٢٧

PDV OMNISCIENT ~ وجهة نظر عامة

Deux semaines se sont écoulées après la fameuse interaction entre Nasser et Arwa à propos de l'ascenseur. Mais même après cette discussion, ils continuent toujours à se comporter comme de parfaits inconnus, trop timides pour aller l'un vers l'autre. Les jeux de regards se poursuivent, toujours plus intenses que les précendents, et nul doute que cela alimente l'attirance secrète qu'ils éprouvent. Personne ne sait ce qu'il se passe, même pas Abdullah, Talal, Nour et Nyhad, et pour Nasser, c'est mieux comme ça. De son côté, Arwa partage le même avis et n'en a parlé à personne, mais malgré cela, ils ne peuvent s'empêcher de penser l'un à l'autre.

L'évènement du Fashion Village de la Jeddah Season approche à grands pas, c'est un grand évènement de mode qui permet à des marques locales de se distinguer et de se mettre en avant. Bien entendu, c'est une fierté pour Nasser de voir sa marque gagner en notoriété au point d'y participer.
L'équipe a réussi en un temps record à créer une collection spéciale pour l'évènement, les modèles mêlent tradition et modernité, alliant streetwear et patrimoine culturel non seulement saoudien mais du monde arabe en général.
Il ne reste à présent que deux jours avant le début de l'évènement, et l'effervescence règne au sein du siège de la marque NAFAHA.

-Nyhad: Moi j'vous le dis, après-demain on arrache tout sa grand-mère.

-Saad: Bien sûr, si ça marche pas j'me jette d'un pont frère, on n'a pas travaillé jour et nuit pour rien.

-Adem: On a intérêt...

-Alejandra: Ça ira normalement les gars, j'ai trop hâte !

-Yara: J'suis trop stressée...

De son côté, Nasser est confiant. Il fait confiance à ses employés et sait qu'ils feront du bon travail. Il sait pertinemment qu'il n'a pas de souci à se faire de ce côté.

Les deux jours restants furent consacrés aux rectifications de dernière minute, ce qui fit que tout le monde fut occupé. Durant ces deux jours, rien de spécial, hormis les éternels échanges de regards entre Nasser et Arwa. Et, comme vous le savez, aucun d'eux deux n'est sûr de ce que peut potentiellement penser l'autre...

Deux jours plus tard...

A R W A ~ اروى

C'est le grand jour, on y est enfin ! C'est ce soir...j'suis trop stressée mais en même temps, j'peux pas cacher mon empressement. Wow, j'y crois pas...mais c'est incroyable ! C'est la première fois que je participe à un tel évènement. J'étais déjà allée à quelques petits évènements quand je travaillais dans un salon de thé, il y a environ deux ans, mais un grand évènement comme la Jeddah Season...c'est bien la première fois que ma petite personne va s'y présenter. Il faudra que je prenne sur moi pour ne pas crever de gêne, parce que ce ne sont pas des dizaines de personnes dont on parle, on parle de centaines voire beaucoup plus, dont des personnalités célèbres dans différents domaines, mais lesquels, je ne sais pas.

J'étais tranquillement en train de planifier ma journée dans les notes de mon téléphone lorsque Nour, la copine de Nyhad qui est aussi devenue ma copine, vint me dire bonjour et s'assit à côté de moi.

-Nour, me fait la bise: Salam Arwa, ça va ?

-Moi, lui fais la bise: Salam Nour, ça va et toi ?

-Nour, en s'asseyant: Ça va, ça va. Alors, prête pour ce soir ?

-Moi: J'suis stressée franchement...et toi ?

-Nour: J'appréhende aussi mais ça va le faire, faut pas s'inquiéter. J'sais pas qui viendra, mais déjà il y aura toi, moi, Nasser bien évidemment, Najia, Nyhad, Talal, Abdullah, Eyad, Dahmen, Saad et l'équipe des stylistes et designers.
Le reste, je n'en ai aucune idée. Mais faut pas se prendre la tête.

-Moi: D'accord...

-Nour: Mais ça va aller de toute façon. T'aurais pas vu Nasser par hasard ?

Je clignai des yeux. Je n'avais pas rêvé, elle m'a demandé si je n'avais pas vu Nasser.
Et s'il leur avait parlé de moi ? Oh mon Dieu, d'autant plus qu'il n'a rien à dire de bien sur moi...Les filles vont vraiment se faire à l'idée que je ne suis qu'une maladroite ne sachant pas parler sans manquer de tomber dans les pommes.

Nour sortit son téléphone et le déverrouilla. Je pense qu'elle envoyait un message vu la rapidité avec laquelle elle tapait sur son écran.
Je profitai de ce moment d'inattention pour la regarder de plus près.
C'est une fille brune aux cheveux subtilement bouclés et au teint bronzé, elle a les yeux marron foncé et le nez assez pointu. Elle est belle et très élégante, deux qualités majeures chez les filles que Nasser côtoie, et que je ne possède sûrement pas...j'suis vraiment une fille très banale, simple.
J'ai oublié de quelle origine elle est, mais je pense qu'elle est algérienne.
J'ai remarqué que toutes les nord-africaines qui travaillaient ici étaient vraiment magnifiques, mashaAllah, des beautés autant au naturel que maquillées.

Ce n'est qu'après que Nour ait levé la tête de son téléphone en me faisant un petit sourire que je me suis rendue compte que je ne lui avais pas répondu...Tellement je pensais à l'autre.

-Moi: Ah, non, je ne l'ai pas vu. Désolée, j'étais ailleurs.

-Nour, en riant: C'est pas grave, j'avais remarqué. Je l'appelerai après, c'est rien.

On discuta encore un peu, puis Nour prit congé en me disant qu'elle allait rentrer chez elle.

-Nour: On se revoit ce soir copine, à tout à l'heure !

-Moi: À tout à l'heure Nour !

Je terminai ma to-do-list et me levai également pour rentrer chez moi, histoire de préparer ma tenue et faire ce que j'ai à faire avant ce soir.
J'entrai dans ma voiture, tournai la clé dans le contact et démarrai. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce soir, et aussi à Nasser. J'sais pas ce qui m'a prise mais il commence réellement à me faire plus d'effet que ce que j'avais prévu.
Nouveau crush débloqué ? Ça serait mentir si je vous disais que non.

Je vous passe les détails du trajet qui a duré à peu près une dizaine de minutes, j'arrivai donc chez moi, tournai la clé dans la serrure et ouvris la porte, lorsque j'entendis des éclats de voix venant du salon. C'est sûrement des copines de ma mère ou mes tantes, je sais que ma mère aime beaucoup recevoir des gens.

-Moi, en allant vers le salon: Salam aley...

Le spectacle qui s'offrait à ma vue faillit me provoquer une crise d'angoisse. Ma mère était assise sur le canapé, à ses côtés se trouvait une femme d'environ son âge, entre quarante et cinquante ans, très soignée, à côté de laquelle était assis...

-Moi, tousse: Euh, pardon, salam alaykum. (fais un bisou à ma mère et fais la bise à la dame.)

-Yoma, me fait un bisou: Alaykum salam habibty ! (Me montre sa copine) Je t'avais pas dit que ma copine Mira venait aujourd'hui...

-Mira, me fait la bise: Alaykum salam ma chérie, ça va ? Tu vas bien ? Tu t'appelles Arwa, c'est ça ? MashaAllah, t'es toute belle ! Tu tiens ça de Sultan et Huda, belle comme tes parents ! (Me tapote l'épaule en souriant) Moi, c'est Mira. Et lui, c'est mon fils Mohammed.

-Mohammed, me fixe et me sourit: Salam...

-Moi: Merci...merci khalti (tata).

Mon Dieu, il faut que je quitte ce salon avant que je perde connaissance.

-Yoma: Viens t'asseoir avec nous ma chérie, tu veux pas boire quelque chose ?

-Moi: La shukran yoma, lazem arouh ajahez malabsi (non merci maman, j'dois aller préparer ma tenue), j'assiste à un évènement ce soir avec le travail.

-Mira, enthousiaste: Un évènement ? Mais Mohammed aussi en a un ce soir, vous travaillez au même endroit alors ! Huda, je me souviens que tu me l'avais dit mais j'avais carrément oublié ! (Caresse le bras de son fils) Alors vous avez l'évènement ce soir, tu me diras comment c'était habibi !

-Mohammed: Absheri yoma (d'accord maman), inshaAllah tout se passera bien.

J'étais morte de honte, Mohammed n'arrêtait pas de me lancer des regards et sa mère me complimentait sans arrêt, et ma mère également.
Je profitai qu'elles soient absorbées par leur discussion et que Mohammed soit sur son téléphone pour partir en toute hâte dans ma chambre et je fermai la porte à clé.

On était bientôt en fin d'après-midi. Comme j'avais déjà mes ablutions, je fis la prière du Asr puis commençai à me préparer. J'ai d'abord fini les quelques stories que je devais poster avant de poster celles de ce soir, puis je suis allée en direction de ma penderie pour choisir une abaya kimono qui suivrait avec le reste de ma tenue que je n'avais eu aucun mal à préparer.

Ma tenue était composée d'une robe grise clair longue et de sandales à talons blanches. J'hésitai longtemps entre un kimono bleu foncé et un autre jaune clair, avant de finalement prendre une décision et choisir le bleu foncé auquel j'ai assorti un voile de la même couleur. Je mis également des faux ongles qui s'enlèvent facilement, des ongles "salat friendly" (pour faire les ablutions et la prière, il faut les enlever évidemment) de couleur rose nude, une couleur assez proche de la couleur naturelle des ongles.

(NDA: Le "voile" tel qu'il est évoqué à certains moments dans l'histoire n'est pas le voile légiféré mais plutôt un voile culturel car il ne correspond pas aux conditions du hijab vu les différentes façons dont il est porté. Par exemple, certaines Saoudiennes le portent en cachant leur cou certes mais en laissant apparaître leurs cheveux du devant (dans cette histoire c'est le cas d'Arwa et d'Alanoud par exemple), et d'autres qui le mettent d'une façon laissant apparaître leur cou et leurs cheveux (comme Sheyla à titre d'exemple).)

Je me remaquillai légèrement et mis du parfum avant de prendre mon sac et de descendre. J'avais des frissons tant j'étais agitée et stressée pour ce soir, ça va être une folie...

Je m'arrêtai un instant avant de descendre les escaliers. J'imagine que Mohammed et sa mère sont déjà partis, vu que je n'entendais plus de voix en bas et vu le temps qu'ils ont passé ici. Encore heureux, je n'aurais pas supporté de le revoir encore une fois, déjà qu'il m'a fallu énormément de temps pour me calmer lorsque je l'ai vu ici à l'improviste...
Je pris une grande inspiration et dévalai rapidement les escaliers. De quoi devrais-je avoir peur, franchement ? Il ne va pas dormir ici de toute façon, impossible qu'il soit encore là.

-Yoma, du salon: Arwa ?

-Moi, me dirige vers la porte: Oui ?

-Yoma: Viens s'il te plaît ma chérie.

Je partis donc rejoindre ma mère dans le salon.
Et quelle fut ma frayeur lorsque je vis que l'autre catastrophe était encore sur place mais pas sa mère...
Il était donc resté chez moi, et donc avait discuté avec ma mère pendant tout ce temps ?!

-Yoma: Tu pars maintenant hayati (ma vie) ?

-Moi: Oui yoma, je pars maintenant.

-Yoma, regarde Mohammed et sourit: Ah, bah Mohammed aussi.

Il était là, assis sur le canapé. Il s'était changé, il portait désormais un qamis blanc et la senteur de son parfum emplissait toute la pièce. Il avait aussi dû mettre quelque chose sur ses cheveux pour que ses boucles paraissent mouillées.

-Moi: D'accord, bon, bah bonne soirée yoma, à tout à l'heure...

-Yoma: Attends ma chérie, tu veux pas y aller avec Mohammed ? Ça ne le dérange pas de te prendre, il me l'a dit, (lui sourit) ah oui mon fils ?

-Mohammed, en souriant fièrement: Bien sûr que ça ne me dérange pas, au contraire. Ça serait un honneur pour moi, khalti Huda.

Tout ce cinéma, toute cette comédie...il me dégoûte !
J'ai maintenant deux solutions qui se présentent: me sauver ou ME SAUVER.

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