Chapitre 22 | 3

Musique proposée : New Horizon - Nathan Wagner. (En média). 


Perplexe, je relève la tête vers lui pour ensuite suivre son regard des yeux. Mon sang se glace et je me fige violemment. Peter et Ian sont là, devant la sortie de secours d'Eleven Stars à scruter les alentours comme des proies effrayées. Est-ce qu'ils se cachent ? Ou alors peut-être que...

— Tu crois qu'ils nous cherchent ? murmuré-je, inquiet.

Gale se tourne vers moi en fronçant les sourcils, alors qu'un rictus ironique s'empare du coin de ses lèvres.

— Non, non, ils sont là pour le thé, bougonne-t-il, m'arrachant un soupir.

Angoissé, je jette un coup d'œil à mon équipier qui parait songeur. Son visage est imbibé d'anxiété, mais une mèche bleue se dépose doucement sur sa tempe pour me rappeler qu'il n'est pas toujours aussi fermé. Le cœur battant, je lutte de toutes mes forces pour ne pas la remettre en place et avoir l'occasion de caresser la peau de West.

— Wayne et toi avez qu'à vous occuper de Spencer, et moi je m'occupe de Ian et Peter avec une diversion, propose ce dernier d'une voix morne.

Gale secoue la tête, tandis que je dévisage son frère avec réprobation. Il est hors de question qu'il se jette dans la gueule du loup. Je refuse que ces ordures réduisent la lumière de ma vie à néant. Ils ne la souffleront pas comme une bougie, je ne les laisserai pas faire.

— Non mais ça va pas ? Tu vas te faire tuer ! m'insurgé-je.

Mon partenaire s'apprête à rétorquer, mais Gale le fait taire d'un geste de la main sec.

— Il a raison, West. Ils sont deux et toi t'es tout seul, t'as aucune chance. Sans compter que tu sais comme moi qu'ils sont armés, si t'y vas, tu vas te faire massacrer.

— Alors viens avec moi, renchérit son meilleur ami sans quitter les deux criminels des yeux.

— Je peux pas ! Je suis le seul à savoir où ils ont enfermé le gosse, et Wayne connait pas assez bien le bâtiment pour qu'on prenne le risque de le laisser se pointer là-dedans tout seul ! s'impatiente le barman qui monte en pression.

Voyant que la tension commence à ravager nos esprits fatigués, je m'approche de West d'un pas vif et place mes deux mains sur ses joues pour qu'il n'ait plus que moi dans son champ de vision.

— On va y aller tous les deux, d'accord ? Gale va se charger de Spencer, et tout se passera bien. Peu importe le danger, je sais qu'avec toi à mes côtés, il ne m'arrivera rien, affirmé-je en reprenant les mots qu'il m'a lancés quelques mois auparavant.

Après de longues secondes à m'observer avec intensité, l'homme que j'aime finit céder, visiblement touché par mon discours sincère.

— Okay, renchéris-je. On va se diriger vers eux tous les trois et, Gale, tu vas les interpeller. Tu vas leur dire que tu nous as attrapés alors qu'on essayait de s'échapper et, au moment où ils vont se concentrer sur nous, West et moi on va se mettre à courir pour qu'ils se lancent à notre poursuite. Comme ça, tu pourras aller chercher le petit.

— Bonne idée, approuve Gale.

West acquiesce en silence tandis que son meilleur ami se place entre nous deux, nous harponne par le bras et nous fait avancer vers le guet-apens. Mon cœur tambourine si fort dans ma cage-thoracique que je pourrais presque croire que c'est lui qui prévient Peter et Ian de notre arrivée. Plus nous nous approchons de la gueule du loup, plus je crains de me faire dévorer avant même d'avoir pu esquisser le moindre mouvement.

— Hey ! Regardez qui j'ai chopé en train d'essayer de se faire la malle par le motel !

La sévérité dans la voix rauque de Gale me fait sursauter en même temps qu'elle attire les deux raclures qui nous dévisagent un par un. Les traits de Ian s'illuminent de cruauté, un large sourire écartèle ses lèvres pâles, et Peter se met à ricaner.

— Mais quelle merveilleuse surprise ! On vous attendait justement, se rengorge Peter avec arrogance.

Sans leur laisser le temps de continuer, West envoie un puissant coup de coude dans les côtes de Gale, qui nous relâche pour se plier en deux en gémissant. Je ne sais pas si le coup était réel ou si le jeu d'acteur de Gale est particulièrement bon, mais l'illusion est parfaite.

— Wayne, cours ! me hurle mon partenaire en me tirant par la main.

J'ai à peine le temps d'apercevoir Ian et son chien de garde dégainer leurs armes, que je me retourne déjà pour fuir. Complètement déphasé, je ne sais pas si Gale a pu partir à la recherche de Spencer. Je ne sais pas non plus où je vais, tout ce que je sais, c'est que j'accélère à en perdre haleine parce que je suis pourchassé par les deux mecs les plus dangereux et sadiques que je connaisse. La situation me semble tellement improbable, tellement irréelle que je m'attends à me réveiller en sursaut dans la maison des Hutchins à tout moment. Fixé sur le tee-shirt noir de West qui s'agite devant moi, je ne distingue plus les rues de Harlem défilant autour de nous. Une pluie de coups de feu s'abat sur nos épaules alors que les balles se lancent elles aussi à notre poursuite. Elles zèbrent l'atmosphère, frôlent nos corps affolés et j'ai l'impression que chacune de leur détonation me rapproche un peu plus de la mort sombre que j'aurais préféré ne pas croiser.

Au bout de quelques minutes, ma respiration devient courte et j'ai de plus en plus de mal à suivre la cadence. Heureusement pour moi, les bruits de pas commencent à s'éloigner, les coups de feu à se taire et West à ralentir. Nous entrons dans l'une des ruelles de la 125ème, pour nous cacher derrière deux grandes bennes à ordures rouillées. Toujours tendu à l'extrême, j'examine les alentours avec frénésie et me rends compte que nous sommes dans un cul-de-sac. Si jamais ils retrouvent notre trace, on est foutus. Adossé contre la benne, je m'efforce de reprendre mon souffle en fixant West qui lui, a déjà réussi à calmer le sien. À mesure que l'oxygène afflue dans mes poumons, l'angoisse revient se loger dans le fond de ma gorge comme si la réalité m'explosait soudain à la figure. Comme si je prenais conscience que tout ça était vrai et que nous risquions de perdre la vie au premier faux pas.

Tétanisé par cette espèce de révélation, je me remets à scruter mon nouvel environnement avec acharnement. De puissants frissons me parcourent lorsque je comprends que mon acolyte est beaucoup plus proche de moi que je ne l'aurais cru. Quelques centimètres à peine nous séparent, et si les bruits de pas ne refaisaient pas surface, cette proximité m'apaiserait en un claquement de doigts.

― Est-ce que tu as peur ?


― C'est la fin, West. C'est terminé, ils vont nous trouver. On va mourir, articulé-je à toute vitesse. Il faut qu'on trouve un truc à leur dire, un mensonge assez crédible pour qu'ils nous croient... n'importe quoi qui puisse nous sortir de là !

Mon cœur s'emballe et je peine à finir ma phrase. Je me focalise sur tout et rien, j'examine les environs, je scrute tout ce qui m'entoure, tout ce qui pourrait constituer une échappatoire. La dalle en pierre grise qui dépasse un peu trop du sol, la benne à ordures verte et branlante qui nous protège des coups d'œil indiscrets et même la minuscule goutte d'eau qui dégouline le long du mur marronâtre effrité par le temps. Tout y passe. Tout, sauf son regard à lui.

― Wayne, est-ce que tu as peur ?

Sa peau glacée se dépose sur ma nuque bouillante et ses pouces se mettent à caresser doucement mes joues. Totalement perdues, mes prunelles ne trouvent plus rien pour éviter la noyade, alors elles n'ont d'autre choix que de plonger dans le bleu limpide que renferment les iris de West.

― Si... Si j'ai peur ?

Il me fixe intensément et j'ai l'impression que ses pupilles transpercent mon âme, qu'elles la transcendent et l'explorent sans aucune retenue. Une multitude de larmes s'écroule sur mes vêtements clairs et je souris tristement.

— Je n'ai pas peur, jamais.

— Moi non plus.

Un grincement résonne sur notre droite, et je fais un bond. Je me détourne de l'océan qui semblait tenter de me protéger pour découvrir Gale qui sort du building par une porte en métal que je n'avais pas remarquée. Son meilleur ami le dévisage avec une inquiétude évidente, pourtant son expression soulagée ne le quitte pas.

— Il est avec son grand-père, frérot, t'en fais pas, le rassure le barman comme s'il avait lu dans les pensées de West. Mais moi, j'ai dû me barrer de là pour pas me faire foutre en taule.

Mon coéquipier pousse un profond soupir, sans pouvoir masquer la reconnaissance qui le traverse de part en part. L'idée que Spencer soit en sécurité aux côtés d'une personne qu'il connaît me rassure un peu, mais l'accalmie ne dure pas. Alors que quelqu'un s'approche, j'entends des chuchotements s'élever dans la ruelle.

Soudain, un coup de feu retentit.


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Coucou tout le monde, comment ça va ?

Désolé ne pas avoir posté hier, c'était un peu compliqué. J'espère qu'au moins ce chapitre valait le coup d'attendre. Et j'espère aussi que vous me détestez pas trop qu'il s'arrête là, aha ! (Non, je ris, pour ça, vous pouvez me détester). Le chapitre 22 est terminé, il ne reste donc officiellement plus que 4 chapitres avant l'épilogue... J'ai hââââte ! En ce moment, je bosse sur le chapitre 24, qui est un peu plus long que les autres, j'ai énormément de choses à modifier et à revoir sur celui-ci, alors je ne sais pas si je pourrais le finir à temps pour le poster, mais je vais faire de mon mieux, c'est promis ! 

Sinon, j'ai posté un petit défi que m'a lancé ma bêta lectrice sur mon recueil "Noyé". L'objectif était d'écrire sur un thème difficile à aborder pour moi et puisque l'exercice a été jugé réussi, je vous l'ait posté, le texte s'appelle Jusqu'aux étoiles et il est placé jute en dessous de "La passion du feu". Si jamais vous savez pas quoi faire et que le sujet ne vous trigger pas, passez jeter un oeil ! (lili-doud, je pense notamment à toi avec l'un des commentaires que tu m'as laissé...)

Bref, ce coup de feu, d'où venait-il et à qui était-il destiné, selon vous ? Est-ce que c'était la police ? Est-ce que c'était une balle parmi tant d'autre ? Est-ce que quelqu'un a été touché ? Donnez-moi vos impressions !

J'ai pas vraiment d'autres questions pertinentes, je suis juste curieux de savoir ce que vous avez ressenti en lisant cette partie et ce que vous imaginez pour la suite et pour la fin après avoir lu ce que vous venez de lire. 

La chanson, par contre, je suis en amour, elle vous plait, à vous ? 

Bref, voilà voilà, c'est tout pour moi. Je vous souhaite une belle fin de soirée et je vous dis à bientôt ici ou ailleurs !

Prenez bien soin de vous les potes. 


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