Tome III - Chapitre onzième
Quand je me réveille, je trouve Berty à mon chevet. Il est à peu près midi lorsque je le vois sourire en me voyant émerger.
_ Hey... Comment tu te sens ?
Je lui adresse un sourire pour lui dire que je vais bien. Puis, je remarque qu'il est redevenu lui-même lui aussi.
_ Pourquoi tu n'es pas une femme ?
_ J'ai tenté de ressentir ce que tu avais ressentis lorsque tu t'es transformée. Mais j'ai supporté la douleur. Je ne comprends pas comment tu as pu souffrir ainsi et avoir les os dans des angles encore jamais inventé.
Je me redresse sur les oreillers et soupire.
_ J'ai peut-être fait une allergie...
_ Non, c'est impossible. J'ai étudié ton groupe sanguin quand je t'ai étudié et j'ai tout fait pour avoir le composé parfait pour que tu ne le rejettes pas.
_ Pourtant, c'est arrivé... Alors... Peut-être qu'on ne saura jamais comment ç'a été possible.
Berty songe à quelque chose quand Aedan entre dans la chambre.
_ Ah, dieu soit loué, tu es réveillée !
_ Arrêtez avec Dieu. Vous vous mentez à vous-même en y croyant.
_ Elle est elle-même, il n'y a pas de doute !, plaisante Berty. Je vais vous laisser.
Le scientifique nous laisse seuls. Aedan s'assied à sa place et me prend la main.
_ Vous avez enterrez Hemming ?
_ Oui, il y a une heure. Tu ne pourras pas y aller tout de suite. Il faudra que tu attendes ce soir. Comme tu es redevenue toi-même, personne ne doit te remarquer. Tu comprends ?
Je fais oui de la tête.
_ Et Jera ?
_ Il s'est remis. Il est un peu palot mais il marche et parle normalement. Ils essaient de le faire manger là.
_ D'accord.
Aedan tapote ma main et se lève pour s'approcher de la fenêtre.
_ Je vais devoir partir. Ce soir.
Aedan baisse la tête et me donne son approbation. Et ensuite, il n'y a eu que du silence.
*
Je ne sais pas si je vais assister à la cérémonie d'adieux des morts dans l'église. Je ne veux pas voir une pierre de granit avec le nom de Hemming gravé dessus, au milieu des autres tombés, ce matin. Je ne passerais pas inaperçue.
Furie est allongé à côté de moi, sur mon lit, à attendre le feu vert pour descendre faire nos adieux à nos défunts. Furie n'a pas arrêté de pleurer auprès d'Hemming, d'après Aedan. Ils l'ont balancé dans les bras d'Aedan quand ils ont enterré son maître. Alors du coup, nous nous serrons les coudes l'un l'autre. Il est roulé en boule sur mon ventre, en train de dormir. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil, moi. Même si on est en plein après-midi, je n'ai pas tenu. Et pourtant je suis fatiguée. J'ai envie de dormir mais je n'y arrive pas. C'est comme si mon corps me refusait l'accès à cette option. Et c'est très gênant. Kasey est resté à l'église pour préparer les cercueils.
J'ai l'impression d'avoir vécu la mort de Tania, une seconde fois. Son regard tourné vers moi, se vidant peu à peu pour aller à la rencontre des étoiles. Hemming a fait pareil avec le jour. Et j'ai eu l'impression de revenir plusieurs jours en arrière. Pendant cette période où je ne faisais pas encore totalement confiance à Kasey, où je doutais encore de mon rôle dans tout ça. Je regrette les jours heureux que j'ai passé à chasser dans les bois, seule, pour ensuite aller à Faniath pour trouver Tobias et discuter un peu des nouveautés à propos des armes. Ou encore pour retourner à Laina, grimper en haut de mon immeuble pour rentrer chez moi, manger une pomme devant le soleil, en balançant mes jambes dans le vide. C'était la belle époque, quand Marty, celui qui m'a menacé quand j'ai débarqué pour la première fois à Laina, me regardait avec un air implorant de ne pas le tuer derrière son comptoir. Ou encore quand Léo me vendait ses épices et ses autres produits. Même le marchand de journaux me manque. C'est triste de voir que tout ce que vous connaissiez, tout ce en quoi vous croyez, va bientôt disparaître à cause d'un détraqué. Encore plus si ce détraqué et votre père sont une seule et même personne.
Je soupire en caressant la tête toute douce de Furie. A mon contact, il plonge ses yeux jaunes et mélancoliques dans les miens et se fond encore plus dans mes doigts. On n'a plus que l'un et l'autre, maintenant. Et je me tourmente avec cette question qui me taraude depuis plus d'un mois, maintenant. Qu'est-ce que je vais faire ?
Les dernières paroles d'Hemming me reviennent en tête.
Tu dois y aller, Nam. Tu dois l'arrêter.
Je dois le faire pour lui. C'était sa dernière volonté, je me dois de la respecter. Comme celle de Tania. Et même s'il n'avait rien dit, j'irai quand même. Je dois arrêter mon père. Il a raison. Et vu que le seul moyen de tout stopper et de poser mes empreintes digitales sur une manivelle, je n'ai plus qu'à foncer. Oui, j'irai. Que ça plaise ou pas.
Ils ont installés Jera dans un immeuble à côté, dans un lit médical. Hélène et Aedan sont à son chevet. Ils attendent qu'il se remette doucement. Les médecins ont dit qu'il n'aura pas de séquelles mais pas tout le monde peut en dire autant.
*
Quelqu'un me réveille en montant les escaliers et tape à ma porte. Furie se redresse d'un bond et je dis à la personne d'entrer. Aedan passe la tête dans l'entrebâillement de la porte et s'approche du lit. Il fait nuit.
_ Il n'y a plus personne. Tu peux y aller.
Je fais oui de la tête et Furie se balance sur le côté pour descendre du lit et s'avancer vers la sortie de l'appartement. Je prends un long manteau à capuche large et l'enfile pour me fondre dans le tissu. Aedan pose sa main sur mon épaule et je lui souris tristement. Nous nous dirigeons tous vers les escaliers de la bouche pour descendre à l'air de jeux pour enfants. Le cimetière se trouve juste à côté. Je prends Furie dans mes bras et il place sa tête sur mon épaule sans même grogner. Furie m'a reconnu dès qu'il m'a vu et il n'a pas bronché. Je suppose qu'il savait qui j'étais depuis le début, sinon il ne serait pas venu se frotter à mes jambes sur le toit avant l'assaut.
Nous nous dirigeons vers les premières tombes jusqu'au fond, là où la terre est fraîchement retournée. Nous suivons Aedan qui se dirige vers la gauche. Furie descend de mon épaule et trotte encore un peu pour s'arrêter devant une tombe, décoré d'une croix en pierre où est inscrit le nom d'Hemming.
Hemming NATIVI
2656 – 2702
Mes larmes menacent de remonter quand Furie s'allonge sur la terre retournée et ressemble vaguement à un mort. Je l'entends pleurer faiblement. Je m'approche de lui et me mets sur le côté pour pouvoir caresser Furie et en même temps dire adieu à Hemming. Aedan se pose derrière moi et s'accroupie.
_ Je suis désolé, Nam.
Furie laisse aller quelques larmes sur ses poils. Je me retourne complètement vers Aedan et enlace son cou pour pleurer. Il caresse mes cheveux pour m'apaiser.
_ Je suis désolé, Nam. J'aurais dû mieux vous protéger.
Je renifle en guise de réponse. Je décale ma tête et pose un regard embué de larmes sur la croix. Il y a un bouquet de fleurs fraîchement cueillies sur sa tombe.
_ Elles sont belles, n'est-ce pas ?, prononce Aedan doucement.
_ Non. Les fleurs, il faut les donner aux vivants. Quand ils sont morts, ça ne sert plus à rien. C'est trop tard.
Nous restons silencieux pendant plusieurs minutes. Je tourne la tête pour regarder autour de moi et vois un mausolée à quelques pas de là. Mais ce qu'il y a d'inscrit sur la plaque au-dessus de la grille retient mon attention.
ODIEL
_ Nam ?
Je laisse Furie et Aedan faire leurs adieux à Hemming. Je marche rapidement vers le mausolée et pousse la porte de la grille. Une crypte très propre, en pierre, surmontée d'une coupole en verre. Je respire à fond et passe le portail. L'intérieur sent bon. Plusieurs fleurs encadrent une statue de pierre, absolument identique à ma mère. Dessus, un nom et une date.
Elise ODIEL
2659 – 2702
Mère et amie aimée
Je fonds littéralement devant le mémorial de ma mère, à genoux. Quelqu'un court derrière moi et je sens l'odeur des fleurs m'envelopper lorsqu'Aedan entre dans le lieu. Il ne dit rien. Il me sert juste contre lui pour me soutenir dans cette dure épreuve. Je me sens vide en cet instant. Comme si tout le bonheur avait quitté mon corps, laissant place à la tristesse et à la haine. Que des émotions négatives qui vous pourrissent la vie jusqu'à la moelle. Et même quand vous touchez le fond, elles creusent encore. Je demande à Aedan si on peut partir et il accepte. Nous retournons à la tombe d'Hemming pour récupérer Furie qui n'a pas bougé d'un pouce. Je m'approche de lui et il se remet debout aussi doucement qu'il le peut. Pour profiter du temps qu'il lui reste à partager avec Hemming.
Nous repartons en silence vers l'escalier. Quand nous arrivons à la bouche, j'imagine presque une ville totalement endormie mais les quelques lumières en haut des immeubles me prouvent le contraire. Je vais dans mon immeuble, Furie aux bras et suivie par Aedan. Quand nous sommes dans l'appartement, je dépose Furie sur le lit et m'assieds à côté. Aedan m'imite.
_ Je vais partir demain matin avant que tout le monde se lève. Je partirai sûrement seule. Ne me fais pas suivre. Ne demande à personne de me surveiller. Ne préviens personne non plus, sauf Jera et Tobias. A vous trois, vous allez bien deviner où je vais aller mais pas la peine de me dire que c'est une mauvaise idée, je suis déjà au courant. Tobias est au courant de tout. Fais-lui confiance sur la marche à suivre. Grâce à lui, vous saurez quoi faire si ça dégénère.
_ Nam... Berty a trouvé les pilules pour pouvoir se transformer en quelqu'un d'autre. On peut encore changer ça.
_ Non. Moi seule peux faire ça. Je dois le faire. C'est l'unique promesse que je suis capable de tenir. Maintenant, j'aimerais que tu me laisses. Je dois dormir un peu avant de m'en aller.
Aedan tente de parler mais se résigne à garder le silence jusqu'au seuil de la porte.
_ Nam ?
_ Oui ?
Je lève la tête vers lui et il m'adresse un signe de tête.
_ Merci. Pour tout.
Je secoue la tête de haut en bas et il referme la porte. Dès que je suis seule, je prends le premier objet qui me vient sous la main et le balance à travers la pièce. Un tintement subsiste au silence. Je baisse les yeux vers Furie qui me regarde. Il se tient bien, prêt à faire n'importe quoi. Dans ses yeux, je lis la même détermination que moi.
_ Dors un peu. Demain, on a une longue route à faire.
J'aurais au moins réussi quelque chose dans ma vie. J'aurais au moins réussi à éloigner Kasey de moi pour pouvoir partir et ne plus blesser personne. Furie me regarde avec une moue désolée. Lui, au moins, il comprend. Je dis ça mais je ne sais même pas s'il comprend ce qu'il se passe dans ma petite tête. Je me jette sur mon lit et fouille dans mon sac pour trouver deux billes. J'en fais renifler une à Furie mais il la refuse. Je pars dans la petite cuisine lui chercher un pilon de poulet en posant ma bille sur ma langue. Je remonte avec le pilon dans la main et Furie a l'air beaucoup plus intéressé par la viande. Je pose le pilon au sol et ouvre la fenêtre à côté de mon lit. L'air du soir précoce me frappe les joues et je retourne m'allonger sur mon lit, en retirant mes vêtements. Après avoir mangé son pilon, Furie et moi trouvons le sommeil. Enfin !
*
Je suis dans le noir. Je ne vois absolument rien. Comme si j'avais un rideau de poils de Hazes devant mes yeux. Je plonge mes mains devant moi pour sentir les alentours, voir s'il y a des obstacles. Je marche et des objets craquent sous mes semelles. Un bruit vraiment horrible, dégoutant même. Je continue de marcher mais je tombe à la renverse. Le sol n'est pas plat. Il est plein de dunes irrégulières, ou de crevasses vraiment tranchantes.
Je pose mes mains au sol et trouve une bosse lisse, presque ronde. C'est un objet qui tient facilement dans ma main. Je ramène mes deux mains dessus et l'examine à l'aveuglette. Il y a des irrégularités. Des angles obtus et aigus et des trous. Sur une partie, je sens de toutes petites surfaces carrés devenir de plus en plus longues, puis de plus en plus courtes. Elles sont séparées par des fentes très timides mais pouvant être perçues. Je remonte mes pouces et rencontre un vide. Ou plutôt deux, circulaires, plus profond dans l'objet.
Dans ma tête, je m'imagine tenant l'objet en pleine lumière. Je me figure les parties carrées longues et courtes, la rondeur de l'objet et les cercles de vides au-dessus de... Des... Oh mon dieu ! Je lâche l'objet de mes mains en me rendant compte que, ce sur quoi je marche, ce sont des crânes humains.
*
Je me redresse rapidement dans mon lit et respire fort. Je suis pleine de sueur. Je n'en peux plus. J'ai trop chaud. Je ne sais pas quelle heure il est mais je décide d'aller prendre une douche. Je me lève et m'aventure vers la salle de bain. J'allume la lumière et ferme la porte. Je croise mon reflet dans le miroir. J'ai l'impression de revoir la même personne que le jour des funérailles de Tania. Je n'ai pas de cernes, pas de marques de fatigue. J'ai l'air d'aller bien. Mais la coupure sur mon bras raie toute la fausse plénitude de mon corps. Je retire ma culotte et mon t-shirt pour aller sous la douche.
L'eau fraîche me fait énormément de bien. J'avais besoin d'une douche pour nettoyer la crasse de ma peau et le sang séché sur ma joue. Je me savonne les mains et me lave les cheveux. Je me frotte fort pour essayer de retirer tout mon passé qui me colle à la peau. Sans issue positive, malheureusement.
Une fois propre, je me sèche et retourne dans ma chambre pour me rhabiller. Je retire la serviette lorsque je suis dans la bonne pièce et regarde autour de moi.
Il est près de quatre heures du matin quand je me décide enfin à me préparer.
Ma mère. Ma mère est morte. Comme Tania. Comme Hemming. Par ma faute. A cause de mon père.
Furie me sort de mes pensées en agitant son museau sous ma main, demandant une caresse. Je pose les yeux sur lui et gratte le dessus de sa tête.
_ Je suis désolée, dis-je triste. Je suis tellement désolée.
Lui aussi a perdu quelqu'un. Il a perdu Hemming, hier. Dommage qu'il ne soit pas mort de maladie. J'aurais eu moins de tort à me consacrer. Même les billes noires auraient pu marcher. Elles ont un signe reconnaissable quand on les utilise. De la mousse noire sort de votre bouche.
Les yeux jaunes de Furie deviennent songeurs et il baisse la tête, laissant retomber ma main sur ma cuisse. Mes yeux se perdent sur cette dernière alors que Furie descend du lit, me fuyant. Comme les autres.
C'est bizarre de se sentir seule maintenant, après tout ce qu'il s'est passé. J'ai rencontré et côtoyé plus de gens en plus d'un mois que dans toute ma vie. Je me suis habituée à la compagnie des autres. A commencer par celle de Kasey.
Je dois tellement le décevoir. Il doit me détester. Après les disputes que l'on a eu et ce que j'ai fait, c'est normal. Furie revient vers moi avec quelque chose coincé entre les canines. Je regarde sa gueule et une chaîne pendouille sous sa mâchoire, avec au bout une babiole. Une babiole que je ne pourrai jamais oublier.
Je passe ma main sur l'arbre enfermé dans ce cercle doré. Berty a dû le retirer de mon cou, hier. Et je l'ai jeté sans même regarder ce que c'était. Et quand mon pouce glisse sur les branches de l'arbre de Faniath, une parole me revient.
« Tu es la seule à pouvoir nous sauver ».
Le visage innocent et souriant de Tania me revient en tête.
Elle serait morte pour rien. Hemming aussi pensait la même chose qu'elle. Furie aboie et me fait sursauter. Il redescend du lit et je m'intéresse à ce qu'il fait. Sous des sacs, il essaie de tirer un bout de bois mais n'arrive pas à l'extirper. Je me lève et enlève les sacs pour découvrir ce que Furie cherche.
Mon Wheellock. Aussi beau que le premier jour où je l'ai eu dans les mains. Je me redresse et l'examine à hauteur d'yeux. Furie secoue sa queue et me regarde d'en bas, attendant quelque chose de ma part. Et je crois savoir c'est quoi.
Il est temps que ça s'arrête. Je pose mon Wheellock sur le lit et m'habille rapidement avec des vêtements simples, comme ceux que je portais d'habitude, avant. Furie aboie encore une fois et court partout dans la pièce en m'attendant. Une fois le tissu couvrant tout mon corps, j'essuie la bave de Furie sur le collier et le remets. Je me retrouve enfin ! J'enfile en dernier la veste de Tobias.
Je prends mon sac de billes et cherche une bouteille d'eau et, dans la poche avant, la boîte qui contient les noires. On ne sait jamais si ça peut servir. Je prends mon sac de munitions et le remplie avec celles de mon Wheellock et du neuf millimètre, ainsi que quelques languettes de survie. Je ferme mon sac en y ajoutant les billes de poison. Je le jette dans mon dos et rassemble le reste de mes affaires sur le lit. Mes yeux se posent sur le papier et le crayon sur le bureau, dans un coin. Un message ne fera pas de mal.
Ça vous servira plus qu'à moi.
- Nam
Je regarde Furie et lui souris. J'ouvre la porte et m'engage dans le couloir pour arriver devant le monte-charge. Nous entrons et j'appuie sur le bouton.
A l'accueil, il n'y a personne. Pas même le nain. C'est une bonne chose.
Je remonte la rue jusqu'à l'escalier. Furie passe devant et nous remontons doucement vers la surface. Dehors, il n'y a personne. Seulement, dans un des baraquements, une lueur de bougie perce. Je m'approche et reconnais le visage endormi et serein de Kasey. Je lui en voudrai toujours d'être aussi reposé.
Je pourrai dire tout ce que je veux, mais il compte plus que n'importe qui pour moi. Même s'il m'a menti plusieurs fois pour mon bien. Il restera toujours le premier. Et il sera le dernier. Je pince mes lèvres et essaie de m'approcher encore plus de la vitre. Mais Furie grogne et tire sur le tissu de mon pantalon pour m'emmener avec lui. Je vois que Kasey bouge un peu. Il va se réveiller. Je panique et me retire rapidement avant qu'il ne me remarque.
Furie trotte sur plusieurs dizaines de mètres et s'éloigne de moi pour avoir plus d'espace. Je le regarde et tape deux fois dans mes mains. Ses muscles et ses os se contractent et se déforment. Il grandit vite et se transforme en la Terreur. Il s'allonge sur le ventre et quand je m'apprête à grimper sur son dos, une porte s'ouvre. Je n'ose plus bouger. Furie se retourne et écarte les pattes.
_ Nam...
La voix de Kasey me sort de mon état statique. Je monte sur le dos de Furie alors que j'entends Kasey marcher doucement vers nous. Furie se redresse, balance sa tête en arrière et hurle. Ses griffes et ses coussinets martèlent le sol en réveillant tout le canyon. Après quelques mètres parcourus, je l'entends élever sa voix derrière moi, hurlant à pleins poumons.
_ NAM !!
Mon cœur se tord mais je me force à ne pas me retourner pour regretter ce que je suis en train de faire. Je ne dois pas regretter. Je fais ça pour Atorn. Je fais ça pour eux, pour Tania, ma mère, Enzo, Hemming, Tobias et Kasey. Et les autres. Je fais ça pour eux. Pas pour moi.
J'ai une mission à terminer.
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