٢٥
A R W A ~ اروى
Je marchais avec Alanoud pour aller au distributeur lorsque j'aperçus deux silhouettes, une féminine et une masculine, arriver dans notre direction. Je ne savais pas de qui il s'agissait mais il me semblait les avoir déjà vues. De son côté, Alanoud était livide. La pauvre, elle avait failli s'étouffer et j'comprends qu'elle ne soit pas encore remise, ça fait peur ce genre de situation.
-Moi: T'es sûre que ça va ?
-Alanoud: T'inquiètes pas pour moi habibty (ma chérie), tout va bien, merci. J'ai juste eu peur.
-Moi, la prend par le bras: T'inquiètes pas, t'es saine et sauve, n'aie pas peur !
Elle me sourit et me tapota le bras pour montrer sa reconnaissance.
Je suis choquée, Alanoud et moi avons accroché en l'espace de quelques heures seulement, chose qui est très rare avec moi ! À part Nyhad, c'est la seule avec laquelle j'ai directement accroché pour l'instant. Elle est vraiment gentille et avenante, j'aime beaucoup sa façon d'être.
Au fur et à mesure que l'on avançait, les deux personnes avançaient également dans le sens inverse, et j'ai pu apercevoir Sheyla, la copine de Taha avec...Nasser ?
C'est pas possible, comment ça ? Je ne pensais pas qu'il était pote avec elle, je le pensais juste proche de Nyhad...
Alanoud eut la même réaction que moi. Elle paraissait choquée la pauvre, mais je ne sais pas pourquoi. Sûrement parce qu'elle a entendu comme moi qu'initialement, Nasser n'a pas de potes filles...
-Sheyla, fait un signe de la main à Alanoud: Salaaaam ma belle !
-Alanoud: Salam.
Je savais que Nasser me regardait, je me risquai alors à lever les yeux pour m'en assurer, et voilà qu'on détourne le regard encore une fois.
Depuis la péripétie d'hier, comment vous dire...je ressens quelque chose de bizarre quand j'le vois. J'ai des sortes de frissons et une sensation étrange en moi, c'est trop bizarre, j'crois qu'il commence réellement à me plaire...
Mon cœur battait encore très fort, même lorsque lui et Sheyla disparurent au bout du couloir.
-Alanoud, entre ses dents en regardant derrière elle: Putain, j'vais les tuer eux...
-Moi: De quoi ?
-Alanoud: Ah ! Non...en fait...rien de fou, c'est juste Sheyla, elle répondait pas à mes messages et maintenant elle est là, ça m'a énervée.
-Moi: Aaah, d'accord. Excuse moi, j'pensais que tu me parlais, c'est pour ça que j'ai demandé.
-Alanoud: Ah non non, j'parlais toute seule, et...c'est pas grave ma belle. (Respire un grand coup) Tu veux qu'on aille en salle de pause ou qu'on rejoigne Yara et les autres en haut ?
-Moi: Comme tu veux, ça m'est égal.
Je priais intérieurement pour qu'elle me propose de remonter.
-Alanoud: Mmh...Ça te dit qu'on remonte ?
-Moi: Pas de soucis.
J'ai une étrange envie de croiser Nasser...je sais qu'il est monté, d'où mon envie de monter à mon tour. J'sais pas, je veux le voir même si je sais que ça va être gênant.
On remonta donc pour repartir dans la salle des stylistes. D'autres personnes s'étaient jointes à nous, Alejandra et Nyhad par exemple.
Après avoir dit salam alaykum, on est reparties s'asseoir aux places qu'on avait occupées avant de descendre.
-Alejandra: Eh mais dès que j'y repense...le Fashion Village c'est dans moins d'un mois ! Une collection, ça prend du temps à réaliser, on va faire comment ?
-Houssam, explose de rire: Ya lahwiii (mon Dieu en arabe égyptien), elle a rien compris celle-là ! On va commencer, ok ? Si elle est pas complètement finie j'pense pas que ça soit dramatique, on va présenter quelques pièces et le reste sera pour les prochains évènements. On est déjà bien en avance, de toute façon. On a déjà les types de tissus, reste plus qu'à créer les modèles.
-Alejandra: Aaaah...(à nous, en montrant Houssam du doigt) Regardez comment il se fout de ma gueule, ese pequeño cabrón (ce petit enfoiré).
-Nyhad, explose de rire: OUYAAA HOUSSAM !!!
Elle et Alejandra se regardèrent et faillirent tomber toutes les deux à la renverse tellement elles riaient comme des folles.
-Houssam: Wesh Alejandra ??? (À Nyhad) Nyhad steuuuplaît, notre polyglotte préférée, dis moi ce qu'elle a dit !
-Nyhad: Hahahahaaa, wallah mangoulch lik (wallah que j'te dirai pas) ! Secret d'État.
Wow, je savais que Nyhad parlait plusieurs langues mais je ne savais pas du tout qu'elle parlait espagnol...je l'admire de plus en plus cette fille, certaines, comme Sheyla, devraient prendre exemple sur elle au lieu de vouloir se faire remarquer en criant.
-Alejandra: Fallait apprendre l'espagnol Houssam, tant pis !
Pendant que les autres poursuivaient leur discussion, je me surpris à penser à Nasser. C'est réel, il me fait de l'effet, mais l'idée que ce soit pareil de son côté est impossible. Avec toute sa prestance et sa carrure, comment ferait-il pour vouloir une fille aussi timide et à côté de la plaque que moi ? Les seules fois où il a eu l'occasion de me voir ou de me parler, c'était dans un contexte compromettant, par exemple quand j'avais oublié mes clés, quand on n'était que deux à la table, quand il m'a proposé de me reconduire chez moi hier, avec l'incident de la femme...J'suis sûre qu'il a dû se demander ce qu'il l'avait pris pour me raccompagner, moi qui étais incapable de dire à Nyhad et Eyad que je devais rentrer...
De plus, qu'est ce que j'ai d'extraordinaire ? J'suis pas comparable à Nyhad qui est très cultivée et possède de l'assurance et un fort caractère, j'suis pas comme Alanoud qui connaît vraiment son domaine sur le bout des doigts et qui se tue à la tâche, et j'suis pas non plus comme Sabra qui est un prodige de beauté et qui fait tomber tous les hommes sous son charme.
J'suis juste une fille simple et ordinaire, je n'ai rien qui puisse attirer son attention.
-Rami: Sah, si on veut réussir à finir avant la date de début du Fashion Village, on a intérêt à charbonner. Tout à l'heure, Alejandra, tu disais que c'était dans moins d'un mois. Mais c'est dans deux semaines...
-Saad, étonné: Jure ?! Mais on s'y prend à l'arrache là, ça s'voit que c'est un business d'Arabes wallah, toujours à la dernière minute nous...(rires).
Tout le monde explosa de rire, y compris moi. Ahlala, qu'ils sont drôles mes collègues, j'aurais pas pensé rencontrer des gens aussi fous !
-Yara: On se rattrapera, Saad, on se rattrapera. Comme l'a dit Houssam, on a les tissus et les idées, il nous reste plus qu'à créer les modèles, et crois moi qu'avec nous cinq, (regarde Rola, Alanoud, Rami, Maha), on va vite y arriver même si le temps est limité.
Je consultai ma montre, c'est bientôt la fin de la matinée, faudrait peut être que je commence à monter le Reels que je vais devoir poster prochainement. Mon ordinateur est dans ma voiture, il faudra que j'aille le chercher.
-Moi, me lève: Baad edhenkom (j'me permets), j'y vais, on se revoit après !
Je sortis ensuite de la salle pour prendre l'ascenseur afin de descendre chercher mon PC dans ma voiture. Il commence à faire vraiment chaud, mais bon j'ai l'habitude, et puis Jeddah est une ville côtière, donc le vent marin vient contraster avec la chaleur pour mon plus grand bonheur.
Pendant que je suis dans l'ascenseur, j'espère vraiment croiser Nasser. Comme je l'ai déjà dit, je sais que ça va être gênant...mais bref.
J'arrivai au rez-de-chaussée et sortis pour me rendre dans le parking où se trouvait ma voiture et je pris ma pochette qui contenait mon ordinateur avant de retourner à l'intérieur.
Toujours rien, aucune trace de Nasser dans les parages...pas grave, tant pis.
Soudain, j'entendis des bruits de pas derrière moi, et j'eus de l'espoir jusqu'au moment où je décidai de me retourner...C'était Mohammed qui avançait avec une démarche hautaine. Tout ce que je ne voulais pas...
Il haussa le sourcil en me voyant, et tout en continuant d'avancer, je sentais son regard dans mon dos. Purée...il peut à tout moment encore me suivre, ou Dieu seul sait ce qu'il va faire...
-Mohammed, chuchote derrière moi: Je t'avais dit que ce n'était pas un hasard.
Au même moment, j'aperçus Nasser qui sortait de la cage d'escalier. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais mes jambes me portèrent jusqu'à lui sans que je puisse y opposer de résistance, un peu comme si elles marchaient seules.
-Moi: Excuse me, abgha asalek soal (excuse-moi, j'voudrais te poser une question)...
-Nasser, surpris mais souriant: Aywa, gouli, wash essalfa (oui, dis moi, qu'est ce qui se passe) ?
J'étais tellement paniquée que je ne me rendais même pas compte que je marchais à côté de lui et que si Mohammed voyait ça...ça serait pour lui un motif pour encore plus m'empoisonner la vie. Mais bon, c'est la seule façon pour moi de lui échapper, j'imagine qu'il n'osera pas venir si j'suis accompagnée.
J'avançais le plus vite possible, j'ai carrément oublié de poser ma soi-disant question et je ne m'en rendis compte que lorsque qu'on arriva au premier étage, l'étage généralement vide...
-Nasser: Dis moi, je t'écoute.
Sa voix me tira de ma rêverie. On était tous les deux au milieu du couloir, il n'y avait personne autour. Je n'osais pas le regarder...
Il faut que je me sauve.
-Moi: Ah...non, en fait, c'est bon, merci.
Et après avoir prononcé ces mots, je traversai le couloir dans le but de prendre l'ascenseur, mais lorsque j'appuyai sur le bouton, les portes ne s'ouvrirent pas. Je me retournai, désespérée, et je vis Nasser, toujours là où je l'avais laissé, le regard baissé avec un petit sourire compatissant.
C'est là que j'ai compris qu'il avait bloqué l'ascenseur car j'ai vu qu'il avait une sorte de petite télécommande à la main.
C'est fini pour moi...
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