Tome III - Chapitre dix-septième
Deux soldats sont allés prendre le cadavre de ma victime pour l'emmener dans l'enceinte de la Capitale. Les autres restent à côté de moi, attendant que je leur dise quelque chose. Je me redresse sans les regarder.
_Porter son corps à l'intérieur. Nettoyez-le et appelez-moi lorsque ce sera fait.
Deux soldats s'approchent de moi et m'escortent jusqu'à une petite voiture. Nous montons à l'intérieur et ils me conduisent jusqu'à l'immeuble de l'Armée.
Je regarde par la fenêtre, la ville en train de changer au fur et à mesure que l'on remonte les rues. Les gens changent, se couvrent plus de bijoux et de vêtements luxueux. Les lumières deviennent plus vives, plus miroitantes. Tellement de rêves gisent ici, inachevés pour les pauvres, inexistants pour les riches. Ils ont déjà tout, eux. Pas la peine d'en demander plus. Ou alors, ils demandent mais en double.
Quelques minutes plus tard, la voiture fait le tour de l'immeuble et entre par le hangar. Sans leur dire merci, je descends de la voiture. Je commence à marcher vers l'ascenseur. Avant de dépasser les étagères de viande, je le vois s'ouvrir. Connors en sort et accourt vers moi. Le voir me donne envie de vomir. Maintenant, je vois bien que je n'ai rien de lui.Qu'il n'est pas mon vrai père. Nous sommes complètement différents l'un de l'autre.
_Oh non, Nam ! Mais que t'est-il arrivé ? Où est Jera ? Et Kasey ?
_J'ai descendu un de tes gardes parce qu'il a tué la monture que j'avais. Il m'a loupé de peu. Jera et Kasey sont introuvables. J'étais seule quand j'ai repris connaissance.
Mens ! Mens autant que tu peux !
Connors commence à s'approcher de moi mais remarque que je suis toute poisseuse de sueur, de sang et pue le Leridas. Il me sourit et me dit que je lui ai mis une bonne correction. Ça ne me fait même pas sourciller. Je n'ai pas la tête à ça. Connors m'ouvre la voix et nous nous dirigeons vers l'ascenseur.
_Nous allons te débarbouiller.
_Je préfère aller dans mon bureau. J'ai besoin de me reposer.
_Mais je veux que tu m'expliques ce qui t'es arrivée ! Je veux savoir qui t'a fait tout ça !
_Demain... Papa, demain...
Dire ce mot n'a plus aucun sens, maintenant. Il n'a jamais été mon père. Alors je ne vois pas pourquoi je devrais me rendre furieuse pour un simple petit mot qui ne veut absolument rien dire.
_Très bien. Ton robot t'attend. Pendant ton absence, nous lui avons fait une analyse et nous lui avons mis de nouvelles pièces pour qu'il ne soit plus obsolète. Il devrait te plaire.
Je ne réponds même pas. A mon étage, je sors escorter par un garde. Je n'adresse pas un mot à qui que ce soit. Une fois devant mon bureau, je remarque qu'il n'y a personne pour garder la porte. Je n'ai plus besoin de chaperon. Je suis totalement libre dans l'immeuble. C'est vraiment ironique, tout ça. Le soldat s'en va quand il me voit passer la porte de mon bureau.
A l'entente de l'ouverture, Water sort de sa cachette et me rejoint. Ils ont changés plusieurs choses au niveau de son visage et de son anatomie. Connors devait sûrement parler des pièces endommagés et d'autres à l'intérieur de son système afin d'améliorer son accès au réseau spontané ou j'en sais trop rien.
Mais sa démarche et son expression sont exactement les mêmes que dans mon souvenir : tous ses câbles qui partent de l'arrière de sa tête pour rejoindre son dos, ses yeux ronds et lumineux, les fentes qui les parcourent en laissant des raies de bleu sur son visage métallique et sa bouche qui est en réalité un petit cylindre parcouru de trous et de fentes pour l'aération et pour le haut-parleur afin qu'il puisse communiquer. Au niveau de son abdomen, on voit davantage ses articulations. Des boulons sont visibles. Mais il a toujours gardé sa cravate rouge que je lui ai donnée.
_Madame Nam ! Enfin, vous êtes là !
_Water, je pars pendant même pas une semaine et tu oublies déjà tout ce que je t'ai appris ?, dis-je en jetant mon sac sur mon bureau.
_Désolé, Nam... Mais que vous est-il arrivé ?
Ma respiration se coupe instantanément. Je le regarde alors que mes yeux me brûlent à nouveau.
_Quelque chose de grave. Mais je vais bien, physiquement. C'est dans ma tête que tout se décompose. Mais il faut que je reste concentrée. J'ai besoin de me laver, Water. Aide-moi. Je dois être soignée, aussi.
_Tout de suite !
Water me prend le bras aussi doucement qu'il le peut et m'emmène dans la salle de bain.
_Ils n'ont pas touché à ton stock de mémoire privé ?
_Non. Ils n'ont pas eu accès. Ils ont mis ça sur le compte de l'obsolescence.Ils ont jugés que, bientôt, je serai hors service alors ils n'ont pas tout changer. Je suis bon pour la casse.
_Je suis désolée, Water.
Il m'aide à m'installer sur le rebord de la baignoire. La pièce, entièrement blanche, fait un énorme contraste avec le reste du bureau, composé uniquement de bois foncé. Water s'active et cherche d'abord une capsule de sérum pour soigner mes blessures lors de ma chute. Je l'éclate entre mes dents et avale le tout. Mes blessures commencent déjà à disparaître d'elles-mêmes. Water saisit ensuite des serviettes, les humidifies et les pose à côté de moi. Il en saisit une et l'applique sur mon visage pour éponger mon sang, mais surtout celui de Furie.
_Je suis désolé, Nam.
Je le regarde et fronce les sourcils.
_Quoi qu'il se soit passé, là-bas, j'en suis navré.
Il continue d'éponger le sang sur mes joues. Mais il ne se doute pas qu'il éponge mes larmes encore voyantes avec.
*
Le lendemain matin, je me réveille à cause de la lumière du jour. Parce que j'étais fatiguée, j'ai oublié de fermer les rideaux. Je lève le bras et appuie sur le bouton pour mettre à fond l'opacité de la vitre. A nouveau dans le noir, Water remarque le changement.
_Tout va bien ?
_Oui, Water. J'ai juste besoin de dormir encore un peu. Aujourd'hui va être une longue journée.
_Très bien.
Mais je ne me rendors pas. Je n'arrête pas de penser. Kasey... Son regard totalement vide transcendant le mien pendant que je lui faisais tout oublier de moi. Son innocence, sa vulnérabilité. Bien qu'il soit de nouveau celui qu'il était avant, qu'il soit de nouveau libre et heureux, je ne peux pas m'empêcher de repenser à ses yeux complètements absents.
En silence, des larmes roulent et viennent humidifier le coussin sous ma tête.Water m'entend renifler et s'approche du lit. Il me prend les mains et me tire vers lui. Je fronce les sourcils en le regardant faire quand je sens ses bras métalliques m'enlacer dans le noir. Il me fait un câlin, pour me réconforter. Mon menton reste en place sur son épaule et une seconde plus tard, cette épaule devient aussi inondée que l'est mon coussin.
*
Plus tard, vers midi, Water m'appelle lorsque l'on frappe à la porte. _Quelqu'un vous demande. Je me lève à contrecœur et m'avance vers la porte d'entrée. En l'ouvrant, je trouve une soldate, toute pimpante, apparemment fière de servir mon p-... Connors...
_Grande Inquisitrice. A votre requête, nous avons nettoyé le corps de l'animal qui vous a accompagné. Que devons-nous faire ?
Quand elle finit sa phrase, les images de la veille me reviennent en mémoire. Je prends une grande respiration, bombe le torse et la regarde dans les yeux.
_Mettez-le dans une pièce près du cimetière souterrain. Je veux l'enterrer. Et je veux être seule.
_Mais madame, vous aurez besoin d'aide...
_Je ne vous ai pas permis de dire quoi que ce soit, alors fermez-la et faites ceque je vous dis, sans poser de question ! Préparez-moi un emplacement et une pelle ! Amenez-moi un soldat qui m'y conduira !
Je claque la porte sans même attendre ses excuses. Je l'entends partir et je commence à m'habiller. Water me tend mon uniforme rouge et je l'enfile par-dessus des vêtements simples noirs. Je fouille dans mon sac et sors le collier de Tania. Je le ferme autour de mon cou et le laisse tomber sous les couches de textile. Le métal froid est désagréable mais c'est bien mieux que de ne pas l'avoir du tout. Je referme les boutons de ma veste rouge et donne mon sac à Water.
_Met-le avec le tourne-disque. Tu ne le quittes pas des yeux et il ne sort pas d'ici tant que je ne te le demande pas.
_Compris.
Il se place à côté du mur et ouvre la petite porte cachant le tourne-disque. Juste à côté, le trou provoqué par la main de Kasey luit sous les rayons du soleil. Cette soirée... Moi aussi, je dois oublier. Une fois la porte du bureau fermée, je remarque un garde venir vers moi.
_Vous avez demandé une escorte.
_Emmenez-moi à lui.
Il fait un bref signe de la tête et me guide à travers les couloirs jusqu'à l'ascenseur. Nous descendons au quatrième sous-sol. Nous traversons encore deux couloirs qui sont complètement vides. Le soldat s'arrête devant une porte et me fait un signe de main.
_Vous pouvez partir. Je peux le faire toute seule.
Je m'enferme ensuite dans la pièce. Une pièce complètement vide. Seulement équipé d'un socle assez bas où le corps imposant de Furie repose. Il est totalement recouvert d'un linceul blanc. Des bosses de différentes tailles soulèvent le tissu mais le tout ne bouge pas. Je souffle un bon coup et passe mes mains sous le corps froid et dur de Furie La Terreur. Il est lourd mais c'est supportable. Je le prends et l'emmène doucement vers l'autre porte. Sur la peinture, il y est écrit : « Jardins du Souvenir ». Je secoue la tête et pousse le battant.
Devant moi, une grande pleine, parfois interrompue par des petites saillies. Du sol s'échappent de longues tiges blanches, symbole que l'on met pour signaler la présence d'une tombe. Je parcours l'endroit du regard et, près d'un arbre, je remarque une pelle et un rectangle tracé à la bombe non loin des racines.J'emprunte le chemin de pierre jusqu'à la pelle et pose la couverture renfermant Furie. Je prends la pelle et commence à creuser. Il me faut une heure pour finir de trou et y placer Furie. Mais je ne me résous pas à l'enfermer pour l'éternité.
Je reste là, le menton posé sur l'extrémité de la pelle, les yeux perdus sur la couverture blanche un peu tâchée par la terre marron, presque noire. Je repense à la première fois où j'ai vu Furie. Bon sang, ce qu'il nous a fait peur ! Grâce à lui, j'ai vécu l'un des plus beaux instants de ma vie : j'ai embrassé Kasey. Il m'a suivi jusqu'ici, pour m'aider. Parce qu'il croyait en moi. Parce qu'il savait qui j'étais rien qu'en me reniflant, même quand j'étais camouflée sous les composés chimiques de Berty. Je ne le remercierai jamais assez.
_Fais de beaux rêves, Furie...
Je pose pelle au sol et prends une bonne poignée de terre. Je la verse en pluie sur la couverture. Une seconde passe puis je reprends la pelle pour enfermer Furie dans la Terre à jamais.
Un jour, peut-être, les bêtes de cette planète lui ressembleront, seront plus humaines. Parce que Furie, comme Water, sont plus humains que n'importe quelle personne sur ce foutu rocher. Ils ont plus de compassions que la plupart d'entre nous. Et à l'avenir, j'espère que les animaux retrouveront leurs yeux jaunes. Et qu'ils vivront en paix avec nous. Je vis encore dans ce but, jusqu'à ce soir.
*
_ Content de te revoir parmi nous.
Je pénètre dans la grande salle de réunion du vingt-septième étage, là où les chefs d'escadrons et les grands conseillers se retrouvent autour de Connors pour débattre.
_ Comment tu te sens ?, me demande Connors en m'accueillant.
Je me concentre sur sa question et finis par en trouver la réponse.
_ Plutôt bien. J'ai hâte d'en découdre avec le Sud. Et toi ?
_ J'ai un peu peur.
_ Peur de quoi ?
A vrai dire, sa réponse m'intrigue vraiment. Connors ne répond pas et me sourit, finalement. La réflexion s'installe et je vois où il veut en venir. Il a peur pour lui. Peur de ne pas survivre à tout ça. Et il a raison ! Il doit avoir peur. Surtout de moi.
Je ferme les yeux et inspire profondément l'oxygène qui m'entoure.
_ Tu seras avec moi dans le bureau, ne t'en fais pas. Si jamais ça tourne mal, il faudra que tu interviennes, murmure-t-il.
_ Je sais.
_ Clark a apporté des modifications pendant ton absence. Le premier système n'était pas du tout au point. Maintenant, il ne manque plus que toi pour le verrouillage.
_ Très bien.
Je lève la tête et regarde les autres personnes présentes dans la pièce. Connors m'entraine à côté de son siège, vers un autre similaire et vide. Je m'installe et les autres font de même. Connors a un regard différent sur moi. Il n'y a plus ce mépris qu'il avait avant. Je suis son égal. Peut-être est-ce par rapport au fait que je sois revenue auprès de lui. Peut-être que c'était la meilleure façon de le convaincre que j'étais dans son camp. Seulement, il a tout faux. Ou peut-être le cache-t-il pour mieux analyser la situation et ses chances de survie. Pour ensuite me tuer après parce que je ne lui servirai plus à rien. Peut-être qu'il n'aura même pas à le faire parce que la bombe sous le bureau –si elle y est encore- le fera pour lui.
_ Bienvenue à la réunion. Comme vous le savez tous, les forces ennemies marchent en ce moment-même sur le Nord.
Je lève la tête vers le des conseillers de Connors qui nous explique la situation. Connors se penche vers moi et m'explique à voix basse, plus en détail.
_ Pendant que tu dormais, la milice entrait dans les galeries. Nous les avons laissé passer. Ils se sont installés là-bas. D'après les conseillers, ils donneront l'offensive, ce soir.
_ Je vois.
Le conseiller appelle les soldats présents d'un sifflement et nous nous agglutinons autour de lui pour mieux regarder. Deux armes sont posées devant nous. Une espèce de pistolet et une boite rectangulaire, munie d'une branche assez large pour le tenir d'une main.
Le conseiller soulève le pistolet et nous le montre, puis le passe à un des soldats qui l'examine de plus près.
_ Ceci est un lance-grappin ! Il y en aura un pour deux, question d'économie ! C'est exclusivement pour les soldats sur les toits. Ils en auront besoin pour voyager à travers la ville. Etant donné qu'ils vont passer sur les toits, ils en auront plus besoin que vous ! Et ceci, c'est pour tout le monde !
Le conseiller saisit le rectangle et le prend par le manche. Il fait un léger mouvement du poignet et la boite pivote sur le côté.
_ Il s'agît d'une caméra ! Quand vous êtes dans un angle, elle vous sera très utile lorsque vous voudrez savoir s'il y a quelqu'un dans une ruelle ou un couloir ! Vous en aurez un chacun !
Le conseiller regarde attentivement dans le rectangle et sourit.
_ On l'a appelé la jalouse !
Plusieurs personnes rigolent dans l'assemblée, surtout des hommes. Les femmes, elles, même peu nombreuses, font une moue en croisant les bras. Elles se font un peu charrier par les soldats de l'Armée. Mais elles ne s'en occupent pas. Ce sont bien des soldates !
Connors se lève pour passer derrière la table et saisir un lance-grappin et deux jalouses. Il revient vers moi et me tend l'un des rectangles. Je le prends en main et le fixe. Il est plutôt léger et très dynamique. L'ergonomie est impeccable pour de petites mains. Je le glisse dans l'encoche de ma cuisse et laisse les autres passer pour qu'ils récupèrent les outils dans les caisses ramenées par les armuriers de l'Armée.
Nous nous éloignons avec Connors et nous nous postons juste à l'entrée de la salle.
_ C'est si tranquille, prononcé-je. On dirait qu'ils sont gagnants avant même la bataille.
_ Mais nous serons gagnants, Nam !, me dit Connors en me prenant par les épaules. Nous jouons à domicile. Eux, ils ne connaissent rien à la Capitale. Tu penses à quoi ?
Je repense à la journée où Hemming a été tué. Aux Hazes qui ont passé son message. Et soudain j'ai un doute.
_ Et s'ils savaient ? S'ils savaient comment la ville est agencée ? Il faut avoir un plan de secours.
_ Mais on en a un ! C'est toi !
Je fronce les sourcils. Connors finit par passer un bras sur mes épaules et m'emmène vers l'ascenseur.
*
En entrant dans son bureau, je remarque Clark, penché sur un ordinateur.
_ Ah, vous voilà ! J'espère que vous vous êtes remise ! Que vous est-il arrivé ?
Merde ! Je n'avais pas réfléchis à ça ! Je leur dis quoi ? Une petite pensée pour ma voix masculine traverse mon esprit.
Mens !
_ Je ne me souviens pas, en réalité. Quand nous nous sommes installés dans la tour, dans la forêt à côté de Laina, je me suis endormie aussi sec. Puis, j'ai été réveillée par des bruits. J'ai voulu m'enfuir mais quelqu'un m'a attrapé et m'a collé un mouchoir sur le visage. Je me suis endormie. Et quand je me suis réveillée, j'étais seule.
_ T'es restée inconsciente, tout ce temps ?
Je regarde Connors qui a l'air complètement surpris. Clark, lui, plisse les yeux, comme s'il voulait sonder mon âme. J'hausse les épaules.
_ Je ne peux pas vraiment vous expliquer quelque chose que je n'ai pas moi-même compris. Et si nous revenions à ce système ?
Clark a l'air de sortir de ses pensées profondes parce que quand je parle de son installation, on dirait qu'il se réveille après une longue période d'hibernation.
_ Alors ! En fait, nous avons gardé le système œil, voix, main. Le code n'a pas changé non plus. Seulement, nous avons eu des problèmes quant aux branchements des boutons sur le bureau de ton père. Les stagiaires sont vraiment idiots !
Clark me saisit le poignet et me traine jusque derrière le bureau. Là, les deux boutons sont toujours présents. Clark fixe celui du haut.
_ Celui-là, c'est pour fermer les portes. L'autre, c'est pour que la bombe qui est sous le bureau explose. Si jamais quelqu'un débarque pour tout arrêter, il faudra appuyer dessus pour qu'il parte passer le bonjour aux morts. C'est fait exprès pour qu'il s'envoie en l'air quand la manivelle sera enclenchée jusqu'au bout. Vu que le scanner ne reconnaîtra pas ses empreintes, il détectera une anomalie mais il ne saura pas comment la réparer. Je n'ai pas eu le temps de planifier ce détail. Les ogives seront toujours prêtes à l'emploi, même si le bureau saute.
_ Mais pourquoi la manivelle ?, demandé-je. On ne veut pas que les ogives soient désamorcées alors pourquoi en créer le moyen ?
_ Si jamais il faut calibrer nos plans à nouveau, nous devrons être en mesure de pouvoir éteindre les lanceurs. Même si on ne veut pas que cela arrive !
Connors se poste à côté de moi et me prend par les épaules.
_ Seulement toi et moi pouvons éteindre les machines. Si jamais il arrive malheur à l'un de nous deux, l'autre doit prendre la relève. D'accord ? Et si quelqu'un arrive, on enclenche l'explosion et ensuite, on s'envole vers un immeuble voisin avec le grappin.
_ D'accord.
Clark nous sourit et me traine encore une fois pour m'expliquer d'autres paramètres qui ne m'intéressent pas. Je sais tout ce que je veux savoir. Ils me donnent exactement ce que je veux ! Pourtant, ils ne se doutent pas que l'on veut deux choses différentes.
*
La ville a déjà été évacuée dans le Nord, ce matin. D'après Connors, la situation s'est bien déroulée, dans le calme.
En ce moment-même, je suis devant l'entrée de l'immeuble. Une véritable horde d'émerides, immobiles telles des statues de sel, patiente. Je traverse la foule de robots jusqu'à en trouver un. Un tout particulièrement surprenant. Au milieu des émerides, certaines ont l'apparence de personnes que j'ai aimées et soutenues. Doug, Billy, Enzo et Jared. Tous portant des fusils et attendant nos premiers gestes offensifs.
Quand je m'approche de Jared, je ne peux m'empêcher d'être horrifiée à l'intérieur. Mais je ne dois rien laisser transparaître.
Le visage de ce qu'aurait été Jared en émeride me fait froid dans le dos. Je n'ose même pas imaginer. Une impulsion me gagne.
Je m'approche de l'émeride et le fixe droit dans ses yeux bleus totalement dépourvus de sentiments.
_ Tu n'es pas Houdini.
Je m'éloigne aussi rapidement que je le peux et retourne à l'intérieur de l'Armée.
*
De retour à mon bureau, je prends Water et le traine dans la salle de bain.
_ On doit envoyer un message. Tout de suite.
_ Très bien.
Water ouvre son abdomen et découvre son stock de mémoire privé. Il ne nous reste plus beaucoup de temps.
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