chapitre 2

en média : photo tirée de google "History of Wichita" chambre régionale du commerce


Wichita, 1er août 1870, 07 h 22 du matin,

Arrivés dans une venelle entre deux bâtiments, le changement d'époque est aussi incommodant que le changement de lieu, ce qui donne à Magda l'impression que ses entrailles peinent à se remettre en place, et elle a la nausée.

L'odeur d'urine et de crottin de cheval qui effluve jusqu'à elle, accroît son malaise, alors elle vomit une nouvelle fois.

— Ça va aller ? lui demande Caliel, qui a blêmi.

— Ouais, coasse-t-elle en s'essuyant les lèvres du revers de la main. Mais c'est à toi qu'il faut poser la question, réalise-t-elle quand il s'adosse au bâtiment.

— J'ai besoin de repos, avoue l'ange. Je crois que je ne peux pas repartir d'où on vient, ajoute-t-il en essuyant la goutte de sang qui perle à sa narine.

— Ok, soupire la Chasseuse en tournant le regard vers l'agitation dans la grande rue en terre battue.

Malgré l'heure matinale, la petite ville en pleine construction grouille déjà de badauds, et quelques cow-boys qui escortent un troupeau de bovins, sifflent et hurlent pour faire avancer le bétail.

— Notre priorité, c'est de trouver un endroit où crécher le temps qu'on prenne nos marques, clame-t-elle.

— Je n'ai pas assez anticipé, réalise-t-il.

— Tu veux dire que t'espérais me déposer et me laisser me démerder toute seule, rectifie-t-elle.

— C'était l'idée, avoue-t-il. Je ne viens que très rarement sur Terre, alors cette époque je ne la connais pas plus que la tienne, précise-t-il.

— Parce que moi, oui, tu penses ? grogne-t-elle en se plaquant les poings sur les hanches.

— Qu'est-ce qu'on fait ? s'inquiète Caliel.

— T'en fais pas, je gère, affirme-t-elle avant de l'aider à marcher. On dira qu'on vient de Chicago, si on nous pose des questions sur nos fringues !

— Comment on est arrivés ? demande-t-il en s'appuyant sur elle.

— Par le train, affirme-t-elle en entendant le sifflement spécifique de la machine de fer.

— On va être démasqués, soupire-t-il.

— Mais, nan, grogne-t-elle en réfléchissant vite. On est mariés, on vient d'arriver, tu étais comptable à Chicago et on est en voyage pour chercher un endroit où s'établir et fonder une famille.

— Tu es douée pour le mensonge, la complimente-t-il.

— Ouais, ben, j'espère que toi aussi, chéri, parce qu'on risque d'avoir des soucis avec le Shérif si les habitants ont des doutes, déclare-t-elle en l'aidant à monter les marches pour longer les différentes vitrines et rejoindre le saloon qui fait l'angle de la rue.

— On n'a pas d'argent, insiste-t-il.

— Merde, c'est vrai, soupire-t-elle. Bon, on nous a volés quand on était dans le train, alors j'vais proposer de faire la plonge ou le ménage en échange d'une chambre.

— Si tu travailles, comment tu vas enquêter ? demande-t-il alors qu'ils attirent le regard des locaux.

— Bien le bonjour, clame une voix derrière eux.

Magda et Caliel se retournent sur le Shérif.

— Vous avez besoin d'aide, Madame ? demande-t-il en portant la main à son chapeau en guise de salutation.

— Euh, oui, sourit timidement Magda. Mon mari est de faible constitution, il saigne souvent du nez et ça lui rend fébrile.

Le Shérif, bel homme au demeurant, opine en affichant un léger sourire :

— Si la vue du sang vous met dans cet état, Monsieur, mieux vaut éviter de voyager, s'esclaffe-t-il.

— Il est comptable, nous voyageons peu, répond Magda.

— D'où vous venez ? demande le Shérif en les rejoignant.

— Chicago, coasse Caliel, mal à l'aise en mentant.

— Nous cherchons un endroit pour nous reposer quelques jours, déclare-t-elle. Mais nous avons été dépouillés de nos valises et de notre argent durant le trajet.

— Il vous arrive bien des misères ma p'tite dame, soupire le Shérif. Le saloon n'est pas un endroit pour vous et votre époux si fragile, sourit-il. Je vous conseille d'aller voir à la pension de la veuve Wilson, elle loue des chambres pas chères, parce qu'elle apprécie surtout la compagnie des gens. Et elle cuisine comme personne, m'dame, vous y serez très bien traitée.

« Wilson ? Un aïeul de Liam ? » se demande-t-elle intérieurement.

— C'est très aimable, Shérif, lui sourit-elle alors que son mari s'appuie de plus en plus sur elle.

— Laissez-moi vous aider, insiste le Shérif en attrapant Caliel par un bras pour le soutenir et délester sa femme.

Le Shérif les guide jusqu'à la demeure de la veuve Wilson. Il secoue le marteau de la clochette et attend avec eux.

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