٧٦

M O H A M M E D ~ محمد

Actuellement posté aux alentours de la maison des Al Rajehi avec Ammar, je guette attentivement chaque personne et chaque mouvement se faisant dans le voisinage. J'ai une vue parfaite sur la maison, ce qui me permet de voir qui y entre et qui en sort. Ammar a réussi à avoir la fameuse date, et c'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui afin de mener à terme notre mission, qui est de savoir quel est ce prétendant qui a osé me devancer.

-Ammar: J'vois personne, deux hypothèses peuvent être mises sur la table: soit ils sont pas encore là, soit ils sont déjà à l'intérieur. Mais on est déjà presque à la fin de la journée, ça m'étonnerait qu'ils débarquent chez eux au soir. J'ai eu l'info qu'ils viendraient dans l'après-midi.

-Moi: Ils sont sûrement à l'intérieur depuis un moment, c'est nous qui sommes en retard. Pas grave, on attendra qu'ils sortent.

J'échangeai rapidement avec Sabra par message afin de tuer l'ennui, puis au bout de 10 minutes, Ammar m'interpella.

-Ammar: Eh, Mohammed, j'avais oublié de te dire, mais on m'a éclairé sur l'identité du prétendant.

Je me tournai alors avec lui, le regard plein de vice. Allais-je enfin connaître cet homme qui s'est mesuré à moi ?

-Moi: Dis moi tout.

-Ammar: C'est le fils d'Issa Al Olayan.

-Moi, en passant une main dans mes cheveux: Issa Al Olayan, l'agent immobilier de fou là ?

-Ammar: Ouaiiis, c'est bien lui.

-Moi: T'es pas sérieux ? Le fils d'Issa Al Olayan ?!

Je pris une grande inspiration et m'enfonçai dans mon siège tout en réfléchissant. Comment le fils d'Issa Al Olayan a pu arriver jusqu'à Arwa ? Où est ce qu'il l'a vue, et comment a-t-il fait pour entrer en contact avec ses parents ?

-Moi: Comment il s'appelle ?

-Ammar: J'sais plus...Ramiz ou Rashed, j'suis pas sûr (prend son téléphone) attends, j'vais vérifier, (cherche pendant une minute puis trouve) ah, c'est bon. C'est Raghed, on y était presque.

-Moi: Hum...d'accord, d'accord. Raghed Issa Al Olayan.

J'essayai de mettre un visage sur son nom, mais impossible, étant donné que je ne le connais pas. Mais sinon, les informations qu'Ammar me donne sont très intéressantes, on a son nom et le nom de son père, il ne manque maintenant plus que sa tête pour voir à quoi il ressemble.

-Ammar: Exact, j'ai pas de photo par contre.

-Moi: Tranquille, prépare juste ton téléphone dès qu'ils sortiront pour le snaper, c'est pas un problème.

Je gardai mon téléphone sur ma jambe en cas de besoin. Je ne doute pas de la discrétion et de la rapidité d'Ammar en ce qui concerne le fait de prendre en photo le fameux Raghed, mais je préfère quand même assurer mes arrières.
On attendit encore dix, vingt, trente minutes et un peu plus avant d'apercevoir la porte de la maison s'ouvrir, nous faisant voir un couple âgé d'environ la quarantaine accompagné de deux filles, l'une adulte et l'autre qui était une enfant.

-Ammar, en prenant son téléphone: Lazem njahez halna (faut qu'on se prépare).

Ces quatre personnes sortirent, suivies d'un homme habillé d'un qamis blanc qui paraissait avoir la vingtaine, grand et musclé, aux cheveux bruns ondulés et à la barbe bien taillée. Je lançai un regard à Ammar qui comprit directement ce que je voulais dire, puis nous brandîmes tous les deux nos téléphones dans le but de le prendre en photo.

Dites que j'suis fou, je m'en pète un rein. On ne touche pas à ce qui m'appartient.

-Moi: Il prend bien son temps, comme s'il savait qu'on avait besoin de sa coopération, pauvre con qu'il est.

-Ammar: Vraiment.

-Moi, avec un rire narquois: Il sait pas dans quel merdier il s'est mis...il pense vraiment faire le poids face à moi ? (Sourire de coin) Miskine, wallah.

Je profitai de la présence de Raghed jusqu'au dernier moment où il entra enfin dans sa voiture, il n'y a pas une seconde qui est passée sans que je ne le prenne en photo. Eh oui, faut bien avoir l'image de l'adversaire en tête pour une éventuelle confrontation.

-Ammar: J'pense qu'on a fait du bon taff en ce qui concerne ce mec, maintenant, à nous d'entrer sur scène. Ou à toi plutôt.

-Moi: Hahaaa, t'inquiètes même pas pour ça. Ce week-end sera décisif.

-Ammar, en souriant vicieusement: J'en doute pas du tout.

Et oui, ce week-end, je vais voir les parents d'Arwa. Sa mère me kiffe à un point, elle me voit presque comme son fils, et la connaissant, elle tentera de la convaincre d'accepter. Disons que mon début de plan fonctionne petit à petit...

Bref, continuons. Après la séance photos imprévue mais très utile, je redémarrai et allai redéposer Ammar chez lui, puis je me rendis directement au travail où je devais récupérer quelques documents importants. J'arrivai donc sans encombre après une petite vingtaine de minutes de route, me garai puis sortis de ma voiture. Je peux apercevoir des silhouettes de loin à travers la grande porte coulissante transparente, mais j'ignore à qui elles appartiennent. Sûrement des employés, mais de toute façon, le fait de savoir qui est là ou non ne changera rien à ma vie.

Ce n'est qu'en entrant que je vis Eyad, Nyhad, Nour, Dahmen et une fille que j'avais déjà vue ici mais dont le nom m'a échappé, tout ce que je sais, c'est que c'est une de leurs amies.

-Moi: Salam alaykum.

-Eyad, d'un ton méfiant: Alaykum salam.

-Les autres: Alaykum salam.

Je les ai seulement salués par politesse bien que je n'entretienne pas de liens forts avec eux. Au contraire, certains me paraissent bizarres, comme Dahmen, par exemple. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression que quelque chose ne va pas avec lui, et cela depuis mon premier jour dans cette entreprise. Je me rappelle encore, il me toisait quand j'ai passé mon entretien d'embauche avec lui. La seule chose que je peux dire, c'est que Nasser s'entoure de personnes vraiment étranges.

-Nour: Tu vas bien ?

-Moi: Tranquille, et toi ?

-Nour: Aussi.

-Moi, aux autres: Et vous ça va ?

-Eyad, Dahmen, Nyhad: Ouais, alhamdulillah.

La seule personne n'ayant pas répondu était la troisième fille. C'est vraiment bizarre, j'ai l'impression de la connaître mais je ne saurais pas mettre de nom sur son visage. Elle n'a pas prononcé un mot et s'est contentée de hocher la tête pour dire oui, le teint pâle.

-Moi, à la fille: Excuse, j'ai l'impression de te connaître mais j'te connais pas, justement.

Nyhad éclata d'un rire moqueur en entendant ma phrase. Étonné, je me tournai vers elle et la questionnai sur la raison de son rire d'un geste de la main.

-Nyhad: Moha t'es sérieux ? T'as Alzheimer précoce à à peine vingt ans ou quoi ?

Je surpris Eyad en train d'esquisser un sourire cynique en passant un doigt sur sa moustache, mais je n'y accordai pas plus d'attention.

-Moi, fronce les sourcils: Mais qu'est ce que t'as à t'emballer subhanAllah, wesh ? Je la connais pas !

-La fille: Moi c'est Najia, j'comprends que tu te souviennes plus de moi. J'ai été absente pendant un moment.

Je plissai les yeux tout en la regardant en tentant de me souvenir d'où est ce que je l'avais vue. En effet, je sais qu'elle fait partie de mes collègues de travail mais j'ai la nette impression de l'avoir déjà vue en dehors dans un autre contexte.

Elle retira ses lunettes et se frotta l'œil droit, et j'ai pu apercevoir à son poignet un bracelet fait d'une bande de cuir et d'un pendentif en forme de crâne de crocodile incrusté d'un diamant noir entouré d'un serpent. Je ne pus pas m'empêcher de grimacer à la vue de l'accessoire.

-Moi: Ah, si si...c'est bon, je me rappelle.

Je ne m'attardai donc pas davantage et allai chercher ce dont j'avais besoin, puis ressortis et rentrai chez moi. J'avais déjà démarré et étais bien engagé sur la route lorsqu'un numéro ne faisant pas partie de mon répertoire m'appela. Surpris et curieux, je décrochai et activai le haut-parleur tout en poursuivant mon chemin.

-Moi: Ouais allô ? C'est qui ?

-?: Ah...(léger soupir) Tu reconnais pas ma voix, visiblement.

-Moi, ironiquement: J'vois pas de quoi tu parles.

La personne émit un rire fier à l'autre bout du fil.

-?: Ta, Alif, Kha.

Un frisson glacial parcourut ma colonne vertébrale à l'entente de ces trois lettres.

-?: Timsah Al Khobar (le crocodile d'Al Khobar).

T-A-K.

Rien que lorsque j'ai vu le bracelet au poignet de Najia, j'avais tout de suite compris qu'il y avait quelque chose d'anormal.
J'avalai difficilement ma salive avant de répondre d'un air nonchalant.

-Moi: Ah ouais, ouais c'est bon je vois.

-T.A.K: Arrête toi immédiatement, je dois te parler.

-Moi: Attends, j'suis en plein milieu de la route là.

-T.A.K: Obéis sans discuter si tu veux pas te retrouver attaché et écartelé entre mes quatre Lambo Urus, Al Shamari.

Je n'eus pas d'autre choix que d'obtempérer, je me garai donc sur le bas-côté et repris aussitôt l'appel.

-Moi: Dis moi.

-T.A.K: Tu vas installer un traceur dans la voiture de Najia Trabelsi.

Je fronçai les sourcils, surpris qu'il me demande un tel service.

-Moi: Hum, ouais...mais dans quel but ? Et pourquoi moi ? Tes hommes peuvent très bien le faire. D'ailleurs, j'ai vu le bracelet qu'elle a au poignet, j'ai direct compris.

-T.A.K: T'es très intelligent Mohammed, mais ne pose pas plus de questions. Comme je suis extrêmement gentil, j'te laisse jusque ce week-end. Si tu veux la récompense, et surtout, si tu veux rester en vie, j'te conseille de t'y prendre dès maintenant.

-Moi: Vas-y.

-T.A.K, en riant: Bien vu, tu trouveras le traceur dans ta boîte aux lettres. Passe une bonne soirée.

Il raccrocha aussitôt et je repris la route. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu affaire à cet individu.
Je suis habitué, je n'ai pas peur.

Sans tarder, je passai chez moi en coup de vent récupérer le traceur, puis je repartis dans le sens inverse.
C'était comme si tout avait été fait pour faciliter ma mission, la route était dégagée et lorsque j'arrivai sur le parking, la voiture de Najia n'était même pas verrouillée. Je m'y faufilai donc et mis le traceur qu'on m'avait demandé de mettre, puis je rejoignis ma voiture et rentrai pour de bon chez moi.

Une fois arrivé à la maison, je m'assis sur le canapé, me tenant la tête entre les mains dans un instant de grande réflexion. Bon, j'ai accompli la mission de T.A.K, c'est une pression en moins. Maintenant, il faut que je m'occupe de Raghed. Il faut que je sache le maximum d'informations sur lui, autres que celles qu'on m'a déjà transmises.

Il faut aussi bien sûr que je m'organise pour ce week-end, évidemment. Même si je ne reçois pas de réponse favorable, ce qui peut arriver, je me dois de réussir à surclasser Raghed, c'est soit lui ou moi qui perdra la bataille.
Et je ne compte pas du tout me laisser vaincre.

Si ma tenue, mon parfum et les cadeaux sont prêts, il reste mon jeu d'acteur et mon art oratoire à travailler pour être au top du top.

Le lendemain matin...

C'est un beau début de journée, comme d'habitude. Je suis déjà au travail depuis un moment, assis dans le grand bureau que je partage avec trois autres collègues, lorsqu'un bruit de talons se fit entendre. Quelques instants plus tard, c'était Sabra qui apparaissait devant moi, le sourire aux lèvres.

-Sabra: Salam ! Tu vas bien ?

-Moi: Alaykum salam, ça va et toi ?

-Sabra: Ça va aussi, merci.

Elle me fit un clin d'œil tandis que je l'analysais du regard. Elle porte une robe à bretelles moulante couleur pêche définissant parfaitement les courbes de son corps, avec un kimono blanc par dessus et des talons aiguilles. Sa longue chevelure brune et lisse cascadait jusqu'au bas de son dos, son teint légèrement bronzé et son maquillage se mariant avec ses yeux d'un marron chocolaté.

Je peux voir qu'elle me regarde aussi, s'attardant sur chaque détail de mon visage. Ses yeux lancent des éclairs lorsqu'elle analyse le reste de mon corps, notamment mes épaules et mon torse, une moue satisfaite se dessinant sur son visage.

-Sabra: Hum...J'aime beaucoup ton outfit.

Je portais un t-shirt blanc, un pantalon large noir et des Adidas Campus noires aux bandes blanches, simple et efficace.

-Moi, avec un sourire de coin: Merci.

Je sentis une tension dans l'air pendant que Sabra s'approchait de moi avant de poser ses mains sur mes épaules. Une tension électrique, comme une foudre.

-Sabra, en me regardant: On va boire quelque chose ?

Ses mains avaient quitté mes épaules pour aller jouer avec ma barbe, je peux sentir le contact de ses ongles sur ma peau quand elle passe ses doigts dans mon bouc.

-Moi: Vas-y, pourquoi pas.

Je me levai aussitôt de mon siège et nous voilà en train de descendre au premier étage. Le parfum de Sabra me monte à la tête, et je pense également que mon charme a opéré sur elle vu comment elle me regarde tout en se mordant la lèvre inférieure.

Nous sortîmes de l'ascenseur, et tout se fit en un rien de temps. Dans un coin sombre du couloir, je m'emparai de ses hanches et l'attirai vers moi, tandis qu'elle posa ses mains sur mon torse tout en respirant difficilement. Avec ses yeux de sirène, elle regarda mon œil droit, mon œil gauche puis mes lèvres, tandis que je fixais les siennes d'un regard avide.

Nous étions collés l'un à l'autre, nos visages se rapprochant progressivement, prêts à fusionner dans un baiser aussi sucré que le miel, mais dont l'intention n'est que mensonge et fiel.

-Sabra, en se collant plus à moi: C'est dangereux, ce qu'on fait...

-Moi, en la serrant par la taille et en rapprochant mon visage du sien: Très dangereux.

Un bruit se fit entendre, et nous nous détâchames l'un de l'autre à la vitesse de l'éclair.

-Moi, à son oreille: Fais comme s'il ne s'était rien passé. C'est juste un accident.

Pour le coup, on fit réellement comme si rien ne s'était passé dans le couloir.
On alla par la suite dans la salle de pause dans laquelle se trouvait une seule personne, une femme de dos qui s'apprêtait à se retourner afin d'aller s'asseoir.

-Sabra: Oh ! Arwa, comment tu vas ?

Je me retournai instantanément au même moment où Arwa se retourna pour saluer Sabra. Dès qu'elle me vit, son visage vira au rouge pivoine.

-Arwa: Ça va et toi Sabra ?

Elle évita mon regard pendant tout le temps où elle discutait avec Sabra.
À un moment, elle ajusta son voile sur sa tête et je remarquai quelque chose d'inhabituel sur son annulaire, je plissai donc les yeux pour voir plus clair.

C'était...

Une bague.

Une bague ornée d'un diamant brillant, qui entourait fièrement son doigt.

Des milliers de questions, de pensées se percutèrent dans ma tête, au point où je n'entendais même plus Sabra me parler lorsqu'Arwa s'en alla.

Elle porte une bague scintillante à l'annulaire gauche.

Un seul et unique nom me vint à l'esprit : Raghed Al Olayan.

Elle l'a donc accepté.

Complètement fou de rage, je me levai et sortis, totalement indifférent aux tentatives de Sabra qui avaient pour but de me calmer et de comprendre la situation.

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