10. De retour à bon port

Au fur et à mesure que le Passeur d'Aurore avançait, les esprits cogitaient, certains imaginant le pire, d'autres étant plus positifs quant à leur destin. Eléonore faisait parti de ce groupe de personnes. Elle avait quitté Caspian et aidait les hommes, nerveux, à déplacer les armes, à les mettre en évidence au cas où bataille il y avait, et participait également à la répartition des épées, des arbalètes. La seule fois où elle avait croisé le regard avec Drignan, il lavait hoché la tête en souriant, signe qu'elle se rendait utile. Cela lui fit plaisir, de savoir qu'on la considérait non plus comme la fille trouvée dans un bois, mais comme une jeune adulte prête à servir et à aider l'équipage. Soudain, alors qu'Eléonore observait à nouveau la Terre devant elle, il lui semblait qu'elle était faite de brume, elle bougeait doucement, comme portée par l'air et l'atmosphère. Elle eut une supposition, mais ce n'était pas parce qu'elle était à Narnia que c'était possible, n'est-ce pas ? Pour en être sûre, elle courut à en perdre haleine jusqu'à Drignan, qui la vit arriver avec surprise.

- Que se passe-t-il ?

- Il y a du brouillard à Narnia n'est-ce pas ?

- Évidemment.

- Je crois que la vision de cette terre que nous avons est... comment dire, brumeuse ? Le paysage bouge comme un rideau de soie, Capitaine.

- Que dis-tu ? Es-tu sérieuse ?

- Je suis plus que sérieuse Capitaine, essayez de voir, intima Eléonore.

Le Capitaine soupira, se fit remplacer à la barre et marcha rapidement, suivi de  Eléonore et de Caspian.

- Que se passe-t-il ? Demanda Caspian alerte.

- Elle voit... un rideau de soie qu'elle dit... devant nous. Elle raconte que ce n'est pas réel.

- Je ne raconte pas ! S'indigna Eléonore. Je vous dis que ce que je vois n'est pas réel ! Le paysage ne peut pas bouger doucement comme ça c'est impossible !

- Elle a raison, dit Caspian en plissant les yeux et en mettant une main sur sur son front. Il semblerait que ce soit comme un voile.

- Mais... si c'est comme un voile, pâlit Eléonore, il y a peut être des récifs que nous ne voyons pas. Oh mon dieu, que va-t-il se passer...?

- Ne vous inquiétez pas jeune fille, tout se passera bien.

- Regardez, souffla le Roi, plus on s'approche, plus c'est flou... mais qu'est-ce donc ? Un reste du brouillard vert ?

- Je préférerais un souvenir de ce brouillard plutôt qu'une partie toujours réelle. Il devrait être détruit.

Eléonore, toujours en train de scruter les horizons, sembla voir quelque chose au loin. Dans l'eau. Une masse informe. Qui ne bougeait pas. Les vagues se cassaient contre la "chose".

- Oh non de non de non de non ! S'écria-t-elle presque en hurlant.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- RÉCIF ! DROIT DEVANT !

Aussitôt que tout le monde eut plus ou moins reconnu le récif, les hommes furent à leur poste et Drignan quitta les jeunes gens afin de donner des ordres stricts et clairs. Ils étaient dans le paysage maintenant, et cela était bien comme une sorte de rideau. Il avait disparu dès qu'ils étaient passé dedans.

- TOUS À VOS POSTES !

- BARRE À BÂBORD !

- SORTEZ LA GRANDE VOILE !

- SOUQUEZ FERME OÙ NOUS Y RESTERONS !

Tels étaient les ordres donnés à tout va. Jusque là, ils avaient esquivé sans grand problème tous les récifs. Et ils n'en avaient heurté aucun. C'était une chance. À présent, Eléonore était plus rassurée qu'avant. L'eau se faisait plus claire, le ciel moins brumeux, et les esprits s'apaisaient. Soudain, au loin, une colline, puis deux se firent voir. Une tour, puis d'autres furent aperçues. Et là, les hommes hurlèrent de joie : c'était Cair Paravel. Après être arrivés la bas, ils n'auraient qu'à remonter le fleuve pour arriver chez eux, au château de Miraz. Caspian expliqua tout cela à la jeune Eléonore.

- Initialement Tavros et moi avions prévu de nous rendre à pied de Cair Paravel à Telmar pour observer un peu les alentours. Voudrais-tu te joindre à nous ? Je crois avoir compris que tu voulais voir Cair Paravel.

- En effet, ce serait un réel plaisir pour moi de venir avec vous.

- Tant mieux. Je t'indiquerai quand nous partirons.

Eléonore hocha la tête.

- Je vais dans la cabine, vous savez où me trouver.

Au tour de Caspian de hocher la tête. Eléonore le regarda une dernière fois, comme si elle ne savait pas quoi dire, puis partit dans la cabine. Arrivée là-bas, elle grimpa sur une fenêtre et s'y accouda. Sans le savoir, elle était dans la même position qu'Eustache lorsqu'il écrivait dans son carnet. Elle pensa (une fois de plus) à tout ce qui lui était arrivée depuis le début de la traversée. Et elle se dit que franchement, la vie en groupe n'était pas si mal. La vie en elle même ici n'était pas si mal. Elle doutait qu'à Telmar ou Cair Paravel où elle ne savait plus quoi d'autre, le danger rôdait à chaque coin de rue.
Mais, une fois arrivés à bon port, que fera-t-elle ? Caspian était un Roi, il avait des obligations et des devoirs. Il ne pourra pas être à côté d'elle comme il le faisait actuellement. Eléonore aimait bien Caspian, même si elle n'avait pas eu l'occasion d'apprendre à plus connaître, elle était heureuse de savoir que c'était un Roi bon et pas un prétentieux.

La porte fut attaquée de coups de poings.

- Eléonore, s'exclama une voix d'homme.

- Entrez, je vous en prie, répondît-elle en tenant fermement sa dague dans sa main. On ne savait jamais qui était là. Et puis, elle 

La porte s'ouvrit. C'était Caspian. Juste Caspian.

- Je ne te dérange pas, dit-il en entrant.

- Non, absolument pas, j'étais sur la fenêtre et je réfléchissais.

- J'ai plusieurs choses à te dire Eléonore. Tout d'abord, j'étais juste venu récupérer quelques objets que j'avais laissé ici, mais j'ai pensé que c'était toi qui avais vu le récif en premier, et tu avais réalisé que ce n'était qu'une illusion, alors, je voulais te remercier au nom de tout l'équipage et de moi-même d'avoir extériorise tes pensées. Elles nous ont bien aidées.

- Il n'y a pas de quoi, Majesté, c'est tout à fait normal.

- J'insiste, vraiment, fit Caspian en souriant. Ensuite, je voulais te dire, ne te sens pas obligée de garder un écart et une politesse extrême vis à vis de moi. Je sais à quel point cela peut être embarrassant et peu habituel pour toi. Alors si tu veux, oublie -momentanément- les Majesté, et le vouvoiement. Je crois que tu es plus à l'aise avec le tutoiement et le familier.

- Vous avez complètement raison, et je vous en remercie infiniment.

Ils rirent doucement.

- Y avait-il autre chose ? Demanda Eléonore.

- Oui, je voulais te mettre en garde. A Narnia, même si bon nombre de personnes ont changé après la chute de Miraz il n'en reste pas moins que des personnes restent malintentionnées. Je te demanderai de faire attention et à n'accorder ta confiance qu'à un nombre limité de personne, et de toujours te méfier.

- Merci de me prévenir. C'est très aimable. Mais ne vous inquiétez pas, je saurais les déchiffrer.

- Je ne doute pas de tes capacités, mais même les plus grands se sont trompé et ont erré dans le mensonge avant d'ouvrir les yeux.  

- Edmund, par exemple ? Demanda avec précaution la jeune fille.

- Oui, exactement. 

- Je redoublerai d'efforts alors. 

- J'en suis sûr ! En attendant, tutoie moi, j'ai vraiment l'impression qu'on se connaît depuis des années et que tu continues à me vouvoyer.

- Bon, très bien, je te tutoierai à l'avenir, répondit malicieusement Eléonore. Et si ça se trouve, j'hante tes rêves depuis bien longtemps, finit-elle en ricanant sous l'œil amusé de Caspian.

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Helloooo ! J'ai réécrit la fin parce qu'elle ne me convenait pas (celle-ci ne me convient toujours pas mais je fais des efforts x)

J'espère que ça vous plaît, n'hésitez pas à me laisser des commentaires pour me dire si vous aimez c'est rapide et ça me permet de m'améliorer ! 

Allez, à pluuus !

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