٧٢

N Y H A D ~ نهاد

J'suis vraiment contente qu'Arwa soit revenue saine et sauve. Elle nous a vraiment fait peur, mais l'essentiel est qu'elle est maintenant de retour parmi nous sans aucun problème. Mieux vaut s'attarder sur le positif que le négatif, de toute façon, c'est passé donc ça ne sert à rien de rester là-dessus.

Aujourd'hui, je ne travaille que le matin, j'suis refaite, je vais pouvoir relâcher un peu la pression.
Mais je n'ai pas envie de rester chez moi, j'ai envie de sortir...mais il n'y a personne de disponible, c'est chiant.

Je bus une gorgée de thé à la menthe en continuant de travailler, lorsque je me mis à penser à Osama. Depuis qu'on s'est ajoutés sur Snap, on ne fait que de se parler, et ce qui est surprenant, c'est que nous sommes vite devenus amis. Bon, j'avoue que je me fais désirer parfois et qu'il est toujours dans la provocation mais il n'est pas méchant, ou plutôt, il ne l'est plus. Parce que oui, le Osama dans lequel j'ai foncé à City Walk avait un niveau de malveillance assez élevé.

D'un coup, j'ai envie de le voir, ça va être drôle, d'autant plus que je cherchais quelqu'un avec qui sortir. Est ce que je lui demande ? Je réfléchis quelques minutes avant de prendre ma décision. C'est trop la hchouma, mais en même temps, j'ai pas envie de me restreindre. Pour me donner du courage, j'ouvris l'application Snap et allai sur la conversation avec Osama, au moins, j'suis déjà dedans si une illumination me vient pour que j'envoie le message.

-Moi, à moi même: Mais wesh, Nyhad t'es sérieuse à perdre tes couilles comme ça ? Envoie un message ! C'est qui lui, il va faire quoi, rien, alors envoie et ferme ta gueule.

Oui, je suis très dure envers moi même, mais j'ai l'habitude, c'est normal pour moi.
Je commençai à tapoter quelques mots sur le clavier de mon téléphone lorsque je vis qu'il était aussi dans la conversation et qu'il écrivait en même temps. Je m'arrêtai aussitôt d'écrire pour attendre de recevoir son message.

"Salam, tu travailles cet aprem ? Pcq sah j'dois aller faire une course mais j'veux pas y aller solo, ça te dit de venir ?"

Je demeurai sous le choc en voyant son message. Donc, il m'a proposé de l'accompagner alors que j'avais l'intention de lui demander si on pouvait se voir ? Si c'est pas de la bonne coopération, ça, je ne sais pas ce que ça peut être d'autre.

Je répondis donc tout de suite après.

"Salam, nan sah j'suis libre j'finis 13h, et ouais vas-y, ça me dérange pas"

Il répondit quelques secondes plus tard.

"D'accooord, j'viens te chercher au taff alors, à toute"

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire satisfait. Genre lui, il va venir me chercher ? Wow. J'sais pas pourquoi je suis fière comme ça, mais bon, parfois, il m'arrive d'être en roue libre sans raison. Sûrement l'ennui ?

Le temps passa très vite, et 13 heures ne tardèrent pas à sonner. Je me levai pour remettre mon kimono lorsque je reçus un message d'Osama qui me disait qu'il m'attendait en bas.
Avant de descendre, je regardai rapidement mon reflet dans le grand miroir qui me sert aussi d'élément décoratif, puis je pris mon petit sac et fonçai en direction de l'ascenseur, après avoir fermé mon bureau à clé.

J'arrivai au rez-de-chaussée quelques secondes plus tard, puis traversai le hall et sortis du bâtiment. Comme prévu, la Porsche Panamera noire m'attendait en bas du grand escalier.
Je pris une grande inspiration et descendis en gardant la tête haute, puis arrivai devant le côté passager.
Dès qu'il me vit, Osama baissa la vitre.

-Osama: T'es rapide hein, j'pensais que j'allais t'attendre encore longtemps.

-Moi: Dose toi aussi sahbi, tu m'as pris pour une tortue ou c'est comment ?

-Osama, en riant: Toujours dans l'abus. Vas-y rentre, je t'en prie.

J'entrai alors dans la voiture, et la délicieuse odeur du parfum Sauvage de Dior me frappa de plein fouet. L'intérieur de la voiture était incroyable, je n'étais jamais montée dans une Porsche de ma vie, c'est donc pour ça que le cuir rouge des sièges m'a tapé dans l'œil.

-Osama, me tchek: Ça va ?

-Moi, le tchek: Tranquille et toi ?

-Osama: Ça va aussi, tranquille.

Je posai mon sac afin d'attacher ma ceinture, puis le repris pour le mettre sur mes genoux, lorsque je repensai à quelque chose: ma caisse.

-Moi: Du coup, quand on reviendra, tu me redéposeras ici ? Vu que j'ai ma voiture.

-Osama: Bien sûr, pas de soucis. Après si tu veux pas faire d'aller-retour entre ici et chez toi, on peut s'arranger. Genre, j'peux appeler quelqu'un pour qu'il te ramène ta voiture, et comme ça je te dépose directement chez toi.

-Moi: Merci sah, maiiis on va éviter, j'aime trop ma Audi Q3 pour accepter qu'elle soit conduite par n'importe qui. C'est qu'une quinzaine de minutes de route, de toute façon.

-Osama, en riant: Moooh elle s'inquiète pour sa voiture (il sourit), je comprends sah, comme tu veux alors.

Il a vraiment un joli sourire. Je trouve que ce n'est pas un sourire banal, il y a un truc en plus.
Il démarra donc, et nous voilà en route.

-Moi: On va où ? Ou plutôt, tu devais aller où ?

-Osama: J'dois aller chercher une paire au Nike Store, on va aller à celui du Red Sea Mall.

J'éclatai de rire en entendant sa réponse.

-Osama: Bah qu'est ce qu'il y a wesh ?

-Moi: T'as pas peur de te faire choper par les gens toi, ou bien...ah ouais, j'ai oublié, excuse nous monsieur la star, t'as l'habitude.

-Osama: Mais choper de quoi ? Tu veux dire que les gens m'arrêtent pour des photos ? (Avec un sourire en coin) J'suis pas connu, et c'est mieux comme ça.

Il est marrant lui, il y a tout juste deux mois, pendant le shooting pour la marque, il m'avait dit "tu m'connais pas genre ?", comme s'il avait une renommée internationale. J'avais donc raison depuis le début: c'est un inconnu au bataillon.

-Moi: Espèce d'inconnu au bataillon va.

-Osama, en haussant les sourcils: Ah genre c'est censé me piquer ça ? (Il rit) T'es trop fatiguée, trouve mieux la prochaine fois.

-Moi, en faisant semblant d'être outrée:  Pffff, j'suis juste réaliste, sale rageux va.

Passons les détails du trajet. On arriva au Red Sea Mall puis on descendit tous les deux de la voiture. On alla ensuite en direction de Nike, ça va, ce n'était pas trop rempli.
On regarda les rayons, il y avait pas mal de choix mais Osama s'est plus attardé sur les Dunk Low.

-Moi: Tu kiffes les Dunk à ce que j'vois.

-Osama: Mais de fou ! Dis toi que la moitié de mes baskets, c'est des Dunk. Je les collectionne, carrément.

J'avais remarqué qu'il avait une affection particulière pour les Dunk parce que toutes les fois où je l'ai vu, il en portait. Aujourd'hui aussi, il porte des Dunk de couleur marron et blanche, qui suivent parfaitement avec son outfit composé d'un t-shirt oversize blanc Lacoste et d'un cargo marron.

Je profitai du fait qu'il était concentré sur les baskets pour l'analyser un peu. Je trouve qu'il a un beau profil, dû à son nez bien droit. En vrai, c'est un beau garçon, on va pas se mentir.
Je continuai de le regarder, et lorsqu'il tourna la tête vers moi, je fis semblant de regarder ailleurs.

-Osama: La vérité, j'hésite entre ces deux là (il me les montre), t'en penses quoi, les bleu pastel ou les rouge bordeaux ?

J'examinai minutieusement les deux modèles, puis levai les yeux vers lui.
Il me regardait en attendant que je réponde, comment dire que...ça m'a fait bizarre. Son regard était tellement profond, comme s'il me transperçait.

-Moi: En vrai...je pense qu'en rouge bordeaux, c'est carré.

-Osama, en passant une main dans son bouc: Hum...ouais, c'est ce que je me disais aussi, (il prend la chaussure à sa taille) on va essayer ça.

Il se dirigea vers un banc pour essayer, et je le suivis. Une fois la chaussure mise à son pied, il se leva pour taper une démarche tout en gardant un œil sur son reflet dans un miroir.

-Moi: C'est pépite en vrai !

-Osama: Ouais, j'aime bien, j'aime bien. (Il se rassoit pour l'enlever) J'vais prendre celle-là, alors.

Il appela un vendeur pour qu'il prépare la paire, puis on attendit un peu avant de passer à la caisse.
Je me retournai brièvement, sentant une présence derrière moi. Vous allez vous dire, c'est la caisse, normal que les gens attendent en file, mais ce n'était pas une présence très rassurante. En effet, une personne adulte, très petite de taille, à laquelle je ne saurais pas donner d'âge ni de sexe précis, nous collait presque, Osama et moi.

-Osama: Il y a rien qui t'intéresse ici ? Sah, si tu veux prendre quelque chose vas-y, te gêne pas.

-Moi: Euh...non merci, y'a rien qui me fait de l'œil sah.

Je me sentais de plus en plus opressée par la présence de la créature inconnue. Elle nous frôlait presque, mais Osama avait l'air de n'avoir rien remarqué.
J'observai l'élément perturbateur du coin de l'œil. Ses gestes étaient suspects, comme s'il essayait de toucher quelque chose. On avança un peu, mais malgré cela, la personne resta dans nos pattes. Encore pire, j'entendis un cliquetis métallique qui me faisait penser à un bruit de lame de rasoir.
Ce n'est qu'après avoir remarqué que l'individu essayait d'ouvrir le sac d'une femme qui était à côté de nous que j'ai compris son intention, il essayait de voler.

-Moi, en me retournant: Tu joues à quoi toi ?

Le nain s'arrêta net, bégayant dans un langage incompréhensible, puis dans un arabe saoudien très confus en dodelinant de la tête. En réalité, il mélangeait l'anglais et l'arabe mais il ne les parlait visiblement pas couramment. Grâce à sa manière de parler, j'ai facilement décelé que son accent était sud-asiatique.

-Le nain, en hochant la tête: Madame, non, non !

-Moi: T'es au courant que si tu te fais attraper, t'as plus de mains ?

Personne n'avait toujours rien remarqué, je ne sais pas comment d'ailleurs, peut être que les gens n'ont rien entendu à cause du bruit ambiant.

-Le nain: Non (incompréhensible)...

-Moi: Déblaye de là, tu veux voler, t'as pas honte ? (me baisse légèrement à sa hauteur) Ose t'approcher encore et j'te jure que j'vais te saigner. (à la femme) Madame, faites attention à vous, ça veut vous voler.

La personne s'en alla à la vitesse de l'éclair. Où est ce qu'elle est partie, je n'en sais rien et je m'en fiche, le principal est que personne ne s'est fait voler. La dame me remercia chaleureusement, puis nous passâmes à la caisse et sortîmes du Nike Store. Une fois sortis, Osama se tourna vers moi pour me demander ce qui s'était passé à l'intérieur. Je lui expliquai donc la situation, et je pus déceler une lueur d'admiration dans ses yeux au fur et à mesure que je lui racontais. Je ne sais pas pourquoi ça le choque, c'est la moindre des choses que de défendre les autres qui sont en situation d'infériorité, surtout entre femmes.

On continua de se balader dans le mall. Elle est drôle, cette sortie improvisée.

-Osama: Tu veux qu'on aille prendre un truc à boire ou à manger ?

Ça tombe bien, j'ai la gorge sèche.

-Moi: Ouais, pourquoi pas ? Un bubble tea, par exemple.

-Osama: Bonne idée.

Après avoir pris nos deux bubble tea, nous sortîmes du mall et repartîmes dans la voiture. On resta un peu sur le parking, puis on reprit la route, et pour mettre de l'ambiance, je connectai mon téléphone au Bluetooth et lançai ma playlist qui commença par le titre Salade Coco du rappeur marocain El Grande Toto.
Osama ne comprenait presque rien  au son, mais il s'ambiançait en tapant des doigts sur le volant en conduisant pendant que je chantais en criant comme une folle.
"Vous êtes compliqués à comprendre, mais vous mettez tellement l'ambiance, les Marocains" m'avait-il dit en décochant son plus beau sourire.

Quelques minutes plus tard, on était de retour devant l'immeuble de NAFAHA, et on finit de boire notre bubble tea tout en discutant.

-Osama: Mmmh, mais tu sens trop bon, j'avais même pas capté ! (Il tourne la tête vers moi) C'est quoi ton parfum ?

-Moi: C'est un Armani, c'est le Acqua di Gioia, il est incroyable !

-Osama: Mais t'as fait un bête de choix, j'te félicite carrément. Ça te ressemble.

Je bus le reste de mon bubble tea avant de lui répondre.

-Moi: Merci, merci, toi aussi, Sauvage de Dior te va vraiment bien. Trop bien même.

Il me sourit en guise de réponse puis regarda ailleurs, comme s'il allait éclater de rire, tandis je mordais l'intérieur de mes joues pour ne pas rire à mon tour.

-Osama: Sah, chapeau pour tout à l'heure quand t'as défendu la dame, (il rit) Comme quoi, t'utilises pas ton talent de colérique que pour courser les gens en voiture.

-Moi, en haussant un sourcil: Toi tu veux que je te frappe, j'suis pas sûre.

-Osama: J'sais pas non plus.

-Moi: Ouais, ça doit être ça.

-Osama: Bon, j'sais que c'était pas une sortie de ouf mais bon, (en souriant) on se rattrapera la prochaine fois.

-Moi, hausse les sourcils: Parce qu'il y aura une prochaine fois ?

-Osama, avec un sourire de coin: Pourquoi pas, sah ? Après c'est comme tu veux, hein.

-Moi, avec un air malicieux: J'ai jamais dit que je ne voulais pas.

Il tourna légèrement la tête sur le côté en riant, puis ébouriffa ses cheveux bouclés.

-Osama: Tranquille alors, c'est carré. (En souriant) J'te retiens pas plus longtemps, bon retour.

-Moi, en sortant de la voiture: Merci, toi aussi !

Je sortis de la Porsche et entrai dans ma Audi. Je tournai aussitôt la clé dans le contact et me voilà sur la route pour rentrer chez moi.
Bien que cette sortie soit simple, faite sur un coup de tête et coupée par une petite mésaventure, je l'ai appréciée.

Je conduisis encore quelques mètres et arrivai à un feu rouge, puis mon téléphone vibra. Comme j'étais à l'arrêt, je le pris pour voir quel était le message que j'avais reçu. C'était un message dans le groupe qu'on a fait avec les filles du travail.

J'entrai alors dans la conversation et je ne pus m'empêcher d'hurler de surprise. J'étais presque en train d'exploser de rire toute seule comme une folle.

-Moi: Ah les bâtards, ah les bâtaaaards !

Décidément, on en apprend toujours plus chaque jour...

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