Chapitre 12

Mercredi 16 août, 22 h 14,

En cette nuit sans lune, le firmament n'en est que plus scintillant.

Sous les étoiles, les Chasseurs terminent de dessiner le troisième et dernier cercle. Le premier a été tracé comme la première fois, autour de l'étoile à cinq branches. Le second, plus petit a été dessiné sur la droite mais à bonne distance de lieu du rituel, et sa délimitation coïncide à un endroit précis avec le bord du dernier cercle, qui est suffisamment grand pour englober les deux premiers.

Sartraël ainsi que Paul, arrivé le même jour que le Déchu, ont pris place aux endroits indiqués par Ambroise, tout comme les Chasseurs. La sorcière commence sa cérémonie d'invocation, alors les membres de l'assistance prononcent leur litanie.

— Rejoins-nous, Enfant de la lune ! clame Ambroise en jetant une pincée de mandragore dans son chaudron ce qui crée comme une légère onde de choc.

« Je ne peux me montrer » murmure Beth dans la nuit.

— Le temps court, Enfant de la nuit, et les planètes poursuivent leur mouvement dans l'univers, insiste Ambroise.

« Vous allez avoir peur » refuse Beth.

— Ce soir, en cette nuit sans lune, son pouvoir n'en est en rien affaibli, alors profite du cercle dédié à ton astre, l'invite-t-elle à entrer.

« Dans les ténèbres de ma servitude, je me sens si seule loin de sa douce lumière » avoue Beth.

— Entre dans ton cercle et tu en éprouveras sa douceur, déclare Ambroise d'une voix sereine.

L'air vibre à l'extérieur du grand cercle et une créature sortit tout droit d'un imaginaire cruel apparaît.

La bête a quelques apparences avec un dragon Komodo, mais elle est bien plus grande que la normale. Sa queue est aussi bien plus longue et sa tête évoque celle d'un dragon de la mythologie chinoise, mais le pire c'est que sa peau est carbonisée sur tout le corps et elle est aussi zébrée par des déchirures suintantes, qui laissent apparaître une chair à vif.

Ce qui choque le plus la sorcière et ses compagnons, ce n'est pas son horrible apparence, mais le fait que l'animal semble vivre une agonie permanente, à en juger par le rythme rapide et saccadé de son ventre.

Cette étrange créature lève la tête en direction des cieux, cherchant vainement son astre. Une larme s'échappe de ses yeux rouges et glisse sur sa peau carbonisée.

La voix de Beth résonne sans que pour autant la créature n'ouvre ses puissantes mâchoires :

« Je suis telle que mon maître voulait que je sois » se désole-t-elle.

— Nous désirons t'aider, Enfant de la lune, répond Ambroise, attristée.

La bête franchit lentement la grande barrière de sel, qui coïncide avec la délimitation de son cercle fait de pierres de lune.

La créature s'allonge et s'enroule sur les runes, puis pose la tête entre ses pattes.

Ambroise s'ancre et s'enracine, appelant à elle l'énergie de la Terre, puis elle lève les bras et accueille l'énergie du Ciel. Chargée de ce pouvoir, elle tend les bras en direction de la créature, qui ferme les yeux, préférant ignorer leurs regards terrifiés. Alors que les Chasseurs ne peuvent pas voir le pouvoir fondre sur ce monstre, il emplit bel et bien l'air. Puis, une lueur jaillit des pierres de lune et se propage, jusqu'à créer comme un voile autour de Beth qui reprend forme humaine.

Vêtue de lumière, l'Enfant de la lune s'assied, en pleurs.

« Merci ! » souffle-t-elle émue en observant ses mains à la peau douce et intacte.

— C'est temporaire, se désole Ambroise. Et je crains que ta douleur, Enfant de la lune, ne soit encore pire après.

— Alors profitons de ce répit, accepte Beth.

— Qui est ton maître ? demande Liam.

— Ce qui me lie m'empêche de parler librement, se désole Beth.

— Comment fonctionne la malédiction ? demande Gilles.

— Il n'y a pas de malédiction, répond Beth, étonnée.

— Ce n'est pas la bonne question, intervient Magda. Qui tue les Chasseurs ?

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