٦٧
A L A N O U D ~ العنود
Je ne tiens plus en place, je suis toute pantelante, je ne sais plus quoi faire. J'admire la façon dont Nyhad réussit à garder son calme bien qu'elle soit aussi inquiète que moi.
-Nyhad, en se mordant la lèvre inférieure: Alanoud...
-Moi, paniquée: Quoi, qu'est ce qu'il y a ?
-Nyhad: Personne ne l'a vue.
Mon cœur rata un battement. Je ne sais pas pourquoi la situation m'angoisse au point où j'imagine que quelque chose de grave s'est produit. J'ai vraiment peur pour Arwa, personne ne l'a vue ni ne sait où elle est...mon intuition me dit que ce qui se passe n'est pas de la blague.
-Moi: Ya rabi...qu'est ce qu'on va faire ?
-Nyhad: J'sais pas wallah.
On se regarda, sidérées, ne sachant que faire, clairement prises au dépourvu.
-Faisal, sort de la salle: Eh, qu'est ce qu'il y a ? J'ai cru entendre un truc.
-Moi: Faisal...Arwa, elle a disparu.
-Faisal, bouche bée: Attends, quoi ?!
Visiblement exaspérée par ma façon d'expliquer le problème, Nyhad prit une grande inspiration avant de prendre la parole. J'exagère peut être, elle n'a probablement pas disparu, enfin je l'espère, mais je ne suis pas du tout sereine.
-Nyhad: En fait, Faisal, je t'explique : tu vois, ce matin elle était là, tranquille. Par contre, on l'a pas vue de l'après-midi, j'étais en appel avec elle en début d'aprem mais j'avais l'impression qu'elle se sentait mal, tu captes ? On a appelé sa mère et elle non plus, elle a pas de nouvelles.
-Faisal, les sourcils froncés: Astaghfirullah wesh, c'est quoi ce délire ? (nous regarde toutes les deux) Vous avez demandé aux autres s'ils l'ont vue ou pas ?
-Moi: Mashafha had, ana marra khayfa (personne ne l'a vue, j'ai trop peur)...
Faisal s'adossa au mur, s'accordant ainsi un instant de réflexion. De son côté, Nyhad, blasée, déverrouilla son téléphone et souffla d'un air agacé tandis que je luttais intérieurement contre la panique.
-Nyhad: La seule personne qui ne m'a pas encore répondu, c'est Nasser. On va encore l'attendre 718 ans celui là, putain.
Je tressautai légèrement en l'entendant prononcer ce nom. Ce nom qui m'empêche encore de dormir des nuits et des nuits...
-Faisal: T'as essayé de l'appeler ?
-Nyhad: Ah, non...je vais l'appeler.
Pensive, je regardai Nyhad utiliser son téléphone et Faisal s'avancer près d'elle, les yeux plissés. La seule chose que j'espère en ce moment, c'est qu'Arwa aille bien. Le fait qu'elle se soit évaporée de la sorte sans donner aucune nouvelle est totalement anormal et ça m'inquiète grandement.
Ça occupe mon esprit, premièrement parce qu'Arwa est mon amie, et deuxièmement, je crains qu'il ne lui soit arrivé quelque chose de grave compte tenu du fait que personne n'a de ses nouvelles. Et ensuite...je pense qu'il n'est pas exclu que Sheyla joue un rôle dans ce bourbier. C'est une grosse jalouse et je sais qu'elle déteste Arwa pour une raison qui m'est inconnue, probablement parce qu'elle est inexistante, elle pourrait donc très bien faire une dinguerie, je la connais.
-Faisal: Si tu peux mettre le haut parleur s'il te plaît, ça serait bien.
-Nyhad: Vas-y carré.
Je me rapprochai d'eux deux pour pouvoir mieux suivre, puis Nyhad passa l'appel et activa le haut parleur.
-Nyhad: Ya rabi, j'espère qu'il va répondre sinon je l'écrase.
-Faisal, en riant: Amîn, amîn.
Je ne sais pas comment il fait pour réussir à rire dans un contexte comme le contexte actuel, on parle d'une personne qui a joué la fille de l'air et qui est partie sans prévenir qui que ce soit, pas de quelqu'un qui est simplement allé se balader dans le parc d'à côté.
Vous allez vous dire que j'abuse, que j'en fais trop, que je dramatise la situation, mais il ne faut pas prendre ce genre de trucs à la légère.
Nous attendîmes patiemment que Nasser décroche. Je priai en mon for intérieur pour qu'il le fasse le plus vite possible.
J'ai l'espoir qu'il nous dise qu'il l'a croisée dans un couloir, ou n'importe ! L'essentiel est que sa réponse soit positive et qu'on soit rassurés.
-Nyhad, en chuchotant: C'est bon c'est bon, il a répondu à l'appel. (À Nasser) Ouais allô ?
-Nasser: Ouais Nyhad, ça va ? J'viens de voir tes messages, désolé j'avais éteint mon téléphone.
-Faisal: On s'était posé des questions.
Je remarquai aussitôt que la voix de Nasser avait changé. Elle est certes aussi belle que d'habitude, grave et douce en même temps, mais j'ai cru y apercevoir un soupçon de tristesse.
Encore quelque chose d'inhabituel...
-Nasser, à Nyhad: C'est qui ça, c'est Faisal ?
-Nyhad: Ouais ouais, c'est lui.
-Nasser: Ah...et aussi, finalement laisse tomber pour ce soir, j'suis crevé, on verra une autre fois.
-Nyhad, en nous lançant un regard: T'inquiètes. (À Faisal, en chuchotant) Dis lui.
-Faisal: On t'a appelé pour savoir si t'avais vu Arwa ou pas.
-Nasser, d'un ton sec: Lesh (pourquoi) ?
Faisal jeta un coup d'œil rapide à Nyhad pour qu'elle continue d'expliquer. Quant à moi, je ne parlerai pas. Je suis déjà assez préoccupée et le fait de me rajouter un problème avec Nasser ne va pas m'aider du tout.
Je faisais les cent pas dans le couloir sans trop m'éloigner de Faisal et Nyhad afin de suivre l'appel. J'avais besoin de bouger si je ne voulais pas devenir folle.
-Nyhad: Kho, personne n'a de ses nouvelles, même pas sa mère. Elle n'est pas revenue au taff cet aprem.
Silence.
Silence total.
Silence total et absolu.
-Nasser: J'arrive.
Il raccrocha directement après avoir dit cette phrase, nous laissant tous les trois dans le doute.
-Faisal: Bon, pas de réponse à notre question, on doit donc en déduire qu'il ne l'a pas vue.
-Moi: Sûrement...
-Nyhad: C'est une singerie franchement, j'sais même plus quoi dire.
Moi non plus, je ne sais plus quoi dire, quoi penser. Rien que le fait de réfléchir m'exténue en ce moment, j'ai la sensation que mon crâne va exploser.
Je suis une personne très émotionnelle, il suffit d'un petit truc pour que je me comporte comme si j'allais mourir dans les prochaines secondes.
Une dizaine de minutes plus tard, je décidai d'aller aux toilettes pour me calmer seule. Nyhad et Faisal avaient tout fait pour me rassurer mais je ne voulais rien entendre, c'est donc pour cela que je m'en suis allée.
Sur le chemin, mille et une questions me venaient à l'esprit. Je ne voyais rien qui pouvait être en lien avec la disparition soudaine d'Arwa parmi les évènements récents, ce qui poussa mon angoisse à croître de plus en plus. Pour moi, ce n'est pas normal.
Certains se demandent sûrement pour je me fais un sang d'encre de la sorte pour Arwa, pourquoi j'ai peur pour elle au point où j'en perds la tête. Eh bien, écoutez, Arwa est devenue comme une sœur pour moi, je n'ai jamais rencontré de fille aussi adorable, gentille, calme et douce. Elle est toujours là pour moi quand il le faut, et encore, elle ne sait pas encore tout ce que je vis, mais je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle sera à mes côtés si besoin. C'est rare de trouver des âmes pures de nos jours, épaulons et protégeons donc celles qui restent...
Il ne faut pas que je reste ici à ne rien faire et à psychoter, ce n'est pas mes crises de panique et mes aller-retours qui changeront la donne. Je me dois de faire fonctionner mon cerveau et de trouver un plan à exécuter afin de retrouver mon amie, et surtout, faire confiance au Tout-Puissant. Il n'y a que Lui qui peut nous venir en aide dans cette situation.
-Moi, à moi même: Alanoud, vas-y, n'aie pas peur, il ne lui arrivera rien, fais tout ce qui est en ton pouvoir pour la retrouver. Sois courageuse, et sois la fille de ton père.
Je m'adressais à mon reflet afin de me donner du courage.
J'ai capté le message, car en voyant mes traits dans le miroir, je ne pouvais que sortir et passer à l'action.
Après avoir respiré un grand coup, je sortis des toilettes avec l'intention de me rendre à chaque endroit qu'Arwa a l'habitude de fréquenter en espérant l'y trouver. Peut être que je devrais aussi passer voir sa mère pour qu'on cherche ensemble, je verrai, mais pour l'instant, je dois me débrouiller seule.
Je traversai rapidement le couloir lorsque j'aperçus une ombre au tournant, tout au bout.
Une ombre qui avançait, une ombre connue...
J'avançai malgré moi, lorsque la silhouette arriva devant moi.
Et cette silhouette, c'était Nasser.
-Nasser: Elle est où, Arwa ?
-Moi: Je ne sais pas, wallah que je suis...
-Nasser, calmement mais fermement: Réponds à ma question. Arwa, où est ce qu'elle est.
Je le regardai d'un air ébahi, extrêmement surprise par sa question. Comment suis-je censée savoir alors que personne ne sait ?
-Moi: Mais Nasser, comment tu veux que je le sache, tu crois que je l'ai kidnappée ou quoi ?! Personne ne le sait ! Si on le savait, on ne t'aurait pas appelé ! J'ai trop peur, tu peux pas imaginer, faut que je la retrouve !
Je n'ai pas le souvenir de l'avoir déjà vu dans cet état. Certes, je m'étais habituée à son visage fermé et à ses yeux foudroyants durant nos fameuses confrontations, mais à l'instant, ce n'est pas du tout la même expression. Je peux lire sur son visage de l'inquiétude, du désespoir, tout un champ lexical négatif.
Il semble désemparé, lui que tout le monde perçoit comme l'homme de la situation, l'impénétrable...c'est une toute autre personne.
C'est vraiment étrange, je ne l'ai jamais vu comme ça de toute ma courte vie de 20 ans.
Il leva la tête vers le plafond puis la baissa pour me regarder. Il me fixa pendant un moment, et son regard énigmatique me fit immédiatement frissonner.
-Nasser, d'un air méprisant: Reste ici, juste reste ici, je gère.
Son expression de mépris s'envola aussi vite que sa phrase, et son visage retrouva son air accablé.
-Moi: T'es sûr que...
-Nasser: Ne fais rien, point barre.
Et avant que je ne puisse répondre, il s'en alla à toute vitesse dans le sens inverse et commença à dévaler les escaliers.
-Moi: Nasser !
Au même moment, j'entendis des bruits de pas derrière moi, arrivant dans ma direction.
-Oh, qu'est ce qui se passe ?
Je reconnus la voix de Mohammed qui arriva à ma hauteur.
-Mohammed: T'as toujours pas compris qu'Al Harbi ne veut pas de toi, visiblement...
Je me retournai pour lui faire face, indignée par ce que je venais d'entendre. C'est vraiment culotté de sa part, il ne faisait que traquer Arwa alors qu'elle ne voulait pas de lui, et il ose me dire des bêtises pareilles ?
-Moi, d'un ton condescendant: Et toi tu perds ton temps à essayer de me rabaisser alors que la fille dont t'es censé être fou amoureux a disparu, même ses parents ne savent pas où elle est !
J'avais visé juste. Les yeux exorbités, le souffle coupé, Mohammed avait presque perdu l'usage de sa langue.
-Moi: Si tu l'aimes vraiment, pourquoi tu persistes dans tes conneries ? Si t'es un homme, j'te mets au défi d'aller à sa recherche au lieu de me casser la tête !
Il cherchait de l'air, le pauvre, voyons donc de quoi il est capable.
-Mohammed: N...Non, Arwa...c'est pas vrai...comment ça ?
-Moi, en le poussant: Elle a disparu, Mohammed, (en criant) DISPARU ! Tu veux que je te le dise en quelle langue !
On aurait dit qu'il était devenu fou.
J'eus à peine le temps de cligner des yeux qu'il était déjà en bas. Il a été rapide, dis donc.
Quant à moi, je m'adossai au mur et me laissai glisser pour ensuite m'asseoir par terre. Je suis épuisée, apeurée, tout ce que vous voulez. J'ai tellement peur que je ne sais même plus si je dois écouter Nasser et rester ici, ou ne pas respecter la consigne et aller chercher Arwa de mon côté.
J'hésite à demander à khalti Huda si elle a des nouvelles, je n'ai pas envie qu'elle se sente encore plus mal.
Espérons qu'on la retrouve rapidement, ma pauvre Arwa. Elle ne m'a rien dit, ni à moi, ni à personne d'autre. C'est vrai qu'elle n'était pas dans son assiette quand elle est venue me réconforter quand j'étais assise près de l'ascenseur, mais dans sa grande bonté, elle s'est d'abord assurée si j'allais bien avant de penser à elle même, elle si gentille...ça me fend le cœur.
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