(Après une chute infinie, Narcyz atterrit sur scène, une mer de nuage, d'étoile. Et en face, sur un piédestal la Lune qui l'attend devant une porte aux dimensions exubérantes.)

Narcyz : (Se redresse brusquement pour se placer face à la Lune et la grande porte.)
Des nuages? J'ai l'impression de dormir, est-ce un rêve ?
Encore toi, depuis le début tu me guides. Tu me suis, m'aides, m'espionnes. Pourquoi?

La Lune :
Je veux juste t'aider, que tu ne fasses pas d'erreur.
Rêve ou réalité, c'est à toi de définir la limite.
Te souviens-tu de notre première rencontre ?

Narcyz :
Oui, sur ce toit. J'étais seul, j'étais triste.
Désespéré même j'aurais pu sauter ce soir-là mais tu m'as retenu.
Tu as tenté de me montrer la lumière, le soleil qui m'attendait au loin.

(Narcyz fait une pause avant de reprendre.)

Mais tu sembles différente, que caches-tu derrière toi? Quelle est donc cette porte ?

La Lune :
Un renouveau, un nouveau départ.
Tu as fait un long chemin jusqu'ici Narcyz,
tu as battu tes peurs mais tes démons te hantent encore.

Narcyz :
Mais ils peuvent partir.
Tu m'as que je pouvais, tu m'as montré, m'a dit qu'avec le soleil j'y arriverai.
Pourquoi revenir sur tes mots ?

La Lune :
J'ai menti.

Narcyz :
Je ne veux pas te croire.

Je ne veux pas t'entendre.
Où est-il ?
Où est mon soleil?

La Lune :
Il ne viendra pas, pas cette fois. Il ne viendra plus.

Narcyz :
C'est trop tard ?
Je veux pas..

La Lune :
À vouloir l'atteindre, tu t'es perdu et tu as chuté...

Narcyz :
La chute.. Je commence à me souvenir.
Pourquoi ? Pourquoi ne m'a-t-il pas aidé? Accepté ?
Dis-moi Lune?
Pourquoi le Soleil est chaleureux et si froid pourtant?
Pourquoi n'aide-t-il pas comme toi les miséreux ?

La Lune :
Parce qu'il en est incapable. Il aura beau brûler ta peau, tes démons ne disparaîtront jamais.
Le soleil rend aveugle, mais n'efface pas le mal qui te ronge, il t'écarte juste de la vérité.
Le temps d'un soupire, d'une journée.
Et le soir la Lune revient.
Maintenant tu es seul face à tes maux, ton désordre, ton désespoir.

Narcyz :
Et toi.

La Lune :
Et je serai toujours là. Chaque nuit.

Narcyz :
Pour les malheureux.
Pour les miséreux.
Pour moi.

La Lune :
Que comptes-tu faire maintenant ?

Narcyz :
Je sais pas, que me proposes-tu Lune ?

La Lune :
Le soleil va bientôt venir, tu pourrais-

Narcyz :
Je n'en veux plus.
Je le veux plus.
Qu'il meurt, disparaisse.
J'ai assez souffert, je veux plus le voir.
Ni l'entendre, ou le sentir.

(Narcyz s'approche de la porte.)

Elle est belle, elle est grande. Elle m'attire. Elle m'est familière.

La Lune :
Tu la connais déjà.
Elle a toujours été là pour toi, j'ai essayé de t'en éloigner mais..

Narcyz :
Lune, pourrais-je rejoindre les étoiles ?

La Lune :
Tu es déjà une étoile Narcyz.

(Le jeune homme lance un dernier regard derrière lui avant de franchir le pas, se mélangeant aux étoiles, accueilli par la Lune en pleure qui s'évapore dans le ciel sombre. La pièce se change peu à peu, les nuages laissent place aux rayons du Soleil qui vint porter des fleurs, dans cette chambre d'hôpital. Narcyz est allongé dans son linceul et au loin, résonne le glas.)