٥٧

A R W A ~ اروى

Les paroles de Sabra tournaient en boucle dans mon esprit.

"C'est l'assistante de Nasser"

Je suis dans une petite salle proche de la salle des stylistes, assise sur un pouf. Cette phrase ne veut pas sortir de ma tête, serais-je jalouse ?
Absolument. Ça veut dire que la fille avec qui il travaille est encore plus proche de lui que Nyhad et Nour, étant donné qu'ils sont associés...et lorsqu'on a l'habitude de toujours voir quelqu'un et de lui parler, on contracte une certaine familiarité...
Je ne suis pas jalouse dans le mauvais sens où j'ai la haine contre la personne, je suis jalouse concernant Nasser parce qu'il doit toujours être avec elle, mais bon, c'est lui le patron et évidemment que les employés ne sont pas tous des hommes.
Mais ça me gêne quand même beaucoup, de plus qu'on se voit plus très souvent ces temps-ci.

Après une dizaine de minutes passées à ruminer dans mon coin, je décidai de me lever et d'aller prendre l'air. Je sais que j'en fais peut être trop alors qu'il n'y a rien à propos duquel je dois réellement m'inquiéter, mais...je l'aime et c'est mon droit de ne pas aimer le fait qu'il travaille directement avec une femme. Si ça avait été Nour, Nyhad ou une autre fille que je connais et que j'apprécie, je n'aurais pas eu le même discours.
Je descendis les escaliers, toujours en train de cogiter, lorsque j'entendis la grosse voix (c'est affectueux évidemment !) de Nyhad proférer des insultes. Alertée par le bruit, j'accélerai avant d'entendre un rire que j'aurais reconnu entre mille, celui de Nasser.

-Nyhad: N3EL BOUK A L'HMAR !

-Nasser,mort de rire: MAIS NYHAD T'ES TARÉE LÂCHE MOI !

J'arrivai sur les lieux, et je fis un constat qui ne me plut pas du tout.
Non seulement tous ceux qui étaient dans la salle de pause étaient présents, mais Lamar était à côté de Nasser. À CÔTÉ, pas à quelques millimètres.

À CÔTÉ.

-Nyhad, lâche les cheveux de Nasser: Wallah que si tu refais ça t'es un homme mort !

-Nour: On va pas te rater !

-Lamar, en soupirant: Oh, mais calmez vous les filles, y'a pas mort d'homme ! Il était juste avec moi, c'est pour ça qu'il ne vous a pas répondu, on se baladait. Arrêtez de toujours vouloir mettre votre grain de sel partout !

-Nasser, comme si de rien n'était: Weeesh, ça y est, tranquille. Faites en pas tout un truc sah, au calme on se rattrapera. (À Nour et Nyhad) J'suis désolé les filles wallah.

Je ne comprenais rien à ce qui se passait, et en entendant la phrase de Lamar, j'ai vu rouge. Remarquant mon trouble, Sabra vint me voir.

-Sabra, en chuchotant: Si jamais elle te parle mal, tu nous appelles (elle montre Nyhad, Nour et elle du doigt), on la fracasse. Guette comment elle prend de haut !

Je l'écoutais à moitié, sans être méchante, je me fichais complétement de ce qu'elle me disait tellement toute mon attention était sur Lamar.

-Nour, ironiquement: Ah excusez moi hein, quand il est avec vous faut pas lui parler, faut pas le toucher, faut pas l'appeler...T'as une peur de l'abandon en toi ou quoi ?

Surprise, Lamar se tourna vers Nour et lui lança un regard plein de de dégoût. Quant à moi, je bouillonnais de l'intérieur, et je pouvais voir Nyhad se mordre une phalange pour éviter de lui sauter dessus et la détruire. Lamar se sentait visiblement insultée parce que Nour avait osé la tutoyer, je ne sais pas pour qui elle se prend, franchement.
Au même moment, Eyad et Abdullah arrivèrent en trombe.

-Abdullah: Kheir, esh fikom entou gaadin tessarakhon zey keda (Qu'est ce que vous avez à crier comme ça) ?

-Souad, en montrant Lamar du doigt: Hiya li bdat a khoya Abdullah (c'est elle qui a commencé, mon frère Abdullah) !

-Nasser: Khallihom, salfat hareem ou bass (Laisse les, c'est juste un délire de femmes). Elles s'expliqueront de toute façon.

-Nyhad: Nasser t'es sérieux ?!

Nyhad passa une main sur sa tête puis son visage, la mâchoire serrée, tandis que Lamar n'avait pas laissé tomber son combat de regards avec Nour.

-Lamar: Tu crois que t'es qui à me tutoyer comme ça ? (En la regardant de haut en bas) T'es en dessous de moi, reste bien à ta place de pauvre employée.

Cette phrase a suffi pour mettre Nyhad hors d'elle. Elle avança d'un pas assuré et s'arrêta devant Lamar. Elle rapprocha tellement son visage du sien que je m'attendais à la voir lui mettre un coup de tête sans aucun scrupule.

-Nyhad, d'un ton violent: La place de la pauvre employée dont tu parles, elle est au dessus de ta tête, d'accord ?

-Sabra, en se redressant fièrement: Vraiment. L'employée dont vous parlez, c'est celle qui a contribué à la fondation de cette entreprise dans laquelle vous n'êtes qu'une simple assistante. C'est notre fierté !

C'est la première fois que je voyais Nyhad aussi furieuse, ses yeux étaient rouges, sa respiration saccadée. Elle me faisait vraiment peur, on aurait dit qu'elle était possédée. Astaghfirullah, ce n'est probablement qu'un petit aperçu.

-Eyad: Khalass ya banat tekfoun (stop les filles s'il vous plaît), c'est quoi le véritable problème ?

-Nour, en pointant Lamar du doigt en criant: Cette grosse mesmouma (vicieuse) !

Elle tente d'avancer vers Lamar mais elle est retenue par Hassa et Eyad au dernier moment.

-Lamar, en applaudissant: C'est bieeen, c'est bien, continuez mes fans, merci ! (À Nasser) Nasser,viens, on s'en va, on a plus important à faire que de débattre avec ces vieux gens.

-Nasser: Naaan sah parle bien par contre. Bref...excuse pour la gêne occasionnée hein.

Il avança et Lamar le suivit. Elle lui tapota l'épaule puis se tourna vers nous pour nous lancer un regard, puis elle traça sa route.

À ce moment là, ce n'est pas son regard mauvais qui croisa le mien qui m'a marqué.
Ce n'est pas non plus son orgueil légendaire envers les autres non plus.

C'est bel et bien le geste.
Et le fait qu'il la suive sans opposer de résistance et comme si de rien n'était.

Impuissante, j'étais témoin d'une scène que je n'avais jamais imaginé voir. Les images d'eux deux en train de parler et rire ne veulent pas quitter mon esprit, c'est comme si je les voyais toujours devant moi...
Et lorsqu'elle lui a tapoté l'épaule pour qu'ils repartent d'où ils étaient venus...ce geste a fait sur moi l'effet d'un coup de feu en plein cœur.

Ma gorge se noua, et je commençais à avoir très chaud. Je tentai de faire passer la chose tantôt en regardant le sol, tantôt en faisant semblant de regarder le plafond pour que mes larmes ne coulent pas.

-Nyhad: J'vais les tuer, j'vais les tuer !

-Nour: MAIS J'VAIS LES DÉMOLIR !

-Faisal: Les filles, s'iiiil vous plaît calmez vous ! Tenez, buvez de l'eau et respirez un bon coup, calculez pas Lamar, elle se tape juste la honte.

Il alla chercher deux verres et une bouteille d'eau avec l'aide d'un de ses potes, et servit un verre à chacune d'elles.

-Abdulrahman: Wallah, sa tête d'écrevisse là, elle croit trop impressionner quelqu'un avec ses vieilles mimiques d'actrice des années 20. Faites pas attention à elle, même Nasser, il abuse trop à rien lui dire comme ça.

Je luttais pour ne pas fondre en larmes. Finalement, toutes ces belles paroles qu'il me disait, tous nos regards étaient des illusions. On ne peut pas se comporter comme ça avec une personne et faire ce qu'il vient de faire juste après.

C'est là que je me rends compte que je suis vraiment amoureuse de lui, d'un côté je n'ai pas envie d'y croire et je veux lui laisser une chance, mais de l'autre côté je suis profondément blessée et je ne veux même plus entendre parler de lui.

C'est comme si Lamar m'avait enlevé une partie de moi en ayant posé sa main sur son épaule.
Je l'aime, même si je ne lui ai rien avoué. Il ne peut pas me faire ça...

Entre les insultes de Nyhad, les cris de Nour, les commentaires d'Abdulrahman et Sabra, les tentatives de Hassa et Abdullah pour calmer l'atmosphère, et mes propres pensées qui finiront par me rendre folle, j'éprouve une horrible sensation, j'ai juste envie de courir er pleurer jusqu'à ce que je n'en puisse plus.
Pourquoi est ce que c'est comme ça ?

Profitant de l'inattention de tout le monde, et surtout du bruit, je courus prendre l'ascenseur.
Je me regardai dans le miroir, mes yeux brillaient, mon visage était pâle, et une fois arrivée au rez-de-chaussée, je dûs prendre sur moi afin de ne rien laisser apparaître, pour paraître la plus naturelle possible.
Le trajet jusqu'à ma voiture me sembla durer une éternité, la distance entre la porte coulissante automatique et le parking était interminable pour moi.

J'arrivai sur le parking, j'entrai dans ma voiture, et là...

Le coup de grâce.
J'éclatai en sanglots avant même d'avoir eu le temps de refermer la portière. Je me sens tellement mal, je suis tellement déçue et triste...comment a-t-il pu accepter ça, lui qui n'est pas intéressé par l'amitié des femmes, apparemment ?

Je démarrai ma voiture tant bien que mal et fonçai à toute vitesse sur la route. Je ne préoccupe pas de ce qui m'entoure, je me fiche du monde et de ce qu'il contient, la plaie de mon cœur saigne et je pense qu'il faudra du temps pour la guérir. Je l'aime, et il l'a sûrement deviné, pourquoi il me fait ça ? Est ce une façon de me tester ?
Pourquoi il me fait souffrir de la sorte...pourquoi ?

Je pleure tout en conduisant, je n'arrive plus à retenir mes larmes, bien que j'essaie...elles brouillent ma vue et elles sont amères.
Je ne sais même pas où je vais, j'avance toujours tout droit, sans savoir où est ce que ma douleur va me mener.

Je continuai de conduire, lorsqu'une voiture fonça tout droit vers la portière côté passager de ma voiture.
Je poussai un cri et fermai les yeux en attendant le choc, persuadée que c'est la fin.

Je n'entendis plus rien après cela. Qu'est ce que ça veut dire, suis-je morte ou encore en vie ?

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