٦٩

PDV OMNISCIENT ~ وجهة نظر عامة

Pour Arwa, le plus dur a été fait. Elle se sent coupable de ne pas répondre aux appels et messages de ses copines et de sa mère, mais elle n'en a ni la force ni l'envie. Elle avait besoin de s'en aller, de s'éloigner pour mieux se sentir, et surtout pour que personne ne sache ce qui se passe.

Sa souffrance ne cesse de croître au fur et à mesure qu'elle se rapproche du désert, le fameux désert où elle a passé avec Nasser ce qu'elle pensait être l'une des plus belles soirées de sa vie. Il est vrai qu'on dit souvent qu'il ne faut pas trop s'emballer, mais elle ne peut pas s'en vouloir, elle est tombée sous son charme dès l'instant où elle l'a vu pour la première fois.

Excédée par les messages et les appels qu'elle reçoit depuis maintenant plus de deux heures, Arwa éteint son téléphone tout en conduisant. Elle n'arrive plus à pleurer, elle aimerait bien extérioriser davantage, mais les larmes refusent de couler. Elle comprend alors qu'elle a tellement subi et souffert, que sa douleur est si intense qu'elle ne peut plus l'exprimer par les larmes.

Bien que le campement ne soit situé qu'à une quarantaine de minutes de la ville, le trajet lui prit bien plus de temps. Ce n'est qu'après une heure et demi qu'elle parvint enfin à atteindre cet endroit qui ne signifie dorénavant rien d'autre que de lointains souvenirs...

Le simple fait de voir le sable, la lune, les étoiles lui brise davantage le cœur. Elle aurait tellement aimé être là avec lui, lui qui avait empêché le sommeil de soulager ses paupières alourdies par le désir consumant de le voir et jouir de sa proximité.

Le vent de la nuit répand sa fraîcheur sur le visage de la jeune femme, séchant ses larmes. Ce qui avait coulé de ses yeux avait certes séché, mais ce qui coulait de son cœur ne faisait qu'abonder en saignements.
Elle a l'impression de devenir folle tellement elle meurt d'envie de le voir, ne serait ce que de loin.
Elle sait qu'il ne l'a pas estimée à sa juste valeur, mais l'amour qu'elle ressent dépasse la rancœur qu'elle a contre lui.
Elle hésite, elle se remet en question, elle se demande si le fait de l'avoir bloqué était une bonne idée ou non, elle se sent coupable sans raison apparente...toutes sortes de pensées se confrontent dans son esprit, tirant toutes leur source de la pensée principale, celle qui la torture cruellement : Nasser.

"يا جرحي ويا طبّي، جيتك حبي يا حبّي، مابا واحدٍ ثاني"
Oh ma blessure et mon remède, je viens à toi, mon amour, et je ne veux personne d'autre.

•sada najran• al aasheq al hayem

En allumant le feu, elle visualise la passion qui la dévore. En s'asseyant ensuite sur le tapis, elle se revoit avec lui, quelques mois en arrière, en train de s'endormir sur son épaule. Elle le revoit en train de la réveiller avec délicatesse, elle réentend ses mots doux, elle se remémore son parfum envoûtant et son sourire qui la mettait dans tous ses états. Elle tente de chasser ces pensées qui ne font qu'accentuer son mal-être, mais elles reviennent au galop à chaque fois qu'elle lutte pour en faire abstraction, emplissant ses yeux de larmes se déversant comme des cascades du haut d'une falaise.
Elle ne cesse de penser à lui, elle se demande s'il l'a oubliée, s'il se rend compte de la gravité de ce qu'il a fait. Elle se pose des tonnes de questions qui ne font que la pousser de plus en plus au bord du précipice.

Elle donnerait tout pour le revoir, mais elle a peur de lui pardonner et qu'il l'abandonne à nouveau. Elle l'aime d'un amour sincère, et même si elle ne lui a pas explicitement fait comprendre, son nom est le seul qui habite son cœur.

Elle ferme les yeux, laissant des gouttes transparentes perler le long de ses joues rosées, puis pose une main sur son cœur meurtri en laissant échapper une douce plainte.

-Arwa: Ya rabi, je veux le voir...mais...mais pourquoi il m'a fait ça...

Elle se prend la tête entre les mains, se battant comme jamais pour ne pas perdre la raison. Elle imagine le pire, elle s'imagine qu'il l'a juste utilisée pour se prouver qu'il pouvait avoir qui il voulait, ou encore qu'il voulait simplement jouer avec elle dès le début. Elle n'est pas rassurée du tout de ce côté, la peur la prend aux tripes quand elle se dit que quelqu'un d'autre a peut être pris sa place.

Elle veut se forcer à ne pas penser à lui, mais son envie de le retrouver est plus forte, elle ne supporte plus d'être loin de lui et de ne pas savoir la vérité. Elle perd patience, et encore...est ce que la patience joue un rôle dans ce genre de situations ? Pas forcément.
Les questions qu'elle se pose sans arrêt sont toujours les mêmes et la tourmentent au point où elle a la sensation que son crâne se fracasse en deux, tellement elle est au plus bas.

S'il l'oublie, elle ne s'en remettra pas...

"صبري وصل لحدّه، تكفى لا تناساني"
La patience a atteint sa limite, je t'en supplie, ne m'oublie pas.

De son côté, Nasser est tout aussi brisé qu'Arwa. Après des heures passées à pleurer dans sa voiture, il s'est enfin à décidé à prendre la route. Il ne sait pas où il va, il ira là où son intuition le mènera. Il roule à une grande vitesse, animé par le désir qui a transformé son impuissance en une force fulgurante.
Il a toujours ce mal de tête atroce, mais il surmontera la douleur. Il ignore royalement les appels et les messages qui font continuellement vibrer son téléphone, bien qu'ils viennent de ses amis voulant savoir comment avançait l'affaire. Il décide donc de ne pas répondre et continue sa route, toujours en pensant à Arwa.
Il avait réussi à stopper ses larmes mais pas sa détermination à la retrouver.

"أنا العاشق الهايم
دايم يا الغلا دايم
في بحر الهوا عايم"
Je suis l'amoureux éperdu
Toujours, ma chère, toujours
Nageant dans l'océan de la passion.

Elle ne quitte pas son esprit, et il ne quitte pas le sien. Chacun d'eux se languit de revoir l'autre avec un sentiment d'amour qu'aucun d'entre eux deux n'imagine.

Il hante ses nuits les plus sombres, elle le possède au milieu des gens et dans sa solitude la plus extrême.

Elle a juste envie d'en finir avec ces cogitations pires que douloureuses qui la tuent à petit feu. Elle se demande sans cesse s'il va bien, s'il l'a oubliée et appréhende la vérité, elle réfléchit tellement qu'elle en éprouve un mal de crâne horrible.

"يا المزيون وشلونك
طمنّي على شاني"
Ô beauté, comment vas-tu ?
Rassure moi à propos de moi même.

Tout s'est enchaîné rapidement. Épuisée, elle ferme les yeux puis les rouvre plusieurs dizaines de minutes plus tard, mais rien n'a changé pendant son petit somme. Elle n'en peut plus, il vit dans son esprit et elle ne peut pas s'en défaire, son nom résonne dans les profondeurs de son être et elle ne peut pas faire la sourde oreille.

"اسمك في الحشا ثابت"
Ton nom est fixé au plus profond de moi.

Elle ignore combien de temps elle restera ici, il fait nuit et elle ne veut pas que ses proches s'inquiètent davantage.
Elle décide donc de se lever pour marcher un peu afin de se dégourdir les jambes après des heures passées en étant assise. Ses yeux piquent, gonflés par l'excès de larmes. Elle ressent une gêne au niveau de ses cils et elle ne voit pas très bien non plus.

Elle contemple l'horizon, emmurée dans sa mélancolie, lorsqu'elle entend un crissement sur le sol, pas très loin d'où elle se trouve.

Apeurée, elle tourne alors la tête vers la source du mystérieux bruit...

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