١٩

A R W A ~ اروى

Je sais pas ce que j'dois penser de ma décision, j'hésite à ouvrir la portière et à me barrer loin.

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FLASHBACK
point de vue omniscient

Arwa marche hâtivement pour aller prendre le premier taxi qu'elle trouvera. Elle commençait à mal se sentir à l'intérieur, d'autant plus que la présence de Mohammed l'insupportait de plus en plus.
Une voix masculine l'interpella alors en ces termes:

-Wesh, qu'est ce que tu fais ?

La jeune femme se retourne donc et voit Nasser juste derrière elle. Elle avait deviné dès qu'il l'avait appelée car sa voix ne lui était pas étrangère, elle savait la reconnaître.
Comme à son habitude, elle n'ose pas le regarder tandis que lui la regarde rapidement avec un sourire amusé puis baisse les yeux à son tour.

-Arwa: Rien, je rentre chez moi.

Elle ne s'hasarde toujours pas à le regarder, elle n'ose pas. Elle sent le rouge lui monter aux joues.
Lui aussi est nerveux mais il essaie de ne pas le montrer.

Pour toute réponse, le jeune homme passe furtivement une main sur son bouc en esquissant un petit sourire, il pense avoir compris le pourquoi du comment.

-Nasser: Tu voulais pas déranger Nyhad et Eyad je suppose ?

Contre toute attente, et pour toute réponse, les yeux d'Arwa se lèvent vers lui pour lui lancer un regard et lui sourit ensuite timidement.

-Nasser: Ah, t'as vu, je m'en doutais.

Un moment de silence s'installe entre les deux jeunes gens, un moment court mais qui leur paraît durer une éternité. Beaucoup de regards fuyants....

-Nasser, hésite: Euh...j'te ramène ?

Surprise et gênée par la proposition, Arwa commence à rougir sérieusement. Elle n'est jamais montée dans la voiture d'un homme autre que celles des hommes de sa famille. Même si c'était Eyad, avec lequel elle a fini par se lier d'amitié, qui lui avait proposé, elle aurait sûrement refusé.

Elle tente de faire un petit hochement de tête pour signifier son refus lorsque que tout à coup,elle aperçoit Mohammed descendre les escaliers du coffeeshop. Dans sa tête, un signal d'alarme se déclenche, elle doit l'éviter.

-Arwa: Ou...oui, d'accord, merci.

Apeurée, elle suit donc Nasser jusqu'à sa voiture, une Mercedes Classe A gris foncé dans laquelle elle monte aussitôt.

FIN DU FLASHBACK
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Il est là, je suis côté passager, à l'avant...Mon Dieu que j'suis gênée, purée, j'ai directement paniqué quand j'ai vu Mohammed et c'est pour ça que j'ai accepté la proposition sans réfléchir.
La voiture démarra aussitôt, et nous voilà en train de traverser le parking.
Nasser me tira de ma rêverie en me demandant quelle était mon adresse, que je lui donnai aussitôt pour qu'il la mette sur le GPS.
Punaise, pourquoi j'suis montée, la honte...tout ça parce que j'avais peur que Mohammed débarque. En plus, c'est mal vu...bref, j'suis doublement gênée déjà par rapport à Nasser et vis-à-vis de moi-même, j'sais pas, j'me sens sale...Ya rabi (mon Dieu), aide-moi dans cette situation.

J'ai envie de me sauver.

Nous sommes sortis du parking pour se diriger sur la route lorsque tout à coup, une femme se précipita sur la voiture et tira sur la portière arrière comme une forcenée.

-Nasser, freine sec: Mais wesh, c'est quoi ça ?!

Heureusement que toutes les portes étaient verrouillées. Je faillis pousser un cri lorsqu'elle commença à taper contre les vitres comme une folle furieuse, qu'est ce qu'elle avait donc ?
J'essayai tant bien que mal d'apercevoir le visage de la femme, mais sans succès parce que Nasser redémarra en trombe et s'engagea à toute vitesse sur la route, loin de notre assaillante.
Elle paraissait vraiment désespérée, folle...je ne saurais pas comment expliquer son état mais elle était déterminée à ouvrir la portière de n'importe quelle façon possible, il me semblait même l'avoir entendue pleurer mais je ne suis pas sûre.

Nasser continua de rouler pendant un petit moment puis s'arrêta quelques mètres plus loin dans une rue déserte.
Le silence, l'obscurité, lui...tout était fait pour me faire perdre mes moyens.

-Nasser, yeux baissés sur sa montre: Désolé hein, tu sais, y'a des gens qui devraient se faire interner mais qui le sont pas malheureusement.

Il ne me regardait pas, il avait toujours le regard rivé sur sa montre, et moi aussi, j'avais les yeux fixés sur le pare-brise.

-Moi: Pas de soucis, je vois.

-Nasser: T'es sûre que ça va ?

-Moi: Oui...

Il redémarra aussitôt et nous revoilà en route. Pitié, vivement que je rentre chez moi...
Je me demande vraiment ce qui est arrivé à cette femme pour qu'elle fasse ça. Impossible qu'elle veuille voler quelque chose. Si elle est Saoudienne, elle connaît la loi et sait très bien ce qu'il l'attend comme sanctions si elle tente de voler.
Mais ça m'étonnerait fortement que ça soit le cas.

Le trajet m'a paru long, bien qu'il n'y ait qu'une quinzaine de minutes entre ma maison et le coffeeshop. Aucun de nous ne parlait, je ne le dirai jamais assez mais c'est très, très, très gênant.
J'avais l'espoir qu'il mette de la musique ou autre pour briser le silence pesant, mais il ne le fit pas.

Pour passer le temps et surtout faire diversion, je pris mon téléphone et envoyai un message à ma mère pour ne pas la prévenir que j'étais sur la route. On commençait d'ailleurs à se rapprocher de plus en plus de la rue dans laquelle j'habite, quel soulagement ! Je n'attendais que ça.

J'avais entrepris de rentrer en taxi parce que je ne voulais pas déranger Nyhad et Eyad qui semblaient profiter pleinement du moment. En effet, c'était eux qui animaient les discussions avec leurs histoires drôles et leurs anecdotes hors du commun, et leur dire qu'il fallait que je rentre n'était pas une bonne idée. Ça ne se fait tout simplement pas, et puis, si j'avais voulu rentrer plus tôt, je n'avais qu'à m'organiser avant...

Bientôt arrivée, je commence à voir le coin de ma rue, une rue tranquille avec de belles maisons. J'vais enfin pouvoir me reposer et surtout arrêter de stresser.
Le GPS indiqua qu'on était enfin arrivés à destination. Je détachai ma ceinture, soulagée d'être de retour à la maison après toutes ces péripéties.

-Moi: Merci beaucoup.

Je m'apprêtai donc à ouvrir la portière afin de sortir.

-Nasser: De rien. J'attendrai que tu rentres. On sait jamais, on sait que l'Arabie saoudite fait partie des pays les plus sécurisés du monde, certes, mais on n'est pas à l'abri.

Il faisait allusion à l'incident de tout à l'heure. Il a raison, qui sait ? Peut-être que la femme m'aurait attaquée si je n'étais pas dans la voiture ?
Nos regards se croisèrent une dernière fois pendant que je refermais la portière, puis nous baissâmes tous les deux les yeux.

Je respirai une grande bouffée d'air frais et me dirigeai vers la porte. Dans un premier temps, je ne me retournai pas malgré l'envie que j'avais de le faire. Mais en refermant la porte derrière moi, j'ai pu aperçevoir Nasser qui m'observait avec son regard profond presque insoutenable.
Une fois rentrée, un bruit de moteur se fit entendre à l'extérieur, voulant dire qu'il était parti. Je regardai par la fenêtre la Mercedes en train de s'éloigner, puis je revins m'adosser contre la porte, une main sur mon cœur qui battait la chamade.

J'pense qu'une bonne nuit de sommeil me permettra de me remettre de cette journée plus qu'éprouvante, enfin, je l'espère.

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