٦٦

N Y H A D ~ نهاد

Nasser m'avait appelée, et je viens de raccrocher. J'sais pas du tout ce qu'il veut me dire, mais j'ai capté qu'il n'était pas bien, bien plus que les autres fois. Là, ça semble être grave, mais on verra. Pour l'instant, pas de stress, j'suis dans la voiture avec Nour, Osama et Hamed, on s'ambiance grave sur du Jul (les gars ont kiffé), c'est génial sah.

-Hamed: J'peux augmenter le son maintenant ?

-Moi: Monte le son ma gueule, régale nous.

C'est vraiment drôle, on était sorties du travail en furie, Nour et moi, on a fait un aller-retour et la situation a complètement changé : les choses se sont arrangées avec Nasser, et on part ramener les deux qu'on trimballe à l'arrière là où on les a trouvés, à savoir un parking situé je ne sais où.
Une après-midi bien aléatoire, pour le coup.

-Osama: Qui t'a appelé, madame la diplomate ? Qu'on rigole un peu.

-Moi: Ah, crari diplomate ? Au moins tu reconnais que je suis supérieure à toi, bsahtek le génie, pour une fois que t'ouvres ton gosier pour la bonne cause.

-Osama, ironiquement: Mouais ouais, ça doit être ça, rageuse va.

-Moi, le regarde de haut en bas: Tfou 3lik.

Ça va pas dans la tête de ce gosse hein.
Et ça le fait rire en plus, n'importe quoi.

-Nour: C'est Nasser qui a appelé, il avait l'air perdu de la vie.

-Hamed: Aaaah, maintenant que Lamar est sur le té-cô ça revient fort vers vous à ce que j'vois.

-Nour: Eh ! Parle bien de lui, toi là.

-Hamed: Mais vas-y toi, y'a une heure à peine t'avais envie de le pendre je te rappelle.

-Osama: Normal, il est pas concentré.

-Moi, avec dérision: Parce que toi tu l'es peut être mon reuf ?

Je me retournai pour lui décocher mon pire regard, et je le vis arborer un sourire narquois, le sourcil droit haussé. Je ne sais pas pourquoi j'éprouve ce besoin absolu de toujours devoir trouver un truc à lui dire histoire de le casser, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

-Osama: Eh mais si j'te dois de l'argent dis le moi hein, y'a moyen que j'sois pas au courant. Vu comment t'es toujours obligée de me contredire...Jalousie, rage ou c'est par nature ?

Je continuai à le regarder dans les yeux avec l'air le plus froid possible, lorsque je vis son sourcil se baisser, ses traits se détendre et son visage se doter d'un sourire.

-Osama, en souriant: Non en vrai, sah, je rigole, (il rit brièvement) wallah que je rigole Nyhad.

Et cette fois-ci, ce n'était pas un sourire sarcastique, mais bien un sourire empreint de bienveillance.
Sah, il a vraiment un beau sourire, et surtout, il a le rire contagieux.
Comme je suis une personne gentille (ouais quand même hein, y'en a j'vous vois venir), je lui souris en retour, et le voilà extrêmement choqué par ma réaction.

-Osama: Jure wallah que tu viens de sourire ?!

Je le toisai et fronçai les sourcils d'incompréhension, il était complètement ahuri par le fait que j'aie souri...Où est ce que tu vas trouver sur Terre un humain choqué parce qu'un autre humain a souri ? Pitié, soignez ce gars.

-Moi: Mais toi t'es fou hein, y'a quoi d'extraordinaire dans le fait que j'aie souri ?

-Osama: NAAAAN, wallah j'suis choquée, genre toi, toi là, l'aigrie de service, t'as souri ! Faut te donner un Oscar, la vérité.

On arriva à l'emplacement du fameux parking où nous nous étions posées avant de croiser Osama et Hamed, initialement pour nous énerver encore plus Nour et moi, en vue de ce qu'on voulait faire à Lamar.

-Hamed: Bah écoutez sah...ravi de vous avoir rencontré les filles, j'espère qu'on se reverra bientôt parce que franchement (tape dans ses mains) c'était trop drôle.

-Osama, en me montrant d'un geste de la tête: Et encore, elle a coursé personne aujourd'hui.

-Moi: Toi tu vas pas lâcher l'affaire ?

-Osama: Non.

J'vais pas essayer de débattre avec lui plus longtemps, ça ne mènera nulle part. Mon hypothèse est qu'il est sûrement traumatisé, pauvre hmar.
Après cet dernier mini clash, on se salua puis c'est Hamed qui sortit en premier de la voiture. Je lui disais au revoir avec un signe de la main lorsque je sentis une présence derrière moi, au niveau de mon oreille.

-Osama, chuchote: Passe ton snap.

-Moi: Donne ton bigz.

J'étais assez surprise de sa demande, et également un peu flattée. Il me tendit alors son téléphone que je pris, ouvris l'application Snap et tapai mon nom d'utilisateur dans la barre de recherche, puis cliquai sur "Ajouter".
J'ai naturellement accepté, je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs.

-Moi, en lui rendant son téléphone: C'est bon.

-Osama, en souriant: Merci, tu gères.

Je lui souris à mon tour et il sortit, il ne resta alors plus que Nour et moi dans la voiture et nous rebroussâmes  chemin vers l'entreprise. J'avais reçu la notification de l'ajout d'Osama sur Snap, je me rendis alors sur l'application et l'ajoutai en retour.

-Moi: Eh, Nour ?

-Nour: Oui chef !

-Moi: Sah Osama...Il est frais, il est frais.

Nour explosa de rire et laissant échapper un rire qui semblait venir du plus profond de ses entrailles.
Personnellement, je fais juste un constat, rien de plus.

-Nour,pleure de rire: Oh la folle ! Tu me fumes de rire sah, cash comme ça ?

-Moi: Arrête de faire genre, tu penses la même chose pour Hamed.

Je la vois esquisser un petit sourire et rire légèrement, ce qui veut tout dire.

-Nour: Arrête, Nyhad.

-Moi: Avoue, tu t'es dit la même chose que moi dès que t'as vu ses yeux bridés, son bouc et ses big lèvres.

-Nour, me tape: Mais tais toi un peu !

J'adore embêter les gens, les déstabiliser...bref, vous pouvez penser que je suis méchante mais je fais ça pour rire, je m'en fous.
On arriva quelques minutes plus tard au travail, et on croisa Eyad qui était arrivé en même temps que nous. Ce dernier vint directement nous rejoindre après nous avoir aperçu.

-Eyad: Wesh, ça va ? Vous vous êtes calmées ou vous revenez tout retourner ?

-Nour: Alors comment te dire...oui et non ?

-Moi: Khoya, avec Nasser ça s'est arrangé, mais wallah que Lamar et ses vices, je les ai encore en travers de la gorge.

-Eyad: Je te comprends sah, surtout venant de lui ça a dû être grave blessant. Mais d'ailleurs, tout à l'heure je l'ai vu avec Mohammed, Talal et Abdullah, et il était vraiment perché comparé à eux.

Voilà, je savais que je n'étais pas la seule à avoir remarqué que quelque chose préoccupait Nasser.

-Moi: J'le savais, il m'a appelée tout à l'heure le cousin, je te jure que même sa voix, c'était pas la même.

-Nour: Réel, j'ai entendu des bribes de phrases et il n'était pas comme d'habitude.

-Eyad: Mais lui, il a un bac +966 en cachotterie internationale, c'est abusé...Après, je sais que Nasser n'est pas une personne qui montre ses émotions, mais bon...force à lui.

On entra tous les trois dans les locaux de l'entreprise puis on alla s'enfermer dans le bureau qu'on se partageait au tout début du lancement de la marque, au quatrième étage. Ça remonte à un peu plus de 6 mois, on ne peut que se dire que le temps passe vraiment hyper vite.
Cet endroit est devenu en quelques sortes notre repère, notre quartier général. Parfois, Dahmen, Saad et Souad nous rejoignent, mais la plupart du temps, c'est Eyad, Nour et moi qui venons le plus souvent.

Après avoir préparé un café, chacun de nous s'assit à sa place, nos débats, hypothèses et théories purent alors commencer.

-Moi: Je dois voir Nasser ce soir, je me demande bien ce qu'il va me dire. Il aime trop me faire des feintes ce petit con, il a failli me le dire au téléphone mais finalement, il n'a rien dit.

-Nour: Tu nous diras hein !

-Eyad: Eh mais j'vous jure les filles, c'est une salade Caesar le bail. Ok, l'entreprise marche bien, alhamdulillah, pas de problème là-dessus. Mais les gens...on va jamais comprendre les gens et ce qui se passe dans leur tête.

-Moi: Kifach (comment) ?

-Eyad: Yaani (genre) tous les Taha, Sheyla, Lamar...j'sais pas pourquoi mais j'ai l'impression qu'ils nous préparent des dingueries. Y'en a deux qu'on entend plus, une qui vient de se faire terminer, certains pensent qu'ils se sont calmés mais j'appelle ça le silence avant la tempête. Et même Mohammed en fait partie, d'ailleurs j'ai toujours pas su comment il a fait pour me connaître sans que je le connaisse.

J'avais totalement oublié. Bien qu'on entende toujours Sheyla qui s'est bien mise dans la merde concernant l'histoire avec Alanoud, je dois avouer que Taha a disparu de la circulation. Il m'arrive de le croiser quelques fois, mais il n'est plus aussi provocateur qu'avant. Enfin, ça nous fera des vacances, j'en avais marre de toujours l'entendre braire partout.
Et Lamar, c'est une autre histoire. Je sens qu'elle s'est calmée pour une durée limitée mais qu'elle ne va pas tarder à ressurgir.
Mohammed, c'est encore un autre délire, c'est mieux que je garde le silence.

-Nour: C'est pas faux.

-Eyad: Et puis, il y a tout ce mystère irrésolu autour de Nasser.

-Moi: Dit bien, wallah.

-Eyad, se tape le front: Ya wayli waylah (équivalent de "a wili") fallait que je vous dise ! Putain, hier soir j'arrivais pas à dormir, j'ai donc réfléchi à ça.

On éclata de rire face à sa réaction, puis il reprit rapidement son sérieux

-Eyad: Vous voyez les rumeurs et les théories à propos d'Arwa et Nasser ?

-Nour et moi: Ouais.

-Eyad: Après trois heures de réflexions, j'en suis venu à la conclusion suivante: tout est faux.

Nour se tourna vers moi et me regarda, elle semblait n'avoir rien compris, le contexte étant déjà compliqué au moment où nous faisions nos spéculations à leur sujet.

-Nour: Hein ?

-Eyad: On dit souvent que les yeux ne mentent jamais, mais pour moi, dans cette histoire, ils ont la place du menteur n°1.

-Moi: Kemel 3afak (continue, s'il te plaît).

-Eyad: J'vais aller droit au but: s'il y avait réellement eu quelque chose entre lui et Arwa, il n'aurait pas accordé toute son attention à Lamar Al Shahrani. Vous percutez ?
(il passe l'index sur sa moustache) Nyhad, tu te rappelles quand on les avait surpris dans le couloir du cinquième et que Sheyla est venue embrouiller Arwa ? Vous vous rappelez de tous les soi-disant jeux de regards dont on a été témoins ?
Bah c'était juste dans notre tête, au final. Impossible qu'il y ait quelque chose.

Mon cerveau commence à tout mélanger mais au moins, j'ai capté l'idée principale.

-Moi: Ouais, je m'en rappelle.

-Nour: T'es sûr, Eyad ?

-Eyad: Certain. Les pauvres, (en riant) on les embêtait pour rien.

-Moi: Après, ça se trouve qu'ils se plaisaient mutuellement mais que rien n'a abouti, finalement.

-Eyad: Hum...c'est vrai ça. J'y avais pas pensé,ça rejoint aussi mon idée.

Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que tout cache une énigme, comme si rien n'était authentique, comme si on ne pouvait rien savoir sans passer par d'interminables palabres et discussions. Je ne dis pas que nos parties de gossip ne me plaisent pas, loin de là, bien au contraire, c'est très amusant et croustillant, mais le sentiment d'impatience quant au dévoilement de tout ce qui nous est caché prend le dessus.

On prit notre café, puis on descendit. Nour décida de retourner à son bureau, et Eyad nous informa qu'il devait remettre des papiers importants à un de ses collègues. Quant à moi, j'allai aux toilettes pour vérifier l'état de mon chignon après ce milieu de journée époustouflant. Il tient encore, et mon plaquage ne s'est pas défait. Parfait, alors dans ce cas, je décide de me rendre dans la salle de pause histoire de grignoter quelque chose rapidement avant de faire un saut dans le bureau de Dahmen afin qu'il m'aide sur un dossier.

Je me dirigeai vers la salle de pause du premier étage, salle dont je suis la plusb grande habituée. Vous ne savez pas où je suis ? Allez dans cette salle, vous me trouverez soit en train de boire un berrad (théière marocaine) entier de thé à la menthe comme une ivrogne, soit en train de raconter aux collègues les conneries qui m'arrivent au quotidien, soit en train de travailler sur mon PC dans le meilleur des cas. C'est mon deuxième repère après mon ancien bureau du quatrième étage.

Il n'y avait personne dans la salle, j'allais donc avoir tout l'espace pour moi seule. Je m'assis sur un pouf, sortis un sachet de raisins secs de mon sac (c'est trop bon, les rageux allez vomir) et commençai à manger tout en déverrouillant mon téléphone.

-Ah, Nyhad ? J'savais pas que t'étais là. Ça va ?

Je levai les yeux pour identifier la source de la voix. C'était Faisal qui venait d'entrer, la pochette de son ordinateur à la main.

-Moi: Wesh Faisal, ça va et toi akhy ?

-Faisal, en s'asseyant à la table voisine: Ça va aussi, alhamdulillah, merci, (il me regarde, amusé, en fronçant les sourcils) toi t'es sûre que ça va ? Ton expression me fume, on dirait que tu vas me démarrer.

-Moi, en me moquant: Mais vas-y toi !

-Faisal: Bass adhak maak (je rigole juste avec toi). Genre c'est tout, la tension est retombée, tu veux plus tuer Lamar ?

-Moi, en mettant une poignée de raisins secs dans ma bouche: Arrête de me chauffer, j'vais y aller maintenant.

-Faisal: J'vais être la cause d'un meurtre ?

-Moi: Probablement, si tu continues.

-Faisal, en riant: T'es folle.

-Moi: Hahaaa, je sais, tu m'apprends rien mon frère.

Quelque chose me dit qu'il prend un peu beaucoup trop ses aises avec moi, ce mec. Certes, c'est un ami, un collègue, on s'entend bien, mais disons qu'il a ses propres façons de procéder, comment vous dire...ce n'est pas méchant, c'est pas un truc de fou mais il semble vouloir un rapprochement. Je n'ai pas oublié le soir du Fashion Village quand il m'a tirée en arrière soi-disant pour "tester mes réflexes".

-Faisal: Je me doute ! (Il sort son PC de la pochette, l'ouvre, puis me regarde) Ah j'avais pas même pas vu, elle est stylée, ta abaya kimono.

(NDA: Pour les gens des pays du Golfe, ce que nous appelons un kimono est pour eux une abaya.)

-Moi: Ah ouais ? Merci, merci, c'est gentil. C'est vrai que je porte pas souvent des kimonos de cette matière.

J'avais répondu de façon naturelle, tranquille. Après tout, pourquoi être gênée ? Ce n'est pas la fin du monde, ça n'en vaut pas la peine, et puis, ce n'est absolument pas dans ma nature.

Je portais un kimono noir en satin par dessus un haut beige crème et un jean large bleu foncé, avec mes Adidas Oozweego blanches.
Avec cette tenue, pas de foulard, car depuis que j'ai appris l'obligation de se couvrir les cheveux avait été abolie dans le pays, j'ai tout simplement arrêté d'en porter. Ça faisait un moment que cette mesure n'était plus applicable, mais je l'ai su il y a seulement quelques semaines.
Tant mieux, je n'aurais plus à batailler pour que mon voile tienne en place et que mon chignon ne me fasse pas de bosse de dromadaire sur le sommet de la tête. Parce que, oui, depuis que je suis repassée aux chignons hauts,  ça m'arrive souvent.

-Faisal: Normal, t'inquiètes.

Chacun de nous vaqua alors à ses occupations, Faisal travaillait en sirotant un jus de fruits, tandis que je m'enfonçais dans le pouf en continuant de piocher dans mon sachet de raisins secs.
Tout à coup, je me rendis compte que je n'avais pas vu Arwa de l'après-midi.
C'est bizarre...Mais je me suis souvenue qu'elle était probablement fatiguée vu sa voix quand je l'ai appelée pour lui dire qu'Alanoud conservait son poste.
Elle doit sûrement être chez elle, mais je vais lui envoyer un message pour savoir si tout va bien. Normalement, elle me répondra rapidement.

"Salam meuf, ça va ?"

J'envoyai le message et attendis. D'habitude, Arwa répond toujours dans les minutes qui suivent, c'est très rare qu'elle laisse des remis de plusieurs heures. Je commençais à trouver cela étrange lorsqu'Alanoud fit irruption dans la salle et vint directement vers moi.

-Alanoud: Nyhad ! (Me fait la bise) Tu tombes bien. T'as des nouvelles d'Arwa ?

-Moi, lui fait la bise: Nan, j'viens de lui envoyer un message, elle m'a pas répondu. Elle répond vite, d'habitude.

-Alanoud, inquiète: Pareil, j'fais que de l'appeler, elle est sur messagerie. J'ai tout essayé : Snap, Insta, WhatsApp...rien du tout.

-Moi, les sourcils froncés: Ah bon ?

Elle arrangea nerveusement la mèche qui dépassait de son voile puis s'appuya sur la table.

-Alanoud: C'est trop bizarre...(me prend délicatement le bras) Je te jure, elle avait l'air mal tout à l'heure, j'ignore la raison mais quelque chose me dit qu'il y a un souci.

Je la pris à mon tour par le bras et l'entraînai dans le couloir pour ne pas déranger Faisal.

-Moi: Tu sais quoi ? J'vais appeler sa mère, on verra ce qu'elle va nous dire.

-Alanoud, en acquiesçant de la tête: Vas-y.

Je cliquai sur le contact nommé  "Huda" et passai l'appel. Nous n'avons pas eu à attendre longtemps, la mère d'Arwa décrocha sur le champ.
Je mis ensuite le haut-parleur afin qu'Alanoud puisse tout entendre.

-Huda: Allô ? Nyhad, tu vas bien ma fille ?

-Moi: Ouais, khalti Huda ? Ça va et toi ?

-Huda: Ça va aussi, merci ! La famille, ça va, tout le monde va bien, tes collègues ?

La famille...PTDR.

-Moi: Traaanquille, tout va bien, t'inquiètes même pas. Écoute...je t'appelle parce que j'envoie des messages à ta fille et elle répond pas.

-Alanoud: Salam khalti, moi aussi j'suis une de ses copines, tous les appels finissent sur messagerie.

-Huda: Ah bon ? Elle n'est pas au travail ? La domestique m'a dit qu'elle était rentrée à la maison et qu'elle est repartie après. En plus, elle répond toujours vite !

-Alanoud: On ne l'a pas vue de l'après-midi.

Un moment de silence s'installa. Nous nous regardâmes, Alanoud et moi, attendant ne serait ce qu'un mot susceptible de nous éclairer sur la situation.

-Huda, en bégayant: A...att...attendez les filles, je lui envoie un message.

-Alanoud, à moi, en chuchotant: Miskina...

On attendit en silence une ou deux minutes, lorsque la voix tremblante de la mère d'Arwa se fit à nouveau entendre à l'autre bout du fil.

-Huda: J'ai envoyé sur WhatsApp, ça me met qu'une seule flèche au lieu des deux, ce qui veut dire qu'elle n'a pas reçu le message...

Alanoud étouffa un cri aigu, la main sur la bouche, les yeux exorbités. Je saturais clairement, je respirai un coup pour tenter de me calmer mais en vain. Il faut faire quelque chose, ça sent pas bon, cette histoire.

-Moi: Tu sais quoi, khalti ? On s'occupe de tout, calme toi, tout va bien se passer.

-Huda: J'comprends pas...elle est où ma fille ?! Elle est où, où est ce qu'elle est partie ?

-Alanoud: Khalti...t'inquiètes pas, si on a des nouvelles, on te tiendra au courant.

On coupa l'appel après une brève salutation, puis je remuai mes méninges afin de trouver une façon de savoir réellement ce qui se passe. Je décidai alors d'envoyer un message à plusieurs collègues, notamment Yara, Rola et le reste de l'équipe des stylistes/designers pour récolter des infos et savoir s'ils l'avaient vue ou non.
J'envoyai aussi un message à Nasser par précaution, on ne sait jamais.

-Alanoud, affolée: Nyhad, j'tiens plus en place, j'sais pas pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment...

Je ne cédai pas à la panique et levai la tête vers le plafond dans l'attente d'avoir des réponses.

Une réponse, puis deux, puis trois...
Je tirai légèrement une mèche de mon chignon, en les lisant, puis me tournai vers Alanoud qui semblait être sur le point de pleurer.

-Moi, en me mordant la lèvre inférieure: Alanoud...

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