٧١

N A S S E R ~ ناصر

On est le lendemain matin, et j'éprouve toujours le même sentiment de joie. Je n'étais pas simplement content, je l'étais pleinement, et le simple fait de voir Arwa m'a fait oublier toutes les phases d'émotions négatives par lesquelles je suis passé avant de la retrouver.
Je suis encore plus heureux, parce qu'elle m'a pardonné alors que je sais que mes excuses ne suffisent pas pour passer l'éponge sur une telle erreur.
On parle d'ignorer quelqu'un pour une tierce personne...j'ai trop honte, vraiment.

Mais je me ferai pardonner à ma manière.

Quelques minutes plus tard, j'arrivai devant les bâtiments de mon entreprise, une des mes plus grandes réussites. Je me suis déjà dit que si je n'avais pas lancé ce projet, je n'aurais peut être jamais connu Arwa. Ou peut être que si, car ce qui nous est destiné nous atteint obligatoirement et dans n'importe quelles circonstances.

Je me garai puis entendis mon téléphone vibrer, affichant la meilleure notification.

"T'es déjà arrivé ? J'ai envie de te voir"

Tout en souriant comme si je n'avais jamais souri de ma vie, je répondis au message.

"Oui j'suis là, dès que t'arrives, viens au cinquième"

J'ai l'impression de ne pas l'avoir assez vue hier, bien qu'on soit restés ensemble des heures dans le désert.
Après avoir envoyé le message, je descendis de ma voiture et montai l'escalier menant à la porte coulissante avant d'entrer dans le hall, et à ma grande surprise, Nyhad y était assise sur un banc, le téléphone à la main. J'avançai vers elle, et lorsqu'elle me vit, elle se leva et vint me rejoindre.

-Moi: Salam Nyhad, tu vas bien ?

-Nyhad: Alaykum salam, ça va et toi ? (Regarde autour d'elle, puis chuchote) Alors Nasser, comment te dire que...qu'Arwa n'avait pas disparu ?

Je me mordis la lèvre inférieure pour m'empêcher de sourire. Si elle savait...s'ils savaient, eux tous...

-Moi, faisant semblant de ne pas savoir: Ah bon ? Comment ça ?

-Nyhad: Bah hier soir, tard, elle m'a envoyé un message en m'expliquant un peu le délire, elle avait besoin de s'éloigner un peu, elle est allée au désert. Mais bon, j'ai craint pour elle wallah, j'me suis imaginée n'importe quoi, et Alanoud je t'en parle même pas. (avec un sourire malicieux) Ah merde,ouais, faut pas que je parle d'elle, sinon monsieur va se braquer.

-Moi, en me moquant gentiment: T'es trop nulle sah. Et, ouais, bah heureusement que tout va bien, alhamdulillah.

-Nyhad: T'avais essayé de la chercher, non ?

Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Un pas de travers et je suis foutu.

-Moi: Ah, en fait, tu vois...mes parents connaissent les siens, du coup, bah...j'ai demandé des nouvelles à mes parents.

-Nyhad: Ah...d'accord. Mais Dieu merci, au moins elle va bien. (Regarde vers la porte coulissante) Justement, elle est là !

La porte s'ouvrit, laissant passer une femme magnifique, et cette femme, c'est Arwa.
Je jetai un coup d'œil à Nyhad, et je fus extrêmement surpris de la façon dont elle la regardait. Elle la regardait d'un air grave, sérieux, on aurait dit qu'elle l'attendait pour l'abattre.

-Moi: Nyhad, qu'est ce qui t'arrive wesh ?

Arwa arriva vers nous, et fut tout aussi troublée que moi en voyant le regard de Nyhad. Je n'avais absolument rien compris.

-Arwa: Euh...salam alaykum.

-Nyhad et moi: Alaykum salam.

Nyhad s'avança ensuite un peu vers elle.

-Nyhad: J'suis choquée.

-Moi: De ?

-Nyhad, en prenant Arwa dans ses bras: BAH PARCE QUE J'AI RETROUVÉ MA COPINE YAL HMAR ! (Lui fait un bisou sur la tête) Putaiiin Arwa tu m'as trop manqué ta race ! Tu nous as fait trop peur, plus jamais tu refais ça hein ! (en lui réajustant une mèche sous son voile) Un conseil, si tu vois Alanoud, cache toi. Cache toi parce qu'elle va te balaye, elle a failli me rendre folle hier. Wallah, elle arrêtait pas de bouger dans tous les sens, de stresser, de pleurer...waaaah, fatigue sur nous.

Arwa était gênée, comme à son habitude, mais très souriante. Je profitai de l'inattention de Nyhad pour pouvoir regarder Arwa sans me faire griller. Le rose pâle lui va à merveille, elle est toujours aussi belle et élégante. Elle voit que je la regarde, elle me regarde à son tour, sourit puis baisse les yeux, perpétuant notre éternel jeu de regards qu'on a commencé dès le premier instant où on s'est vus.

-Arwa: C'est vrai que je n'aurais pas dû faire ça, je suis vraiment désolée, je...pensais pas qu'il y aurait autant d'inquiétude à mon sujet, (elle caresse le bras de Nyhad) j'suis vraiment désolée Nyhad.

-Nyhad: Comment ça, tu pensais qu'on n'allait pas s'inquiéter pour toi ? Mais t'es complétement folle ! Dis toi que même des gens que tu connais pas se sont préoccupés de la situation. (En rejetant une boucle en arrière) Perso, avec les filles, on était prêtes à tout retourner pour te retrouver, t'es notre copine, notre sœur, n'oublie jamais.

Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder Arwa encore une fois. Elle capte toute mon attention, elle me fascine de plus en plus chaque jour, comme si je venais de la connaître.
Elle est si mignonne avec son sourire et ses beaux yeux brillants...je n'ai plus les mots pour la décrire.

-Arwa: Merci ma chérie, j'sais pas quoi de répondre de plus. (lui prend la main) Merci beaucoup.

-Nyhad, serre sa main: C'est normaaal, t'inquiètes pas.

J'ai remarqué que Nyhad ne me lançait pas de regards espiègles du coin de l'œil comme elle aimait tant le faire quand je me retrouvais en sa  présence avec Arwa. Bon, je ne vais pas me plaindre étant donné que c'était très gênant et que j'étais très mal à l'aise quand elle le faisait, mais je trouve ça vraiment étrange.

-Arwa: Bon...j'y vais, à tout à l'heure !

-Nyhad: À tout à l'heure bella.

Elle s'en alla en me regardant rapidement, j'ai directement compris qu'elle m'attendrait à mon bureau.
Une fois partie, Nyhad se tourna vers moi.

-Nyhad: Wallah Nasser, j'ai jamais vu une fille aussi mignonne. J'sais pas combien de fois j'ai dû le dire, mais je suis choquée.

-Moi, me mord la lèvre inférieure en souriant: Hum...ouais.

Je ne savais plus quoi dire, je crois que c'est assez remarquable.

-Nyhad: Bref, cet après-midi j'suis bieeen, j'suis libre. J'sais pas encore ce que je vais faire par contre.

-Moi,en souriant: Ça tue, profite bien ! (en regardant ma montre) Bon, je vais y aller aussi, j'ai du taff, on s'attrape plus tard.

Je m'apprêtai à faire un pas lorsque ma tentative fut interrompue par Mohammed qui croisa notre chemin.

-Mohammed: Salam, (en nous regardant tous les deux) alors, des nouvelles d'Arwa ? Elle va bien ?

Il parla si rapidement que nous n'avons même pas eu le temps de répondre à son salam. Je fronçai les sourcils, dubitatif, et surtout dans l'incompréhension. Pourquoi il s'inquiète autant pour elle ? Il avait le visage tendu et fermé, c'est trop bizarre.

-Nyhad: Tout va bien kho, elle est revenue saine et sauve, t'inquiètes.

Je vis le visage de Mohammed se détendre en entendant la réponse de Nyhad, puis il se mit à sourire.

-Mohammed: Purée, alhamdulillah, vraiment. J'avais essayé de la retrouver mais j'ai pas réussi.

Alors là, j'ai vu flou. Il a essayé de la retrouver, mais qui l'envoie faire ça, pourquoi il a l'intention de le faire, même ?

-Moi: Vas-y Nyhad, on fait comme je t'ai dit de toute façon, salam.

-Mohammed: Weeesh t'es pressé Nass ou c'est comment ?

-Moi: Ouais, salam.

J'entrai dans l'ascenseur et appuyai sur le bouton 5. Arwa me disait que Mohammed la regardait souvent, je l'ai crue évidemment. Mais là, j'ai des éléments qui ne présagent rien de bon, comme le fait que la première chose qu'il ait fait soit de demander si on avait eu de ses nouvelles.
Je comprends que certaines personnes se soient inquiétées, Faisal par exemple, parce que son inquiétude était modérée, mais Mohammed ? J'sais pas ce qu'il a derrière la tête, et c'est à ce moment là que les paroles de Nyhad me revinrent en tête "méfie toi d'Al Shamari". Elle a raison.

J'arrivai donc au cinquième étage, et comme prévu, Arwa m'attendait. Je m'empressai alors d'ouvrir la porte et de l'inviter à s'installer.

-Moi: Désolé de t'avoir fait attendre, (en m'asseyant) j'ai un peu tardé.

-Arwa: Non non, t'inquiètes pas, aucun souci.

Elle est trop belle, je ne le dirai jamais assez.

-Moi: Ok alors, tu veux boire un truc ?

-Arwa, en souriant: Non merci, j'ai déjà bu un café avant de venir.

-Moi: T'es sûre ?

-Arwa: Oui, j'aime pas boire trop de café dès le matin.

-Moi, en souriant: Pas de soucis alors, comme tu veux.

Un court moment de silence s'abattit aussitôt, pendant lequel je perdis dans ses yeux de biche.

-Arwa, gênée: Euh...Lamar, elle va venir ?

-Moi: T'inquiètes pas, j'ai tout prévu, elle viendra plus tard, dans l'après-midi. Et puis, même si elle est là, on s'en fiche, on n'a pas de comptes à lui rendre.

Elle acquiesça de la tête et je continuai mon propos.

-Moi: Tu sais, Arwa...si on cache notre relation, toi et moi, c'est parce que c'est toujours mieux quand personne ne sait rien. Je veux que tu saches que je n'ai pas honte de toi, bien au contraire, mais je préfère la discrétion, et puis...j'aime pas quand tout le monde est au courant de ce qui n'est censé regarder que moi.

-Arwa: Je comprends, je suis tout à fait d'accord, il vaut mieux rester discrets. (Elle met son menton contre son poing et me regarde) Nasser...(elle baisse le regard) tu sais bien que je ne doute pas de toi, je te fais confiance et je sais que tu fais ça pour notre bien.

-Moi, en me redressant: Je ferai tout pour nous, Arwa.

Elle me sourit, puis on continua à parler de choses et d'autres, jusqu'au moment où le sujet qui fâche me vint en tête: Mohammed et ses regards de psychopathe. J'hésitai à ouvrir le sujet dans un premier temps, mais en réfléchissant, je me dis qu'il n'y a pas de honte à avoir. Il la regarde, je ressens de la jalousie, c'est les termes.

-Moi: Euh...j'voulais te poser une question, mais si tu veux pas répondre, c'est pas grave.

-Arwa: Dis moi tout, je répondrai.

Je décidai d'aller droit au but, sans passer par 189 chemins.

-Moi: Mohammed, il te regarde encore ?

Visiblement surprise par la question, elle baissa la tête, et je tentai à mon tour de la rassurer.

-Moi: Arwa, ya rouhi (ma vie), ne t'inquiètes pas, dis moi, n'aie pas peur.

-Arwa: Avant, oui...maintenant, beaucoup moins.

Je regardai un instant par la fenêtre avant de lui répondre.

-Moi: Je demande parce que...parce qu'il s'était inquiété de fou pour toi et j'ai trouvé ça bizarre.

Le visage d'Arwa perdit sa teinte habituelle qui se transforma en une pâleur anormale.

-Arwa: Nasser...comment te dire...(En bégayant) non, c'est la honte.

Je sais qu'elle est sur le point de me lâcher un dossier mais elle n'ose pas, qu'est ce qu'elle va bien pouvoir me dire ?

-Moi, en prenant sa main: Arwa, n'aie pas peur et ouvre moi ton cœur. Dis moi ce qui ne va pas, je te jure que je ne te jugerai pas.

-Arwa, en serrant ma main: Euh...(elle lève les yeux vers moi) non, vraiment, je te dirai une autre fois, j'ai pas la tête à ça.

Elle ne m'a rien dit, mais tout cela commence à m'éclaircir au sujet de Mohammed. Et s'il avait des vues sur Arwa ? Astaghfirullah, le simple fait d'y penser me dégoûte.

-Moi: Ok, mais si tu veux m'en parler, n'hésite surtout pas, d'accord ?

-Arwa, en souriant: D'accord.

-Moi: T'es trop belle.

-Arwa, en rougissant: Merci...

Avec elle, je ne vois pas le temps passer, si bien que lorsque que je consultai l'heure sur mon téléphone, il était 13h. On se leva alors de nos places respectives.

-Arwa: Ça m'a fait du bien de te voir, Nasser.

-Moi: Moi aussi Arwa, tu peux pas imaginer.

Je l'aime tellement, c'est une dinguerie.
Je regardai dehors par la vitre, la vue est incroyable, constituée du ciel et d'innombrables buildings. J'ai aussi la vue sur le bas de l'immeuble, une vue très globale, en somme.

Je discutai encore un peu avec Arwa devant la vitre, lorsque quelque chose attira mon attention en bas du bâtiment.
Une silhouette féminine qui me semblait très familière, conversait avec une personne dont la voiture était arrêtée avant d'ouvrir la portière et d'y entrer. Je n'ai pas bien vu la voiture, mais je pense qu'il s'agissait d'une Audi ou d'une Porsche.

Il m'a fallu quelques secondes de réflexion pour me rendre compte que c'était Nyhad, la silhouette en question...

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