٦٠
L A M A R ~ لمار
Ouf...je peux enfin souffler, ce n'était pas trop tôt.
La jalousie des gens me surprendra toujours, c'est aberrant de voir à quel point je peux être détestée juste parce que je suis moi-même et que j'occupe un poste important...c'est absurde, carrément. Et bien entendu, les personnes qui m'envient le plus sont des filles, allez savoir pourquoi.
On m'envie particulièrement parce que Nasser et moi nous sommes très vites bien entendus, on a une bonne complicité et cela n'est pas du goût de certaines...Nour et Nyhad par exemple.
Je n'apprécie pas leur tendance à toujours chercher Nasser comme ça, toujours vouloir lui parler. Je ne sais pas quel lien elles prétendent avoir avec lui mais...bref, un conseil, restez à votre place.
Après m'être "embrouillée" (je n'aime pas ce terme mais bon, c'est elles qui se sont embrouillées, moi j'ai juste mis les choses au clair), nous voilà de retour à notre bureau, Nasser et moi. J'ai l'impression qu'il n'est pas affecté par ce qui vient de se passer, ça me montre encore une fois que ce sont seulement elles qui sont à fond sur lui et pas l'inverse.
-Moi, en m'asseyant: Purée ! C'est n'importe quoi.
Il se dirigea vers la fenêtre, regarda dehors puis alla s'asseoir à sa place.
-Nasser, en passant une main sur son bouc: Ouais...Mais Lamar, faut que je te dise quelque chose.
-Moi: Oui, dis moi ?
Son expression du visage sérieuse me poussa à le questionner du regard pendant qu'il semblait réfléchir.
-Nasser, se redresse puis me regarde droit dans les yeux: T'as vu, j'ai rien dit, mais sache que ça veut pas dire que je cautionne ce que t'as fait.
-Moi, en fronçant les sourcils d'incompréhension: Mais je ne comprends pas ?
Son regard profond me fit tellement peur à cet instant que je baissai les yeux et fis semblant d'être occupée par mon bracelet Cartier.
-Nasser: Comment tu parles à Nour et Nyhad, ça te dit quelque chose ?
Il n'est pas en colère, il est très calme, mais quelque chose en moi me dit de me tenir à carreaux.
-Moi, en frottant mes mains: Mais Nasser, tu vois bien comment elles sont...toujours en train de te courir après, elles peuvent pas te laisser tranquille à un moment ? À t'harceler d'appels et de messages comme ça alors que t'es occupé, enfin, je sais pas ! Et puis, faut dire la vérité, elles sont bien inférieures à moi dans la hiérarchie, elles n'ont pas à me parler comme elles l'ont fait.
-Nasser, en haussant un sourcil: Dans la hiérarchie de la marque, oui, tu l'es, (fièrement) mais pas dans MA hiérarchie.
Il s'empara machinalement d'un flacon de musc posé sur le bureau, puis en appliqua sur ses poignets avant de revenir à la charge.
-Nasser: Tu sais Lamar, je ne nie absolument pas le fait que tu sois quelqu'un de très sérieuse et investie, t'es vraiment une fille qui est rigoureuse dans son travail et ça ne peut être que positif. À part ça, on s'entend bien, tu vois, on a de bons délires, et c'est rare que je me lie d'amitié avec une fille. Par contre, si tu penses passer devant Nour et Nyhad, devant mes sœurs, détrompe toi, parce que ça ne sera jamais le cas.
J'avalai ma salive, surprise par ce qu'il vient de me dire. Bien qu'il me l'ait dit normalement, de façon polie, je suis assez outrée, je ne sais pas pourquoi.
-Moi: Euh...d'accord ? (d'un ton hautain) Mais si c'est le cas comme tu le dis, pourquoi tu ne les as pas défendues tout à l'heure ?
-Nasser: Justement, j'ai pu éviter une catastrophe. (il boit une gorgée d'eau) Si j'étais intervenu, tu serais déjà en miettes, ce qui n'est pas notre but. Vu comment tu les as énervées, ça aurait pu aller vraiment loin.
-Moi: Comment ça ?
-Nasser: Mets toi dans la tête qu'elles n'ont pas grandi comme nous. Elles, elles ont connu la galère, la vraie, et crois moi que leur mentalité, là-bas en France, c'est pas du tout la même que la nôtre. Elles ont le caractère très endurci, elles ont morflé pour avoir ce qu'elles voulaient, et elles ne laissent rien passer. Elles se seraient fait un plaisir de te sauter dessus et de te défigurer, mais par égard pour moi, elles ne l'ont pas fait. T'aurais pu finir aux urgences et ça, j'veux pas que ça arrive.
Mon visage changea de couleur au fur et à mesure qu'il m'expliquait. Il m'expliqua dans quel environnement Nyhad avait grandi, qu'elle avait déjà eu des problèmes avec la justice, qu'elle avait failli se faire buter par sa famille quand elle a décidé de prendre son indépendance et j'en passe, que le père de Nour était toxique, suite à d'autres problèmes elle a ensuite sombré dans une dépression très sévère au point où elle a échappé de justesse à une mort cérébrale, en insistant bien sûr sur les trahisons de leurs familles...Il a toujours été difficile pour moi de m'imaginer que quelqu'un pouvait avoir vécu tout ça.
-Nasser: Ces meufs là ont tout vu, c'est pas des gens comme toi et moi qui avons toujours connu la facilité qui allons leur faire peur. Fais attention à qui tu tentes de te mesurer et n'oublie surtout pas que tout le monde n'est pas comme toi.
Ok...je comprends mieux, maintenant.
Il vient clairement de me dire que je ne vaux rien en face d'elles alors que je le considérais vraiment comme un ami, j'ai trouvé en lui le frère que j'aurais aimé avoir, vous comprenez ? Mais comme d'habitude, rien ne fonctionne...
-Moi: D'accord...
-Nasser: Bref, passons...on devait vérifier le calendrier des évènements, il me semble ?
-Moi: Exactement.
On se mit alors à chercher les dates importantes et on commença à organiser ce qui devait l'être en amont. À vrai dire, j'étais présente physiquement mais mon esprit était ailleurs, je me pose toujours la même : est ce que je suis en danger à présent ?
Je ne pensais pas avoir affaire à ce genre de personnes, surtout que d'après ce que Nasser m'a dit, un pas de travers et elles me tomberont dessus. Je n'ai pas peur, mais je sais que je devrais faire attention.
Je dois faire attention mais mon cerveau ne veut pas lâcher l'idée qu'elles sont jalouses de moi, et puis...finalement, bien qu'elles aient vécu tout ce qu'elles ont vécu, elles restent des êtres humains comme tout le monde.
Après avoir terminé ce que je faisais, je descendis prendre un peu l'air. Je ne dois pas me laisser atteindre par ce qu'il m'a dit, j'ai un poste important dans cette entreprise, c'est un fait, point barre. Et puis, même si je suis inférieure dans SA hiérarchie, qu'est ce que ça peut me faire, au final ? Rien, je ne dois pas m'en formaliser.
Je me fiche complétement de ce que les autres peuvent penser de moi.
-Oh, madame Lamar...
Je me retournai, la tête haute comme à mon habitude, et vis Alanoud Al Shuaibi, la designer. Elle aussi, elle a quelque chose contre moi, je le sens.
Résumé: toutes les filles de Nafaha me jalousent.
-Moi: Alanoud ? Qu'est ce que vous voulez ?
-Alanoud: Je souhaitais simplement m'entretenir avec vous, vous pouvez monter avec moi au premier étage ? On sera à l'aise pour discuter.
-Moi, en consultant ma montre: Allez-y, je vous suis, mais dépêchez vous.
Elle me devança dans le hall puis nous entrâmes dans l'ascenseur. Un silence pesant régnait, serait-ce le calme avant la tempête ?
J'en profitai pour lancer un regard à Alanoud, elle avait la mâchoire serrée et le regard dur. Visiblement, j'habite dans l'esprit de certaines sans payer de loyer, que c'est drôle...
On arriva quelques secondes plus tard au premier étage qui était désert, chose très inhabituelle. On entra ensuite dans la salle de pause et Alanoud ferma la porte. Tout cela commençait sérieusement à être bizarre mais je gardai mon calme.
-Moi: Vous allez enfin me dire ce qui se passe ou vous comptez jouer aux cachottiers encore longtemps ?
Avant que je ne puisse tourner la tête, elle se retrouva devant moi et empoigna mon menton et le leva pour me forcer à la regarder.
-Alanoud: Arrêtez de faire comme si vous étiez la businesswoman parfaitement professionnelle. Vous pensez que c'est professionnel, ce que vous avez fait ?
-Moi, en essayant de me dégager: Pffff, mais qu'est ce que...
-Alanoud: Taisez vous. Vous vous prenez pour qui à toucher Nasser comme ça ?! (Elle lâche mon menton pour me prendre par les épaules et me secouer) POUR QUI TU TE PRENDS, À TOURNER AUTOUR DE LUI COMME ÇA !
-Moi, en la poussant violemment: Lâche moi, ne me touche pas, je te préviens. Enlève tes mains sales de là.
-Alanoud, d'un ton hautain: Sinon quoi, tu vas me virer ? (Elle m'attrape par le haut de ma abaya) Dans tes rêves, connasse.
Sans réfléchir, je la giflai et elle tomba à la renverse. Pendant que j'hésitais à attaquer, chose que je n'aurais pas dû faire, elle se releva aussitôt et se jeta sur moi. Je me défendis, bien entendu, mais le combat prit tellement d'ampleur qu'on se retrouva au sol.
Elle essaya de m'étrangler avec mon châle, tandis que je me servais de mes genoux et de mes pieds pour lui mettre des coups afin la dégager d'au dessus de moi. Ne pouvant presque plus respirer correctement, je tirai sur son châle et secouai sa tête de part et d'autre afin de lui provoquer du tournil pour tenter de m'échapper. Mais elle avait déjà prévu son coup bien avant et fut plus rapide que moi, elle s'empara d'un vase situé sur un meuble décoratif près d'elle et tenta de le casser sur moi.
Je ne réussissais plus à bouger, alors je tournai la tête dans le sens opposé dans le but de m'éloigner le plus possible du vase, et attendis le choc malgré moi.
J'attendis, mais étrangement aucun choc ne se produit. J'entrouvris les yeux, Alanoud était figée, le regard rivé sur la porte qui commença à s'ouvrir...
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