39. GABY
Love and war, Fleurie.
LA NUIT AVAIT PASSÉ. Elle avait apaisé quelque peu les âmes des êtres qui avaient tant souffert lors du crépuscule. Ils avaient mangé à leur faim pour la plupart, puis étaient montés au premier étage. Des sacs de couchage, des lits précaires par dizaines avaient été éparpillés sur les sols de toutes les vieilles boutiques. Des couvertures, des oreillers furent mis à disposition pour les rescapés, qui se rassemblèrent par secteur, spontanément.
Dans la salle où Gabrielle logeait, quelques lits doubles étaient accolés contre deux des murs de la pièce et quelques sacs de couchage trônaient au milieu. Dans cette boutique qui faisait office de chambre dormaient les jeunes femmes qui faisaient partie des Éternels, ainsi qu'Elisa, qui tenait à veiller sur elles.
Ainsi, Gaby devait partager un lit avec une adolescente qu'elle ne connaissait pas, mais qui avait déclaré se nommer Diane. Cette dernière avait pris la décision de lui demander de partager son lit avec elle, puisqu'elle s'était liée d'amitié à Phoebe et que cette dernière dormait déjà avec Laïa. L'adolescente avait jugé qu'il était préférable de dormir avec une connaissance de Phoebe de son âge plutôt qu'avec une femme plus âgée et qu'elle ne connaissait pas.
Gabrielle avait pris quelques secondes pour la regarder. Elle avait tout comme elle une chevelure grise, mais elle lui arrivait aux épaules et formait de fines boucles, qui se défaisaient quand elle passait ses doigts entre les mèches — ce qu'elle faisait assez souvent. Sa frange lui apportait par ailleurs un air plus adorable encore. Ses yeux étaient d'un brun clair, un peu doré ou ambré, surtout lorsque le soleil venait éclairer ses pupilles. Sa peau blanche arborait une teinte légèrement dorée, grâce à l'effet des rayons du soleil qui bronzait les peaux. Le bout de son nez était rond et légèrement remonté.
Ses lèvres n'étaient pas des plus charnues, mais découvraient des dents du bonheur à la jeune fille, une caractéristique rare que Gaby n'avait guère vue auparavant. Ses joues étaient rebondies et présentaient la plupart du temps des rougeurs éparses, qui lui donnaient un air espiègle. Cette attitude joviale était augmentée par la petite taille de la jeune femme, puisqu'elle faisait au moins une tête de moins qu'elle.
Pour autant, Diane n'était pas réputée pour sa timidité, mais pour un tempérament déterminé et borné. Fidèle à ses convictions, la jeune femme ne craignait guère les coups, les affrontements et adorait hausser le ton pour se faire entendre. Elle savait où était sa place et ne manquait pas de respect, sauf si elle trouvait nécessaire pour le bien de son entourage de s'opposer aux décisions des plus hauts. Sa résilience et son courage faisaient d'elle une jeune femme passionnée et dévouée, qui ne baissait pas les bras.
Diane avait rejoint les Éternels quelques temps auparavant, puisque les rebelles ne recrutaient pas de jeunes personnes depuis longtemps. Elle devait être envoyée en institut spécial sur demande de sa mère, car cette dernière ne supportait plus d'entendre sa fille déclamer à tout va qu'elle ne souhaitait jamais se marier ni avoir d'enfant, qu'elle préférait encore errer les villages et longer les frontières plutôt que de se plier aux injonctions de la société.
Jugeant qu'elle avait besoin d'avoir d'être remise sur le droit chemin par quelques semaines dans un centre psychiatrique, sa mère avait émis une demande auprès d'un psychiatre, qui avait appuyé sa décision. Diane se savait saine d'esprit, plus lucide que tous ces adultes qui souhaitaient la faire changer pour qu'elle suive leur chemin de vie. Pourtant, elle ne voyait pas d'issue à son problème. Ses parents la tenaient, de même que le psychiatre; et le centre psychiatrique avait déclaré qu'elle n'était pas le premier cas d'adolescente à tenir des propos incohérents et à manifester des réactions proches de l'hystérie.
La chance croisa malgré tout sa route lorsque son chauffeur la conduisit, non pas au centre psychiatrique, mais vers un gigantesque bâtiment qui paraissait désaffecté. Afin de ne pas susciter de fausses frayeurs à la jeune fille, l'homme entrant dans ses quarante ans avait entamé la conversation dès le début pour lui apprendre qu'il ne la conduirait pas à l'endroit où un lavage de cerveau l'attendait, que sa vie était autre part.
La confusion et la crainte avaient tout de même émergé en elle, mais elle avait laissé l'homme parler. Il lui avait alors parlé des rebelles, des idées qu'ils défendaient, de leurs buts. L'inquiétude avait naquit dans l'esprit de Diane: pouvait-elle réellement croire cet homme? N'était-ce pas plutôt un individu malveillant qui tentait de l'enlever pour lui faire du mal? Elle n'osait pas lui poser la question, appréhendant sa réaction.
Au fil de son récit, la balance pesa finalement dans sa tête du côté de la confiance. Elle avait la certitude croissante que cet homme ne lui racontait pas de mensonge. Dans le cas contraire, il serait doté d'une imagination démesurée.
Lorsque la voiture avait ralenti face à ce grand bâtiment, elle avait aussitôt porté ses yeux au dehors, sur cette place rocailleuse où se tenait une poignée de personnes, certaines plus jeunes que d'autres, des femmes et des hommes. Ils étaient venus à sa rencontre, s'étaient présentés puis ils avaient longuement parlé avec elle, tandis qu'elle restait sur ses gardes, davantage par convention que par réel soupçon.
Elle était restée avec eux. Diane n'eut plus aucun signe de sa mère ni du centre psychiatrique. Elle ne pouvait pas être localisée car les rebelles faisaient en sorte de désactiver les puces de chaque personne se trouvant aux alentours du centre commercial. Certains les avaient totalement retirés de sous leur peau, mais Diane avait décidé qu'elle la conserverait, comme la majorité des rebelles.
Gabrielle l'avait observée cette nuit-là, elle s'était interrogée sur qui était cette jeune femme et les raisons de sa présence parmi les Éternels. Comment était-on amenée à connaître les rebelles, puisqu'ils cherchaient à ne pas se faire remarquer? Peut-être avait-elle été contactée, tout comme elle l'avait été par Martial?
L'adolescente, le dos frôlant le mur, sentant les effluves délicates qui émanaient du corps de Diane, avait songé qu'il existait tant de personnes dont nous ne connaissions guère plus que ce que nous pouvions connaître par leur apparence, par les paroles des autres. Nous ne prenions pas la peine de réellement apprendre leurs récits qu'elles conservaient au fond d'elles, tels des singuliers trésors.
Tous ces individus qui menaient des batailles différentes lui inspiraient une sensation de grandeur et de tournis euphoriques. La Terre a tant à apprendre aux êtres humains, mais ces derniers ont par-dessustout tant à apprendre les uns les autres; et une vie ne serait jamais assezpour saisir tout le merveilleux du genre humain. Gaby avait pensé, amère, quec'était une injustice que de permettre à chacun de goûter au sublime tout en nepermettant pas de poursuivre cette épopée enrichissante.
Était-ce donc un jeu sans fin? Étions-nous tous des Sisyphe, effleurant la réussite, croyant apercevoir le bout du tunnel, là où l'on croyait être le bonheur, or destinés à constamment chuter de ce mont de merveilles et à endurer le labeur du périple?
Au petit matin, ces interrogations avaient été chassées de son esprit par de longues heures de sommeil troublées de visions d'horreur de la veille. La nuit avait été pénible, mais, lorsqu'elle se réveilla, que les jeunes rayons du soleil filtraient à travers la vitre poussiéreuse de la porte et embaumaient la pièce de douces nuées dorées, Gaby oublia un court instant où elle se trouvait. Il n'était plus question que de ces draps, de ce soleil, de cette fille à moins d'un mètre d'elle.
Gabrielle sentit son cœur battre plus vite: une jeune fille dormait dans le même lit qu'elle. La situation ne lui avait pas tant secoué le cœur la veille, car l'épuisement ainsi que le choc lui occupaient l'esprit. Elle n'avait pu qu'apprécier un moment de contemplation de son corps menu presque tout contre le sien.
À présent, non plus ivre des horreurs de la veille ou sur les pas de Morphée, Gabrielle était pleinement réveillée. Elle parvenait à rester calme et à garder la tête froide face à des situations concrètes, des individus immoraux, mais elle n'avait jamais su gérer ses sentiments qui s'emballaient parfois dans sa tête. Il y en avait tant, et le pire était celui que les autres provoquaient en elle: le sentiment de l'amour. Depuis petite, elle se savait éprise des garçons, tant elle l'avait été dans son cœur pour Elior, puis elle s'était quelques fois sentie attirée par une poignée d'autres garçons.
Mais depuis quelques années, quelque chose avait changé. Elle n'éprouvait plus seulement de l'amour pour les garçons, mais son désir s'éveillait également pour les filles. Comment cela se pouvait-il? Gabrielle était confuse de ce sentiment qui sortait de l'obscur et qui s'immisçait dans son existence, la confrontant à maintes interrogations et inquiétudes.
Elle ne savait pas qu'il était possible pour elle d'aimer les filles, mais aimer les deux, comment cela pouvait être? Elle avait cru que son désir pour les garçons avait peut-être simplement changé de centre d'intérêt, pour se diriger vers les filles, mais il n'avait pas cessé pour autant. Gabrielle avait conclu que ce qu'elle éprouvait pour les filles était un fantasme issu de son imagination, puisqu'elle rêvait d'aimer et d'être aimée. Elle simulait inconsciemment, voilà tout.
Cependant, de plus en plus, Gaby captait des battements de cœur, des coups d'œil sur les courbes des jeunes filles, des pensées fugaces gonflées d'un désir charnel pour elles. Elle ne pouvait plus continuer à se mentir à elle-même et, bien qu'elle continuait à croire qu'elle ne pouvait pas vraiment éprouver de sentiments pour les unes et les autres, la réalité lui montrait que le cœur se souciait bien peu de ce que nous estimions une hérésie, il éprouvait, il exaltait, il bondissait en toute liberté.
Diane s'agita soudainement et se tourna, offrant son visage où le sommeil habitait encore les traits. Un sourire vint éveiller ses lèvres, rougir ses joues, plisser en petites lunes ses yeux. De sa voix fluette, elle salua une Gaby pétrifiée par son regard ambré, comme prise en flagrant délit de contemplation et de tapage cardiaque:
— Bonjour, Gabrielle. Ta nuit s'est bien passée?
— Hum, o-oui, bien sûr! couina la jeune fille. Je veux dire, oui, merci. Et la tienne?
— Moi aussi. C'était juste un peu bizarre de sentir une présence qui dormait à côté de moi, je n'ai pas l'habitude de partager mon lit.
— Évidemment! Moi non plus, tu penses. J'espère que je ne t'ai pas dérangée, je peux toujours changer de lit, je suppose, dans le cas contraire.
Intérieurement, Gabrielle croisa les doigts pour que Diane déclare que sa présence n'était pas si désagréable.
— Ne va pas changer pour si peu! J'ai juste à m'accommoder à la situation, rit-elle légèrement. Et puis, si ça me permet de faire des rencontres, c'est tant mieux.
Gaby se demanda ce qu'elle entendait par des rencontres. Ne pouvait-elle pas être plus conciliante, au lieu de jouer aux devinettes et de la faire frémir violemment? Leurs visages étaient si proches, leurs genoux se touchaient presque, c'était au-delà du supportable.
Gabrielle se mit à s'imaginer malgré elle poser sa main sur ses cheveux argentés, suivre de son doigt la courbe de ses yeux, de son nez, de ses joues, jusqu'à ses lèvres roses. Cette bouche qui semblait l'appeler et l'inciter à venir la couvrir de sa bouche à elle, qui ne demandait qu'à être embrassée, qu'à recueillir ses brûlants baisers. Ou alors n'était-ce que la projection de ses désirs qui lui faisait espérer des signes où aucun n'existait?
— Gabrielle, tout va bien?
Gabrielle eut un léger sursaut. Elle s'était laissée se perdre dans les méandres de son esprit et emporter par ses pensées interdites. Diane ne songeait pas à la même chose qu'elle, c'était la preuve qui le confirmait. Gaby se sentit irrespectueuse d'avoir fantasmé sur son corps. Elle espérait que Diane n'avait rien remarqué, mais elle savait qu'une personne assez observatrice aurait lu sur sa face ses sentiments, tant elle ne prenait pas garde à maîtriser ses expressions.
— Oui, oui. Je pensais à... débuta-t-elle, cherchant à un échappatoire sensé. Je pensais à hier, à tout ce qui s'était passé pour nous tous et toutes.
— C'était un bouleversement total, je ne crois pas que nous resterons les mêmes après ça. Je ne sais même pas si je suis fière ou profondément attristée... se lamenta Diane, ses yeux plongés dans ceux de Gabrielle.
— Je crois qu'on peut être les deux à la fois. C'est ce que je ressens. C'est affreux, d'ailleurs, comme sentiment.
— Je suis bien d'accord avec toi!
Son rire léger accompagna un instant sa parole, s'apparentant à ces rayons d'or sur le sol, à ce nouvel horizon qui s'étirait face à eux. Gabrielle se maudit au fond d'elle de persister avec son sentiment amoureux neuf et immature.
Brusquement, la porte de la boutique s'ouvrit sous la pression des mains assurées d'une jeune femme. Elle semblait chargée d'une tâche à accomplir au vu du jeune homme qui patientait sur le seuil, crispé, un bandage réfrigérant dépassant de son tee-shirt. Gaby reconnut Hade, les yeux inquiets et agités, mais ne connaissait que de vue la jeune fille qui marchait dans sa direction.
— Bonjour. Laquelle est... Gabrielle? J'aurais besoin de m'entretenir un instant avec elle, s'expliqua Hortense.
Gaby, interloquée, se releva sur un coude, pour mieux apercevoir la jeune femme. Ses cheveux étaient châtains, ses yeux noisette, ses traits étaient fins, mais déterminés. Elle ressemblait à une enfant qui avait grandi trop vite. Gabrielle conclut facilement qu'elle devait être née illégitimement; autrement, ses cheveux seraient bleus ou gris, et son épaule arborerait un tatouage.
— C'est moi, Gabrielle.
— Est-ce que tu pourrais venir me voir? Hade aimerait te parler un petit moment, si tu ne t'y t'opposes pas.
Gaby esquissa un sourire gêné à Diane: son corps l'empêchait de sortir du lit et l'idée de l'enjamber ne l'enchantait guère. Heureusement, l'adolescente acquiesça et se releva en position assise, ses jambes épousant le métal froid du lit, ses pieds narguant le sol dallé. Gabrielle se glissa à son tour à côté d'elle, et se releva complètement. Elle portait un short de sport noir — qu'elle n'utilisait plus que pour dormir, n'ayant pas le courage de le porter au lycée. Son tee-shirt gris uni était nonchalamment posé sur sa poitrine, à moitié rentré dans son short.
Dès qu'elle fut sortie du lit et que ses pieds entrèrent en contact avec le carrelage froid de la pièce, les poils de ses jambes se dressèrent. La chaleur des draps lui manquait déjà, et elle redoutait que cela pût être la dernière nuit où elle en eut profité.
Prestement, elle enfila une paire de chaussettes puis ses baskets. Enfin, sentant le regard de Diane sur son dos, qui ne s'était pas enfouie de nouveau sous l'embrun du lit, Gaby suivit Hortense. L'infirmière ouvrit une deuxième fois la porte de la vieille boutique et invita Gabrielle à sortir la première. La remerciant d'un signe de tête, la jeune fille aux cheveux gris décoiffés pénétra dans le hall du premier étage et son air frais envahit brutalement ses poumons. Elle refoula un frisson.
— Gaby, bonjour. Est-ce que tu saurais où se trouve Achille? C'est le garçon aux cheveux noirs, il portait le... le brancard hier, avec moi... indiqua Hade, dansant d'un pied sur l'autre.
Gabrielle papillonna un instant des yeux. La luminosité était forte, presque éclatante pour les yeux las que la jeune fille supportait tout le jour. C'était le matin que la lumière la dérangeait le plus, comme si elle cherchait à prendre toute la place, à l'aveugler, à la noyer sous sa clarté.
— Non, je ne l'ai pas vu. Il ne serait pas venu me voir, de toute façon... Je ne crois pas que nous soyons amis, pas comme toi et moi le sommes.
— Il traverse des moments difficiles. C'est vrai qu'il n'a jamais été très porté sur l'interaction sociale, mais il ne se rend pas compte à quel point certains d'entre nous tiennent à lui, avoua Hade, secouant la tête.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé?
Gabrielle avait spontanément posé cette question, mais elle ne savait si elle concernait ces moments difficiles ou la situation actuelle. Le garçon à la peau noire secoua ses épaules de fatigue plus que de désarroi. Il décida de penser qu'elle se questionnait sur ce qu'il s'était passé lors de la matinée.
— Je me suis réveillé avant les autres, parce que je commençais à avoir du mal à respirer, à cause de... de mes blessures. Mes côtes me pesaient, décrivit-il en désignant son torse. Je me suis assis sur le sac de couchage. Je pensais que tout le monde dormait, et comme je ne voulais pas déranger, je voulais attendre que la douleur passe, qu'elle s'arrête pour me rendormir.
— Achille ne dormait pas, c'est ça?
— Non. Je ne sais même pas s'il a dormi, d'ailleurs. Il fermait les yeux pour la forme. Quand il m'a entendu m'asseoir, il s'est assis lui aussi. Je lui ai avoué que mes blessures me lançaient, que c'était dérangeant. Ach m'a conseillé d'aller trouver Hortense, que je ne devais pas continuer à refuser des soins adaptés. J'étais tellement épuisé que je n'ai pas protesté. Je crois que j'étais soulagé que quelqu'un ait pris cette décision à ma place. Je m'apprêtais donc à me mettre debout et à rejoindre Hortense lorsque j'ai senti qu'il m'entourait la taille de son bras. Il a déclaré qu'il ne souhaitait pas que j'y aille seul, au cas où je m'effondrais ou que je n'arrivais pas à faire tout le chemin seul.
Gabrielle écoutait avec attention. Dans son dos, Hortense était restée en retrait, observant les grandes allées du magasin à l'étage et celles qui s'étendaient en contrebas. Tout était si silencieux que l'on pouvait entendre les conversations des gardes qui surveillaient la porte principale.
— Il m'a accompagné jusqu'à Hortense qui m'a emmené à l'arrière de la boutique, là où étaient disposés le matériel de soin ramené des souterrains. Achille ne nous a pas accompagnés, il nous a dit qu'il allait attendre dehors pour ne pas déranger. Je l'avais trouvé un peu distant, un peu plus éveillé que la veille, même nerveux, je dirais. Ses mains étaient prises d'agitation, elles tremblaient. Il n'allait pas bien, mais je ne sais pas, je n'ai pas... je n'ai pas réagi. Je l'ai laissé quitter la pièce, et maintenant, je ne le trouve plus, déplora Hade.
— Il est peut-être parti explorer un peu les alentours? C'est une idée qui nous a tous traversé l'esprit, c'est si grand ici...
Hade secoua négativement la tête. La culpabilité lui serrait la gorge, la peur également. Ses émotions étaient plus douloureuses que n'importe quel mal physique; cela le rongeait, lui drainait son énergie.
— Tu ne comprends pas, Gaby. Il ne va vraiment pas bien, il a... il a des gros problèmes. Son état de tout à l'heure ne me rassure pas du tout. Je m'en veux de ne pas l'avoir retenu, mais le plus important, c'est de le retrouver, pas vrai? J'ai vraiment peur de ce qu'il pourrait faire...
Son ton était vulnérable et déchiré. Hade se sentait responsable d'Achille et paraissait au bord de la crise de nerfs. Gabrielle scruta ses yeux: ses craintes étaient inflexibles et tenaces; et un mauvais pressentiment se dissimulait en leur creux, larmoyant.
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Gaby est quand même humaine, il fallait bien que je montre qu'elle aussi éprouve des sentiments amoureux et/ou charnels. Et puis, comme ça, j'ai pu parler de Diane (je l'aime bien elle).
Hade a enfin reçu des soins, grâce à Achille, même si, pour lui, il n'y en a pas vraiment et que ça ne fait qu'empirer... Ça me fait mal au coeur :(
— Bisou mes griffeurs♡
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