٦١
A R W A ~ اروى
J'ai enfin réussi à me calmer après une longue crise de larmes. Je repris mon calme puis décidai de me remaquiller et me changer, et tout en contemplant mon reflet dans le miroir, je continuais de me demander pourquoi est ce que c'était sur moi que tout ça devait tomber.
Une fois prête, je me regardai une dernière fois dans le miroir et pris une grande inspiration. J'espère juste que je ne vais pas croiser Sabra, Nour ou d'autres parce qu'il y a de fortes chances que je fonde en larmes sans préambule lorsque je les verrai. Parce qu'en réalité, on est dans la même situation...Nasser nous a toutes mises de côté au profit de son assistante.
Et d'ailleurs, lui...rien que repenser à lui me déchire encore plus le cœur.
Je me descendis donc et allai au salon récupérer mes clés que j'avais laissées sur la table, lorsque Maribel m'interpella.
-Maribel: Tu t'en vas, alors ?
-Moi: Oui...il le faut bien.
Elle me regarda avec des yeux compatissants puis vint me prendre dans ses bras.
-Maribel: C'est bien ma chérie, t'es forte. Tu m'en diras des nouvelles, d'accord ?
-Moi: Pas de soucis, Maribel, t'inquiètes même pas !
-Maribel, en me tapotant le bras: Allez, bon courage ! (En riant) Et que je ne voie plus de larmes couler de tes beaux yeux à cause d'un petit burro (âne) pas concentré !
Je souris à sa réponse, et puis lui dis au revoir avant de sortir et prendre la route. Il faut que j'évite l'autre par tous les moyens, je l'évite déjà lorsqu'il essaie de m'appeler, par exemple. Il est bien drôle, il a passé environ 4 jours à faire comme si je n'existais pas, puis il a recommencé à m'appeler et vouloir me parler. Mais ce que j'ai vu aujourd'hui me montre que c'est juste du blabla, et j'en suis vraiment brisée.
Je n'ai pas de haine contre lui, loin de là, mais je suis très déçue et surtout, très triste. Je ne peux pas le détester malgré ce qu'il a fait, car je suis vraiment amoureuse de lui, je l'aime purement et avec sincérité, je n'arrive pas à me détacher de lui au point où même lorsqu'il était avec Lamar avant l'embrouille, mon cœur a battu de la même façon que lorsqu'on se voyait avant ou quand je le croisais au travail.
Il n'y a que lui qui puisse me faire vibrer, mon cœur n'a jamais battu de la sorte pour un homme avant lui...
Une dizaine de minutes plus tard, j'arrivai au travail. J'entrai dans le bâtiment, le hall était plein comme d'habitude. Je me dirigeai vers l'ascenseur et décidai de monter au deuxième étage. Mais lorsque j'arrivai au premier étage, les portes s'ouvrirent pour laisser entrer...
Lamar.
Je fermai les yeux un instant pour m'empêcher de pleurer. C'est donc elle qui m'éloigne de celui que j'aime...et lui, il la suit comme s'il ne savait pas réfléchir.
Elle semblait s'être battue. En entrant, elle réarrangea son foulard et son blazer qui étaient mal mis, puis me lança un "salam alaykum" qui se voulait gentil mais j'ai perçu une pointe d'orgueil dans sa voix, accompagné d'un petit sourire. Bien entendu, je répondis à sa salutation mais je ne parlai pas davantage et baissai les yeux sur mes chaussures.
Lorsque les portes s'ouvrirent au deuxième étage, je sortis, la laissant à l'intérieur. Sa destination, c'est le cinquième, là où se trouve le bureau de Nasser...bref, passons.
Sincèrement, je ne sais pas ce que je viens faire au deuxième étage, mais il est déjà moins peuplé que le premier, et je trouve qu'il a une ambiance particulière, différente.
Sachant que je n'allais pas tourner en rond indéfiniment, je me rendis dans la salle de pause pour m'asseoir et boire un verre d'eau, lorsque j'entendis des bruits de pas et des voix dans le couloir. Intriguée, je me dressai sur la pointe des pieds pour tenter d'apercevoir quelque chose à travers les vitres lorsque la porte s'ouvrit à la volée. Je me rassis aussitôt, effrayée.
C'était Nyhad et Nour, accompagnées de deux hommes que je ne connaissais pas, mais l'un des deux me disait quelque chose.
-Nour, en se tournant vers les autres: J'étais sûre qu'elle n'allait pas venir ici, (en me voyant) Oh, Arwa ! Ça va ?
-Moi: Oui et toi ?
-Nour: On va dire que oui, hein...
J'allais oublier qu'elles étaient sur le point de déchiqueter Lamar quelques heures avant.
-Nyhad: Copine, t'aurais pas vu Alanoud ?
-Moi: Alors...non, pourquoi ?
-Nyhad, part s'asseoir, les mains sur la tête: A wili, putain !
Je pouvais voir l'un des deux gars en train de glousser dans sa main pour une raison qui m'était inconnue, mais lorsque je vis Nyhad se tourner vers lui, j'ai compris.
-Nyhad: Osama, ferme ta gueule, tu crois que je rigole ? On dirait un phoque wallah.
-Osama: Mais t'as vu tes réactions toi aussi ? Trop dramatique, c'est trop drôle.
Ah...c'est donc le troisième gardien de l'Ittihad, d'accord, je m'en souviens.
-Nour: En fait entre Alanoud et Lamar, il aurait dû y avoir accrochage, c'est Alanoud qui m'a dit qu'elle irait la choper, du coup on vient empêcher un meurtre, quoi.
-Le deuxième gars: Fallait voir comment Nour a démarré, j'ai même pas eu le temps de dire bismillah, c'est une singerie.
-Nour: Hamed, t'aimes trop ne pas doser visiblement.
J'hésitai un instant à leur dire que j'avais vu Lamar. Mais la question est: pourquoi j'hésite, au juste ? Il ne me coûtera rien de les tenir au courant, et puis, ça peut nous aider à en savoir plus sur ce qui se passe.
-Moi: J'ai pas vu Alanoud mais j'ai croisé Lamar en montant, par contre.
-Nyhad: Jure la vie de ta mère ? Elle est montée où ?
-Moi: J'pense qu'elle a dû monter au cinquième. (Je vois Nour et Nyhad se regarder d'un air de dire "on va l'attraper") Par contre les filles, please, ne lui faites pas de mal, j'veux pas en être la cause juste parce que je vous ai dit où elle était.
-Hamed: Eh mais t'es gentille toi, wallah, (il rit puis montre Nour et Nyhad d'un geste de tête) pas comme ces deux déchaînées de vie là.
-Osama: Genre toi, t'es la copine de ces deux folles, ces deux bonhommes là ? J'suis chokbar.
Je fis un petit sourire en guise de réponse.
-Nyhad: Waaa sedd fomok (tais toi) le phoque ! Et t'inquiètes Arwa, personne saura que c'est toi qui nous as dit.
-Nour: Exactement.
-Moi: Non mais vraiment les filles, la frappez pas, ça va servir à rien.
J'espère qu'elles vont m'écouter, parce que sinon...ça va être catastrophique.
-Hamed: Mais en vrai, c'est Alanoud que vous voulez trouver, les filles, pas Lamar, du coup on s'en fout un peu, non ?
-Osama: J'avoue, pas con.
-Nour: Ouais...venez, on va se poser un peu.
La vérité est que je voulais rester seule, mais bon, tant pis, ce n'est pas de leur faute, ils ne savent pas ce que je traverse en ce moment.
Je n'ai pas suivi leur conversation. Je ne me sentais pas bien du tout, j'ai même hésité à sortir mais je me suis dit que ça ne se faisait pas et que j'allais rester un peu par politesse.
Je préfère garder ce qui me tracasse en moi, j'y trouverai bien une solution à un moment donné.
Soudain, tandis que j'étais dans mes pensées, j'aperçus une silhouette passer dans le couloir, il s'agissait d'Alanoud. Je me tournai vers les filles et vis qu'elles l'avaient aussi remarquée.
-Nyhad: J'y vais ou t'y vas ?
-Nour, en se levant: J'y vais.
Au moment où Nour se leva, deux autres silhouettes apparurent, et je faillis éclater en sanglots, j'avais carrément fait abstraction du fait que je n'étais pas seule.
Lorsque Nyhad les vit arriver, elle se leva immédiatement.
-Nyhad: Ah, c'est pour moi ça. (Elle avance et franchit la porte, puis dit d'une voix forte) Ahya, wa Ssi flane (Toi là, oh monsieur Untel) !
-Osama et Hamed: Les problèmeees !
Nasser et Lamar. Rien que de me dire qu'ils forment "un duo" me donne envie de pleurer.
-Nasser: Nyhad ? Esh fiki (qu'est ce que t'as) ?
-Nyhad, offusquée: Wesh biya (qu'est ce que j'ai) ??? Mazal katsowelni zehma (tu me poses encore la question genre) ?! Cette calamité là, que tu trimballes avec toi h24, on en parle ?
-Nasser: Mais Nyhad, wesh, c'est...
-Lamar: Nyhad, j'pense qu'on pourrait se poser et discuter tranquillement ?
-Nyhad, s'approche de Lamar, en chuchotant: Toi, ferme ton gosier, wallah ferme ton gosier.Tout à l'heure, je t'ai pas chiffonnée, mais là, un mot de travers et c'est fini pour vous deux, que ce soit toi ou Nasser.
-Nasser: Vous savez quoi ? Lamar, monte, maintenant.
J'observais la scène en luttant contre mes larmes. À côté de moi, Osama et Hamed étaient toute ouïe, et Nour avait déjà rejoint Nyhad au front.
Je vis Nasser lancer un regard ferme à Lamar, lui intimant de monter sans tarder. Mon sang se glaça dans mes veines à la vue de ses yeux noirs, ces beaux yeux qui n'ont fait que me mentir, finalement.
-Nour: Tu vois, on va pas refaire de scandale ici, mais sache que t'as commis une grosse erreur.
-Nyhad: J'suis vraiment déçue de toi, t'as pas idée.
Je me rendis compte qu'on ne pouvait pas nous voir, Osama, Hamed et moi, vu que nous étions assis dans le coin de la salle.
-Nasser: Mais...les filles ? C'est juste une shab !
Je vis les yeux de Nyhad se lever vers le ciel, et Nour tourner une mèche de ses cheveux bouclés avec son doigt comme si elle cherchait à se canaliser.
Après avoir entendu cela, je compris que je n'avais plus rien à perdre. Si je l'avais déjà perdu, lui, à quoi devrais-je m'attendre par la suite ?
Sans dire un mot, je me levai précipitamment et sortis, sous les yeux ébahis de Nour, Hamed, Osama, Nyhad et bien entendu...Nasser.
Pendant que je sortais, son regard intense croisa le mien qui était plein de larmes. Me voyant ainsi, il écarquilla les yeux et ne me lâcha pas du regard. Quant à moi, je rassemblai tout mon désespoir et le mis dans le regard que je lui lançai avant de disparaître au bout du couloir.
Je me fichais de qui pouvait me voir ou non, à présent. Je courais presque, lorsque je vis Alanoud, assise par terre près de l'ascenseur en train de pleurer. Je ravalai aussitôt mes larmes et m'agenouillai près d'elle pour lui demander ce qui n'allait pas.
-Moi: Nounou ?
Elle leva péniblement la tête vers moi et m'adressa un faible sourire.
-Alanoud: Oh, Arwati (ma Arwa)...je ne m'attendais pas à te voir.
-Moi, inquiète: Qu'est ce qu'il y a ?
En entendant ma question, elle recommença à pleurer silencieusement.
-Moi, en lui caressant l'épaule: T'inquiètes pas, dis moi tout, vide ton sac, je suis là pour t'aider.
Ses pleurs redoublèrent. Elle se tut pendant quelques secondes puis leva la tête vers moi pour me faire part de ce qui la mettait dans cet état.
Et cette fois-ci...c'est moi qui fut sur le point de pleurer amèrement comme elle le faisait à l'instant.
Pourquoi moi, pourquoi nous...?
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