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A R W A ~ اروى

-Nasser, en souriant: Ya hala bel zein, kef halek (que la beauté soit la bienvenue, comment tu vas) ?

-Moi, en souriant: Ana bkheir (je vais bien) alhamdulillah. Merci...et toi ?

-Nasser: Ça va aussi, alhamdulillah. Tant que tu vas bien, je vais bien.

-Moi, en rougissant: Là, franchement, je ne sais plus quoi te dire...

Il est toujours aussi beau...je n'arrête pas de le fixer mais la seule chose qui me fait baisser le regard, c'est bien ses yeux d'un noir charbonneux. Je prends sur moi et décide de soutenir son regard, et voilà que ses pupilles brillent comme la lune d'une nuit d'été. Il me regarde dans les yeux, admiratif, comme s'il ne m'avait jamais vue auparavant.

-Nasser: Fedet el jamal (que je sois la rançon de cette beauté)...

Je baissai la tête, toujours aussi intimidée, bien que je me sois déjà un peu habituée à lui.

-Moi: El jamal jamal eyounek (la beauté, c'est celle de tes yeux)...

Il sourit à ma réponse puis baissa la tête. Je pense que je vais devenir folle avec toutes les émotions qui se bousculent en moi.
Le simple fait d'être avec lui me fait tout oublier. Avec lui, je me sens en totale sécurité, le son de sa voix m'apaise et me fait rêver. Je n'ai jamais ressenti cela auparavant, j'ai l'impression que je m'envole dans les hauteurs du ciel chaque fois qu'il me parle ou qu'il me regarde.

"عيونه ياه فيهم حياة، ودوني سكّة الغرام"
Ses yeux, qui sont pleins de vie, m'ont menée sur la route de l'amour.

•dalia mubarak• ya leil ya ein

-Nasser: Arwa, ce soir, j'te préviens, ça va être spécial. Je vais t'emmener quelque part, mais quelque part de différent, tu vois ?
Mais avant ça, on va aller chercher à manger, je te laisse choisir.

-Moi: Ah bon ? C'est quel genre d'endroit ?

-Nasser, en faisant un clin d'œil: Tu verras au moment venu.

-Moi, en riant: Comme tu veux. Hum...en parlant de manger, on va à Al Baik ?

-Nasser, en démarrant: Vos demandes sont des ordres.

Je ne pus m'empêcher de lâcher un petit rire, j'apprécie beaucoup ses répliques. Il me fait sentir que je suis importante pour lui, que ce soit par les paroles ou les actes. Avec lui, les choses les plus simples me suffisent.

-Nasser: J'avais oublié, faut que je te raconte un truc.

-Moi: Je t'écoute, dis moi ?

-Nasser: Tu sais que nos pères se connaissent ? Genre mon père, il est pote avec ton père, j'suis choqué.

-Moi, en éclatant de rire: C'est quel genre de blague ça encore, Nasser ? Trouve mieux la prochaine fois !

Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas voulu le croire du premier coup. Ça paraît tellement surréaliste pour moi, et puis généralement, mon père nous raconte tout, à ma mère et moi, si c'était le cas j'aurais entendu le nom de son père au minimum une fois.

-Nasser, en haussant les sourcils: Mais wallah que c'est vrai ! Mon père était allé avec mon oncle chez les parents de Mohammed et ton père aussi, c'est comme ça qu'ils se sont connus.

Mohammed...je me raidis en entendant son nom. J'ai l'impression d'entendre parler de lui partout où je vais, c'est horrible.

-Nasser: Arwa, ça va ? Quelque chose ne va pas ?

Moi qui pensais avoir été discrète pour une fois, j'ai pu voir à son expression inquiète qu'il avait remarqué mon trouble.

-Moi: Non, rien de grave...justement, c'était...

Je commençais à bégayer, mes mots n'étaient plus qu'un mélange de syllabes incompréhensibles. Comment lui expliquer le fait que j'aie été invitée malgré moi avec mes parents chez ceux de Mohammed, sans justement évoquer la série interminable de catastrophes qui se sont passées avec ce dernier ? Une chose est sûre, c'est qu'ils sont amis, je ne veux pas briser une amitié à cause de mes problèmes. Et puis, s'il se comporte d'une certaine manière avec les filles, il peut quand même être un ami exemplaire avec ses semblables masculins, on ne sait jamais réellement comment sont les gens, au fond.

-Nasser: T'inquiètes pas, no stress, on a le temps, je t'écoute. N'aie pas peur, tu peux tout me dire, tu le sais bien.

J'étais rassurée mais je ne voulais pas parler de ce sujet pour le moment.

-Moi: Je te dirai quand on ira là où tu m'as dit.

-Nasser: T'es sûre que c'est rien de grave ?

-Moi: Non...t'inquiètes pas.

Entre temps, on arriva à Al Baik et on décida de prendre à emporter comme prévu.

-Nasser: Tu veux prendre quoi ? Perso j'ai pas trop faim, j'vais prendre des Chicken wings.

-Moi: Pareil, j'vais prendre la même chose, j'ai pas trop faim non plus.

-Nasser: T'es sûre ? Tu veux pas rajouter un burger si jamais t'as faim après ?

Vous allez vous dire que je rougis pour rien mais aux moindres petites attentions comme ça, surtout de sa part, impossible de contrôler mes émotions.

-Moi: Non ça ira franchement, merci.

On a alors décidé de prendre deux grandes boîtes de wings, tenders...un peu de tout, quoi, et après avoir payé et eu notre commande, on redémarra pour aller en direction du fameux endroit dont Nasser me parlait au début.
La route, l'air frais, les étoiles, lui, son odeur, son parfum Hermès qui embaumait la voiture et que j'aime tellement...

-Moi: Nasser ?

-Nasser, en souriant, me lance un regard rapide: Oui ?

Il s'arrêta au feu rouge et tourna le haut de son corps pour me regarder.

-Moi, en souriant, amusée: On va où ?

-Nasser, en riant: Voilà, j'le savais, je savais que t'allais poser cette question (il met son index sur ses lèvres) mais c'est une surprise.

Il prit ensuite son téléphone qu'il connecta au Bluetooth de la voiture, ouvrit l'application Spotify, puis à ma grande surprise, me le donna.

-Nasser, me donne son téléphone: Tiens, mets ce que tu veux.

-Moi, surprise: Quoi ?

-Nasser: Mets la musique que tu veux, fais toi plaisir.

Je restai bloquée un moment sur son magnifique sourire et ses fossettes avant de revenir à la réalité et lancer le titre Ya leil ya ein de Dalia Mubarak.

-Moi: Merci...

-Nasser: Normal. Tu peux garder mon téléphone si tu veux changer de son.

Je l'entendais fredonner l'air de la chanson, il la connaissait donc aussi...mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'elle résume entièrement ce que je ressens pour lui.

"كلام كبير، دا سحر غير
حسّيت معاه إحساس خطير"
De belles paroles, c'est un charme différent
Avec lui, j'ai éprouvé un sentiment dangereux.

Quelques minutes plus tard, lorsque la chanson se termina, je décidai d'en mettre une autre. Mais en voulant cliquer sur la barre de recherche, j'ai aperçu une notification Snap qui attira mon attention.

Sista 💕 vous a envoyé un Chat !

Ah bon, d'accord, je ne savais pas qu'il avait une sœur en âge d'avoir Snap, je sais juste qu'il a une petite sœur d'environ 7 ou 8 ans, je ne m'en rappelle plus.
Je changeai la musique, puis une autre notification s'afficha, d'Instagram cette fois-ci.

we_nyhad : bv le remis sur snap mgl heiiin, je t'ai renvoyé un message mm pas tu cala hmar 🤣nan sah faut qu'on se raconte ce qu'on s'est dit ce matin frère c'est troooop !

Mon cœur se serra dans ma poitrine.
C'est donc elle qu'il a renommé "sista 💕" sur Snap, j'ai compris.
J'ai toujours admiré l'amitié quasi fraternelle de Nasser et Nyhad, la façon dont il se comporte avec elle, leur complicité. Je sais qu'il lui fait totalement confiance, et de même pour elle, ils se disent tout, et si l'un d'entre eux faute, l'autre le corrigera et lui dira les choses en face tout en restant bienveillant. Mais j'ai ressenti de l'amertume en voyant cette notification et ce message. Je ne veux absolument pas être méchante, ce n'est pas du tout ma nature, mais c'est mon moment à moi seule avec lui, et le fait que quelqu'un se rajoute en quelques sortes me dérange un peu...
Je n'ai aucun soupçon vis-à-vis de Nyhad, elle est rapidement devenue comme une sœur pour moi aussi, je lui fais confiance et je sais qu'elle ne me fera jamais de concurrence, mais le fait de la savoir plus proche que moi de Nasser me rend, comment dire, triste, un peu déçue...Il lui raconte sûrement beaucoup plus de choses qu'il ne me raconte, et puis, elle doit bien le faire rire vu son sens de l'humour...

"أموت عليه، بقيت خلاص عليه أغير"
Je meurs pour lui, j'ai carrément de la jalousie pour lui.

-Moi, redonne à Nasser son téléphone: Tiens, Nyhad t'a envoyé un message.

On était bien loin du bruit de la ville, nous étions dans le désert, et j'aperçus deux ou trois mètres plus loin des campements. Je connaissais cet endroit, beaucoup de mes amies s'y étaient déjà rendues.
Dans les pays du Golfe en général, il est dans nos habitudes d'aller camper dans le désert en famille ou entre amis, surtout en hiver, saison de prédilection car logiquement il ne fait pas très chaud. Certes, pour le moment, ce n'est pas encore la saison mais il faut noter que les nuits dans le désert sont très fraîches même au printemps ou pendant les autres saisons.

-Nasser, reprend son téléphone: Ah ouais ? Attends (en riant), qu'est ce qu'elle me raconte celle-là encore...

Je regardais le ciel et les étoiles, quand soudain, la voix de Nasser me fit revenir sur terre.

-Nasser: Ouais Nyhad, j'viens de voir ton message, désolé. Là j'te mens pas j'suis occupé, on en reparlera demain, j'suis en silencieux donc j'répondrai pas de la soirée de toute façon. Allez prends soin de toi et à demain inshaAllah. (Il envoie le vocal puis me regarde en souriant) À nous deux maintenant.

Il sortit puis m'ouvrit la portière, et nous voilà ici pour passer une belle soirée.


-Moi: Mais c'est trop beau, je n'étais jamais venue ici avant.

-Nasser: T'aimes bien ?

-Moi: Mais oui, carrément ! On est vraiment dans une bonne ambiance.

-Nasser, en souriant: Content que ça te plaise, alors. J'ai loué le campement exprès, rien que pour nous deux.

Son sourire, si vous aviez vu son sourire...je n'ai plus les mots. Chaque fois que je vois ne serait-ce qu'un début de sourire sur son visage, je perds mes moyens.
Ses belles paroles, le fait qu'il ait loué cet endroit, le fait qu'il ait dit à Nyhad qu'il ne pouvait pas lui parler ce soir parce qu'il est "occupé"...beaucoup de choses me font sentir valorisée ce soir, plus que les autres fois.

-Nasser, en prenant un tenders: Tu voulais me parler de quelque chose, non ?

Aïe, l'heure de vérité.
Je me suis promise de ne pas rentrer dans les détails, je ne veux pas dévoiler quelque chose dont j'ai honte, à savoir le fait que Mohammed force avec moi, et mon but n'est pas non plus de créer une embrouille.

-Moi: Bah...en fait, ce soir, mes parents sont invités chez ceux de Mohammed. Ma mère avait insisté pour que je vienne, donc j'y suis allée avec Nyhad et on est restées 20 minutes exactement, parce que tu sais...je n'avais pas l'intention d'y aller de base.

-Nasser, attentif: Ah ouais ? Et pourquoi tu voulais pas y aller au début ?

-Moi: Je t'avais déjà raconté que je trouvais Mohammed assez bizarre, il me fait peur, j'voulais pas le croiser.

Et encore, l'adjectif "bizarre" est un euphémisme pour qualifier un tel individu.

-Nasser, en riant: Oui, je m'en souviens, mais t'inquiètes pas, n'aie pas peur, il est chelou à première vue quand tu vois comment il est avec certaines personnes mais il est sympa.

-Moi: Mais rigole pas, j'suis sérieuse, son regard est juste effrayant, comme s'il allait manger les gens qu'il croise.

Les traits de Nasser se durcirent aussitôt. Lui que je voyais toujours souriant et doux avec moi, je le vis presque aussi impénétrable et ténébreux que la première fois où je l'ai vu.

-Nasser, en haussant un sourcil: Comment ça ? Il te regarde ?

-Moi, en bégayant: Euh...oui...non, non, c'était juste la dernière fois mais j'ai juste peur qu'il recommence, c'est tout, c'est pour ça que j'ai essayé d'éviter.

-Nasser: Vous l'avez pas vu là-bas, de toute façon ?

-Moi: Non...non, on ne l'a pas vu et il ne m'a pas vue non plus.

-Nasser: Carré alors.

J'avais besoin d'en parler, bien que je ne me sois confiée qu'à moitié. Mais Nasser me sembla assez tendu après que j'eus fait cette confession.
Serait-il jaloux, lui aussi ? Je dois avouer que mon cœur a raté un battement lorsque son regard s'est assombri, même en ressentant une émotion négative, il conserve toute sa beauté et son charme.

On est plus tard dans la soirée, et l'air commence à se faire de plus en plus frais. J'avais légèrement froid, mais sans plus, grâce au tissu épais de ma abaya. Les seules parties de mon corps que le froid atteignait étaient mes mains, je les frottais donc l'une contre l'autre afin de les réchauffer lorsque je sentis Nasser poser sur mes épaules quelque chose de doux semblable à de la fourrure et dont l'odeur était celle du parfum Terre d'Hermès.

-Nasser: Il caille un peu, tiens ça, ça va te réchauffer.

Je commençai à rougir en voyant qu'il m'avait passé sa farwa (une sorte de manteau en fourrure traditionnel typique des pays du Golfe), je ne savais pas comment réagir. Il souleva légèrement le manteau pour que je puisse mettre mes bras dans les manches, puis me laissa le rabattre sur ma poitrine.

-Moi: Mais...et toi alors ?

-Nasser: Ah, t'inquiètes pas pour moi, j'ai l'habitude.

Il s'assit ensuite à côté de moi sur le tapis et me regarda avec ses yeux brillants. Je le regardai aussi, et comme vous le savez, ma timidité me poussa à abandonner la partie en me faisant baisser la tête. Son épaule était à quelques centimètres de ma tête, et son bras était étendu le long des coussins derrière moi. J'étais proche, si proche de lui que je pouvais entendre les battements de son cœur, des frissons parcouraient mon corps et je rougissais continuellement.
Je fus tentée plusieurs fois de poser ma tête sur son épaule, tout comme je pus remarquer sa main hésitant à prendre la mienne.
Personne ne parle, la présence de l'un et de l'autre suffit, et c'est comme si l'immense étendue du désert, la nuit, le ciel et ses étoiles témoignaient de nos sentiments.

-Nasser, chuchote à mon oreille: Ya rouhi (ma vie)...

C'est donc ça, l'amour ? Certains diront oui, d'autres non ? Pour ma part, je ne me prononcerai pas avant d'avoir réellement essayé.

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