٧٣
A R W A ~ اروى
Je suis encore avec Nasser dans son bureau. Je ne sais pas ce qu'il a vu en bas du bâtiment mais il a l'air d'essayer d'apercevoir quelque chose.
-Moi: Nasser ? Qu'est ce qu'il y a ?
-Nasser, en souriant malicieusement: Regarde en bas, c'est Nyhad.
Je regardai alors plus bas et effectivement, Nyhad venait de rentrer dans une voiture.
-Nasser: Tu sais c'est la voiture de qui ? C'est celle d'Osama, le footeux.
-Moi: Ah bon ? J'avais pas fait le lien.
-Nasser, en regardant au loin: Ça me rappelle nos débuts. Tu te souviens, la première fois qu'on était sortis ensemble, c'était incroyable.
Je me remémorai ce jour, j'étais à la fois nerveuse et contente, j'avais peur, c'était la première fois que je faisais une sortie du genre. Mais plus le temps passe, plus je me dis que ça en a valu la peine.
-Moi: Je m'en souviens...comment oublier ce moment, même ? C'est impossible.
Nasser sourit en regardant le sol un instant, puis releva la tête vers moi.
-Nasser: Je me rappelle encore de la première fois où je t'ai vue, ça fait sept mois, ça va bientôt faire un an...(il me regarde) Je te regardais quand tu parlais, (baisse le regard) comment te dire, tu m'as directement fait de l'effet.
Le souvenir remonta à la surface de mon esprit comme un galet qu'on aurait jeté au fond d'un lac. Il y a des choses qu'on n'oublie pas...et ce moment en fait partie. Je me rappelle encore qu'il m'avait intimidée au point où je n'osais même pas parler en sa présence. Et dire qu'aujourd'hui, ça a complètement changé, qui l'aurait cru ?
-Moi, tête baissée: Nasser...
-Nasser: Tu m'en fais encore de plus en plus, chaque fois que je te vois, et c'est pas fini...
Mon visage prit une teinte écarlate. J'ai tellement envie qu'il me prenne dans ses bras, mais normalement, il ne doit pas me toucher du tout. Même lorsqu'on se prend la main, j'ai la sensation que je fais quelque chose que je ne devrais pas faire, et j'imagine que c'est pareil de son côté, car même s'il en a la facilité, je sens que sa main tremble lorsqu'il prend la mienne.
-Moi: Toi aussi...
C'est la première fois depuis quelques mois que je suis aussi gênée. Ça faisait longtemps que je n'étais pas dans cet état, intimidée et répondant de la façon la plus simple possible. Je ne savais plus quoi dire, c'est sûrement le fait de l'avoir retrouvé après des semaines de distance qui me donne l'impression que c'est la première fois que je lui parle et que j'ai tout recommencé à 0 avec lui.
-Nasser, me regarde en souriant:
Plein de belles choses nous attendent, toi et moi.
Son sourire a vraiment le don de me rendre dingue et de me faire rougir jusqu'à ce que j'aie mal aux joues.
Je souris à mon tour en maintenant mes yeux sur le sol, puis fis l'effort de les lever pour les plonger dans les siens d'un noir obscur.
-Moi: Ah oui ? (en souriant) Lesquelles, tu peux me les dire ?
-Nasser: Tu verras bientôt (clin d'œil), t'inquiètes pas.
Sur ces mots, il m'accompagna à la porte. Je ne regardais pas devant moi en marchant, je le regardais, lui.
Je ne connais pas de mot qui suffit pour décrire la quantité d'amour que je ressens pour lui, et encore, je pense que mes sentiments continueront à se développer. Ce n'est que le début, à mon avis.
-Moi: Je suis vraiment contente de te retrouver, je ne sais pas combien de fois je l'ai dit, mais rien ne m'a rendu plus heureuse que de te revoir et de savoir que c'est moi que t'aimes et pas une autre...
-Nasser: Jamais je n'ouvrirai mon cœur à une autre que toi, sache le, Arwa. J'ai fauté une fois, je ne fauterai pas une deuxième fois. Je réparerai ce que j'ai fait, et je te jure que tu seras la plus comblée des femmes.
Je me retournai pour faire face à cet homme qui m'a conquise sans que je puisse y opposer de résistance.
-Moi: Je t'aime, Nasser.
-Nasser: Je t'aime aussi, Arwa.
-Moi: Quand est-ce qu'on se reverra, rien que nous deux ? Tu sais, je te vois tous les jours mais tu me manques quand même.
Il réfléchit un instant en se craquant les doigts, puis arbora à nouveau son joli sourire assassin.
-Nasser: Hum...j'sais pas encore, mais très bientôt en tous cas. On fera quelque chose qui est différent de d'habitude.
-Moi, en souriant: J'ai hâte alors.
-Nasser: Moi aussi, j'ai vraiment hâte, tu m'avais trop manqué.
Je jubile, j'ai le sourire jusqu'en Jamaïque. Je lui fais confiance, je sais qu'il ne me décevra plus, je le sens au fond de moi.
Je le regardai une dernière fois avant de lui sourire et de sortir du bureau en lui disant au revoir avec un geste de la main. Mon sourire ne voulait pas s'effacer, malgré que j'essayais de retrouver mon expression neutre.
C'est donc tous sourires que j'appuyai sur le bouton de l'ascenseur et y entrai pour descendre au premier étage. Mon cœur continua de battre intensément comme si Nasser était encore avec moi, si sa simple présence dans son propre bureau me provoque une telle sensation, qu'en sera-t-il lorsqu'on se reverra en dehors ?
Je dois admettre que l'épisode du désert, lorsqu'il a trouvé ma cachette, m'a fait commencer une nouvelle page, un nouveau livre, si je puis dire. Au lieu de baisser, mon amour pour lui s'est accru, il a demandé pardon pour son erreur et ça ne l'a pas rendu détestable à mes yeux, bien au contraire.
Je déverrouillai mon téléphone qui affichait une notification venant du groupe Snap dans lequel sont mes copines du travail. C'était Hassa qui proposait qu'on se fasse un resto entre filles ce soir, tout le monde était d'accord et il ne restait plus qu'à trouver une bonne adresse où aller.
J'avais accepté de venir et nous étions en train de nous mettre d'accord sur l'heure à laquelle nous allions nous rejoindre lorsqu'un message de Sabra me surprit. Je m'arrêtai immédiatement de taper sur mon clavier et attendis de voir comment la conversation allait tourner.
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•groupchat• nafaha's girls💅🏼✨
-Sabra: Perso les filles j'vous rejoindrai un peu plus tard, j'vais sortir avec Mohammed en fin d'après-midi et j'peux pas annuler mais de toute façon il me déposera.
-Hassa: Ah d'accord, tant que tu viens c'est le principal !
-Alejandra: Mohammed il est spécial un peu ptttdrrrrrr.
-Nyhad: MDRRRR un peu bcp même wesh vs avez pas capté il a la dalle d'un lion enfermé frère si tu le lâches sur des gadji bah au secours quoi 🤣 un chasseur le boug.
-Nour: Son corps de frigo là 😭
-Yara: MMMDRRRRRR
-Sabra: ptdrrr arrêtez de le terminer wsh il est gentil ! Il est trop beau en plus mv
-Nyhad: Sabra wsh c'est lui le chasseur et toi t'es le lapin comme dans la comptine tah l'époque 🤣🤣
-Souad: Ouyaaa !
-Sabra: mdrrr mais y'a volonté de nuire c'est pas gentil 😭
-Hassa: Ptdrrr bref 19h30 ça vous va alors ?
-Nour: Yessss ✨
-Nyhad: Bv la bête on fait comme ça c'est carré🐐
-Rola: J'suis d'accord !
-Moi: Pas de soucis je serai là !
-Sabra: Trop cooool hâte de vous voir mes bebs 😽
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Je regardai mon reflet dans le miroir de l'ascensceur tout en réfléchissant à ce que je venais de voir. Si Mohammed et Sabra commencent à se rapprocher, pourquoi est-il toujours à mes trousses et refuse de me laisser tranquille ? Pourquoi il s'inquiète pour moi s'il est censé fréquenter une autre ? Je ne comprendrai certainement jamais le fonctionnement de cette personne.
Toujours pensive, je sortis de l'ascenseur et avançai dans le couloir lorsque quelqu'un vint à ma rencontre.
Inutile de préciser de qui il s'agit, quand on parle du loup...
-Mohammed: Alhamdulillah aala salama (façon de dire "heureusement que tu vas bien"), hum...(il me fixe) j'avais essayé de te retrouver mais je n'ai pas réussi, j'ai vraiment eu peur pour toi.
Je reculai en le regardant d'un air surpris avant de lui répondre. J'étais très étonnée qu'il vienne me dire ça tout en sachant qu'il est censé sortir avec Sabra dans quelques heures.
-Moi: Mais...pourquoi ?
-Mohammed: De quoi pourquoi ?
-Moi: Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ?
-Mohammed, en passant une main sur son bouc: Arwa, tu sais très bien ce qu'il y a...
J'avais l'espoir qu'il lâche l'affaire, mais visiblement, ce n'est toujours pas le cas.
-Moi: Mais pourquoi tu fais ça alors que tu fréquentes Sabra ? Respecte la un minimum, s'il te plaît. C'est pas bien ce que tu fais.
Il bloqua sur moi comme si on l'avait mis sur "pause". Il regarda à droite et à gauche pour voir si quelqu'un le voyait, puis s'approcha de moi.
-Mohammed: Comment tu sais ça ?
-Moi, en reculant d'un pas: Je vous ai vus la dernière fois quand vous parliez dehors. Si elle voit que tu me parles, ça pourrait lui faire du mal, il faudrait que t'évites.
Il prit une grande inspiration en fermant les yeux, agacé par mes propos.
-Mohammed: Mais qu'est ce que j'en ai à foutre, sah ? Justement, j'essaie de t'oublier avec elle mais j'y arrive pas.
J'avalai ma salive de travers en entendant sa réponse. Ça veut dire qu'il utilise cette pauvre fille pour ne plus penser à moi ? C'est juste horrible de jouer avec une personne pour en oublier une autre qui n'a rien demandé...
-Mohammed: Arwa, j'ai compris que tu voulais rien avec moi mais j'te jure que j'arrive pas à t'oublier malgré tout ce que je fais pour y arriver. T'es toujours dans un coin de ma tête, impossible de t'enlever.
Sympa, je suis la cause de son échec maintenant, il ne manquait plus que ça. Je suis toujours terrifiée à l'idée que quelqu'un se sente mal par ma faute, même si c'est quelqu'un de problématique pour moi. Par conséquent, le fait que Mohammed se donne du mal pour m'oublier me fait un peu mal au cœur.
-Mohammed,en croisant les bras et regardant au loin: C'est comme ça que j'ai compris aussi que peu importe le nombre de filles que j'ai connues, tu restes la numéro une pour moi. Aucune d'elles ne peut te concurrencer et tu le sais très bien.
J'espère que personne ne nous entend ni ne nous voit, parce que cela risque de nous provoquer des ennuis. Je profitai du fait que Mohammed ait les yeux fixés dans le vide pour le regarder rapidement. Son expression du visage est sérieuse, tendue, ses yeux marron plissés et brillants. Il a l'air de réfléchir, de beaucoup réfléchir.
Je ne peux pas laisser passer ça, l'idée qu'il se joue de Sabra et qu'il l'utilise pour me chasser de son esprit me démange terriblement. Il peut très bien faire autrement, mais le connaissant, il ne doit sûrement pas s'arranger pour trouver une autre solution.
Autre problème, il m'utilise aussi comme prétexte pour profiter d'elle étant donné qu'il veut m'oublier, il me veut mais ça n'a jamais été réciproque de mon côté et de plus, j'ai déjà quelqu'un dans ma vie...En somme, il m'utilise alors que je n'ai rien à voir avec cette histoire. Je n'ai rien demandé, je n'ai pas de sentiments pour lui et je ne l'ai jamais forcé à faire une quelconque fixette sur moi, c'est lui qui persiste alors qu'il sait parfaitement que c'est peine perdue.
-Moi: Mohammed...personne ne te force à m'aimer, à ce que je sache.
-Mohammed: Si. Mon cœur, et moi-même.
Il me parut sincère en disant ces mots, je sais que je dois quand même me méfier mais je ne veux pas qu'il souffre à cause de moi. Je pensai à tenter de mettre fin à son obsession en lui disant clairement que j'avais une personne dans ma vie, mais c'est compliqué...Et si cela empirait la situation ?
-Moi: J'veux pas que tu sois mal à cause de moi.
-Mohammed: Tu sais que je serais prêt à subir tout le mal du monde pour toi, Arwa.
-Moi: Mohammed, ça ne sert strictement à rien de te mettre dans ces états alors que cela n'en vaut pas la peine. Écoute...j'ai déjà quelqu'un, je te souhaite sincèrement de trouver une femme qui te correspondra et qui sera même meilleure que moi.
Je fus prise de tremblements après avoir prononcé ces mots. Il leva la tête et écarquilla les yeux, tout en me regardant. Le choc de la nouvelle sembla l'avoir frappé en plein cœur comme un coup de poignard, au vu de son teint devenu complètement livide.
-Mohammed: Quoi ?!
Je veux m'enfuir, je dois m'enfuir avant qu'un scandale n'éclate.
Je reculais au fur et à mesure qu'il avançait dans ma direction jusqu'à me coller au mur, puis il se pencha légèrement vers moi.
-Mohammed: Tu...t'es pas sérieuse ?
Il essayait de garder son sang-froid tandis que j'étais littéralement en panique en pensant à l'issue de cette confrontation.
-Mohammed: Mais réponds moi bordel !
Je pense qu'il commence à réaliser que je ne blague pas. Je respirai un grand coup et pris mon courage à deux mains pour lui dire tout ce que j'avais sur le cœur.
-Moi: Oui, je suis sérieuse, j'aime quelqu'un, voilà...Maintenant, je t'en supplie, passe à autre chose. Sois sérieux avec Sabra et ne me cours plus après, considère moi comme un passé lointain qui ne refera plus jamais surface.
Il ne répondit pas et resta en face de moi à me fixer d'un air mêlant la surprise, l'inquiétude, la jalousie et la tristesse. Étant resté comme ça environ une minute, je jugeai bon de m'en aller et de le laisser digérer.
J'ai horreur de faire du mal aux autres mais j'étais obligée de lui dire pour qu'il me laisse enfin tranquille.
Il retourna aussitôt sur ses pas pour rebrousser chemin, puis s'arrêta subitement et fit volte-face, les yeux rouges de jalousie et les narines palpitantes de haine.
-Mohammed: Jamais.
Je me figeai sur place, effrayée. Je ne l'avais jamais vu dans cet état auparavant, on aurait bien dit que c'était une toute autre personne.
-Mohammed: Tu vois, j'vais même pas te demander qui est la personne. Je le saurai un jour ou l'autre, de toute façon.
Je restai silencieuse, et priai intérieurement pour qu'il parte le plus vite possible. J'ai peur des conséquences, mais au moins, j'ai pu exprimer ce que j'avais à dire.
-Mohammed: T'es à moi et à personne d'autre, Arwa Sultan Al Rajehi. Rentre bien ça dans ta tête.
Après avoir fixé le sol quelques secondes, il se retourna et dévala les escaliers à toute vitesse. Je dois avouer que je ressentais de la frayeur sur le coup, mais je suis rassérénée lorsque je me dis que je ne suis pas seule. Je suis bien entourée et je sais qu'Allah est avec moi, donc pourquoi avoir peur ?
Je traversai alors le couloir et passai en coup de vent dans la salle de pause pour prendre quelques affaires que j'y avais laissé. Cinq ou six personnes occupaient la salle, et parmi elles Faisal et Abdulrahman qui me saluèrent directement en me voyant.
Je suis sûre qu'ils vont me parler de ma supposée disparition...je n'aime pas parler de ce genre de chose, d'autant plus que personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé.
-Faisal et Abdulrahman: Salam alaykum !
-Moi: Alaykum salam.
Les pauvres, ils sont tellement gentils et essayent toujours de me mettre à l'aise, mais comme vous le savez, les hommes et moi, ça ne marche pas. Je suis toujours gênée, ce qui fait que mes réponses sont laconiques et cela peut donner l'impression que je les prends de haut alors que non, je ne suis juste pas du tout à mon aise.
C'est comme ça avec tout le monde, sauf avec une seule personne.
-Abdulrahman: Ça va ? Re-bienvenue parmi nous, au passage (en riant), encore un peu et t'allais faire la une des journaux de tout le pays !
-Moi: Ça va, merci, (avec un petit sourire) et oui, on m'en a déjà parlé.
-Faisal: Ouais en vrai, le principal est qu'il te soit rien arrivé de grave. D'ailleurs (en riant), j'ai fortement espéré que tu te fasses pas tuer par Nyhad, elle était zehef quand on réfléchissait à comment faire pour te retrouver.
-Abdulrahman, en haussant les sourcils: Chenou (quoi) ? Zehef ? Faisal, t'es devenu marocain ? J'savais paaaas !
J'ai remarqué une pointe de malice dans le ton de sa voix, mais je suis trop concentrée sur comment me sortir de cette conversation imprévue pour comprendre pourquoi Abdulrahman a parlé de la sorte.
-Faisal, à Abdulrahman: Mais vas-y toi arrête un peu ! (À moi) Ouais donc voilà, alhamdulillah dans tous les cas.
-Moi: Oui, alhamdulillah.
Je ne perdis pas plus de temps, je pris mes affaires et sortis en faisant un petit geste de la tête aux garçons pour leur dire au revoir, puis descendis au rez-de-chaussée et fonçai dans le parking prendre ma voiture et rentrer chez moi. À vrai dire, ma confrontation avec Mohammed ne m'a pas impactée et n'a pas changé ma bonne humeur, j'ai bien hâte de rentrer à la maison pour tout raconter à Maribel. Elle sera fière de moi, c'est sûr.
Une vingtaine de minutes plus tard, je suis de retour à la maison.
-Moi, en entrant: Salam alaykum, Maribel !
-Maribel, en venant vers moi: Alaykum salam Arwa ! (Elle me prend dans ses bras) Comment tu vas ma princesse ? Viens t'asseoir, j'ai préparé ton smoothie préféré comme d'habitude !
-Moi, en la prenant dans mes bras: Je vais très bien alhamdulillah, et toi ? Merci beaucoup pour le smoothie, je vais me laver les mains et je te rejoins !
-Maribel: Trop bien ma chérie, tant que tu vas bien, je vais bien !
J'allai rapidement me laver les mains dans la salle de bains puis rejoignis Maribel qui avait disposé deux grands verres de smoothie sur la table basse du salon.
Je m'assis à côté d'elle et me rendis compte qu'elle me regardait d'un air espiègle. C'est sans doute ma bonne humeur qui l'intrigue, je lui dirai tout de toute manière.
-Maribel: Alors ? Du nouveau ? (En riant) J'imagine que t'as des bonnes nouvelles à m'annoncer !
Je souris, gênée, puis la regardai en faisant oui de la tête.
-Moi: J'suis trop contente...
-Maribel: Dépêche toi de me dire ce qu'il a dit ! C'est suite à la dernière fois quand t'étais partie ?
-Moi: Oui ! Je vais t'expliquer !
Je lui expliquai alors comment Nasser m'avait retrouvée, comment on s'était avoué nos sentiments, comment était actuellement notre relation...J'ai pu voir qu'elle était très contente pour moi, chose qui m'a fait extrêmement plaisir.
-Maribel, fait un clin d'œil: T'as vu, je m'en doutais ! Ça ne pouvait être que du bien, tu me tiendras au courant de la suite de toute façon. Hum...son prénom...il s'appelle Nasser, c'est ça ?
-Moi: Oui, il s'appelle Nasser.
-Maribel, en riant: Tu dois vraiment beaucoup l'aimer vu ton gigantesque sourire quand t'as prononcé son nom.
En effet, j'ai souri dès que j'ai dit son nom, et Maribel n'a pas du tout tort. Je l'aime tellement que je ne sais plus comment évoquer le sujet. Parfois, avant de dormir, je m'imagine des scénarios dans lesquels nous sommes mariés (oui j'ai complètement déraillé), ça ne me déplairait pas que ça arrive vraiment mais je n'ai pas envie de me précipiter, et puis, ce n'est peut être pas dans ses projets non plus. On est jeunes et on doit prendre notre temps avant de prendre des décisions importantes comme celle-ci. Quoique, nous n'en avions jamais parlé.
-Moi, en souriant: C'est vrai, c'est vrai...
-Maribel: C'est beau à voir, j'espère que ça restera toujours comme ça, dans ce cas !
-Moi: J'espère aussi !
On termina notre smoothie, puis je montai afin de me préparer pour le restaurant de ce soir. Après délibération, les filles ont choisi un resto indien assez renommé et j'ai hâte de tester ! Nous avons aussi convenu de nous rejoindre aux alentours de 19h30, j'ai donc encore une grande marge de temps pour me préparer mais je préfère m'y mettre à l'avance pour m'apprêter comme je le souhaite. Eh oui, se faire belle pour une sortie avec ses copines est très important.
Je commence par me changer, je décide d'enfiler une longue chemise couleur caramel, un pantalon blanc large, des mocassins compensés marron et un voile blanc, je me maquille simplement comme d'habitude puis mets un peu de parfum avant de prendre mon sac et de m'asseoir sur mon lit.
Il est maintenant 18h45 et je compte prendre la route à 19h, ce qui me laisse encore quinze minutes pendant lesquelles je me mis à penser à Nasser. Je pense au mariage, et je ne sais pas si l'idée est envisageable tout de suite.
Techniquement, nous sommes dans une relation hors-mariage, et j'ai conscience que ce n'est pas bien...mais
je ne sais pas vraiment expliquer d'où vient l'appréhension qui sommeille en moi. Je l'ai retrouvé, je l'aime, il m'aime, mais j'ai toujours une inquiétude lorsque je me dis que tout cela pourrait s'arrêter, même si je lui fais confiance.
Je suis indécise, mais je sais que la prière est la clé. Je ferai la prière de consultation ce soir en rentrant, et je verrai ce qu'il en adviendra.
20h15, Makan Indian Restaurant...
Nous sommes toutes là, il ne manque plus que Sabra qui nous a dit qu'elle arrivait dans 5 minutes et qu'on pouvait commencer sans elle. En effet, notre commande est arrivée très vite, et pour que chacune puisse goûter chaque plat, nous avons décidé de prendre un peu de tout.
-Maha, en s'étouffant: MAIS SEIGNEUR DIEU TOUT-PUISSANT, C'EST QUOI CE FEU ?! Rola, donne moi l'eau, donne moi l'eau !
-Rola, lui sert de l'eau: Toi aussi, tu t'aventures sur un terrain glissant espèce de grosse folle !
-Nyhad: Eh mais wallah que je l'avais prévenue de base, elle m'a pas écoutée ! (Rire de sorcière) Tu vois les retombées ?
-Alanoud, en riant: C'est méchant mais t'as pas tort Nyho.
-Maha, théâtralement,en pointant Nyhad du doigt: J'te retiens Nasraoui, j'vais briser ton cœur comme t'as brisé mon tube digestif !
Un fou rire général nous secoua suite à cette scène hilarante, puis nous aperçûmes Sabra qui arrivait dans notre direction.
-Sabra: Mes copiiiines !
Elle fit la bise à chacune d'entre nous puis s'assit à côté d'Alejandra. Elle était très jolie comme d'habitude, elle porte un kimono en satin vert clair par dessus une robe à bretelles blanche, ses longs cheveux bruns et lisses lui arrivant au niveau des fesses.
-Hassa: Ça vaaa, t'es pas arrivée trop tard.
-Sabra: Bien sûr, j'ai fait en sorte de ne pas trop tarder. En plus, Mohammed m'a demandé si je voulais qu'il m'attende pour me redéposer chez moi, il est trop mignon ! Mais je lui ai dit que c'était pas la peine, (à Nour) c'est pour ça que je t'ai envoyé un message pour savoir si tu pouvais me reprendre.
Je regardai Nyhad et Alanoud du coin de l'œil pour voir si nous avions entendu la même chose, mais elles n'eurent aucune réaction. Je suis consternée de la naïveté de Sabra en ce qui concerne Mohammed, elle ne sait pas ce qu'il lui cache et ça me fait mal au cœur...mais si je lui dis qu'il n'a fait que forcer avec Alanoud et qu'il force encore avec moi, j'ai peur qu'elle le prenne mal et qu'elle me perçoive comme un obstacle.
-Nour: T'inquiètes, j'te prends avec plaisir !
-Alejandra: Donc Sabra, concrètement vous en êtes où toi et "le frigo" ?
-Sabra, en riant: Mais arrête ! En vrai, je dirais...qu'on est en flirt, j'sais pas, pas en couple, en tous cas pas encore.
-Amina: Ah parce que vous comptez vous mettre ensemble ?
-Sabra, gênée, avec un grand sourire: Bah...pourquoi pas ?
La pauvre, si elle savait...
Tout le monde parle, les filles sont toutes actives, sauf moi qui attend que le sujet de Mohammed soit clos, je n'ai pas envie de parler de lui et la raison est connue.
-Yara: Moooh Sabra est piquée !
-Nyhad, en mangeant: Eh la vie d'ma mère, elle est pas piquée à ce stade, elle est poignardée cousine.
Nous éclatâmes toutes de rire, puis Nyhad trempa un morceau de naan dans la sauce du butter chicken avant de se redresser et de nous regarder les yeux grands ouverts.
-Nyhad: Yeeeuuuh justement, mais attendez, j'vous ai pas dit un truc !
-Alanoud: Dis nous !
Elle avala la bouchée de nourriture qu'elle avait dans la bouche puis son visage prit une expression pleine de malice.
-Nyhad: Eh les filles sah, en ce moment, je parle avec un gars, c'est un footeux.
-Maha: Mais naaan, jure ? Qui est-ce donc ?
Je prêtai attentivement l'oreille, persuadée qu'il s'agit d'Osama. C'était sûr et certain qu'il allait se passer quelque chose entre eux, leur haine l'un envers l'autre était tellement exagérée qu'il était impossible qu'il n'y ait pas au moins de l'attirance d'un des deux côtés.
-Nyhad: C'est le fameux gars de City Walk, Osama Al Mermesh, (explose de rire) eh au nom qu'il est bien frais l'bâtard ! Viande hlel sauvage cuite au feu de camp le boug, j'vous jure !
Tout le monde commença à s'agiter et à hurler de rire face à cette déclaration de Nyhad. J'aimerais tellement avoir son courage et son assurance, car personnellement, je sais que je n'aurais jamais osé dire une chose pareille devant mes copines.
-Nyhad: Il est venu me chercher tout à l'heure pour que je l'accompagne se prendre une paire de Dunk Low, c'était trop drôle. Il m'a même dit de prendre ce que je voulais dans le Nike Store mais rien ne m'intéressait, sah. Après on a été prendre un bubble tea, c'était énervé. (Elle hausse les sourcils en souriant fièrement) En plus il m'a dit que je sentais trop bon, waw.
-Moi, en souriant: Mais je t'ai vue quand il est venu te chercher, j'voulais te le dire !
Soudain, un silence s'abattit, et toutes les filles portèrent leur regard sur moi, étonnées, ce qui me força à baisser le regard. Pourquoi donc cette réaction ? Je n'ai rien dit de mal, pourtant.
-Nyhad: Ah bon ? Mais comment t'as fait, on peut pas bien voir de là où t'étais.
-Alanoud: C'est qu'à partir du cinquième étage qu'on a une vue dégagée. T'y étais ? C'est à cause de l'autre connasse, c'est ça ?
-Maha: Qui ça, Lamar ? Eh, Arwa, si elle te fait chier tu m'appelles, hésite pas !
-Sabra: Mais qu'est ce que vous baragouinez vous deux ? Elle était même pas là Lamar aujourd'hui, enfin je pense.
C'est là que je comprends que je me suis mise dans la merde toute seule...
Tout en priant en mon for intérieur qu'elles ne sortent pas le nom de Nasser dans la discussion, je demandai aux filles de se calmer et de ne pas s'emporter, puis tentai de me rattraper avec un récit que je venais de broder à l'instant même.
-Moi: Les filles, no stress, je devais juste aller chercher un papier important qu'elle m'avait dit de récupérer, elle a laissé ouvert exprès pour moi.
Pendant que je parlais, je sentais des regards sur moi, autres que ceux des mes copines. J'inspectai la salle d'un œil rapide, et croisai le regard d'un jeune homme qui me paraissait familier. Lorsqu'il vit que je l'avais remarqué, il détourna le regard et feignit d'être sur son téléphone.
C'est étrange, on dirait que je l'ai déjà vu.
-Yara: D'accord, d'accord...mais si ça arrive t'hésites surtout pas hein, Arwa. Je prie tous les jours pour qu'elle soit virée.
-Sabra: Direct ! (En repoussant ses cheveux) Et toi alors, Arwa, les amours, comment ça se passe ?
Je faillis m'étouffer avec le riz que j'étais en train de manger en entendant sa question. Je sens que je rougis, j'ai chaud, et surtout, je n'ose pas la regarder. Une fois tous ces signes réunis, je suis presque sûre d'être grillée.
-Moi: Hein, comment ? Euh...mais...y'a rien, y'a rien qui se passe.
-Souad: Ahchem Sabra arrête de poser des questions comme ça, regarde comment elle est gênée miskina !
-Alanoud: En plus, on sait toutes qu'elle est pas dans ça.
Ouf, heureusement que Souad et Alanoud sont intervenues, parce que sinon, je ne sais pas ce que j'aurais fait.
Hormis cela, le reste de la soirée s'est très bien passé, on a bien rigolé, bien mangé, je ne peux être que satisfaite. Par contre, j'ai pris plusieurs fois en flagrant délit l'homme qui me regardait, et plus je le voyais, plus je me disais qu'il y avait une chance que je l'aie déjà vu quelque part.
Franchement, ça m'intrigue.
Quelques heures plus tard, chacune était rentrée chez elle. Allongée sur mon lit, je raconte les détails de ma soirée à Nasser lorsque ma mère m'appela du salon.
-Yoma: Arwa ?
-Moi: Oui ?
-Yoma: Tu peux venir trente secondes s'il te plaît habibty ?
Je me levai alors aussitôt et descendis pour voir ce dont elle avait besoin. Elle est assise sur le canapé du salon, très souriante, et elle a même les yeux qui brillent.
-Yoma: Viens t'asseoir ma chérie.
Je m'assis donc et l'interrogeai du regard.
-Moi: Qu'est ce qu'il y a ?
-Yoma, prend ma main: Arwa, benti, omri (ma fille, ma vie), tu sais que j'ai toujours été reconnaissante de t'avoir comme fille, et cela depuis ton plus jeune âge. Tu m'as toujours rendu fière et tu ne m'as jamais déçue, et aujourd'hui, ma fierté se complète...
-Moi, en riant: Yalla tekfin yoma, goli li esh essalfa (allez s'il te plaît maman, dis moi ce qui se passe) !
Elle serra ma main dans la sienne puis leva les yeux vers moi.
-Yoma: Dans tous les cas, la décision te reviendra, mais on m'a appelée, et la semaine prochaine, quelqu'un viendra demander ta main ma chérie...
Mon cœur sembla s'arrêter de battre, et je sentis des papillons dans mon ventre.
-Yoma: Je vais te dire comment il s'appelle, tu dois sûrement le connaître.
Je souris en baissant la tête, tentant de cacher ma joie qui menaçait de déborder telle la lave d'un volcan.
-Yoma: Il s'appelle...
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