١٨

T A H A ~ طه

Pour une fois, j'ai pas fait le bordel mais j'ai tout le monde à l'œil.
Putain, qu'est ce qu'on s'amuse bien ici, au milieu de tous ces pauvres gens naïfs...Wallah ils me font de la peine hein, mais si j'suis là aujourd'hui, c'est pour être dans les plus hauts échelons de la hiérarchie, et comme je l'ai toujours dit: business is business, j'pense qu'à ma gueule parce que c'est pas eux qui seront là pour moi si je viens à chuter un jour.

Chacun pour soi, Dieu pour tous.

Le reste, c'est pas mon problème.

Ahlala, le coffeeshop de Shams...pour moi,c'est beaucoup plus qu'un simple café. Pour moi, c'est l'endroit où j'ai commencé à comprendre que c'était tout ou rien, que j'pouvais compter que sur moi-même pour arriver à mes fins. Ça a une valeur symbolique.

-Sheyla: Taha ?

-Moi, lève les yeux de mon téléphone: Ouais ?

-Sheyla: T'es chelou ce soir, tu parles pas, rien...quelque chose que j'ignore peut-être ?

Elle me casse la tête celle-là, pour une fois que j'reste tranquille et que j'me mets en retrait pour mieux étudier la situation et observer qui seront mes futurs concurrents...

-Moi: Nan, t'inquiètes. J'ai juste rien à dire, tu connais.

-Sheyla: Ah bon ? Bah j'vais t'en trouver des choses à dire moi (me tient le bras). Regarde les françaises là-bas, insupportables, ça m'étonne que notre meilleure copine ne soit pas encore venue s'embrouiller, (rire aigu) Ah vraiment...

Les françaises.

LES FRANÇAISES.

Nour,Nyhad, Najia. Celles qui mettent le plus en danger mon ascension dans cette entreprise. Celles qui se croient tout permis juste parce que Nasser les place tellement haut que ça peut  donner des vertiges.
Lui aussi, il est con. Il est trop con.
Depuis quand on fait aveuglément confiance à des inconnues au bataillon comme ça, au lieu d'accorder sa confiance à ses amis les plus proches ? C'est une insulte.

Que ça veut prouver, que ça veut prouver...
Najia avec son style de vieille et ses lunettes des années 20 là, elle veut que faire la savante depuis le début de la soirée...Nyhad qui croit faire peur à quelqu'un avec sa voix et sa façon de parler dégueulasses, sa crinière et son piercing de buffle, sans commentaire...et leur copine Nour j'vais pas en parler c'est mieux, une vraie prouveuse de première classe elle aussi, mais qui voit pas plus loin que son nez de tamanoir là, on aura tout vu ici.

Dès que j'y repense, y'a beaucoup de gens que je connais ici, de vu ou de nom. Et parmi eux...Sabra, une vraie sorcière, elle aussi. Elle est belle, elle le sait et elle en joue, c'est pour ça qu'elle enchaîne les hommes comme des perles dans un fil. Elle aussi c'est une Européenne comme les autres, bref, vous vous doutez bien qu'il s'est passé un petit truc entre nous, sans plus mais j'baisse pas la garde.
D'ailleurs je l'ai vue tout à l'heure, elle parlait à un gars et il avait vraiment l'air d'être sous le charme hein...fallait voir comment il la dévorait bien des yeux, même moi qui a la réputation d'être un des plus gros si ce n'est le plus gros charo de la ville, jamais j'oserai regarder une fille comme ça.

-Sheyla, en parlant de Nour et Nyhad: Eh mais elles me rendent ouf elles en fait, regarde comment elles parlent avec Nasser, elles sont folles ou quoi ? (me regarde) mais Tahaaaa ! J'te parle là !

-Moi: Sheyla arrête de faire la gamine comme ça wesh ! Tu veux que j'te dise quoi, ouais elles lui parlent, y'a quoi ? C'est le problème à Nasser ça, pas le mien.

Naaan wallah, j'ai plus la tête à ces gamineries. J'ai compris que c'est pas en m'embrouillant avec Nyhad ou les autres devant les gens que j'aurai ce que j'veux, ça fait que ternir mon image et confirmer le fait que j'suis une gros jaloux (ouais j'assume totalement). J'les aime pas, certes, mais j'vais opter pour une stratégie plus subtile et plus judicieuse.

-Sheyla, hausse les sourcils: T'es sérieux là ?

Je me levai sans lui répondre pour aller rejoindre Abdullah. Bon, lui aussi, il est vraiment proche des françaises (qui ne l'est pas, même ?), mais j'sais que j'peux quand même compter sur lui si jamais j'ai besoin.

-Abdullah: Waaaa, pour une fois tu t'es pas embrouillé avec Nasraoui et Belgharbi toi...

-Moi, rigole: Bah qu'est ce qu'il y a, t'es pas content ou quoi ?

-Abdullah: Si si, justement ! Ça fait plaisir, j'espère que t'as retenu la leçon en tous cas.

Comment ça ? La leçon, genre quand l'autre folle de Nyhad elle m'a claqué contre la table ?! Mais ça va pas...
Il va loin là, très loin même. En mode, c'est censé me faire quelque chose qu'une folle me pète le front, vraiment n'importe quoi. C'est juste que c'est une femme et moi, j'touche pas les femmes. Je les touche mentalement, certes, comme Sheyla par exemple, mais jamais j'oserais lever la main sur une femme.
Mais croyez moi qu'elle ne s'en serait pas du tout sortie indemne si c'était un homme.

-Moi: C'est pas parce qu'elle a osé me toucher que j'ai arrêté de chercher la merde, Abdullah. Loin de là, même. Pense même pas à ça.

C'est chaud d'en arriver au point de penser qu'elle m'a fait peur. Faut pas abuser non plus, elle fait peut-être peur aux autres mais pas à moi.

-Abdullah, bégaye: Ah nan mais c'est...c'est pas ça, prends le pas mal hein, juste que...

-Moi: T'inquiètes pas, j'vois ce que tu veux dire.

Tranquille, j'lui en veux pas. C'est pas de sa faute, il est trop impressionné par Nyhad pour rien. Mais il tardera pas à voir son vrai visage, à elle et à toutes les autres.

Bon, d'après ce que j'vois y'a des gens de tous les horizons et toutes les origines possibles...j'ai déjà beaucoup de gens dans le collimateur et faut que je les dépasse avant que ça soit trop tard. Parmi eux, Dahmen l'Algérien de France, le responsable du recrutement...même si on n'est pas dans le même domaine, faut que j'aie une longueur d'avance sur lui. J'aime ni la façon dont Nasser lui fait des éloges ni sa façon de se comporter.
Ça m'étonne même pas que Nyhad, Nour et lui se soient directement ultra bien entendus. C'est la même espèce.
Après c'est grâce à lui qu'Alanoud, la copine de Sheyla, a pu être embauchée mais bon, méfiance max.

Je promenai mon regard sur la salle, Sabra n'était à côté du gars avec qui elle parlait tout à l'heure qui est d'ailleurs aussi un pote de Nasser.
Je vis le même gars dire quelque chose à Nyhad, puis les deux se levèrent en même temps et se dirigèrent vers la sortie.

Mmmh, intéressant, j'vais les suivre, on sait jamais ce qui peut se passer.
De quoi créer des rumeurs croustillantes, peut-être ?
Naaan, Taha, reste concentré on t'a dit ! Si tu fais ça t'auras jamais ce que tu veux, c'est con.

-Moi: J'arrive.

-Abdullah: Vas-y, t'inquiètes.

Je les suivis discrètement jusqu'au parking derrière le coffeeshop. J'vais pas vous mentir, le gars a l'air vraiment bizarre, je l'ai entendu dire à Nyhad d'attendre et il est reparti dans le sens inverse. Heureusement, il ne m'a pas vu, j'étais caché derrière une voiture.
Au fur et à mesure qu'il s'éloignait, j'arrivais plus à suivre correctement sa trace. J'sais pas ce qu'il a l'intention de faire mais c'est mystérieux comme bail. Déjà, s'il dit à Nyhad d'aller dehors avec lui, c'est sûrement pour parler de quelque chose qui pourrait être sérieux. Mais j'comprends pas son retour en arrière.

-AAAAAAAH !

Des hurlements de femme se firent entendre au milieu du fond sonore de la ville.
Sans perdre une seule seconde, je courus vers la source du cri et là...
Je vis Alanoud par terre, une blessure au niveau de la pommette droite, le visage en larmes. Pas très loin d'elle se tenait le gars que je suivais.

-Nyhad, alarmée, arrive en même temps que moi: Wesh ?! Alanoud, qu'est ce que t'as ? (regarde sceptiquement le gars avec qui elle était) Mohammed y'a quoi là ? (À moi, regarde de haut en bas) Et toi qui t'a sonné, tu fais quoi ici ?

-Moi: Nyhad, calme toi, s'il te plaît. J'y suis pour rien, j'suis arrivé en même temps que toi là.

Elle s'arrêta net, choquée d'entendre autant de diplomatie dans mes propos.

-Nyhad, nous regarde tous les trois: Bref, je m'en bats les couilles de qui est venu ou pas. Vous jouez à quoi au juste ?! (À Alanoud) Meuf dis moi, qu'est ce qui s'est passé ?!

Aucun de nous n'a prévu la réaction d'Alanoud qui se leva d'un coup et traversa une partie de la rue en courant pour aller vers une voiture et tenter d'ouvrir la portière arrière, sans succès.
Et cette voiture, je savais très bien à qui elle appartenait.
Malgré les tensions, je regardai Nyhad qui semblait avoir compris la même chose que moi vu qu'elle me lança un regard avec la même expression de surprise.

-Moi: Mais naaan...

J'avais totalement compris la réaction d'Alanoud.

----------



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top