٢٢
A R W A ~ اروى
Le lendemain matin...
Mon alarme de réveil sonna, et mon téléphone afficha l'heure: il était 8h00.
Je m'étais déjà réveillée avant pour faire la prière du Fajr, puis sentant que j'étais encore fatiguée, je décidai de me rendormir.
Après quelques minutes passées à fixer mon plafond, je me levai et allai me préparer. Après avoir pris une douche revigorante et m'être habillée et maquillée, je descendis prendre le petit-déjeuner avec ma mère qui était déjà réveillée depuis un moment.
-Moi, fait un bisou à ma mère: Hala yoma (bonjour maman).
-Yoma, me fait un bisou: Ahlen habibty (salut ma chérie) ! T'as bien dormi ?
-Moi: Oui, j'ai bien récupéré, j'suis en forme, alhamdulillah ! Et toi ?
Je m'assis en face d'elle.
-Yoma: Alhamdulillah ya rouhi (ma vie), moi aussi. Tant que tu vas bien c'est le principal ! (Regarde la fenêtre) Rien à voir, mais ton père est parti tôt au travail aujourd'hui...
Mon père, Sultan Al Rajehi, travaille chez une des plus grandes agences touristiques du royaume. Je trouve son travail intéressant mais ce n'est personnellement pas le domaine qui m'enchante le plus.
Je n'avais pas très faim, alors je me contentai d'un café et d'une datte. J'suis pas une grande mangeuse, initialement, et surtout pas tôt le matin. Je commence à avoir de l'appétit généralement vers 9h-9h30.
-Yoma: Alors ? C'était bien hier ? Vu que quand t'es rentrée je dormais déjà, tu n'as pas pu me raconter...
J'avalai une gorgée de café puis je répondis en essayant de rester la plus naturelle possible.
Oui, parce qu'hier, j'en ai vu des vertes et des pas mûres dans les sens positif et négatif de l'expression.
-Moi: Franchement c'était cool, les gens sont vraiment sympas, j'ai adoré ! Les filles qui travaillent avec moi sont des amours.
-Yoma, en souriant: C'est vrai ? T'as apprécié tes collègues ? Mais c'est génial ma fille ! (boit un peu de café) Dis-moi, tu t'es fait des copines alors ?
Je lui expliquai que je m'étais vite bien entendue avec plusieurs filles. Ma mère me regarda avec fierté, elle qui sait à quel point ma timidité constitue depuis longtemps un obstacle pour moi.
Je continuai à lui raconter et elle m'écoutait attentivement. Ça lui faisait plaisir de voir que je m'étais intégrée aussi rapidement. Je lui expliquai à quel point Nyhad était sympa et que c'était elle qui m'avait aidée à m'intégrer avec ses copines.
-Yoma: Elle est vraiment gentille ta copine, j'suis contente pour toi ma chérie ! (me fait un bisou sur la tempe) Ça me fait plaisir de te voir comme ça...
Elle était tellement contente pour moi...Ahlala, ma maman, qu'est ce que je ne ferais pas pour elle ?
Quelques minutes plus tard, on avait fini de manger, la domestique vint donc débarrasser la table et j'en profitai pour aller me brosser les dents et mettre un peu de gloss avant de partir car il était bientôt l'heure.
-Yoma: Elle a du succès la marque hein ! J'pense pas te l'avoir dit mais le fils de Mira travaille là-bas aussi...mais j'pense pas que tu le connaisses, Mohammed. Il doit avoir ton âge.
Je faillis avaler ma salive de travers en entendant cette phrase. Mon Dieu, ya rabi, comme si c'était pas suffisant, ma mère est copine avec la mère de ce fou furieux...
Voyant que je ne répondais pas, ma mère m'interrogea du regard, et je répondis finalement.
-Moi: Ah, non...j'connais pas.
Évidemment, j'connais pas celui qui me court après depuis le lycée et à cause duquel j'ai dû rentrer dans la voiture d'un homme pour lui échapper...
D'ailleurs, concernant ça, j'me sens vraiment coupable et j'ai honte d'être devant ma mère sachant qu'elle ne connaît pas la vérité...J'ai l'impression de la trahir.
Mais il faut que je relativise, si je n'étais pas montée avec Nasser, je me serais certainement fair suivre par Mohammed ou agresser par la femme qui a essayé d'ouvrir la portière.
Je sais que c'était plus pour ma sécurité qu'autre chose mais il y a quelque chose en moi qui renonce à reconnaître cette excuse...
Il est 9h à présent, c'est l'heure pour moi de prendre la route car je dois être au travail à 9h30.
Je pris mon sac et mes clés de voiture puis j'embrassai ma mère sur le front avant de partir.
-Yoma: Bonne journée ma chérie, et bon courage !
-Moi: Merci yoma, à toi aussi !
Je déverouillai ma voiture et déposai mon petit sac sur le siège côté passager. C'était une belle matinée ensoleillée, de quoi être de bonne humeur. Avant de démarrer, je connectai mon téléphone au Bluetooth et lançai ma playlist sur Spotify, uniquement composée de musiques des quatres coins du monde arabe mais avec une forte majorité de musiques du Golfe.
Ma playlist démarra avec Al warda al bayda de Zena Emad, une chanson que j'aime particulièrement bien.
Une quinzaine de minutes plus tard, j'arrivai à destination. Je me garai dans le parking et m'apprêtai à sortir de ma voiture lorsque j'aperçus une Audi Q3 noire arriver à toute vitesse sur le parking avec de la musique à fond, j'pense que c'était du rap allemand vu comment la langue et le rythme étaient agressifs, et je n'ai eu aucun mal à deviner à qui elle appartenait, bien évidemment.
C'était celle de Nyhad...
D'ailleurs, d'ailleurs, si elle me croise elle voudra sûrement savoir pourquoi j'suis partie...Comment lui expliquer que je ne voulais pas la déranger tout en cachant le reste de l'histoire ?
J'vais devoir mentir même si je n'aime pas ça...
J'attendis qu'elle se gare pour me préparer à sortir. Ne pensez surtout pas que je cherche à l'esquiver avec une mauvaise intention, Nyhad est ma copine et jamais je n'éviterai une amie comme ça, j'essaie juste de limiter les dégâts, déjà que ça va être super gênant de devoir dire que je ne voulais pas la déranger...Bref, Arwa, respire un grand coup et sors de ta voiture, c'est pas la fin du monde.
Je sortis de la voiture et me dirigeai en direction de la porte coulissante. J'entrai dans le bâtiment et j'en profitai pour passer faire un petit coucou à Amina, la secrétaire, avec laquelle je m'entends très bien aussi.
À vrai dire, j'appréhende cette journée, sachant que Nyhad va sûrement me demander des comptes...J'sais qu'elle n'est pas méchante mais j'ai quand même peur.
-Ah, Arwa, comme par hasard, j'te cherchais.
Quand on parle du loup...
Je me retournai aussitôt en sursautant et vis Nyhad qui se tenait face à moi en souriant. Avant même que je ne puisse parler ou faire un mouvement, elle avança vers moi et me fis la bise, puis me tint par les épaules, l'air préoccupé.
-Nyhad: Ça va ou quoi ? Tu m'as fait khouf (peur) hier wesh, la vérité vous avez tous disparu en même temps ! T'étais où ?
J'vais devoir mentir, j'vais devoir mentir...j'aime paaas !
-Moi: T'inquiètes pas ma belle, j'étais juste fatiguée donc j'ai appelé une copine pour qu'elle vienne me chercher, elle était au Mall juste à côté, ça tombait bien.
Nyhad haussa un sourcil et prit un air offensé avant de me répondre.
-Nyhad: Bah wesh t'aurais pu me le dire, je t'aurais ramenée sans problème ! Genre mali ana wash ana berrania (genre qu'est ce j'ai j'suis une inconnue) ?
Je savais qu'elle n'était pas énervée mais j'avais quand même l'impression qu'elle l'avait mal pris.
-Moi, bégaye: Euh...mais non c'est pas...c'est pas contre toi, j'voulais juste pas te déranger...
Elle me sourit d'un air compatissant et me prit par le bras tout en marchant. Finalement, j'pense pas qu'elle m'en veuille...
-Nyhad: La prochaine fois refais plus ça meuf, on s'est grave inquiétés, et puis pourquoi ça me dérangerait ? C'est avec plaisir !
-Moi: C'est vrai...mais j'ai vu que tu t'amusais bien avec Eyad et les autres, j'ai pas osé venir te dire que je voulais rentrer, ça s'fait pas...
-Nyhad, me pince la joue: Waaah t'es trop mignonne, la prochaine fois hésite pas ma star d'accord ? Si t'as besoin de quoi que ce soit tu sais vers qui tu dois venir. Allez, viens on va s'prendre un petit truc à boire.
Gênée, je me contentai de sourire à sa réponse et la suivis au distributeur de boissons. On prit deux jus d'orange Minute Maid puis on alla en direction de la salle de pause du premier étage.
On y entra donc et on trouva Faisal et Abdulrahman qui nous saluèrent tandis que je regardais ailleurs.
-Faisal et Abdulrahman: Salam alaykum !
-Moi, rapidement: Alaykum salam.
-Nyhad: Alaykum salam, kidayrin labass (comment vous allez) ?
-Abdulrahman, sourire malicieux: J'comprends pas le dialecte marocain Nyhad.
-Nyhad, avec un geste désinvolte de la main: Vas-y toi aussi wallah, espèce d'illettré va, un vrai ignorant lui, va garder tes chameaux, va.
-Faisal, explose de rire: OH LA BÂTARDE !
C'était tellement drôle, je ne pus m'empêcher de rire silencieusement de mon côté.
-Abdulrahman, en riant: J'rigoooole, ça va alhamdulillah et toi ?
-Nyhad, s'assoit en face d'eux: Ça va, ça va, on est là frère.
-Faisal, à moi: Et toi Arwa, ça va ?
-Abdulrahman, se tourne vers moi: Oh mais merde j'avais oublié de te demander, mais sinon tu vas bien ?
-Moi: Ça va, merci.
Je m'assis à côté de Nyhad sans pour autant prendre part à la discussion, et je bus mon jus tout en rectifiant ma to-do-list sur mon téléphone. Aujourd'hui, j'dois faire des stories Insta, monter un Reels, et trouver une idée de vidéo pour la chaîne YouTube, j'pense aussi faire un post Insta, ça dépendra de mon avancée.
-Faisal: Eh mais dinguerie, la marque vient d'être réellement active que depuis quelque temps mais le site Internet, il a grave percé. J'sais pas si vous avez vu.
-Abdulrahman: Ah ouais, j'avais entendu qu'avant d'avoir les locaux et avant de commencer à ouvrir des magasins la marque était déjà existante mais tout se faisait en ligne, j'ai un shab qui m'avait expliqué avant que je postule.
Ah, ça j'savais pas par contre, j'ai appris quelque chose de nouveau.
-Nyhad: Exactement la bête, sah on est vraiment sur une bonne lancée, ça tue. En plus on a un évènement prochainement, j'sais pas si vous avez été prévenus...
Purée, noooon, encore un truc avec des gens...Seigneur aide-moi.
Je fis mine d'être concentrée sur mon téléphone tout en écoutant attentivement ce que disaient Nyhad, Faisal et Abdulrahman.
-Faisal: Helfi billah (jure wallah) ?!
-Nyhad: Bah wallah frère tu crois que j'vais mentir ? J'te jure, on va participer à la Jeddah Season au Fashion Village.
Waaaaw, j'suis surprise franchement, je n'aurais pas pensé que ça serait aussi rapide...
-Abdulrahman: Wayloooo (équivalent du "a wili" maghrébin) c'est quoi cette singerie ?! Mais on est trop des stars en fait, (à moi) t'as entendu Arwa ? C'est incroyable !
-Moi: Oui, vraiment !
Je n'en dis pas plus et continuai à regarder mon téléphone dans l'espoir que Nyhad se lève et qu'on puisse enfin sortir d'ici. Certes, Faisal et Abdulrahman sont de gentils garçons mais vous me connaissez maintenant, et vous savez que j'suis souvent mal à l'aise...J'arrive pas.
Je finis de boire mon jus et me dis qu'il était temps que je parte pour ne pas être trop en retard dans mes tâches, j'ai certes toute la journée devant moi mais je préfère commencer tôt pour être tranquille.
Je me retournai vers la porte transparente pour regarder le couloir. Il n'y avait pas beaucoup de monde, j'imagine que la majorité sont aux étages supérieurs.
Cependant, une silhouette attira mon attention, et j'ai mis quelques secondes pour réaliser qu'il s'agissait de...
NASSER.
Purée, que ça va être gênant de le recroiser après tout ce qui s'est passé hier...AU SECOURS.
Pas grave, je me dépêcherai de passer et il ne me verra pas, de toute façon il n'a pas que ça à faire.
-Moi, en me levant: Bon, Nyhad, à toute à l'heure, j'y vais. Salam alaykum tout le monde, bon courage.
-Nyhad, Abdulrahman, Faisal: Alaykum salam, bon courage à toi aussi.
Je jetai ma bouteille vide à la poubelle au passage et m'apprêtai à ouvrir la porte pour sortir lorsque je sentis le regard de Nasser peser sur moi.
Je pris le risque de le regarder aussi mais je baissai très vite les yeux et lui de même. C'est bizarre, qu'est ce qu'il fait dans le couloir, comme ça ?
Ne sachant que faire, j'ouvris la porte et avançai sans me retourner dans le couloir pour me rendre au deuxième étage où se trouvait la salle de montage, mais peine perdue.
-Nasser: Euh...excuse ? T'avais laissé ça hier.
Je me retournai aussitôt, et il me tendit ma gourmette en or.
Je n'avais même pas remarqué que je l'avais perdue, quelle tête en l'air...
-Moi, la prend: Merci...
J'arrive toujours pas à soutenir son regard, et lui non plus n'ose pas me regarder. Je sens que j'suis en train de rougir, et lui passe frénétiquement sa main sur son bouc.
Après l'avoir remercié, je décidai de prendre la fuite une bonne fois pour toutes, mais visiblement, il n'avait pas fini.
-Nasser: Arwa ?
C'était la première fois qu'il disait mon prénom.
-Moi, sans le regarder: Oui ?
Il ne me répondit pas car des bruits de pas se firent entendre dans le couloir. Il me signifia par gestes qu'il m'en parlerait plus tard puis s'en alla dans la direction opposée.
J'ai failli frôler le malaise...J'sais pas ce qu'il veut me dire, ça m'intrigue mais c'est sûrement quelque chose par rapport au travail, truc basique, quoi.
J'avançai dans le couloir, mon cœur battant encore à 100km/h. Pourquoi j'perds autant mes moyens face à lui ?
J'sais pas, il m'impressionne tellement...c'est dur à expliquer.
Au fur et à mesure que j'avançais, les bruits de pas se firent de plus en plus proches. Par pure curiosité, je me retournai pour voir mais...
Je n'aurais vraiment pas dû me retourner.
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