Chapitre 22
Hey hey !
Je passe par là parce que j'ai plusieurs petites choses à dire, eh eh.
Premièrement, je tiens à vous partager à quel point je suis désolée, je n'arrive pas à garder un rythme très régulier, c'est compliqué pour moi. Du coup, les chapitres arrivent complètement au hasard, j'espère que vous m'en voulez pas trop.
Deuxième chose : le chapitre qui va suivre, comme le prochain, est difficile. Difficile à lire, difficile à écrire, difficile pour Tyler. Le chapitre d'après risque de l'être encore plus. Je pense que c'est important de vous prévenir, même si cette histoire est déjà placée en mode mature, parce que c'est explicite et que je ne voudrais pas vous choquer. Il y a mention de sang, de mort, et puis les sentiments sont assez violents. Voilà, je vous mets au courant.
Et ensuite, pour finir, merci d'être toujours là. Vos commentaires et vos votes et votre présence comptent pour moi, merci beaucoup beaucoup beaucoup, de la part aussi de Tyler, Azelle, Tim et tous les autres. 💕
— — — —
La chaleur des flammes me réveille. Je prends un moment avant de me rendre compte que je suis dans ma chambre. Ce n'est pas mon lit, pourtant, parce que tous les draps sont noirs. Le crépitement du feu m'entoure, c'est la seule chose que je peux entendre. C'est bizarre, parce que je ne vois rien, mais je sens l'incendie ; je l'entends, perçois la chaleur, mes yeux pleurent à cause de la fumée. Autour de moi, tout est sombre.
Je repousse la couverture sur mes pieds, mais elle se désintègre et disparaît. Seules quelques miettes noires restent au creux de mes mains. Je resserre alors mon pull brûlé contre moi, et voilà que lui aussi s'efface. Les larmes coulent sur mes joues mais maintenant, je ne sais plus si c'est à cause de la fumée ou de la panique.
Soudain, tout s'illumine et je vois les flammes. Elles sont bien plus proches que je ne le pensais. Bien plus grandes, aussi. Il suffit que je tende le bras pour les effleurer. Mais je ne le fais pas ; au contraire, je me recroqueville le plus loin possible d'elles, effrayé par leur chant meurtrier.
Dans mon corps, tout est gelé. Autour de moi, la chaleur est insoutenable. J'essaye de fuir, mais c'est comme si tous mes muscles étaient verrouillés. Bientôt, je n'arrive plus à respirer parce que la fumée prend de plus en plus de places et se jette sur moi comme un prédateur affamé. Je la vois s'engouffrer dans ma bouche, dans mes yeux, dans mes narines... partout, partout, partout.
— Tyler !
La voix de Liam me fait sursauter. Je tourne la tête dans toutes les directions sans le voir. Il m'appelle encore. Très vite, les voix de toute la famille se joignent à lui : d'abord papa, puis maman, Ana et enfin Lily. Leurs cris recouvrent le crépitement des flammes et les craquements inquiétants de la maison. Moi, j'ai beau essayer de leur répondre, aucun son ne s'échappe de ma gorge et je ne peux toujours pas bouger.
— Tyler, Tyler, Tyler, Tyler...
Mon prénom est répété, comme si on avait mit en marche un disque rayé. Chaque fois, il résonne plus dans ma tête, jusqu'à ce que je ne puisse même plus entendre mes pensées, rien que les deux syllabes de ce nom américain ou anglais, je n'ai jamais su. La fumée devient de plus en plus noire, les flammes sont cachées derrière. Je sais qu'elles sont toujours là parce que je sens leur chaleur.
— T'as pas le droit de faire ça, Tyler !
Lazare est devant moi, au milieu du feu. Ça ne semble pas le déranger puisque qu'il reste immobile, les bras croisés, le regard rivé sur moi. Il a l'air furieux. À côté de lui, une fenêtre ouverte est apparue. Je sens le vent sur mon visage. Un passage se forme pour que je puisse atteindre l'ouverture.
Je parviens de nouveau à bouger. Avec des gestes maladroits, je me mets debout et m'élance vers la fenêtre. Mon corps semble peser une tonne. J'use de toutes mes forces pour accélérer, mais c'est comme si j'essayais de courir dans des sables mouvants : je ne fais que m'enfoncer.
Lazare me regarde. Ma famille continue d'appeler, mais je ne trouve pas l'origine de leurs cris. La fumée m'entoure, s'enroule autour de mes poignets et mes chevilles, de façon à me retenir. Je me débats, je crie, je tombe et soudain, du sang se forme sur mes bras, là où restent les nombreuses cicatrices de mes entailles.
Lazare sourit. Il s'approche de la fenêtre, fuit le feu par l'ouverture. La seconde d'après, un claquement retentit et tout redevient noir, sauf le rouge de mes bras qui semble briller comme des lampes lumineuses. Lazare n'est plus là, comme la fenêtre, comme les voix de ma famille. Je suis seul.
Je crois que je pleure. Je n'entends plus rien, mais je sens les pleurs dans ma gorge, les sanglots qui secouent mon corps prisonnier de la fumée. Mes larmes glissent sur mes joues et brûlent mes yeux.
— Cours.
L'ordre a été lancé par les voix mêlées de ma famille et de Lazare. Le silence retombe juste après. Je me relève, le cœur battant à toute allure. La fumée m'a libéré, mais j'ai peur qu'elle me capture de nouveau.
Il fait noir autour de moi. J'entends le sang qui goutte sur le sol, à la manière d'un plic ploc angoissant. Il brille sur le sol. J'avance alors à petits pas hésitants, mes bras ensanglantés devant moi pour m'apporter un peu de lumière.
— Cours.
Cette fois, le ton utilisé est plus pressant. Je comprends vite pourquoi : un grognement retentit, puis une créature aux crocs rouges de sang apparaît devant moi. Je reconnais un monstre qui est revenu plusieurs fois dans la prison de mes dessins. Sa fourrure grise est hérissée et il courbe le dos à la manière d'un chat agressif. C'est seulement quand il claque ses énormes mâchoires devant moi que je me mets à courir.
— Il est attiré par le sang, souffle la voix d'Ana à mon oreille. Ton sang. Tu n'aurais jamais dû faire ça.
Je m'efforce de courir plus vite. Les pattes de la bêtes martèlent le sol derrière moi.
— Il te suit, continue ma grande sœur. Il va te rattraper. Pourquoi tu as fait ça ? Tu savais qu'il ne fallait pas. Tu n'aurais jamais dû le faire, jamais.
Les larmes dévalent mes joues. Mes jambes me font mal. Je ne respire plus ; la fumée s'est enroulée autour de mon cou. J'essaye de desserrer son emprise sur ma gorge, mais chaque fois, mes doigts se referment sur le vide. Les crépitements s'amplifient comme si le feu se moquait de moi.
Comme lors de la fois avec la fenêtre, je suis stoppé dans mon élan par la fumée qui s'agrippe à mes chevilles. Je tombe, me rattrape sur mes coudes. Une flaque de sang se forme à l'endroit de ma chute. Derrière moi, le monstre grogne, satisfait. Je sens ses griffes effleurer mon dos, son souffle chaud caresser ma nuque. Ana est encore là : je ne la vois pas, mais je sens sa présence moqueuse près de moi.
— Je sais, Ana ! Je sais, je suis désolé ! Je suis désolé, vraiment, je suis désolé !
Elle rit et soudain, le sol s'ouvre. Je tombe dans le vide.
Quand j'ouvre les yeux, il n'y a plus de sang sur mes bras. Il n'y a plus de fumée, plus de feu, plus de monstre. Une faible lumière éclaire l'endroit. Au centre, une silhouette est allongée.
Même si tout me pousse à m'éloigner, je m'approche. Ce n'est pas vraiment moi qui contrôle mon corps. Je ne dirige plus rien du tout, en fait. La peur se glisse de nouveau contre moi : elle, elle m'aura suivi toute la nuit.
Allongé sur le sol, les yeux ouverts, les poings fermés, se trouve Liam. Je me baisse pour l'effleurer. Son corps est froid, gelé.
La lumière se fait plus vive. Le reste de la famille apparaît. Ils sont debout, l'expression fermée, le regard noir. En même temps, ils pointent le bras vers moi ; leurs doigts forment des pistolets. Lentement, en détachant chaque mot, ils prononcent :
— C'est ta faute.
Plusieurs détonations retentissent.
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