Journée ensanglantée...

Quelques jours après les événements avec Pierre et la soirée, je vais voir les dessins avec Naël. Jeanne s'est occupée d'appeler Céline pour lui donner son consentement. Si ce qu'elle a fait me plaît, nous allons directement passer à l'étape suivante.

Je n'ai pas bu une seule goutte d'alcool, j'ai bien mangé, je suis parée psychologiquement. Je regarde le paysage défiler tandis que Naël conduit l'Audi A1. Il m'en a tellement parlé que j'ai retenu toutes ses fonctionnalités. Il dit que Tanguy est un fou de voiture, tu parles ! Il est pire que lui !

On arrive assez vite devant le salon. On entre, aucun client, c'est parfait on aura pas à attendre. J'appréhende, est-ce que ça va faire mal ? Naël me tient la main.

— Ça va aller Eileen. T'es forte. me rassure-t-il, le regard langoureux.

Céline nous accueille, le visage rayonnant, on dirait qu'elle a hâte de nous montrer le fruit de son dur labeur.

— Salut mon petit couple ! s'écrie-t-elle, en s'approchant de nous.

— Salut... baffouillé-je, toujours mal à l'aise.

— Yo. dit Naël, désinvolte.

— Vous êtes vraiment le jour et la nuit, c'est surprenant.

Je rougis, il rigole. Elle a pas tort.

— Bon, les dessins ! s'empresse-t-elle, en allant fouiller son bureau.

Quelques secondes plus tard, elle nous fait signe de nous approcher. Plusieurs feuilles sont posées les unes à côté des autres. Je les regarde, émerveillée.

— Vous dessinez tellement bien... 

— Tu as une préférence ?

La différence entre les dessins c'est les détails qu'il y a dessus. Mon but c'est de cacher mes fichues cicatrices. Le choix est vite fait. Je prends deux dessins.

— Je veux ceux-là. dis-je, avec assurance.

— Très bon choix ! s'écrie-t-elle, satisfaite. J'aurais pas travaillé pour rien.

Je jette un coup d'œil à Naël, il a l'air d'accord avec mon choix.

— Maintenant, ton petit copain va devoir attendre ou revenir dans un petit moment ! Nous avons du pain sur la planche !

Je lui fais signe qu'il peut partir, j'ai pas envie qu'il s'ennuie à mourir. J'ai hâte de pouvoir montrer le résultat à Nathan et Luna. Je ne leur ai pas dit quand on s'est vu dimanche midi. Heureusement qu'ils sont passés d'ailleurs. Il nous restait beaucoup de poulet et de patates, ils nous ont aidé à finir.

Les deux sont en couple depuis la soirée, ça a l'air de bien se passer... 

J'espère ça va être pareil pour ma séance...

Cinq heures...

**

Je suis sorti du salon, ça m'arrange, Pierre veut me voir avec Tanguy. J'ai chargé à mes hommes de faire ce qu'ils ont à faire, ils sont habitués. Tant que les chiffres augmentent, pas besoin de foutre la pression.

Je prends la bagnole, direction le nord-ouest de Montpellier, là où Pierre gère son réseau. Il faut qu'il se retrouve une maison. Sinon il va être grillé bien rapidement.

Rapidement, j'observe une voiture à la cadence anormale, ses mouvements le sont aussi. Elle me suit, c'est sûr. Au carrefour, je prends la direction opposée à celle d'origine, je la vois toujours. 

— Putain de voitures de merde ! Grouillez vos mères !

J'effectue quelques dépassements dangereux, prends dans des petites rues, elle est toujours derrière moi. Le flingue est dans ma boîte à gant si jamais. 

Après quelques minutes, je les sème enfin, je me gare dans une allée, m'allume une clope et appelle Pierre.

— Ouais. Tu m'avais pas dit que tout est sous contrôle ? Des mecs me suivaient en bagnole ! Non, je les ai semés t'inquiète. Je vais être en...

Une détonation retentit, ma clope tombe, le pare-brise explose en mille morceaux. Je prends mon flingue, sors de la voiture en laissant la porte ouverte.

Les coups de feu pleuvent, mes gouttes de transpiration aussi. Pierre crie à travers le téléphone.

— Putain, ta gueule ! Je suis en train de courir là !

Je passe dans d'autres petites ruelles, heureusement pour moi qu'il n'y a pas d'obstacles. Sinon ça aurait été la merde.

— Il est là !

Un autre coup de feu, une vive douleur dans mon bras, suivi d'une sensation de brûlure intense.

Putain de merde, je me suis fait tirer dessus.

Ma vision se trouble, ma chaleur corporelle augmente, il faut que je retourne à ma putain de bagnole. J'observe devant moi, la sortie d'une ruelle. J'entends des voix, on arrive dans une avenue remplie de monde.

Une fois sorti de la ruelle, je me cache dans le premier magasin venu, je vais faire un tour rapidement aux toilettes. Le sang coule abondamment de mon bras, si je veux pas m'évanouir, il faut que j'arrête l'hémorragie. 

— Merde... J'suis pas docteur putain... Bande de fils de pute...

J'enlève mon pull, j'arrache mon T-shirt. Le pansement que j'ai fait est fragile, juste assez serré pour ralentir la perte de sang. Je me rhabille avant de sortir du magasin en courant.

Il faut que j'arrive à rentrer.

**

— Tu es résistante ma petite ! 

— Je suis habituée, c'est peut-être pour ça. dis-je, la tête dans les nuages.

Je pensais que les tatouages étaient plus douloureux que ça, en réalité, ça fait moins mal que de se faire taper, casser les doigts et fouetter.

C'est une partie de plaisir de se faire tatouer.

Le bruit des informations me permet d'avoir quelque chose pour m'occuper, j'ai déjà dormi deux heures sur les cinq. C'est pas souvent que ça arrive selon Céline.

Je dormais bien avec mon bourreau, je dormais bien à l'orphelinat, je dormais bien avec la Mort.

Il me reste encore deux heures, celle qui a suivi ma sieste a été assez rapide. Nous avons discuté de tout et de rien, je lui ai parlé du brevet en candidat libre, elle m'a demandé si j'avais réussi, j'aimerais bien le savoir. Ensuite, elle m'a posé des questions sur mon passé, je lui ai répondu vaguement. 

Pareil quand elle m'a demandé pour Naël et moi.

J'allais pas lui raconter que son petit frère m'a drogué et que ça m'a permis de ne plus avoir peur de coucher avec Naël ou même de l'embrasser.

En parlant de lui, je me demande ce qu'il fait, je n'aime pas vraiment l'idée de le laisser tout seul. Il est beaucoup trop beau, charmeur, sexy, il est trop tout.

Dire qu'il a choisi la fille la plus compliquée de l'histoire. Il est trop illogique aussi.

C'est pour ça que je l'aime tant, à la fois si prévisible et si imprédictible. Mon mec est un programme météo. On croit tout savoir, puis soudainement tout change...

Je viens de comparer mon homme, celui que j'aime, avec la météo...

Rendors-toi Eileen...

Deux heures plus tard, la séance est enfin finie, prochain rendez-vous demain.

— Encore cinq heure d'un coup... soupiré-je, exténuée.

Je regarde à gauche, à droite, pas de Naël en vue. Étonnant.

Je l'appelle une fois, deux fois, trois, fois, pas de réponse. Un mauvais pressentiment me prend peu à peu.

J'appelle Sarah, peut-être qu'il est chez elle. Elle me répond, il n'est pas chez elle.

— Tanguy... Il doit savoir.

Il décroche, j'apprends avec horreur qu'il n'a pas de nouvelle de Naël depuis plusieurs heures. Il devait les rejoindre lui et Pierre, dans le nord de Montpellier.

Qu'est-ce que je fais... J'appelle la police ? Non... Ils peuvent arrêter Naël s'ils découvrent ce qu'il fait... 

Soudainement, une illumination. Je prends mon téléphone, regarde sa localisation.

— Allez... Naël... T'es où... Oui ! 

Je marche à grands pas, durant tout le trajet du bus, je me mords les doigts. S'il est à la maison pourquoi ne répond-il pas ? Est-il sous la douche ?

Après trente minutes, j'arrive enfin devant l'appartement, la porte est grande ouverte, c'est pas bon signe. Naël ferme toujours habituellement.

Je marche vers la cuisine, la respiration saccadée. Mon pressentiment prend de l'ampleur, me susurre des mots noirs, puis rouge.

Comme le sang que je constate avec horreur sur le sol.

-Non... murmuré-je, abasourdie. Non... C'est pas possible...

Après avoir suivi les traces de sang. Je tombe sur le corps de Naël, inconscient, affalé sur le canapé.

— Naël ! m'écrié-je en accourant vers lui.

Je prends son pouls, un élan de soulagement m'allège le corps, il est vivant... C'est la deuxième fois en peu de temps que je survole la mort... Le sang coule de son bras, il a tenté de faire un garrot. Tout seul, c'est mission impossible... Je me rue sur les tiroirs de la cuisine avant de regarder celui où se trouve tous les bandages et médicaments. Il faut aussi que j'appelle Tanguy.

Après quelques minutes, les bandages sont mis, le sang ne coule plus. La respiration de Naël est bonne, il n'a pas perdu de couleur. Je prends mon téléphone, j'espère qu'il va répondre...

Il répond.

— Allô Tanguy, il faut que tu viennes ! Naël a une blessure par balle au bras ! J'en sais rien d'où elle vient ! Il faut la soigner ! Appelle un de vos médecins, je sais pas moi ! Mais fais ça vite !

Il tente de me calmer, de me rassurer, impossible. Tant que je n'aurais pas vu les yeux ouverts de Naël, je serais à moitié morte.

Tanguy va faire au plus vite, ce sont ses mots.

Le temps est compté...

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