique. Iwen était monté comme je le disais sur le dos du cheval, mais le Seigneur n'avait pas eu le temps de mettre ses pieds dans les étriers qu'il se fit projeter par l'étalon qui avait rué pour on ne sait quelle raison.
Eléonore, à l'origine de ce plan, fut un peu surprise parce que ce n'était pas l'issue qu'elle avait envisagée. Son plan était juste d'empêcher Iwen de monter sur Callus, pas qu'il se fasse projeter. Enfin, elle n'allait pas s'en plaindre, ce cheval était un génie. Mais il y avait un hic, comme dans tous les plans foireux. Surtout ceux de la jeune fille, qui d'ailleurs, sous l'effet de la surprise, était tombée par terre, dans l'herbe. Il était en fait vrai qu'un cheval qui se dresse sur ses pattes était assez impressionnant, alors vous imaginez un cheval de Narnia ?
La suite des événements se fit ainsi : Iwen retomba sur le sol et légèrement sur un des pieds d'Éléonore, qui retint un cri. Non mais, il était totalement fou celui-là, il pouvait pas tomber ailleurs ?
- Eh, eh, eh, s'écria Caspian au cheval en caressant son museau, calme-toi, calme toi, tout va bien.
Il avait l'air de s'y connaître avec les animaux et Éléonore ne pouvait que l'admirer à ce moment précis. Callus se calma instantanément. Eléonore avait profité de ce répit pour se relever et épousseter ses vêtements. Heureusement, elle était tombée sur sa cape, ce qui était assez sympathique compte tenu de son amour pour la robe qu'elle portait. Sa cheville lui faisait mal, mais elle n'en tint pas compte.
Premièrement, elle n'était pas une chochotte et n'allait pas piquer une crise parce qu'un gros lard était à moitié tombé sur elle. Deuxièmement, c'était juste sûrement un foulage ou tordage de cheville, qui, entre nous, était assez futile par rapport à, par exemple, la blessure qu'avait le brun (entre nous, le gros lard).
Donc elle se releva fièrement et fit face aux deux hommes. Caspian la regarda avec une pointe d'inquiétude, car il avait assisté à toute la scène, bien qu'il n'eut pas le temps d'intervenir. Elle lui fit un sourire et signe qu'elle n'avait rien. Caspian, avec ses devoirs de souverain dut se souvenir qu'il avait un invité à terre, puisqu'il fondit brusquement sur Iwen en bafouillant ô combien c'était affreux, qu'il allait découvrir qui était à l'origine de ce drame. Mais même les arbres avaient deviné que Iwen n'était pas la priorité de Caspian à ce moment précis car il rentra dans le jeu du Roi sans s'en rendre compte.
Après ce remue-ménage, Caspian consentit à relever le Seigneur Iwen qui dès qu'il fut sur ses deux jambes, se mit à crier de douleur. On aurait dit que le ciel lui était tombé sur la tête tellement il souffrait de partout, apparemment. Beaucoup de simulation, selon Eléonore. La jeune fille intima à Caspian de mettre Iwen sur le cheval du Roi, car on n'était pas sûrs de rentrer sain et sauf si quelqu'un montait sur cette bourrique (dixit Iwen). Il fallait mieux ne pas faire monter un des trois gens sur Callus, alors il resta en retrait pendant que Caspian alla chercher, on ne sait comment, on ne sait où et on ne sait pourquoi un grand centaure.
Quand il revint, quelques secondes seulement plus tard, il était accompagné de Ironhoof, un des fils de Glenstorm. Le centaure hochait régulièrement la tête et après un signe de tête adressé à Eléonore, il partit avec le cheval de Caspian, et Iwen.
- Heu, quelqu'un peut m'expliquer ce qui vient de se passer ? demanda Eléonore, complètement perdue.
- Étant donné que le Seigneur Adriel Iwen est souffrant, commença Caspian, j'ai demandé à un de mes conseillers de l'amener à l'infirmerie, tu viens d'ailleurs de rencontrer Ironhoof. C'est un des fils de Glenstorm, qui m'a grandement aidé et soutenu lors de la bataille contre Miraz.
- Mais pourquoi ne sommes-nous pas rentrés avec lui ?
A ces mots, il sembla que Caspian devint gêné. Il poursuivit néanmoins :
- J'avais envie de passer du temps avec toi, comme Iwen est indisponible désormais. Et puis, j'ai entendu dire que tu aimais beaucoup admirer les étoiles, alors je t'invite à te promener avec moi sous le ciel étoilé.
- C'est... adorable ne serait même pas le mot pour décrire combien ça me touche, merci Caspian, merci beaucoup, comme ça tu pourras m'apprendre tout ce qu'il faut savoir sur les étoiles !
Pour toute réponse, Caspian tendit sa main vers Eléonore, qui l'accepta sans hésitation, et il la ramena vers lui avant d'enlever sa main, pour ne pas lui faire croire quelque fourberie de sa part. Il était ravi de partager cette balade avec son amie. Ils se promenèrent donc calmement vers le château, des rires leur parvenant faiblement ; ils entendirent aussi une douce musique qui berçait leurs oreilles et cela les rendit heureux et détendus. Eléonore avait complètement oublié comment Caspian l'avait rejeté au début de la journée et avait fait abstraction des problèmes survenus plus tôt, et Caspian n'avait plus pensé à Adriel qui semblait lui faire dire des choses désagréables à ceux qui lui étaient chers.
- Caspian, demanda doucement Eléonore alors qu'ils entrevoyaient les hautes tours du château.
- Oui ? répondit-il, serein.
- J'ai entendu des gens parler du bal, tout à l'heure, et j'ai appris que c'était dans deux jours. Hem, fit-elle en voyant Caspian commencer à vouloir rétorquer quelconque défense. Non, non, ne t'en fais pas, ce n'est pas un reproche, s'exclama-t-elle en riant. Je voulais te dire que j'y ai pensé durant notre escapade, et que, comment dire...? Je pense que je pourrais t'aider à trouver une femme pour régner à tes côtés, et aussi t'aimer, non ?
- Ce bal est fait pour s'amuser avant tout, tu sais, et je doute de trouver une femme convenable juste parce qu'elle est venue danser une fois.
- Oooh, allez ne sois pas pessimiste, je te promets que je te trouverais une femme digne de ce nom !
- Et comment comptes-tu t'y prendre ? Sans vouloir te blesser, sais-tu comment les courtoisies se déroulent ici ?
- Et bien, je n'en sais rien du tout ! Mais un homme reste un homme, et une femme reste une femme. Ce n'est pas parce qu'un monde nous sépare que cela se passe différemment ! (enfin elle l'espérait, elle aurait l'air bête sinon)
- Mouais... ça n'explique pas comment tu vas faire.
- Et bien, heuuu, quand tu arriveras dans la salle et que tous les regards seront sur toi...
- Même le tien ? fit-il avec un sourire en coin.
- Evidemment, je ne voudrais pas manquer ça, répondit-elle narquoisement.
- Tu me laisses finir Caspian ? Bon je reprends. Quand tu arriveras, je regarderais toutes les femmes présentes et j'aviserais d'en retenir quelques unes. Après, j'irais leur parler et je leur demanderais plus d'information pour savoir si leurs profils tiennent la route. Ensuite...
- Attends, comment ? la coupa une nouvelle fois Caspian. Ce n'est pas un peu archaïque comme méthode ? Et puis, tu ne peux pas juger quelqu'un que tu ne connais pas ?
- Heeee... Elle se sentait véritablement idiote maintenant. Tu sais quoi ? Oublions ça, je te montrerais quelques personnes qui me semblent bien ! Et tu verras avec qui tu choisis de continuer ta vie même si ce n'est que pour quelques mois ! Tu n'as pas besoin de tout de suite penser à une femme en tant que reine, mais juste une femme en tant que compagne, non ? déclara Éléonore.
- Je préfère déjà cette mentalité, répondit en souriant Caspian en lui faisant une pichenette sur le front.
- Oh ! Mais je rêve où tu viens de me mettre un coup sur la tête ?
- Un coup sur la tête ? Tu ne crois pas que tu exagères ? rétorqua le Narnien en haussant un sourcil.
- Pas du tout !
Suite à cet échange joyeux, ils ne parlèrent plus, leurs pas rythmés par le frôlement irrégulier de leurs mains. Caspian en profita pour l'observer. Elle était bien différente de la jeune fille fougueuse et méfiante qu'il avait rencontré sur l'île où ils s'étaient ravitaillés. Oh, elle était toujours très... joviale et impétueuse, mais elle s'était habituée à cette nouvelle façade de son existence. Caspian espérait au fond de lui qu'elle resterait le plus longtemps possible. Son tempérament amenait un peu de fraîcheur sur le château et après tout ce qu'ils avaient traversé, ils en avaient bien tous besoin. Il avait hâte que le bal ait lieu pour la voir se pavaner avec sa robe. Il l'entendait déjà se vanter et rigoler en tournoyant. Et puis, il voulait aussi voir comment elle comptait s'y prendre pour le mettre en ménage.
Quelques instants après, ils étaient enfin arrivés devant la grande porte, et se hâtèrent de rentrer, car le temps se refroidissait, et ils se souvinrent que Iwen était rentré plut tôt et qu'il devait être...
- D'ailleurs, où est Iwen ? demanda Éléonore.
Caspian gratta sa barbe en regardant vers le ciel et lança :
- Je n'en sais fichtrement rien, et tu sais quoi ?
Comme la jeune fille secoua négativement la tête, il continua :
- Cela m'importe peu à l'heure actuelle !
Eléonore agrémenta l'exclamation de Caspian en riant, une fois de plus. Il prit sa main et la fit entrer avant elle.
Quel gentleman, dis donc.
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Hey hey hey ! J'espère que ce chapitre vous aura plu surtout au moment de la fameuse chute x)))
J'essaye d'espacer les chapitres à 1 par semaine, cela vous va ?
S'il y a des fautes de frappe ou d'inattention qui sont pas belles à voir n'hésitez pas à m'en faire part ! Je relis au moins 5 fois le texte mais l'erreur est humaine x)
A bientôt, et prenez soin de vous :)
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