٥٥

N Y H A D ~ نهاد

-Moi: Nasso j'vais te caillasser la con de ta race, mais putain parle sahbi tu fanes là !

-Nasser: Wallah j'suis choqué.

Eh, j'vais le frapper votre ami, il abuse à ne pas vouloir ouvrir sa bouche.
Voyant que je ne recevais toujours pas de réponse, je regardai dans la même direction que lui et distinguai deux silhouettes qui m'étaient familières, et en me concentrant davantage, j'ai vu qu'il s'agissait de Sabra et Mohammed.

-Moi: Jure wallah que t'es choqué juste à cause d'eux ? (En le tapant) N3el ta tête j'ai cru que t'avais vu un truc de malade !

-Nasser, en se tournant vers moi pour me regarder: Genre pour toi c'est pas une singerie ça ? Ça veut dire qu'il va arrêter de reg...

Il s'arrêta subitement de parler, s'étant rendu compte qu'il allait lâcher une dinguerie. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je sais ce qu'il voulait dire, mais comme je suis un minimum gentille, je ne vais pas l'accabler davantage. Il a lui aussi visiblement remarqué que Mohammed regardait un peu trop Arwa, et encore, s'il savait la vérité, je n'imagine pas comment il aurait réagi.

-Moi, essayant de changer de sujet: Depuis le temps qu'il voulait parler avec Sabra lui ! Comment il doit être content l'animal, j'imagine même pas.

-Nasser: Ouais, je m'en rappelle, il me l'a dit, ça m'avait pas trop étonné franchement. Mais là le fait de les voir comme ça, ça me surprend sah.

Il a oublié de rajouter l'adverbe "positivement" après qu'il ait dit qu'il était surpris. J'ai envie de lui dire la vérité mais je vais attendre le moment propice, faites moi confiance j'vais tout gérer parfaitement.

-Moi: Ça va espionner fort là.

-Nasser, en riant: J'le savais !

J'aimerais bien entendre ce qu'ils se disent, juste histoire d'anticiper l'issue de la discussion, mais les deux m'ont l'air bien investis en tous cas.
Malheureusement, je n'ai pas pu les voir davantage étant donné qu'ils sont sortis, mais j'essaierai de parler à Sabra pour en savoir plus vu qu'on s'entend bien.

Une heure plus tard...

Je suis actuellement assise sur un banc du hall, en train d'attendre Amina avec laquelle j'ai l'habitude de squatter quand je n'ai rien à faire.
Il y a vraiment beaucoup de monde qui passe, mais le flux se calme de temps en temps.
Je me perdis dans mes pensées, je ne sais pas par quel moyen je me suis surprise à penser à tout ce que j'ai laissé derrière moi pour suivre mes ambitions, la France, ma "famille", mes habitudes, mes amis...et je ne regrette pas mon choix. Je me rappelle encore du jour où j'ai décidé de m'en aller, j'avais pris cette décision un soir dans ma chambre, après des mois de réflexion. J'ai anticipé la réaction de ma famille, pour eux, c'était la catastrophe absolue, je leur faisais honte. Pour eux, c'était inconcevable qu'une fille parte de chez elle seule, à l'étranger. Et surtout, mon départ était perçu comme de l'ingratitude.

"Ah ouais, maintenant que t'as grandi tu crânes hein, qu'est ce qui te manque pour que tu veuilles partir ?! T'as pas honte en plus t'es une fille !"

Comme vous avez dû le remarquer, j'ai grandi dans une famille bordélique, dysfonctionnelle, à la pensée archaïque. Depuis mon plus jeune âge, j'ai vu mes parents être continuellement en guerre, mes frères et sœurs être hypocrites entre eux. Avec moi, ils tentaient de cacher leurs lacunes en inventant une ambiance de normalité et en étant dans le déni, mais je n'ai pas été conne, j'ai directement remarqué que quelque chose n'allait pas.
Je n'ai pas été à l'abri de leur vice non plus: on me faisait ressentir que j'étais responsable du malheur de mes parents alors que je n'étais qu'une enfant, on me rabaissait sans arrêt, quand il m'arrivait de faire une bêtise, on retournait tout le monde contre moi au lieu de m'expliquer pourquoi ce que j'avais fait n'était pas bien. C'est assez paradoxal parce que lorsque tout allait bien, c'était parfait, ils me donnaient de l'importance, ils rigolaient avec moi, ils étaient sympas, mais lorsque je faisais un pas de travers, c'était la fin du monde, j'étais le diable incarné, il fallait carrément me renier. Ça s'est poursuivi jusqu'à mon adolescence, mais mon caractère s'était bien forgé avec le temps. Je ne me laissais plus faire et je faisais une totale abstraction de ce qu'ils pouvaient dire ou penser. Je ne me prenais plus la tête quand mon père avait une mine énervée sans raison ou lorsque mon frère me regardait d'un air mauvais, je ne me souciais même plus du fait que ma grande sœur parle dans mon dos, et je m'étais habituée au fait que ma mère ne me défende pas par peur des autres.

Je suis la rebelle de la famille, en quelques sortes. J'ai décidé de me libérer, d'être indépendante, de me dédouaner de leurs vieilles pensées et de réaliser mes rêves, voilà pourquoi aujourd'hui je suis persona non grata chez les Nasraoui, ma prétendue famille qui a failli me tuer pour avoir osé dire que je partais en Arabie saoudite, seule, pour finir mes études et travailler ensuite.
Tout ce que j'ai vécu, toute la haine qu'ils m'ont transmise, tout ce que j'ai dû subir, j'ai tout gardé en moi, et je ne compte pas les laisser impunis. J'ai travaillé sans relâche pour arriver là où j'en suis aujourd'hui, ils ont voulu me détruire et m'empêcher d'être la meilleure version de moi même, ils le payeront.

-Wesh, t'es bien concentrée.

Je levai lentement la tête. C'était Adem, je n'avais même pas vu qu'il était là.

-Moi: Je t'avais même pas vu...(en me levant) Ça dit quoi ?

-Adem: T'inquièteees, j'avais capté. (Regarde sa montre) Ça dit que je dois aller chercher ma cousine en urgence, et du coup, j'avais un rendez-vous dans 15 minutes mais on vient de m'appeler pour me dire que cette folle a fait un accident, elle n'a rien de grave heureusement...j'voulais te demander si tu pouvais prendre la relève ? Si tu veux pas c'est pas grave du tout, je demanderai à Alejandra.

-Moi: Aaah merde, force à ta cousine frérot...et ouais, pourquoi pas, j'accepte de te remplacer.

-Adem, en souriant: Tu gères sah, merci. (Me donne ses clés de bureau) Tiens les clés, et bon courage !

-Moi, en souriant: Ouais, t'inquiètes, merci toi aussi !

Je traînai un peu dans les couloirs avant de monter dans le bureau d'Adem, situé juste à côté de celui que je partage avec Nour. Je tournai la clé dans la serrure puis ouvris la porte et allai m'asseoir à sa place. J'enlevai mon blazer noir et le posai sur le dossier, puis sortis mon téléphone dans le but d'envoyer un message à Alanoud pour lui raconter ce qui s'était passé précédemment avec Sheyla. Je lui écrivis plusieurs messages d'une taille énorme, j'étais lancée dans mon écriture lorsque quelqu'un frappa à la porte.

-Moi, toujours en train d'écrire: Entrez !

La porte s'ouvrit mais j'avais toujours la tête baissée sur mon téléphone.

-Salam aleyk...Oh putain !

Je levai la tête, intriguée par ce que je venais d'entendre.

-Moi, en sursautant: Waaaaa, astaghfirullah !

J'étais extrêmement surprise en voyant que la personne présente n'était autre que Osama.

-Osama, choqué, la main sur le front: Mais c'est pas possible, naaan, pas cette folle encore une fois !

-Moi: Eh mais wesh qu'est ce que tu fais là déjà ?

J'étais tellement choquée que je lui ai posé cette question alors que je connais la réponse, c'est donc avec lui qu'Adem devait avoir rendez-vous mais franchement, je ne m'attendais absolument pas à le voir.
Il porte un t-shirt beige, un cargo gris et des Nike Dunk Low blanches, son bouc avait légèrement poussé depuis le jour de la fameuse course poursuite.

-Osama: Mais t'es censée savoir, t'es bête ou quoi ? Laisse tomber, bref je peux m'asseoir là ou je risque encore de me faire courser jusqu'à Jizan ?

-Moi: Toi déjà premièrement on t'a pas appris à doser, et deuxièmement on t'a pas appris que les gens sont pas tous tes shab.

Je le vis prendre une grande inspiration, les yeux plissés.

-Osama, ironiquement: S'il vous plaît, puis-je prendre place, madame Nyhad ?

-Moi: C'est déjà mieux mais bref la prochaine fois évite de te taper l'affiche comme ça, reste dans la norme mon frère please, (lui désigne un siège) allez vas-y.

Il s'assit aussitôt et on commença. Bref, je vous passe les détails vu qu'on a exclusivement parlé business, mais je n'étais pas si enchantée que ça de le revoir. J'ai l'impression qu'il veut tester mes limites et je déteste ce genre de personnes qui veulent jouer sur un terrain qui leur est inconnu.
Notre entrevue ne dura pas longtemps, environ 45 minutes, pas plus, puis lorsque nous terminâmes, je remis mon blazer et pris mon sac, puis fermai la porte derrière nous.
On avança en même temps vers l'ascenseur, j'appuyai sur le bouton et attendis qu'il s'ouvre. Pendant ce temps, l'autre rigolait pour une raison inconnue.

-Moi, en le regardant de travers: Qu'est ce t'as ? Arrête de braire ma gueule on dirait qu'il te manque une case.

-Osama: Weeesh, bientôt j'vais respirer tu vas me dire respire pas ?  T'es trop aigrie.

Il continuait à rire, il se foutait clairement de ma gueule, c'était pas du tout un rire amusé mais plutôt un rire bien sardonique et assez moqueur.

-Moi: Vie d'oim, tu gênes à rigoler comme un chien à qui on a jeté un os.

-Osama: Pas autant que toi en tous cas.

-Moi: Pfff (tship), ta gueule frère tu fanes, essaie même pas de vouloir me terminer parce que c'est tout ton arbre généalogique et toi inclus qui allez en pâtir.

-Osama: Parle bien par contre, tu vois, y'a des trucs qui se disent pas.

Entre temps, nous étions arrivés en bas, dans le hall et nous sortîmes.
Il croit trop qu'il a affaire à une fille qui ne sait pas riposter, mais il ne va pas tarder à voir tout le contraire.

-Moi, d'un ton hautain: Sinon ?

Nous étions dehors, il n'y a pas beaucoup de monde dans les rues l'après-midi, c'est le soir qu'il y a vraiment de l'affluence, mais néanmoins, quelques voitures traversaient la route.

-Moi: Nan, au pire, t'sais quoi ? J'sais même pas pourquoi je veux débattre avec toi wallah.

Je me retournai et traversai la route lorsqu'une voiture arriva à toute vitesse. Elle n'a visiblement pas le temps de freiner.

Je vais mourir ?!

Tout s'enchaîna rapidement, j'eus juste le temps de fermer les yeux et tenter de rejoindre le trottoir lorsque je sentis des bras me tirer fortement.
Quelques secondes plus tard, je rouvris les yeux, Osama me tenait encore par les épaules.

-Osama, choqué, en me lâchant: J'ai jamais vu quelqu'un qui n'a pas peur de la mort à ce point, t'es vraiment une ouf.

J'étais certes saine et sauve mais j'étais quand même effrayée par ce qui m'était arrivé. Je le regardai avec incompréhension, et il me regarda dans les yeux à son tour, comme s'il cherchait à trouver quelque chose en eux. On se regarda ainsi pendant quelques secondes, puis il regarda ailleurs.
Je ne comprenais plus rien à la situation, j'étais tellement à l'ouest que je ne répondais pas.

-Osama: T'as rien, tu t'es pas fait mal au moins ?

-Moi: T'inquiètes.

Contre toute attente, il plaça son index et son majeur au niveau de mon cou afin de tâter mon pouls.

-Osama: Wah, t'as dû avoir peur sah...fais attention la prochaine fois au lieu de faire l'aigrie.

-Moi: Hahaha, très drôle.

Genre, c'est un gars que je n'aime pas qui vient de me sauver la vie ? Quelle dinguerie...je sais que je devrais le remercier mais le mot ne veut pas sortir de ma gorge, c'est n'importe quoi, je suis encore sous le choc.
Bon, Nyhad, ressaisis-toi. Respire, tiens toi droite, retrouve ton flow et fonce dans ta voiture, ça suffit pour aujourd'hui.

-Moi,en partant: Merci...

-Osama: Mais de rien, c'est normal !

J'entrai donc dans ma voiture et démarrai pour rentrer chez moi. Trop de choses se bousculent dans ma tête, c'est un bordel sans précédent. Dire que j'ai évité d'être grièvement blessée ou même de mourir, c'est un truc de fou. Dieu merci, je suis encore vivante, j'ai eu plus de peur que de mal, finalement.
J'arrivai chez moi sans encombre, j'enlevai ma veste et m'assis sur la canapé. Je pense envoyer un message à Osama pour vraiment le remercier, car même s'il y a des tensions, s'il n'avait pas été là pour me tirer au dernier moment, je serais probablement dans un état très critique.
Je cliquai alors sur la discussion Instagram et commençai à écrire le message lorsque je vis que lui aussi était en train d'écrire, et il fut plus rapide que moi.

"Salam, ça va mieux ?"

Je répondis rapidement.

"Ça va alhamdulillah, merci, sah j'voulais te remercier parce que j'aurais grave pu crever, la vérité"

Il répondit à la seconde près.

"C'est normal, t'inquiètes, j'ai fait que ce que je devais faire, de toute façon"

J'avais l'impression de parler à une autre personne, autre que le Osama sarcastique auquel j'ai eu droit depuis le début. Là, c'était une personne gentille, humaine qui me parlait, ça m'a fait vraiment bizarre vu que je n'ai pas l'habitude.
Après lui avoir répondu, je regardai les stories des gens. Je regarde tranquillement, je swipe, jusqu'à ce que je tombe sur la story de Sabra.

D'accord, j'suis fatiguée, j'ai vesqui la mort, j'suis encore un peu aigrie, mais je vais continuer l'enquête.

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