٧٩

PDV OMNISCIENT~ وجهة نظر عامة

Surpris par le bruit des pas venant de la direction opposée, Nasser et Arwa reculent, leurs mains se détachant spontanément, puis tendent attentivement l'oreille et, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre.

-Maribel, se retient d'exploser de rire en ouvrant la porte: Ah merde, j'savais pas que vous étiez là !

La quadragénaire arbore un sourire sympathique pendant qu'Arwa est gênée d'avoir été prise dans cette situation. Nasser, quant à lui, ne paraît pas aussi gêné qu'Arwa et sourit en retour à Maribel qui s'en va aussitôt tout en esquissant un clin d'œil espiègle et en refermant la porte derrière elle.

-Arwa, se tourne vers Nasser et lui prend la main: Ouf...j'ai eu la peur de ma vie ! J'ai eu peur que ça soit mes parents ou les tiens, mais finalement et heureusement, c'était Maribel.

Ils se mettent tous les deux à rire puis Nasser enveloppe la main d'Arwa de ses deux mains.

-Nasser: Je comprends, moi aussi, je me suis demandé ce qui se passait. (caresse la main d'Arwa du pouce) Mais de toute façon, on est dans notre droit, on va se marier, faut bien qu'on suive leurs directives en ce qui concerne le fait de se parler.

-Arwa: Pour pas qu'ils sachent qu'on se connaît déjà.

-Nasser: Exactement, t'as tout compris.

Ils se regardent un court instant, leurs yeux portant le poids de leurs sentiments. Nasser a l'envie dévorante de prendre Arwa dans ses bras, et cette dernière aussi, mais les deux savent que ce n'est pas permis avant le mariage. Même le fait de se prendre la main leur donne des frissons et une impression étrange, leur provoque la sensation de braver un interdit.

-Arwa, en riant: J'ai pas envie de te laisser repartir au salon.

-Nasser, en souriant: Mais j'suis bien obligé dans tous les cas omri, sinon comment faire pour demander à ton père de m'accorder ta main ?

Les deux ont un léger rire avant de reprendre leur discussion. Ils parlent de choses banales, du travail, de leurs amis, de choses dont ils auraient parlé habituellement quand ils se voient.
Ils ne voient pas le temps passer tant la présence de l'un et l'autre est précieuse, jusqu'à ce que Nasser déverrouille son téléphone pour voir que son père lui a demandé de le rejoindre au salon des hommes.

-Nasser: Bon, Arwa, je dois y aller, à tout à l'heure, (lui prend la main une dernière fois) tu sais pas à quel point j'suis stressé et heureux à la fois, mon cœur bat à 100km/h, carrément.

-Arwa, en le regardant: J'suis totalement comme toi, j'crois que j'ai jamais été aussi heureuse. Pourtant, ce n'est que le début...

Nasser plonge son regard ténébreux dans celui d'Arwa avant d'étirer ses lèvres en un grand sourire révélant ses jolies fossettes.

-Nasser: Effectivement, ce n'est que le début.

Ses yeux brillants lancent une dernière étincelle avant de s'éloigner vers la porte, tandis qu'Arwa s'en va dans le sens inverse en ne le quittant pas des yeux, puis chacun retourne au salon respectif.

Nasser se sent apaisé après avoir vu Arwa, mais comme on dit, chassez le naturel et il revient au galop, son stress le rattrape une fois arrivé près de la porte du salon. Il se redresse, prend une grande inspiration puis se rappelle ce pour quoi il est venu. N'était ce pas pour une raison plus que chère à ses yeux ? N'était ce pas afin de faire d'Arwa la femme qui partagera ses joies et ses peines jusqu'à la fin de ses jours ?

Il s'arme alors de courage et pousse la porte avec une détermination sans failles.

"سمعنا بقصة الرجال، هاداك اللي رفضه الحال
نوى يخطب، هوى قلبه"
Nous avons entendu l'histoire de cet homme, celui qui n'était pas très chanceux
Il a eu l'intention de se marier, son cœur était épris de passion.

•salah alzadjali• hikayat nay

Il retrouve son père et le père d'Arwa en train de discuter au milieu des autres hommes de la famille, puis s'assoit avec eux et lance un regard à son père pour lui signifier qu'il est temps de mettre le sujet sur la table.

-Turki: Sultan, tu sais pourquoi on est venus aujourd'hui.

Sultan sourit puis acquiesce d'un signe de la tête pour inciter Turki à continuer.

-Turki: On est venus avec l'intention de demander la main de ta fille Arwa pour mon fils Nasser, conformément à la Sunna d'Allah et de son Prophète.

Nasser lutte pour refouler ses émotions, il respire un coup puis se dit qu'il est temps qu'il intervienne à son tour. Il se redresse, la tête haute, puis se tourne vers le père d'Arwa.

-Nasser: En effet, ammi (mon oncle) Sultan, je suis venu avec l'intention de demander la main de ta fille, afin d'être unis par le mariage, inshaAllah.

Son cœur bat à une vitesse supersonique, partagé entre le stress et la joie.

"يا عم جيتك لحد بيتك
ليد بنتك انا اتقدم
على الملة بشرع الله
و نص الدين ابا اتمم"
Oh mon oncle, je suis venu chez toi
M'avançant pour la main de ta fille
Conformément à la religion et aux prescriptions de Dieu
Et en voulant accomplir la moitié de la religion.

Il soupire doucement de soulagement, content d'avoir clarifié son but mais il est conscient que ce n'est pas fini. Sultan l'écoute et le regarde attentivement, désireux d'en savoir plus sur ce jeune homme venu demander la main de sa fille. Il a remarqué qu'il était différent de Raghed, il a quelque chose en plus, bien que Raghed soit aussi une personne avec du potentiel.

Il l'apprécie, mais il sait que ça ne sera pas facile.

Ça ne sera pas facile peu importe lequel des deux Arwa choisira.

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FLASHBACK
PDV OMNISCIENT

Quelques mois en arrière...

Huda et Sultan viennent de rentrer après avoir été chez les parents de Mohammed. Ils ont passé un très bon moment, mais Huda semble un peu ailleurs, elle a l'air de réfléchir. Elle s'assied devant le miroir tandis que son mari l'observe, tentant de comprendre ce qui se passe. Il décide donc de tendre une perche en donnant son ressenti sur la soirée afin de voir la réaction de sa femme.

-Sultan, en s'asseyant sur le lit : C'était une bonne soirée, franchement.

Elle se tourne vers lui tout en continuant de tresser ses longs cheveux noirs avant de lui répondre.

-Huda: Mais totalement ! C'était vraiment convivial, comme d'habitude, disons.

Elle marque une pause avant de reprendre la parole.

-Huda: Dommage qu'Arwa n'ait pas pu rester, Mira l'aime beaucoup.

Cette réponse alerte Sultan qui commence à se douter de ce que Huda a derrière la tête. En effet, elle lui avait déjà dit à plusieurs reprises combien la femme de Mohsen Al Shamari appréciait leur fille, sans compter les innombrables fois où elle a fait l'éloge de Mohammed.
Remarquant la mine inquisitrice de son mari, Huda décide de se lancer sur le sujet.

-Huda: Tu sais, Sultan, je...j'ai réfléchi à quelque chose. Notre fille est devenue une femme, elle est jeune, dans la fleur de l'âge, et...elle est peut être en âge de se marier.

-Sultan: Hum...je vois. Et donc ?

Il pose cette question tout en sachant en son for intérieur la réponse de Huda, mais il préfère faire semblant.

-Huda: Tu vois, le fils de Mira et Mohsen, il a tout ce qu'il faut, on connaît bien sa famille depuis longtemps...j'te cache pas que j'aimerais bien qu'ils fassent connaissance, et puis...advienne que pourra.

-Sultan: C'est vrai, on connaît très bien cette famille, t'as pas tort sur ce point, Huda...mais tout dépendra de la volonté d'Arwa, bien évidemment.

-Huda: En effet, en effet...mais j'apprécie vraiment Mohammed, je le vois comme mon fils. J'pense pas que je puisse trouver meilleur mari pour Arwa. Il est tellement gentil et respectueux...et je suis sûre que Mira ne trouvera pas une meilleure épouse qu'Arwa pour lui, elle le dit elle même.

-Sultan: Ils peuvent toujours venir à la maison, mais comme je t'ai dit, la décision revient à Arwa. Je ne forcerai jamais ma fille à quoi que ce soit.

Huda regarde son mari d'un air indigné, elle a visiblement pris personnellement ce qu'il lui a dit par rapport au fait de forcer. Elle ne va pas le dire haut et fort, mais elle doit s'avouer qu'elle essaie tant bien que mal de convaincre Arwa de voir les Al Shamari d'un bon œil.

-Huda: Qui a parlé de forcer, Sultan ? Je n'ai jamais dit que j'allais la forcer.

-Sultan: Tu ne l'as peut être pas dit explicitement mais tes actions et mon interprétation le disent. Allez, Huda, ça fait 20 ans qu'on est mariés, je pense que je te connais assez bien après tout ce temps de vie commune.

-Huda: Je ne comprends toujours pas ce que tu insinues. Je n'ai jamais eu et je n'ai pas eu l'intention de la forcer, mais faut pas qu'elle rate une telle occasion !

Sultan hausse un sourcil en voyant que sa femme s'est démasquée toute seule. Il s'en doutait, il le savait.

-Sultan: Donc tu reconnais que tu veux la convaincre de tenter quelque chose ?

Prise au piège, elle baisse la tête pour chercher ses mots. Elle ne peut plus mentir, désormais...

-Sultan: Elle est réceptive au moins ? (il passe une main dans sa barbe) Après tu sais, peut être qu'on connaît bien les parents, mais est ce qu'on connaît réellement le fils ? Perso, j'ai certes beaucoup discuté avec lui mais j'pense pas le connaître au point d'essayer de lui faire tenter quelque chose avec Arwa les yeux fermés.

-Huda: Sultan, tu vas trop loin, t'es trop sceptique.

-Sultan: Ya bint el halal Allah yehdik, lesh tebin teaaqedeen essalfa (oh fille du hlel qu'Allah te guide, pourquoi tu veux compliquer la chose) ? J'vois d'ailleurs toujours pas pourquoi t'es autant à fond.

-Huda, se lève, la tête haute: Ana adra bi maslahat benti ya Sultan (je sais ce qu'il y a de mieux pour ma fille, Sultan).

Excédé par l'entêtement de sa femme, Sultan ne répond pas. Il ne comprend pas tout l'engouement et l'enthousiasme de Huda autour du fils des Al Shamari, il trouve qu'elle en fait trop. Il reconnaît que Mohammed est une personne sympathique et aimable, mais il n'irait pas jusqu'à faire comme Huda.

Pour lui, il faut toujours prendre du recul sur les choses, prendre le temps de nourrir une réflexion avant de prendre n'importe quelle décision.

Et il a totalement raison.

FIN DU FLASHBACK
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N A S S E R ~ ناصر

J'ai clairement énoncé mon intention, et je suis fier de moi sur ce coup. Bon, je dois avouer que j'ai dû lutter contre l'émotion, mais disons que le plus dur a été fait. Et encore, ce n'est pas fini, nous avons encore beaucoup à nous dire en ce qui concerne mon futur mariage.

-Sultan, lève le regard en souriant: D'accord...(en riant) comment te dire...T'as fait un bon choix, t'as fait un bon choix.

Mon père se mit à rire à son tour pendant que je me contentai de sourire en effectuant un geste de la tête. Suite à cela, un court instant de silence s'installa durant lequel j'essayais de trouver une quelconque chose sur laquelle je pourrais poser mon regard, car je n'allais pas rester là à regarder les autres dans le blanc des yeux, c'est extrêmement gênant.

-Sultan, brise le silence: Mmh...Nasser, dis moi, comment as-tu (avec des gestes de mains) connu, repéré ma fille ? Ton père m'avait dit que tu possédais une entreprise et qu'elle était une de tes employées, disons donc que je connais un peu le contexte, mais peux-tu m'en dire plus ?

Je baissai légèrement la tête et sentis une acidité contre les parois de ma bouche, signe précurseur d'un rougissement imminent. Il veut savoir comment on s'est connus...Il faut que je remanie l'histoire, que j'invente même s'il le faut, je ne dois pas dire qu'on se connaît et qu'on s'est fréquentés, c'est très mal vu chez nous. Personne ne doit le savoir.

-Moi, en me redressant: À vrai dire...c'était assez banal, j'ai eu l'occasion de la connaître lors de la Jeddah Season puis au fur et à mesure du temps, elle m'a plu aussi bien physiquement que mentalement, et c'est quelques mois plus tard que l'idée du mariage m'est venue à l'esprit. J'ai réfléchi à cela quelques temps puis j'ai pris ma décision, c'est pour ça que je suis ici aujourd'hui, ammi Sultan.

-Sultan, d'un ton conciliant: D'accord, et qu'est ce qui t'a plu chez ma fille plus précisément ?

Je jetai un coup d'œil rapide à mon père avant de poursuivre la discussion. Bien que le père d'Arwa soit très sympathique et détendu, je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une certaine lourdeur et une forte gêne. Disons que c'est dû aux circonstances, mais j'ai l'impression qu'il y a un souci.
Je réfléchis trop, c'est sûrement ça qui me fait penser que quelque chose ne va pas. Mais d'ailleurs, pourquoi y aurait-il un problème ?
Nasser, tu psychotes, calme toi, tout va bien se passer.

-Moi: Son...caractère, sa pudeur...

Sultan sourit tout en m'écoutant, je pouvais lire la fierté sur son visage. En même temps, il a de quoi être fier de sa fille.

-Moi, continuant: Comment te dire...elle a tout ce que je désire.

Il continua de m'écouter, souriant tout en restant sérieux. Mon père gardait le silence, il me laisse me débrouiller en quelques sortes.
J'arrive à prendre sur moi, à ne pas céder à la panique. Après tout, je suis en train de parler au père de celle qui deviendra ma femme, ça serait bête de dérailler au dernier moment.
C'est elle que je veux, et je passerai outre tout pour elle.

"هي مرادي، غلا فؤادي
طلبتك قل لها لي تم"
Elle est celle que je veux, elle est chère à mon cœur
Je te demande de me l'accorder.

J'essaie aussi d'imaginer ce qu'elle ressent de son côté, derrière les murs séparant les deux salons.
Je sais qu'elle est sûrement stressée, gênée, je la vois en train de sourire timidement, les joues rougissantes, ses longs cils noirs battant avec grâce. Mais une chose est certaine, nous partageons tous les deux la même joie, le même enthousiasme mais aussi la même appréhension...Parce que, oui, on est sur le point de faire un saut dans l'inconnu, de s'embarquer ensemble pour ce beau et singulier voyage qu'est le mariage.

-Sultan: D'accord...d'accord. (En levant un sourcil) Vous ne vous êtes jamais parlés auparavant, j'imagine ?

Mon cœur rata un battement et je sentis une vague glaciale dans tout mon corps. Le ton qu'il avait employé n'était pas malveillant mais j'y ai capté des sous-entendus.

-Moi: Hum...non, non.

Il acquiesça, et je peux clairement dire que je l'ai échappée belle.
Le père d'Arwa était vraiment sympathique et très aimable, mais une expression particulière trahissait son visage, comme une expression de doute, je dirais. Je peux le comprendre, mais en même temps, je trouve ça un peu bizarre, ceci dit.

On s'est donc mis d'accord pour revenir une prochaine fois si toutefois Arwa était d'accord, dans le but de « faire connaissance ». Bien sûr qu'elle l'est dans tous les cas, mais ça, ses parents ne le savent pas, les miens non plus d'ailleurs. En somme, personne. Il n'y a que nous qui savons, logiquement.

Le reste du temps se passa tranquillement, dans une bonne ambiance après en avoir fini avec toutes les questions gênantes. Je profitai de quelques moments où je ne prenais pas part à la discussion pour parler avec Arwa par message, j'ai tellement hâte qu'on se retrouve pour tout débriefer ! Imaginer, envisager notre mariage...je ne peux pas attendre plus longtemps.
Certains diront que je suis trop sûr de moi alors que rien n'est encore fait, mais mettez vous à ma place. Je suis animé d'une force et d'une détermination sans faille grâce à l'amour que j'éprouve pour elle, j'ai confiance et je sais que tout se passera bien. C'est ce que me dit mon intuition.

J'essayai tant bien que mal de me retenir de sourire face à mon téléphone, mais le simple fait de me dire qu'elle est dans la pièce d'à côté et qu'elle doit être aussi heureuse que moi fait étirer les muscles de mon visage en un radieux sourire malgré les efforts que j'ai employé pour le réprimer.

2 heures plus tard...

-Baba: Merci pour votre accueil, Sultan, t'as bien fait.

-Sultan: Je t'en prie Turki, c'est tout à fait normal ! Vous êtes les bienvenus chez moi quand vous voulez.

On sortit du salon et nous avançâmes dans le couloir afin d'atteindre la porte d'entrée, lorsque je remarquai que le père d'Arwa semblait toujours aussi préoccupé que tout à l'heure. Il vit que je l'avais regardé, il envoya donc un de ses frères auprès de mon père et me fit signe d'approcher, ce que je fis tout naturellement.

-Moi: Aywa ammi, aassa ma shar (oui mon oncle, rien de grave j'espère) ?

Il tourna la tête des deux côtés du couloir pour s'assurer que personne n'était dans les parages, puis se tourna de nouveau vers moi, parlant à voix basse.

-Sultan: Honnêtement, j'admire ta personne et ton caractère Nasser, et je ne doute pas une seule seconde du fait que tu seras un bon mari pour ma fille.

Je souris en entendant le compliment et le remerciai d'un geste de la tête.

-Moi:  Merci beaucoup, ça me fait plaisir d'entendre ça.

-Sultan: Mais je vais être franc avec toi : je ne garantis rien.

Un frisson parcourut mon dos et je fronçai les sourcils d'incompréhension. Qu'est ce qu'il veut dire par là ? Est ce que c'est pour cela qu'il avait une mine grave à certains moments lorsque nous étions assis dans le salon ?

-Moi: Euh...je pense que je n'ai pas compris.

Mon cœur battit deux fois plus vite dans ma poitrine. Je suis curieux, mais inquiet en même temps...je ne sais pas ce qu'il veut me faire passer comme message subliminal et l'expression de son visage me démoralise plus qu'autre chose.

-Sultan, s'approche et chuchote à mon oreille:
T'as de la concurrence, sache le. Il y a quelqu'un qu'on connaît très bien qui compte venir demander la main d'Arwa prochainement, sa mère est une amie proche de ma femme, elle les considère comme faisant partie de la famille.

Mon teint devenait de plus en plus livide au fur et à mesure que j'entendais ce que Sultan me disait. J'ai l'impression de devenir fou, c'est quoi ce bordel, et qui est cet homme ?

-Sultan: Nasser, t'es comme un fils pour moi, t'es le fils de mon ami et je serai honoré de t'avoir en tant que gendre, mais ça va être très compliqué. (Il s'arrête de parler, réfléchit quelques secondes) Sa mère veut absolument qu'elle épouse ce gars dont je t'ai parlé précédemment, celui qu'on considère comme « un cousin ». Elle ne l'avouera jamais, mais ma femme exerce une pression subtile sur ma fille pour qu'elle accepte de faire connaissance avec ce garçon, ce qui fait que...si elle l'accepte, bah...voilà.

Je ne répondis pas. Une grande tempête de questions s'abattit sur mon esprit déjà torturé par le cocktail d'émotions qu'il subissait depuis le début de la rencontre. Comment est-ce possible ?!

-Sultan: Ça fait depuis un moment que ça se discute, j'ai essayé de raisonner ma femme mais... rien à faire. Elle est toujours aussi à fond sur ce jeune homme.

Attendez.
Stop.
Pause.

Si j'ai bien compris, ils ont arrangé Arwa avec ce type sans qu'elle ne le sache ?
Mais c'est quel genre de folie ?

"تفكر ثم قال إسمع
ترى بنتي لإبن الخال"
Il réfléchit un instant puis dit
Tu sais, ma fille est destinée au cousin.

Je pris une grande inspiration afin de garder mon sang-froid. C'est pas possible, j'peux pas y croire...je sais au fond de moi que ça n'affectera pas ma relation avec Arwa, je l'aime, elle m'aime et je suis certain que rien ne pourra nous séparer, mais comme on me dit que j'ai un potentiel concurrent...je suis sur le point d'entrer dans une colère noire. Mais ce n'est ni le lieu ni le moment, il faut que je me calme.

-Moi: Mais toi ammi (mon oncle), qu'est ce que t'en penses ?

-Sultan: Tu sais bien que je t'apprécie grandement, Nasser, je te l'ai dit tout à l'heure, mais premièrement je ne peux pas savoir ce qu'Arwa en pense, et deuxièmement ma femme ne m'aide pas avec ses tentatives d'arrangement bizarres. La seule chose que je puisse te dire, c'est qu'il faut que tu t'accroches si tu veux vraiment épouser ma fille.

Je baissai brièvement les yeux en réfléchissant  à ce qui est en train de se passer. J'ai l'impression que tout ce que j'ai fait et tout ce à quoi j'ai pensé pour en arriver jusque là s'est effondré comme un château de cartes. Moi, avoir de la concurrence au sujet d'Arwa, la femme dont je suis fou amoureux ? Impossible, je ne laisserai personne oser se mesurer à moi dans ce domaine. Elle est à moi, et seulement moi.

Une vague de haine et de témérité traversa mon corps pour ensuite laisser place à un sentiment de jalousie, de honte et même d'impuissance.

Bien sûr que je suis jaloux, Arwa est mienne et je n'accepte pas que quelqu'un d'autre pose ses yeux sur elle avec des arrières-pensées. Bien sûr que j'ai honte parce que j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur quand je me dis que d'autres la convoitent. Bien sûr que je me sens impuissant parce que même si je sais que nous sommes faits l'un pour l'autre, c'est justement ça qui va nous attirer des problèmes.

-Moi, en levant les yeux: Et si la pression de khalti Huda fait son effet...qu'est ce que tu feras ?

-Sultan: Bah écoute...(soupire) tant pis....

Mon sang ne fit qu'un tour.

"يا عم ارجوك، لا ترمي الشوك
في عيني و قلبي المغرم"
Oh mon oncle, s'il te plaît, ne me jette pas d'épines dans mes yeux et mon cœur amoureux.

Pitié, pas maintenant...pas maintenant. Pas après que j'aie fait le choix le plus important de ma vie.

-Sultan: Mais quoi qu'il en soit...lâche rien mon fils. Fais tout ce qui est en ton pouvoir si tu désires réellement ma fille.

Sur ces mots, il me raccompagna à la porte, me laissant dans un état dubitatif extrême. Qu'est ce qui se passe, je ne sais pas. Qui est ce gars, je ne sais pas...je n'en sais rien et ça va me rendre fou.

Après les derniers au revoir, je sortis, suivi de mes parents et de ma petite sœur. Ma mère ne cessait de me dire qu'elle avait beaucoup aimé Arwa et que j'avais fait un très bon choix, mon père quant à lui vantait les qualités de la famille, en répétant  que c'était des gens bien, tandis que les paroles de Sultan Al Rajehi se cognaient dans ma tête. Je fais semblant d'écouter leurs remarques mais mon esprit est tourmenté, je réfléchis trop et je ne parviens pas à trouver une réponse à ce qui m'arrive...

J'avançai pour aller à l'endroit où j'avais garé ma voiture, les yeux plissés à cause du soleil, lorsque quelqu'un me heurta.

-Excuse moi mon frère, je...Hein ?!

Il s'arrêta, les yeux grands ouverts. Je me stoppai également et le regardai de haut en bas, il s'était habillé en circonstance et...avait un bouquet de roses à la main.
Je regardai autour de moi, essayant de me convaincre qu'il se rendait sûrement chez les voisins, mais il était bel et bien sur le point d'emprunter le chemin menant à la maison des Al Rajehi.
Derrière lui, une jeune fille d'environ 18 ou 19 ans à la mine maussade portait un coffre emballé qui devait contenir des cadeaux, et que je n'ai eu aucun mal à la reconnaître.

Je n'en crois pas mes yeux.

C'est donc pour ça que le père d'Arwa me mettait en garde...
La surprise, la haine, le dégoût et la confusion se mêlent dans nos regards, mais aucun de nous n'extériorise.

-Moi, en relevant fièrement la tête: Qu'est ce que tu fais ici ?

Il laissa échapper un rire moqueur, un sourire en coin perfide s'étendant sur ses lèvres pleines, le regard plein de condescendance.

-Mohammed, d'un ton méprisant: Je te retourne la question ?

C'est à ce moment là que j'ai compris que ce chien qui se trouvait devant moi n'avait que Dieu pour le sauver face à moi.

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