Chapitre 3

Le temps passait à une allure vive. Dans une semaine, le bal allait se dérouler. Sept jours pour se préparer à être une femme exemplaire. Elle devait passer par toutes les danses. Tout apprendre afin de ne pas se ridiculiser devant l'assemblée, et ne pas faire fuir les différents hommes qu'elle y rencontrera.

-Allons nager. S'exclama la jeune femme en laissant tomber au sol le roman qu'elle lisait.

-Quoi? Qu'est ce que vous racontez? Il fait bien trop froid pour...

-Justement, la coupa la jeune femme, enthousiaste au plus haut point, il fait froid. Et il faut que je tombe malade.

Aldaron se massa l'arrête du nez. Lys lui en avait souvent fait voir de toutes les couleurs durant ces dernières années. Son grain de folie ne semblait avoir aucune limite et il lui arrivait de ne pas la suivre, mais là, c'était complètement stupide.

-Mais pourquoi diable voulez-vous tomber malade? Je sais que ça fait longtemps que vous ne l'avez pas été, mais dois-je vraiment vous rappeler que ce n'est pas une partie de plaisir?

-Mais non voyons, je me rappelle très bien, mais...Si je tombe malade, je n'aurai pas à participer au bal!

Le jeune homme la regarda, ahuri. Elle l'avait traîné dans les boutiques pendant des heures pour finalement ne pas aller au bal ? Mais qu'est ce qui lui prenait à la fin? Prenant une grande inspiration, le jeune naâsh tenta de se calmer. Il n'était pas censé contredire les désirs de sa maîtresse, mais puisqu'ils étaient seuls, le jeune homme ne se priva pas pour lui faire comprendre sa façon de penser.

-Lys. Je vous ai emmené faire les boutiques dont le seul but était cette soirée. De plus, il est impensable que vous n'y participiez pas. Votre réputation est en jeu. Les ragots vont déjà assez bon train pour ne pas en rajouter ne pensez-vous pas?

La jeune femme baissa la tête. Aldaron regretta aussitôt ses paroles. Peut-être était-il allé trop loin? Il s'apprêtait à s'excuser quand Lys répondit, d'une voix à peine audible.

-Je ne sais pas danser...

Aldaron haussa les sourcils. C'était donc ça la raison ? Juste ça ?

-Vous ne savez pas... ?

Lys secoua la tête. Son naâsh, sans un mot, se leva et lui tendit la main. La jeune femme releva la tête, interloquée.

-Si ce n'est que ça, je vais vous apprendre.

Le regard de la jeune femme s'illumina tandis qu'elle se laissait entraîner. Aldaron alluma la musique et déposa une main sur les hanches de Lys.

-Commençons par la valse. Suivez simplement mon mouvement, laissez-vous guider. Un deux trois...un deux...

Les pas de Lys, d'abord hésitants, puis chaotiques, se firent de plus en plus affirmés et confiants au fur et à mesure de leur danse. Les heures s'écoulèrent et les deux jeunes gens enchaînaient les mouvements, passant de la valse au tango pour finir par un slow. Épuisée, la jeune femme se laissa une fois de plus guider par les mouvements de son Nâash. Là, contre son épaule, elle se sentait apaisée, sereine. Les effluves de transpirations qu'il dégageait désormais n'était certes pas très glamour, mais avaient quelque chose de rassurant pour Lys. Elle n'avait pas envie que la danse s'arrête, mais malheureusement, la dernière note sonna et leurs corps se séparèrent.

-Bien, je pense que vous êtes prête.

-Merci...

Par la suite, ils se dirigèrent à la salle de bain où Aldaron examina le corps de la jeune femme. Mais aujourd'hui, elle se sentait bien plus gênée que d'habitude. Le regard du naâsh semblait lui brûler la peau. Pourtant, rien n'avait changé dans sa façon de procéder. Son cœur tambourina à nouveau dans sa poitrine. Son malaise de l'autre jour revenait. Elle n'était pas malade pourtant, pas à sa connaissance, alors que se passait-il?

Une fois le bain prêt, Lys s'y glissa. Aldaron était là, à côté de la baignoire, attendant les ordres, semblant impassible devant le corps nu de sa maîtresse.

-peux tu...te....te retourner s'il te plaît?

Elle rougissait tandis qu'il se retournait sans broncher. Ce qu'elle ressentit à ce moment là la perturba énormément. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'Aldaron la voyait nue, s'en était ainsi tous les jours. Enfants, ils prenaient même leur bain ensemble alors, qu'est ce qu'il y avait de différent aujourd'hui? Lys se dépêcha de se laver et sortie du bain. Elle s'enroula dans le peignoir que lui tendait son Naâsh et s'installa devant sa coiffeuse. Le jeune homme prit un peigne et entreprit de démêler ses cheveux. Silencieuse, Lys observa discrètement le reflet du garçon devenu homme. Il était bien bâti, avec une carrure de garde du corps comme dans les films qu'elle regardait, des cheveux noirs en bataille, des yeux d'un bleu océan. Son visage mat était coupé en deux sur la diagonale par une fine cicatrice légèrement plus claire, vestige du passé.

Lys se souvint de ce jour là. Ben et Stella les avaient emmenés faire du manège et les forces de l'ordre avaient refusés à Aldaron de s'asseoir à côté de la jeune fille. Ils avaient à peu prés dix ans à l'époque et Aldaron était dans phase rebel. Il lui arrivait de se battre ou de s'attirer des ennuies, au grand dam de ses parents. Ce jour-là, le jeune homme ne s'était pas laissé faire et il s'était assis à côté de Lys, défiant l'agent du regard. Ce dernier l'avait sorti du manège par la force et lui avait asséné un coup de fouet magnétique. Aldaron avait été profondément blessé et il avait fallu une opération pour le soigner correctement.

-Lys ? Lys tu bas bien ?

La jeune femme se retourna. Le visage d'Aldaron était à quelques centimètres du sien, leurs fronts se touchaient. Elle sentait son souffle chaud contre son visage, ce qui la fit rougir de plus belle.

-Tu es brûlante.

-Non ça va, Répondit-elle en se reculant brutalement, un petit coup de chaud, rien de grave. Je suis fatiguée, allons dormir.

Sans demander son reste, Lys se leva et fuya jusqu'à sa chambre, devant le regard interdit du jeune homme. Elle s'allongea dans son lit, son coeur menaçant de sortir de sa poitrine.

-Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Murmura-t-elle en essayant de reprendre son calme.

Elle resta un long moment allongée à regarder le plafond. Elle entendit Aldaron entrer dans la pièce et ferma les yeux. Elle ne voulait pas parler, préférant rester seule ce soir. Elle sentit le jeune homme soulever ses jambes et lui mettre sa couverture. Il passa ensuite sa main sur le front de la jeune femme, mais elle n'avait pas de fièvre. Soulagé, il sortit de la chambre et parti se coucher. Lys, de son côté, mit un long moment à s'endormir, ne sachant que faire de ce flot de sentiments qui inondait son cœur.

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