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N Y H A D ~ نهاد
J'suis actuellement sur la route pour aller au taff. Ce que j'aime bien ici, c'est le soleil qui tape dès le matin, ça change du froid dans lequel j'ai vécu pendant presque deux décennies en France. Ici, à Jeddah, il fait chaud mais la chaleur est supportable grâce au vent marin, c'est agréable.
J'vais vous raconter un peu ma vie, mais je suis vraiment fière de ma dégaine d'aujourd'hui: je porte une abaya blazer beige par dessus une robe couleur terracotta à col carré et des talons à lanières noir, niveau bijoux j'ai mon collier, des bagues, des boucles d'oreilles perles, et puis bien sûr, mon piercing au nez ne bouge pas, évidemment. Niveau makeup, j'ai fait un makeup naturel comme d'habitude et pour la coiffure, un chignon méché. Voilà, le tout enveloppé de 212 vaporisations du parfum l'Interdit de Givenchy.
Mon apparence est très importante pour moi, et mon humeur peut même en dépendre. Si je suis bien habillée et apprêtée, une bonne journée se déclare, mais si je n'ai pas le temps de me préparer comme je le souhaite, je suis sûre d'être dégoûtée jusqu'au soir. Mais heureusement, ça n'arrive pas souvent.
Quelques minutes plus tard, j'arrivai à destination, et je vis qu'Eyad était là, il était encore dans sa voiture. Je lui envoyai alors un message pour qu'il sorte me rejoindre, et dès qu'il reçut le message, il chercha du regard où j'étais, et lorsqu'il me vit, il me fit signe et sortit de sa voiture.
-Eyad, en venant vers moi: Salam alaykum chef, ça va ?
-Moi: Alaykum salam, ça va et toi chef ?
-Eyad: Alhamdulillah chef, ça va. (Rires) Trop de "chef" ce matin, on rentre ?
-Moi: Vas-y, sah j'me ferais bien un thé.
On entra alors et on avança dans le hall pour aller à l'ascenseur, par la même occasion on croisa Arwa qui sortait du secrétariat.
Ahlala, Arwa, Arwa, qu'est ce que tu tentes de nous cacher ?
-Arwa, nous sourit: Salam alaykum !
-Eyad et moi: Alaykum salam !
-Arwa: Vous allez bien ?
-Eyad: Ça va et toi ?
-Moi: Tranquille et toi ?
-Arwa: Ça va alhamdulillah, merci ! (Regarde sa montre) On se revoit après, j'ai beaucoup de choses à faire, à toute à l'heure !
-Moi, en souriant: Bon courage ma star.
Elle me remercia puis s'en alla au bout du hall. Dès qu'elle eut disparu au tournant du couloir, Eyad et moi nous lançâmes un regard qui voulait tout dire.
-Eyad: T'as capté la même chose que moi, j'imagine ? J'suis pas fou ?
-Moi: Dis ce que t'as vu pour voir ?
On s'était carrément arrêtés dans le hall, il fallait qu'on parle doucement si on ne voulait pas être entendus.
-Eyad, chuchote près de moi: Elle est grave plus souriante que d'habitude, on dirait qu'elle a le noor (lumière) sur son visage carrément. Tu penses que c'est lié à ce qu'on a dit la dernière fois ?
-Moi, appuie sur le bouton de l'ascenseur: Aaah, toi, il y a beaucoup de choses que tu sais pas encore, on monte et je t'explique.
C'est sûr que c'est lié.
On s'arrêta au premier étage et on se dirigea directement vers la salle de pause. Comme il y a le nécessaire pour préparer du thé et du café, je me lançai dans la préparation d'un thé à la menthe, heureusement que Saad avait ramené de la menthe récemment d'ailleurs. Je mis le thé à bouillir, puis pris un plateau sur lequel je disposai deux verres à thé, et j'allai ensuite m'asseoir avec Eyad le temps que le thé soit prêt.
-Moi: J'sais pas si je te l'avais dit, mais à la Jeddah Season, que des eyes contact.
-Eyad, surpris: Juuure ? (Sourire sournois) J'veux tout savoir wesh.
-Moi: Frère, Arwa, elle allait éclater de gêne miskina, et Nasser je t'en parle même pas ! J'faisais exprès de le regarder pour le gêner encore plus, bâtarde que je suis. J'aime bien l'embêter.
-Eyad, éclate de rire: Mais t'es vraiment folle, j'imagine pas comment ils ont dû être mal à l'aise ! (Se redresse) Mais genre, Nasser t'a rien dit malgré que tu l'aies grillé à ce moment là ?
-Moi: Walou (rien). Mais il sait pas que j'ai aussi grillé Arwa hier, j'crois qu'ils se parlent par message. Elle était avec moi, Nour et Najia et elle souriait devant son téléphone. Or t'es d'accord avec moi que la chronologie des évènements nous montre que tout est relié ? Ils s'étaient déjà parlés à plusieurs reprises auparavant, en plus.
-Eyad: Bah putain...on en a des infos croustillantes de bon matin sah, et oui, j'suis tout à fait d'accord avec toi ma cousine, j'pense qu'avec tout ce que tu viens de me dire, on peut avoir une piste qui nous ménèra vers la vérité. Mais de toute façon, c'était prévisible qu'il se passe quelque chose entre eux deux, ils vont bien ensemble.
Lorsque je constatai que le thé était prêt, je mis le berrad (théière marocaine) sur le plateau et l'amenai à la table où nous étions. Je me servis un verre et j'en servis un à Eyad, puis on continua notre discussion.
-Moi, lui donne le verre: Et encore, toi t'étais pas là quand il l'a vue pour la première fois, j'te jure qu'il était perdu pour le restant de la matinée. J'suis contente pour eux sah, mais ça me fume de rire de penser au fait qu'ils ne sont pas au courant que je sais.
-Eyad, prend le verre: Merci ! (Boit une gorgée de thé) Mais moi j'comprends pas pourquoi Nasser ne t'en parle pas, sah. J'trouve ça bizarre. Tu penses que les autres sont au courant ? Genre Talal, Abdullah ?
-Moi: J'pense pas. Tu connais Talal, s'il était au courant, il en aurait fait un sujet d'actualité. Il aime trop les potins et les trucs comme ça, s'il l'avait su, l'ambiance ne serait pas aussi calme, il aurait embêté Nasser avec ça pour les dix prochaines années, et en plus de ça, il serait venu nous en parler.
Mon téléphone sonna, affichant un appel entrant d'Adem. J'avoue que j'ai la flemme de répondre, alors j'ignore l'appel. On ne me dérange pas quand j'suis en mission espionnage et potins.
Mon téléphone afficha une nouvelle notification, cette fois-ci un message d'Alejandra qui me demandait si Adem m'avait aussi appelée parce qu'elle a eu 3 appels manqués de lui.
Je lui répondis que oui et que je ne savais pas pourquoi il appelait. C'est vrai que c'est bizarre qu'il insiste comme ça dès le matin.
-Eyad: T'as pas tort, mais bon, on verra. Mais ça me surprend un peu, toute cette histoire.
-Aaaah, c'est là que tu te caches !
On se retourna au même moment Eyad et moi afin de voir qui était la personne qui venait de parler. C'était Adem, justement.
-Moi: Wesh, ça va ou quoi, tu nous appelles 75 fois dès le matin, il y a quelque chose ?
-Adem, rit en étant choqué: Mais j'te rappelle qu'on a les shooting photos aujourd'hui ma sœur, concentre toi ! C'est pour ça !
Je finis mon thé d'une traite et me levai aussitôt en prenant mon sac.
-Moi: Préviens à l'avance toi aussi Allah yehdik (qu'Allah te guide) !
-Adem: Je l'ai dit sur le groupe et aussi par mail, mais bon, c'est pas grave. Juste faisons vite.
Adem parla un peu avec Eyad le temps que je vérifie mon sac, puis on sortit de la salle pour nous rendre à un étage où je n'ai pas l'habitude d' aller, le dixième étage, mais j'ai déjà entendu dire que les étages supérieurs comprenaient essentiellement des salles de réunion et des salles de shooting.
Alejandra nous rejoignit en route et on arriva donc au dixième étage. Je n'avais jamais fait attention à ce qui s'y trouvait, franchement mais le décor est très beau comme dans le reste des locaux.
On arriva dans la grande salle dans laquelle le shooting doit avoir lieu, je marchais avec Alejandra lorsque j'entendis Adem parler à quelqu'un.
-Adem: Désolé, j'ai dû faire une course de dernière minute.
J'entrai dans la salle avec Alejandra et mon regard croisa...celui du gars de City Walk, le gars dans lequel j'avais foncé, le gardien de l'Ittihad de Jeddah. Je soutins son regard, les sourcils froncés, tandis qu'il me regardait d'un air surpris. Il ne devait pas s'attendre à me voir ici, et moi, j'avais complètement zappé qu'il devait venir.
-Alejandra: ¿Quién miras, chica (Tu regardes qui, meuf) ?
-Moi: J'te dirai après.
Il y avait aussi Rawan, la tiktokeuse. Elle me fit un sourire auquel je répondis également par un sourire.
-Moi: Rawan, la couleur bleu clair te va vraiment bien !
-Rawan: Oh, merci ma belle ! Toi aussi, le terracotta te va à merveille.
-Moi: Merci, merci !
Le shooting continua, c'était long mais c'était intéressant de voir comment les pièces sont quand elles sont portées. Je peux clairement flex de travailler pour la marque NAFAHA.
Je promenai mon regard sur la salle lorsque je remarquai qu'Arwa était présente, je ne l'avais même pas vue au début, elle faisait sûrement une story sur insta. Il faudra d'ailleurs que j'essaie de percer le mystère concernant ce qu'il se passe avec Nasser.
J'étais toujours avec Alejandra, lorsque je sentis un regard peser sur moi. Je ne savais pas que les regards pouvaient avoir des poids, carrément.
Je tournai la tête et aperçus le gardien en train de me regarder, j'crois qu'il veut qu'on continue notre embrouille d'il y a quelques jours, j'suis pas sûre.
Je ne connais pas son nom d'ailleurs, et flemme de chercher sur Internet, mais ça m'intrigue. Go essayer une technique ancestrale qui consistera à être super attentive quand quelqu'un lui parlera pour savoir comment il s'appelle.
Je tendis l'oreille autant que possible pendant le reste du shooting mais personne ne prononça son nom, ou du moins je ne l'entendis pas.
Pas grave, on s'en passera.
-T'as toujours ton sale regard à ce que je vois.
Le shooting était fini depuis une dizaine de minutes, j'étais dans le couloir lorsque j'entendis le gardien arriver derrière moi et me parler.
Je fis alors volte-face, et je me retrouvai face à lui.
-Moi: J'te connais pas frérot, mais t'as toujours l'air aussi con que la dernière fois.
Il rit légèrement en entendant ma réponse. Bizarre le type.
-Lui, en arquant un sourcil: En même temps, tu fonces dans les enfants des gens et tu les regardes mal...tu vois le délire ?
-Moi: Commence même pas, si je t'ai mal regardé c'est que tu m'as énervée. Quand on sait pas, on la ferme.
Oui, j'suis aigrie, très aigrie.
-Lui, en riant sarcastiquement: Tu parles trop mal, c'est une dinguerie.
À ce même moment, Adem vint vers nous, il parla un peu avec l'autre mais je ne les ai pas écoutés.
-Adem: Ma collègue (en me montrant) va te raccompagner, comme c'est grand, t'as vu...
-Lui, en souriant: Ça marche, merci.
Ah donc maintenant, on me fait raccompagner des gens sans mon accord. Ok, ok.
Adem partit aussitôt, et j'avançai en direction de l'ascenseur avec monsieur l'inconnu au bataillon qui kiffe les embrouilles.
-Lui: Tu m'connais pas genre ?
-Moi: J'viens d'apprendre que t'es le gardien de l'Arabie Saoudite U20 et le troisième gardien de l'Ittihad mais j'sais rien de plus. (En appuyant sur le bouton de l'ascenseur pour qu'il s'ouvre) C'est pas comme si t'étais Nawaf Al Aqidi ou Mohammed Al Owaïs le gardien de l'équipe première. Reste sur terre, j'connais même pas ton prénom.
J'sais pas pourquoi il éclatait de rire à chacune de mes réponses, il va m'énerver pour de bon là.
-Lui: Wallah j'suis choqué, t'es trop agressive (rires, puis reprend un peu de sérieux). Moi c'est Osama.
Il ne m'a pas dit son nom de famille, contrairement à ses compatriotes, mais bon, ce n'est pas important.
-Moi, sarcastiquement: Ben Laden ?
-Osama: Pfff, plus jamais.
-Moi, d'un ton hautain: Ah là tu rigoles moins hein !
Entre temps on était arrivés au rez-de-chaussée et on sortit l'ascenseur.
-Osama: Et toi c'est ?
-Moi: Ça va te servir à quoi de savoir ?
-Osama: Ah ouais, même ça tu veux pas dire...j'capte le genre de personnage.
-Moi: C'est toi le personnage cousin, bref, la porte c'est là bas, salam alaykum.
-Osama, en riant: Alaykum salam.
Je remontai par les escaliers. Complètement dépassé cet humain, bref, maintenant la rumeur qui disait que les gens de Jeddah aiment les embrouilles me semble plus vraie.
J'arrivai au deuxième étage, lorsque je vis Arwa prendre l'ascenseur. Qu'est ce qu'elle fait encore ma copine ? Et où est ce qu'elle va ?
Le meilleur et seul moyen de savoir est de la suivre, alors je me précipitai dans les escaliers.
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