٥٢
N Y H A D ~ نهاد
Le lendemain matin...
La soirée d'hier soir était, comment dire...bizarre. Bizarre dans plusieurs sens mais s'il y a quelque chose qui m'a marqué et que j'ai retenu, c'est que mes soupçons du côté de Nasser et Arwa sont largement confirmés.
Comment donc expliquer le fait qu'il soit parti dans la direction que je venais de quitter, et qu'il m'ait dit par la suite qu'il était occupé et qu'il ne pouvait pas répondre, alors que je le connais lui et ses habitudes par cœur ?
C'était une soirée mouvementée, à vrai dire. Entre ce que j'ai remarqué par rapport à Nasser et la course poursuite avec Osama, j'étais bien servie en termes de dingueries à raconter lorsque j'ai vu Nour après toutes ces péripéties.
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FLASHBACK
Je me suis promise de ne pas lâcher Osama, il veut jouer ? On va jouer, et on joue déjà actuellement vu que je suis au volant de ma Audi Q3 en train de le courser dans tout Jeddah. J'suis une psychopathe, il cherche les embrouilles ? D'accord.
-Moi, lui envoie un vocal sur insta: J'espère que tu réalises l'ampleur de ce que t'as dit, hein.
Il était déjà engagé à une grande vitesse dans sa Porsche Panamera. Il vit directement mon message, mais je ne sais pas comment il fait pour conduire aussi vite en ayant son téléphone dans la main.
Bah tiens, je vais l'appeler, ça va être drôle. J'étais déjà dans la conversation Instagram, j'appuyai alors sur l'icône du téléphone et attendis que l'appel passe.
-Osama, décroche: Mais je jure par Allah le Tout-Puissant que t'es une grande malade ! Qu'est ce que tu veux ?
-Moi: T'as joué sur le mauvais terrain...(klaxonne) Ah, ça tombe bien, t'es gardien de but, c'est le thème. Essaie d'arrêter ma frappe maintenant.
-Osama, regarde dans le rétro: Mais va te faire soigner, c'est bon, j'ai compris que tu savais suivre des gens, t'as quoi de plus à prouver ?
-Moi: Rien.
Ça fait une dizaine de minutes qu'on roule sans arrêt. J'sais pas jusqu'où je le suivrai, mais assez loin pour lui montrer que je ne suis pas n'importe qui. Vous pensez que je plaisante ?
Je ne plaisante pas.
-Osama: Mais qu'est ce qui m'a pris d'accepter de travailler avec une dérangée pareille ? Vas-y, décale, sale folle va...
-Moi: Arrête d'aggraver ton cas.
-Osama: De quoi tu parles même, quel cas ? Tes crises de folie va les faire ailleurs, si tu crois faire peur à quelqu'un, sache que tu te trompes.
-Moi: Toi tu veux que j'te rentre dedans, en fait ?
J'suis à deux doigts de lui faire faire un accident, je ne blague absolument pas quand quelqu'un me défie.
-Osama: Tu fais trop la folle, j'ai jamais vu ça. Bref, t'as fini de me courser ou c'est comment ?
-Moi: Ouais, peut être.
C'est vrai que ça commençait à m'ennuyer, je fis alors demi-tour pour aller chez Nour. Je roulai quelques temps, puis lorsque je regardai dans le rétroviseur, les rôles s'étaient inversés, c'était Osama qui me suivait à présent.
-Moi: Euh mon reuf ? J'peux savoir à quoi tu joues ?
-Osama, éclate d'un rire sarcastique: Ah ça bégaye là, ça bégaye fort hein !
-Moi: Bégayer de quoi, ta grosse tête de palmier mal arrosé là ?
Je freinai sec, contre toute attente, et il freina aussi de justesse derrière moi. Je suis consciente que je me mets en danger, mais bon, il faut bien que quelqu'un gagne.
-Osama: MAIS WALLAH QUE T'ES TARÉE ! (en changeant de voie) T'es malade, mais t'es complètement malade, force à tes collègues sah, j'sais pas comment ils font.
-Moi: La prochaine fois tu sais à quoi t'attendre ma gueule, allez salam.
Je raccrochai aussitôt et fonçai pour aller chercher Nour.
FIN DU FLASHBACK.
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Après m'être préparée, je monte dans ma voiture pour aller au travail, mais tout d'abord, je vais repasser chez Shams prendre mon Macchiato habituel, c'est sur ma route de toute façon.
Une dizaine de minutes plus tard, j'arrivai au coffeeshop et trouvai Shams au comptoir.
-Moi: Salam alaykum, ça dit quoi ?
-Shams: Alaykum salam Nyhad, bah écoute, on est là et toi ?
-Moi: Pareil sah, ça change pas.
-Shams, en riant: Macchiato comme d'habitude ?
-Moi, en riant aussi: T'as tout compris.
-Shams: Vas-y, ils vont te préparer ça, bouge pas j'arrive.
Il part dire à un de ses collègues de préparer le Macchiato puis revient me voir. Je peux lire sur son visage qu'il veut me dire quelque chose mais qu'il hésite.
-Moi: Tu veux me dire quelque chose khoya.
-Shams, éclate de rire: Eh mais t'es un radar humain toi c'est pas possible ! Ouais...alors j'veux pas être trop intrusif mais je voudrais te demander quelque chose.
Je lui fais signe de me suivre puis je m'installe sur un pouf, et lui-même s'assoit sur celui qui est situé en face de moi.
-Moi: Je t'écoute, c'est par rapport à quoi ?
-Shams, en chuchotant: T'as pas remarqué quelque chose par rapport à Nasser ces derniers temps ?
-Moi, avec un sourire de coin: Crari comment ?
Je sais très bien ce qu'il veut dire par là mais j'essaie de lui faire développer son propos pour voir si on a tous remarqué la même chose.
-Shams: Comment t'expliquer...tu penses pas qu'il a des vues sur quelqu'un ?
-Moi: Si si, et il m'a rien dit ce hmar.
Je vis un sourire malicieux se dessiner sur le visage de Shams.
-Shams: On a tous capté, en fait. Ta copine Arwa lui a fait de l'effet, visiblement...
-Moi: Singerie, c'est bien ce que je me disais aussi. Mais qu'est ce qui te fait dire ça, du coup ?
-Shams: T'as vu comment ils se regardent ? C'est une dinguerie, j'avais remarqué une fois quand t'étais venue avec elle et qu'il était là, et par la suite bah...j'ai pas arrêté de constater la même chose.
On éclata tous les deux de rire. On peut dire que je m'attendais à ce genre de réponse, je savais que les filles et moi n'étions pas les seules à avoir remarqué.
-Moi: J'suis étonnée qu'il nous ait rien dit.
-Shams: Peut être que ça viendra avec le temps, on sait pas...en tous cas hier chez Abdullah on en a parlé, (en riant) c'est Talal qui a évoqué le sujet.
-Moi: Sah, ça m'étonne pas du tout venant de lui, tu connais de toute façon, lui c'est TF1 wallah.
-Shams,curieux: C'est quoi TF1 ?
-Moi: Laisse tomber, c'est pas le sujet. Bref, tu sais quoi d'autre ?
Shams regarda autour de lui un instant, puis s'approcha de moi pour ne pas être entendu.
-Shams, chuchote: Y'avait Mohammed, il a eu une réaction vraiment bizarre quand Abdullah a dit la première lettre du prénom de ta copine, je te jure.
Je me redressai aussitôt, tout cela commençait à devenir très intéressant.
-Shams: Je te jure que quand il a entendu ça, il s'est levé et il est parti. Même au début quand Talal a commencé à en parler, il lui mettait la pression pour qu'il parle.
On verra de quoi sera faite la suite, hein.
Pendant qu'on parlait, ma commande arriva, je payai donc et terminai ma discussion avec Shams.
-Moi: Ouais, mais sah, faites attention à lui, personne n'arrive à le cerner. (en me levant) Bon, moi j'y vais frérot, on se dit à plus.
-Shams, en se levant aussi: Vas-y, bon courage, de toute façon j'te tiendrai au courant s'il y a du nouveau !
-Moi: On fait comme ça cousin, bon courage à toi aussi.
Je sortis du coffeeshop et remontai dans ma voiture. Je conduis au son de ma playlist aléatoire qui passait de Embourgeoisé de Kofs et Kaaris à Alfin Bab d'Oumaima Taleb, un mélange assez hétérogène pour le coup, hahahaaaa ! Bref, le trajet ne prend pas 15 siècles donc une dizaine de minutes plus tard, je suis déjà devant le siège social de notre incroyable marque.
Je me garai à ma place habituelle et pris mon sac, pour ensuite sortir de ma voiture et me diriger vers les escaliers qui menaient à la porte coulissante, lorsque je vis Nour, Abdullah, Souad et Talal dans le coin près de celle-ci.
-Nour: Notre go sûre est dans la place !
-Moi, en montant: Eh ouais j'suis là mon gang sûr ! (Arrive en haut) Ça dit quoi ?
-Talal: Moi j'dis asseyez vous dinguerie.
-Abdullah: Eh mais Nyhad j'te jure que lui là (met un petit coup à Talal) il a failli causer notre mort hier.
-Talal, le tape: Mais qu'est ce que tu baragouines ici gros, c'est toi qui donnes les premières lettres des noms des filles des gens et après tu rejettes la faute sur moi ?
Même le matin, ils réussissent à nous faire des scènes théâtrales comme ça, c'est drôle sah.
-Moi: Tranquille les khey j'suis déjà au courant, Shams m'a expliqué.
-Souad: Par contre, j'suis choquée de Mohammed. Nour m'a raconté le truc avec Alanoud et je le pensais pas comme ça, et là après ce que Talal et Abdullah nous ont raconté c'est encore pire, on dirait qu'il veut toutes les meufs qu'il trouve. Sah j'vous mens pas j'suis déçue de lui, il était hyper sympa avec moi, on s'était bien entendus en plus.
Nour éclata d'un rire sarcastique avant de répondre.
-Nour: Tu connais pas son côté obscur...Ya rabi, quel humain.
-Abdullah: Bon après, Alanoud elle est pas mieux non plus hein...
Je regardai Nour et Souad qui me regardèrent à leur tour. Que voulait-il dire par là ? Je n'ai rien entendu de mal à propos d'Alanoud à part qu'elle kiffe Nasser et qu'elle est copine avec l'autre pétasse de Sheyla.
-Nour: Parle bien de notre copine toi.
-Moi: Ouais hendek à tes mots mon grand, tu dérapes un peu là.
-Abdullah, en regardant au loin: C'est parce que vous savez pas que c'est l'ex de Nasser.
Pardon ?
PARRRDON ?
PARRRRRDON ?
C'est quoi cette mascarade encore ?
-Nour: QUOI ? Et il m'a même pas raconté...
-Talal, en réprimant un fou rire: Fallait être avec nous au lycée.
Au même moment, le concerné arriva, mais il n'était pas seul.
-Abdullah: Sektou sektou (taisez-vous), guettez.
Nasser était accompagné d'une jeune femme à la peau légèrement foncée et des yeux couleur noisette. Elle portait un haut blanc, un kimono et un pantalon large mauve, ses ongles blancs et son maquillage se mariant parfaitement avec le reste de sa tenue. Son foulard était mis sur sa tête de façon à laisser dépasser quelques mèches brunes mêlées de blond. Elle marchait avec assurance, ses talons hauts donnant la cadence.
-Talal: Euuuh ! C'est qui elle ?
-Moi, lui met un coup de coude: Bele3 fomok !
Il fallait bien qu'on se taise avant qu'ils n'arrivent à notre hauteur.
-Nasser: Salam, ça dit quoi l'équipe ?
On répondit tous à son salam, et mon regard croisa celui de Talal et Nour. Talal se retenait d'exploser de rire tandis que Nour restait stoïque, l'expression impassible.
-Abdullah: Bah écoute, on est là alhamdulillah, tranquille. Et toi ?
-Nasser: Tant mieux, ça va aussi alhamdulillah. (Se tourne vers moi) Wesh, pourquoi vous rigolez ?
Talal et moi étions littéralement à bout de souffle à force de rire. Malgré tous nos efforts pour rester sérieux, on explosa simultanément.
-Talal, en essuyant ses larmes de rire: Tu comprendras plus tard.
La fille semblait s'impatienter vu les regards de travers qu'elle lançait non seulement à Nour et Souad, mais aussi à Talal et moi.
-Moi, avance vers la fille: Toi je t'ai jamais vue ici.
Tout le monde me regarda, même Talal s'arrêta de rire pour suivre la scène. Je vis Nasser me lancer un regard qui voulait dire qu'il fallait que j'arrête mais j'en fis abstraction.
-La fille, en souriant: Ah c'est vrai, je ne me suis pas présentée ! (Me tend sa main) Lamar Abduljaleel Al Shahrani, l'assistante de Nasser Al Harbi. Je suis nouvelle ici.
-Moi, en lui serrant la main: Nyhad Nasraoui. Bienvenue chez Nafaha.
Elle n'a pas besoin d'en savoir plus.
Elle serra la main à Souad et Nour et fit un geste à Abdullah et Talal après qu'ils se soient présentés.
-Lamar: Tesharrafna (ravie de vous rencontrer). Nasser, on y va ?
Elle ajusta ses mèches du devant et franchit la porte coulissante, suivie de Nasser qui nous fit un signe de la main. Je ne sais pas pourquoi je sens que je ne vais pas trop l'apprécier elle.
-Talal: Tchaaa Nyhad le coup de pression que tu lui as mis !
-Nour: Tu t'attendais à quoi ? Elle regarde trop mal.
-Moi: Normal.
Quelques minutes plus tard, c'est Arwa qui fait son apparition, ce qui a le don de mettre un sourire sur tous nos visages.
-Arwa, en nous faisant coucou: Salam alaykum !
-Nous: Alaykum salam.
Elle arriva vers moi pour me saluer et je la pris dans mes bras. Elle salua Nour et Souad également et fit un petit signe de tête à Abdullah et Talal.
Ces derniers se lançaient des regards complices, ils pensaient sûrement à leur discussion, ou plutôt leur découverte de la veille.
Tiens, tant qu'à faire, j'essayerai d'attraper Nasser pour l'embêter un peu, et bien sûr je ne dirai pas que les garçons ont remarqué, ils le diront eux-mêmes.
-Talal: C'est un truc de guedin comment t'as ramené la bonne humeur, Arwa. Elles étaient toutes aigries, (me tape) surtout elle là.
-Arwa, en baissant la tête: Merci...
-Moi, en tirant les cheveux de Talal: Touche moi encore une fois et tu vas aller rejoindre Tupac en haut là-bas.
Il a quand même fallu un peu de temps pour que je le lâche, et après cela nous sommes rentrés.
On avança ensemble dans le hall, puis chacun prit une direction différente, Arwa, Nour et moi nous sommes donc retrouvées à trois lorsqu'Alanoud arriva vers nous. Elle avait mauvaise mine, on aurait dit qu'elle n'avait pas dormi depuis trois jours.
-Moi: Weeeesh, kheir inshaAllah, qu'est ce qu'il y a ?
-Nour: Mais Alanoud qu'est ce qui t'arrive ?!
Malgré le fait qu'elle soit maquillée et bien apprêtée, elle avait le teint pâle comme si elle était malade.
-Arwa: Habibty esh sayer (ma chérie qu'est ce qui se passe) ?
Alanoud ignora royalement la question d'Arwa et s'adressa directement à moi.
-Alanoud: Tu sais pas ce que j'ai découvert, je ne t'avais pas raconté...(prend une grande inspiration) Nyhad, viens avec moi s'il te plaît, j'ai besoin de te parler seule à seule, je sais que t'es quelqu'un de bon conseil.
-Moi: Vas-y, j'te suis.
Arwa et Nour se regardèrent d'un air incompris avant de s'apprêter à nous suivre.
-Alanoud, froidement, se retourne pour leur faire face: Que Nyhad, j'ai dit.
Nour allait répondre lorsque je lui fis comprendre par un geste de la tête de ne pas renchérir. Je me demande qu'est ce qu'il lui arrive pour qu'elle soit autant froide avec les filles. C'est vraiment chelou, elle a carrément des traits de zombie, c'est inquiétant, surtout quand on voit qu'elle est toujours fraîche et dynamique d'habitude.
On entra dans l'ascenseur, puis lorsqu'il se ferma et que nous fûmes seules, Alanoud prit mes deux mains dans les siennes. Je n'aime pas trop le contact physique, je ne suis pas tactile mais c'est ma pote et elle semble être au bord des larmes, le minimum est de lui montrer que je suis là pour elle via ce contact.
-Alanoud, les yeux brillants: Bon...j'imagine que tu sais ce qui s'est passé entre moi et...Nasser.
Elle leva la tête pour que ses larmes ne coulent pas.
-Alanoud: Nyhad...il faut que tu m'aides. Je pense que personne d'autre que toi ici n'est capable de m'aider.
-Moi: T'inquiètes, explique moi tout. C'est quoi le délire ?
Après avoir pris une grande inspiration, elle me regarda droit dans les yeux. Mon Dieu, je me demande encore qu'est ce qui a dû se passer pour qu'il y ait autant de haine dans son regard.
-Alanoud: Sheyla. Elle est amoureuse de Nasser.
Mon sang ne fit qu'un tour.
-Moi, extrêmement choquée: EH QUOI ?!
J'ai réellement l'impression que tout le monde s'est concerté afin de me provoquer un AVC ces derniers jours.
-Alanoud, commence à pleurer: T'as très bien entendu...
-Moi, la prend par le bras: Tu sais quoi ? On va aller dans mon bureau, et tu vas tout me dire. Mais j'veux pas te voir pleurer plus parce que je pense bien que ce qu'on va découvrir sera bien pire (lui donne un mouchoir) allez viens ma cousine.
On sortit de l'ascenseur et on marcha hâtivement en direction de mon bureau.
-Alanoud: Merci...
La mascarade, comme j'aime tant le dire, ne fait que commencer.
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