38. LAÏA

We must be killers, Mikki Ekko.

LA JEUNE FILLE AVAIT UNE PEINE QUI ENFLAIT EN SON FOR INTÉRIEUR suite à l'action des rebelles à laquelle elle avait participée. Elle pensait que tout allait bien se dérouler; tout avait même bien commencé, dès l'explosion pour pénétrer dans les souterrains. Sur le moment, elle s'était fait la réflexion qu'ils risquaient d'être entendus, repérés et attendus dû au bruit et aux dégâts qui avaient été générés. Or, la chancelière avait été claire: l'explosion devait se faire au minimum à une dizaine de kilomètres du secteur où se rendait la division.

Cependant, comment faire lorsque plusieurs secteurs se concentraient en un même point, sans pouvoir se situer à dix kilomètres de toute zone? Elisa avait de nouveau statué sur ce fait pour déclarer que, en effet, certaines zones se trouvaient proches entre elles, mais qu'il existait pour chacune un point précis assez éloigné pour que tout fonctionne.

Peut-être ne s'étaient-ils pas rendus au bon endroit, peut-être n'avaient-ils pas mis en œuvre l'explosion au point exact où ils auraient dû. La tension était alors présente, le stress de commettre une erreur également.

Dans tous les cas, ils n'avaient pas pu revenir en arrière une fois qu'ils avaient mis en marche le processus de l'explosion. Ils ne s'en étaient pas rendu compte immédiatement; ce fut seulement lorsqu'ils progressèrent dans les galeries qu'il leur sembla qu'ils se trouvaient à une proximité trop grande avec le secteur. Ils avaient fait l'explosion au mauvais endroit, manifestement.

Ils avaient essayé de se rassurer: il était vrai que les gardes avaient pu ne rien entendre. Ils ne craignaient pas que les autorités les aient forcément avertis car, en parallèle, d'autres Éternels avaient mené des attaques sur des bâtiments importants, à des endroits stratégiques, concentrant l'attention des dirigeants.

Néanmoins, cette erreur de position fut fatale. Lorsqu'ils étaient parvenus sur place, dans le secteur féminin, un silence inquiétant régnait. Aucun garde ne surveillait dans la galerie, ce qui avait spontanément réveillé leurs craintes d'être attendus.

Le groupe avait décidé que Laïa resterait pour le moment avec eux, dans le cas de figure où les gardes s'étaient rassemblés dans le dortoir. La jeune fille se retrouverait en grave danger et serait une cible facile. Les rebelles s'étaient en premier lieu dirigé vers la salle des gardes, à leur gauche. L'un des Éternels avait abaissé la poignée et ouvert la porte d'une forte pression de la main puis s'était directement plaqué sur le mur sur le côté — cela afin d'éviter de se faire surprendre par une fusillade.

Malheureusement, leurs craintes avaient été confirmées quand ils avaient pu constater que la salle était vide de ses gardes. Ils ne pouvaient se trouver que dans le dortoir, avec toutes les travailleuses. Laïa avait senti son sang se glacer dans ses veines, l'entreprise serait particulièrement dangereuse et mortelle s'il se révélait que les gardes avaient pris en otage les adolescentes.

Tous et toutes s'étaient empressées, une fois une inspection plus approfondie de la pièce faite, de diriger leurs pas vers l'autre porte, sur la paroi en face. Aucun bruit ne se percevait de là où ils se tenaient. Qu'allaient-ils trouver à l'intérieur? Nul ne le savait. Laïa s'imaginait déjà qu'un bain de sang épouvantable allait s'offrir à leurs yeux avec des gardes qui les visaient de leurs armes, appuyant sur la gâchette sans même hésiter.

La jeune fille aux yeux effarés n'avait guère eu le temps d'être davantage remuée dans ses pensées puisque les rebelles avaient ouvert la porte du dortoir, réexécutant la même danse sur le côté, pour ne pas se faire transpercer des balles qui pouvaient être tirées.

Aucun coup de feu ne s'était fait entendre. Les rebelles avaient pris cela comme une nouvelle positive, mais Laïa pensa, au contraire, que c'était d'autant plus effrayant: les gardes attendaient qu'ils entrent pour les affronter. Son esprit avait sonné juste car les hommes s'étaient tous rassemblés, les adolescentes entre leurs griffes, les menaçant de leurs revolvers.

Des paroles promettant les morts des travailleuses si les rebelles refusaient de poser leurs armes sur le sol avaient été débitées. La situation prenait une tournure dramatique et le frisson qui était passé parmi les Éternels ne faisait que le confirmer...

Le bus qui les ramenait au centre commercial freina brusquement. Laïa retira sa tête de contre la vitre froide du véhicule et s'étira un instant. Elle n'appréciait pas les longs trajets en voiture et en bus, elle en était sûre.

Elle tendit l'oreille: un profond silence augmentait plus encore le caractère funeste du moment. Les travailleuses s'étaient rassemblées dans le fond du bus, des couvertures sur les épaules, sous le choc, tremblantes. Elles se levèrent l'une après l'autre dès que le véhicule fut à l'arrêt. Laïa se hâta de se lever avant que la première ne dépasse sa place, et se tourna vers ces jeunes personnes, qui paraissaient redécouvrir le monde après une longue hibernation:

— Nous sommes arrivés, vous serez en sécurité ici, du moins autant que possible. Vous êtes de retour à la surface à présent. Un repas et une longue nuit vous attendent!

Laïa avait essayé d'adopter un ton enjoué, mais l'incertitude dans sa voix ne trompait personne. Elle avait peur, les images de la tuerie souterraine hantant son esprit. Elle revoyait les gardes tirant sur des jeunes filles innocentes, s'effondrant mollement sur la roche, sous les hurlements horrifiés de leurs camarades.

Laïa n'avait pas pu réagir, elle était restée figée sur ses jambes prises de tremblements. Une main crispée agrippant son tee-shirt, elle s'était plaquée contre la paroi, ses yeux ne pouvant se détacher de la vue du sang, de ce liquide métallique et écarlate teintant la pierre. Ce sang qui s'écoulait des corps d'adolescentes du même âge qu'elle, voire plus jeunes. L'adolescente avait à ce moment pris pleinement conscience du monde dans lequel elle vivait, de sa brutalité, de sa violence, du peu de considération pour les personnes vulnérables, celles qui n'étaient tolérées que pour être asservies.

L'horreur de la réalité lui apparaissait dans toute sa pureté, alors que les gardes tiraient tantôt sur des jeunes femmes tantôt sur les rebelles. Ces derniers essayaient de viser les hommes, de les tuer avant que d'autres travailleuses ne perdent la vie, mais ils prenaient un malin plaisir à se dissimuler derrière les esclaves en les utilisant comme des boucliers humains.

Les rebelles ne pouvaient tirer, au risque de blesser les adolescentes. Cependant, ces jeunes femmes étaient perspicaces dans la panique; elles tentèrent d'elles-mêmes de piéger les gardes, d'entraver leurs mouvements, de les forcer à se mettre à découvert. Ce fut seulement grâce à cette aide précieuse que fut endigué le massacre perpétré, mais à quel macabre prix?

Laïa descendit avec précaution les quelques marches du bus et salua la femme qui les accueillait, appuyée d'une main sur le véhicule. Ses yeux révélaient qu'elle savait ce qui s'était passé dans les souterrains, dans les bas-fonds de Paris. La tristesse qui transparaissait dans ses prunelles glissa sur Laïa, qui se sentait épuisée et impuissante.

La jeune fille continua à avancer, en ralentissant quelque peu afin de permettre aux rescapées de la suivre. Ses bras pendaient et fendaient l'air frais de la nuit dans un mouvement de balancier. Sur ses pas, les travailleuses libérées de leurs chaînes pressaient le pas, frissonnantes sous la toile qu'orchestrait la lune, presque pleine cette nuit-là.

La rebelle procédait au compte des jeunes femmes, le cœur serré. Une fois que toutes eurent quitté le bus, le constat se posa, effroyable: onze jeunes filles étaient mortes sur la trentaine originelle. Elle tourna les yeux vers sa droite pour suivre la déambulation incertaine de ces survivantes, espérant que le bilan n'aura pas été aussi mortel pour chaque zone.

Dans le centre commercial s'agitaient des dizaines de jeunes personnes, qui devaient avoir entre onze et dix-huit ans. Certaines restaient assises sur le sol, dans un coin, contemplant avec des yeux lasses le ballet vigoureux du hall; d'autres encore ne tenaient pas en place, levant les yeux vers les hauts plafonds, examinant les arbres, comme s'ils eurent été des créatures mystiques, ou poussant des cris euphoriques. L'émotion générale était indescriptible, tant soulagée que bouleversée, motivée par ce nouvel environnement, cet horizon qui se présentait à eux, gorgé d'un espoir hallucinatoire.

Laïa entra par l'une des portes du grand magasin et la maintint ouverte pour permettre aux jeunes filles d'entrer. Il fallait éviter de les brusquer, mais plutôt leur signifier que personne ne leur voulait de mal en ce lieu. La première qui posa un pied dans le centre commercial eut un bref mouvement de recul lorsque ses yeux découvrirent la foule qui occupait l'endroit.

— Ce sont des gens comme toi, comme vous, qui ont été tirés des souterrains, lui apprit Laïa.

La jeune fille acquiesça et inspira une bouffée d'air. Elle entra, suivie par la file d'adolescentes. Toutes ensemble, elles se fondirent dans la masse frémissante. Laïa lâcha la porte qui se referme dans un léger claquement. Des yeux, elle chercha un visage connu. Tant de groupes étaient déjà revenus, Gaby devait l'être aussi.

Laïa fronça les sourcils. Pourquoi pensait-elle à Gabrielle avant même de songer à Phoebe, son amie depuis des années? D'une mine renfrognée, elle essaya de chasser le nom de la jeune fille et ses cheveux gris pour le remplacer par celui de son amie. Elle n'y parvint pas; elle s'inquiétait pour Gabrielle, surtout parce qu'elle s'était rendue dans une zone rouge. Cela se pouvait-il que leur action se soit plus mal déroulé que la leur, puisque leur zone avait été cataloguée comme particulièrement à risques?

— Laïa!

L'intéressée se dressa et tourna la tête vers la source de la voix. Une jeune fille aux cheveux bleus emmêlés et à la face rose bondit jusqu'à elle d'une démarche chaloupée, le sourire aux lèvres. Laïa ne put s'empêcher de sourire à son tour, que cela pouvait être contagieux!

— Je suis heureuse que tu sois enfin là! Nous sommes revenus parmi les premiers. C'était génial! Nous avons pu les tirer de là sans qu'aucune ne soit blessée, même si elles sont un peu chamboulées. Il faut dire que c'est logique... Enfin, quelques gardes y sont passés, mais je présume que c'était nécessaire — après tout, je n'ai pas assisté à leurs descentes. Diane est sympathique, en tous cas, un peu bornée, mais sympathique... s'extasia Phoebe, guillerette.

Le visage de son interlocutrice retrouva l'air sombre qu'elle avait depuis les souterrains. L'aigreur lui étreignit le cœur: il avait fallu que tout aille de travers pour leur secteur. Mais ce n'était pas une compétition, des vies humaines étaient en jeu. Malgré cela, Laïa était amère que l'opération se soit mieux déroulée pour certains que pour d'autres.

— Et pour toi..? Tu ne m'as pas l'air d'aller bien...

Le visage de Laïa adopta une teinte pivoine. Le feu lui vrillait les tempes, mais elle n'aurait su dire si c'était de la colère ou de la honte. L'adolescente ne comprenait pas pourquoi tant de travailleuses étaient mortes alors qu'ils étaient censés les protéger, alors qu'elle voulait de tout son cœur les sortir de cet engrenage infernal; tandis que Phoebe, réticente et assez réfractaire, avait connu un franc succès dans son secteur auprès des rebelles de sa division.

Vouloir une chose de tout son être ne servait-il donc à rien? L'espérance, les souhaits n'étaient-ils que des mirages qui élaboraient l'illusion d'un meilleur avenir, sans aucune garantie que, jamais, l'on pût parvenir à les rendre réalité? Garder espoir, c'étaient foutaises; qui avait vu apparaître un repas sur sa table en un battement de cils parce qu'il l'avait souhaité plus que tout? L'espoir ne sert à rien si personne ne nous écoute ni n'est prêt à nous aider. Nous ne pouvons pas concevoir ce qui ne peut être conçu.

— Non! cria Laïa, attirant des paires d'yeux dans sa direction, puis elle se mit à chuchoter: Non, ça ne va pas, ça ne va pas du tout. Je ne sais pas... je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais les gardes nous attendaient, ils nous ont tendu un piège. Nous avons...

Laïa cessa un instant de parler, laissant sa phrase en suspens. C'était la première fois qu'elle avait à prononcer à haute voix ces mots et ce terrible nombre. Jusque-là, elle l'avait entendu ou le tournait en tous sens dans son esprit. L'articuler soi-même, c'était comme lui octroyait le droit d'exister réellement, c'était lui dire: tu es réel, tu existes, je le reconnais. Laïa ne souhaitait pas que cela soit vrai, elle ne voulait pas admettre que tant de jeunes filles avaient perdu la vie sous la lumière tamisée du dortoir précaire et construit à même la roche.

Elles étaient mortes comme des jouets qui se cassent, qui se brisent lorsqu'ils tombent de l'étagère; et elles n'auraient pas de cérémonie décente pour leur disparition puisque leurs corps étaient restés sur place. La myriade de jeunes corps blêmes, froids jonchaient le sol dans un enchevêtrement de membres, de tissu et de cheveux, dans lequel la vie n'était plus, mais où la mort peinait à s'inviter et à s'imposer.

— Nous avons perdu onze d'entre elles... Les gardes les ont tuées parce que nous étions venus. E-elles sont mortes par notre faute...

Au fur et à mesure qu'elle déclarait ces paroles, Laïa prenait pleinement conscience que ces mots spontanés traduisaient le mal-être qui lui creusait des sillons sous ses yeux et lui enserrait la gorge. Ces travailleuses seraient encore en vie s'ils n'étaient pas descendus dans les souterrains quelques heures plus tôt. Certes, elles seraient toujours prisonnières du système et des gardes, mais en vie, dans un état non définitif, alors que la mort était irrémédiable.

— Laïa... Je suis désolée.

— Pourquoi? Tu n'y es pour rien, non? éclata Laïa, nerveuse.

Phoebe fronça les sourcils, la bouche entrouverte, offensée. Elle n'avait jamais vu son amie sortir de ses gonds auparavant, ses yeux lançant des éclairs, ses dents serrées, ses joues rouges. La jeune fille ne pouvait s'empêcher de se sentir blessée par son attitude condescendante.

— Hé! Parle-moi sur un autre ton, je ne suis pas un défouloir! se défendit-elle maladroitement.

Laïa s'était instantanément rendue compte de ses paroles abruptes et de sa réaction disproportionnée, mais elle se sentait enfouie sous un mont d'émotions, les siennes, celles des travailleuses, celles des mortes et morts par dizaines cette nuit, et ne se figurait pas comment elle pouvait échapper à cette colère qui la rongeait de l'intérieur.

Elle avait vu de ses yeux l'horreur des souterrains, du moins l'avait-elle entrevue; or, cela lui avait paru irréel: comment de telles choses pouvaient se dérouler sous leurs pieds, sous leurs nez, sans qu'ils ne s'en rendent compte? Personne ne se demandait donc comment était extrait le Caelisya, comment était conçus la plupart de leurs vêtements, à qui appartenaient les petites mains de ceux qui s'arrachaient la vie avec les ongles pour leur offrir une vie dénuée du manque? Se rendre compte qu'elle ne s'était pas non plus interrogée la tiraillait; elle se sentait infecte, sale, naïve, manipulée, complice.

Laïa laissa échapper un sanglot étranglé. La situation la submergeait par vagues, c'était fort, puissant, ça envahissait tout son esprit, ne lui permettant pas de cesser d'y penser ne serait-ce une seconde. C'était une bête insidieuse qui foulait les terres de son crâne, le tapissait de sa salive, l'imprégnait de son souffle rauque qui agitait ses sens et les intensifiait dans des courbes dérangeantes. Laïa aurait voulu interrompre ce flot de pensées qui coulait en continu, qui empirait quand elle cherchait à l'endiguer, mais elle ne réussissait qu'à le laisser l'entraver davantage.

Résignée à lâcher les armes, elle s'apprêtait à se laisser glisser sur le sol, sous les yeux bruns inquisiteurs de Phoebe, toujours en attente de quelque excuse de sa part. La jeune fille ne nourrissait aucun grief envers Laïa, elle ne savait plus ce qu'elle ressentait en réalité, tout était si nouveau qu'elle en était étourdie, ne sachant dissocier une émotion d'une autre. Toutes s'emmêlaient en un filet tordu qui exprimait un kaléidoscope de sentiments opposés s'emboîtant entre eux.

Soudainement, les portes du centre commercial s'ouvrirent en claquant avec force sur les murs, dressant les têtes des individus dans le hall, y compris celle de Laïa, soulagée du bruit qui était moins propice au manège de l'esprit.

Elle désenchanta rapidement quand elle reconnut Gaby en tête, confuse, puis, quelques pas derrière elle, un brancard soutenu par deux garçons qu'elles ne connaissaient pas. Ils ramenaient un mort. Le cas était si exceptionnel que plus personne n'osait parler. En effet, les corps des travailleurs et travailleuses décédées étaient laissés sur place, puisqu'ils ne pouvaient être emportés au risque de ralentir le groupe. Qui pouvait bien se trouver sous ce drap blanc?

Laïa retrouva sa vitalité et s'élança aussitôt vers Gabrielle, Phoebe sur les talons. Son pouls battait vite, elle avait remarqué que quelque chose clochait, mais elle ne parvenait à savoir quoi exactement.

— Gaby, qu'est-ce qu'il s'est passé? Qui est-ce? s'affola l'adolescente, en tendant une main vers le brancard.

— Vire ta main de là! siffla Achille.

Laïa eut un bref mouvement de recul face à la vive agressivité du jeune garçon aux yeux d'un noir bouleversant. Elle détourna les yeux, le cœur battant, pour les poser à nouveau sur Gaby. Cette dernière se tenait tournée vers elle, essayant de conserver son sang-froid avec une certaine difficulté. Laïa ne l'aurait pas pensée pleine d'une telle sensibilité face à la mort.

— Gaby... murmura-t-elle.

— Elior n'est plus là. Il... il s'est sacrifié pour sauver la vie de son ami...

Alors Laïa comprit ce sentiment qui l'avait envahie à son arrivée, c'était l'erreur dans le tableau: l'absence d'Elior, qui aurait dû se tenir à leurs côtés, fatigué, crasseux peut-être, mais souriant de leurs succès. La jeune fille ne l'avait qu'aperçu du bout de la table, lors de la réunion de l'après-midi, ou capté son visage quelques fois, sans lui parler. Cependant, la nouvelle était douloureuse: le premier travailleur à s'enfuir des souterrains avait perdu la vie, lors de son retour dans les souterrains. Il n'avait pu savourer la liberté qu'une poignée de jours puis s'était réveillé sous la nuit éternelle.

L'adolescente comprit que c'était le moment où elle devait prendre Gaby dans ses bras pour apaiser sa peine. Elle n'était pas habituée à faire des étreintes à d'autres personnes, et encore moins à celles qui lui montaient le rouge aux joues. Laïa passa outre son appréhension et son cœur qui battait avec fracas sous sa peau blanche, et s'avança, les bras ouverts. Gabrielle la regarda un instant progresser vers elle puis l'entoura de ses bras; ceux de Laïa se refermèrent sur sa taille, l'enserrant comme pour la maintenir hors de portée des terreurs du monde.

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Moins d'action, un peu moins de poésie, et moins de garçons pour ce chapitre, mais toujours de la tristesse et des gardes qui sèment le malheur et la mort, encore...

Je pensais introduire Diane dans ce chapitre, mais j'ai finalement fait que ce soit Phoebe qui trouve Laïa et non l'inverse, alors la rencontre sera pour une autre fois. Mais comme tous les persos principaux et secondaires (hormis Estia) sont rassemblés au même endroit, les récits vont se croiser davantage, donc les personnages aussi!

J'aime pas le fait que maintenant que les garçons sont sortis des souterrains, la fin du livre se rapproche de plus en plus puisque c'était l'une des intrigues centrales, leur libération. Je suis triste :(

— Bisou mes griffeurs♡

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