26. PHOEBE

Who we are, Imagine Dragons.

PHOEBE SE SOUVENAIT PARFOIS AVEC FRISSONS de cette panique ressentie jusque dans les pointes de ses cheveux.

Elle était à cette fête, resplendissante, confiante, aux bras de ce garçon, un parfait inconnu — du moins, hormis son prénom. Elle voulait aller à cette soirée et avait même dû pousser l'une de ses amies à venir. Laïa était toujours réticente à se rendre à ce type d'événements, alors même qu'ils étaient partie intégrante de la vie d'une adolescente ordinaire.

Ce faisant, elle avait dansé, tant ri et souri, les mains dans celles de ce jeune homme qui s'appelait Charles. Il était si beau, si charmant, il était celui qui la faisait chavirer alors même qu'ils se connaissaient à peine.

Phoebe pensait qu'elle venait de faire l'expérience du coup de foudre au premier regard, pour elle comme pour lui. Or, elle avait eu tort. En effet, lors du tumulte, après qu'une jeune fille eut été droguée, Charles avait emmené une Phoebe bouleversée hors de l'appartement, puis il l'avait soutenue dans l'ascenseur jusqu'au hall de l'immeuble.

L'adolescente, en état second à cause de l'alcool ingérée, affligée par le drame enduré par la jeune victime, ne s'était pas immédiatement rendue compte de ce qu'il se passait. C'était tout juste si elle sentait son corps se déplacer mollement à l'extérieur.

L'air frais du samedi soir lui avait apporté la bouffée dont elle avait besoin, et elle avait retrouvé ses esprits. Elle s'était découverte maintenue par Charles, si ce n'était emprisonnée entre ses bras.

— Charles, où est-ce que tu m'emmènes? J'aimerais bien rentrer chez moi... Je n'ai même pas prévenu mes amies que je partais... avait-elle geint, boudeuse.

— Chut... Ne t'inquiète de rien, je ne te ferai pas de mal.

Phoebe avait mâché quelques secondes dans le vide, la bouche pâteuse, et avait avalé sa salive, un vague air endormi sur la face. Elle n'était pas en état de se défendre correctement. Pourtant, elle avait tenté de se soustraire à son emprise, ne comprenant pas ce qu'il lui arrivait.

— S'il te plaît, dis-moi... Je ne le répéterai pas, promis...

Dans une attitude paternelle, Charles avait déposé une bise sur la tempe de Phoebe, en lui murmurant de cesser de se fatiguer à poser des questions inutiles.

— Mais, Charles, je suis fatiguée... Je veux dormir, laisse-moi repartir...

— Tais-toi un peu, tu vas nous faire remarquer si tu continues, l'avait-il rabrouée calmement.

— Pourquoi t'es sobre? T'avais bu, nan? Pourquoi t'es ennuyant?

Charles n'avait plus répondu à ses paroles, qui lui paraissaient toutes dénuées de véritable sens. Phoebe avait trop bu et cela ne servait à rien d'apposer du cachet à ce qu'elle pouvait dire.

Ils marchaient depuis quelques minutes, peut-être même un quart d'heure, quand une voiture s'était arrêtée à leur hauteur. Un sourire avait animé le visage de Phoebe, guillerette.

— La superbe voiture toute noire! On dirait qu'elle brille!

La jeune fille avait approché sa main du véhicule pour l'effleurer, mais Charles l'avait interceptée et tirée loin de lui.

— Je sais que tu comprends peut-être pas tout ce que je dis, mais je te demande de monter dans cette voiture, lui avait-il commandé.

Phoebe, amusée face au ton sérieux du jeune homme, ce qui augmentait son charme, avait obtempéré, non sans pousser quelques exclamations d'étonnement. L'intérieur de la voiture était séparé en deux parties par une vitre sombre. Par ailleurs, l'on ne pouvait voir à travers aucune vitre du véhicule.

Le garçon était monté à sa suite en claquant la portière derrière lui, ce qui avait aussitôt déclenché le démarrage de la voiture. Charles s'était tourné vers Phoebe, qui avait commencé à devenir pâle.

— Je crois que... je crois que je me sens nauséeuse...

Charles avait fait les yeux ronds. Elle allait assurément régurgiter le contenu de son estomac et il ne croyait pas avoir de contenant à lui donner.

— Retiens-toi, d'accord?

Le jeune homme avait commencé à chercher avec frénésie dans la portière, dans les poches que comptaient la voiture, dans le rangement central, où il avait trouvé finalement un sac en papier. Soulagé, il l'avait donné prestement à Phoebe qui, le voyant, avait eu une remontée. Elle avait ouvert le sac à temps pour y délester ce que son corps se refusait à garder, à cause de l'alcool.

— Bon, au moins, tu as fait dans le sac... Eurk...

Charles avait dégluti, à deux doigts de vomir à son tour, une main sur la bouche. Il avait détourné les yeux, soudain pâle. Phoebe avait commencé à reprendre quelques couleurs, tout en conservant le sac entre ses mains. Elle avait inspiré posément, puis avait dirigé son regard vers le jeune homme, tourné vers la vitre en recherche d'air frais. En effet, l'odeur nauséabonde se répandait à travers le papier, dans l'habitacle fermé du véhicule.

— On peut pas ouvrir une fenêtre? avait proposé Phoebe, vacillante.

— N-non, la voiture est programmée pour être verrouillée de partout jusqu'à destination. On est cloîtrés jusqu'à ce qu'on arrive.

— On va où? Chez toi?

Charles, essayant tant bien que mal de ne pas inspirer par le nez ni de poser les yeux sur le sac en papier, avait pivoté vers Phoebe.

— Tu verras bien. Pendant ce temps, fais un foutu somme, ou je sais pas, mais tais-toi. Et pose ce sac loin de ma vue, c'est insupportable! avait-il aboyé.

Phoebe avait froncé les sourcils, offusquée par les réprimandes, mais elle n'avait pas rétorqué pour autant. Elle sentait que le jeune homme était sur les nerfs et il commençait à l'ennuyer. À ce moment-là, elle aurait voulu pouvoir retourner à la fête, même continuer à boire quelques verres, si cela pouvait impliquer le fait d'être hors de cette voiture.

Par ailleurs, qu'elle ne puisse sortir du véhicule, qu'elle y soit comme une prisonnière ne l'inquiétait pas outre mesure, elle s'en souciait guère, n'étant pas consciente du degré de gravité de la situation. Elle ne se rendait pas compte qu'elle venait d'être enlevée et qu'elle était emmenée loin de chez elle, loin de ses proches, de son appartement.

Le trajet avait duré aux alentours de deux heures. Deux heures durant lesquelles Phoebe s'était endormie et Charles avait somnolé, gardant un œil sur celle qu'il avait kidnappée. Il ne se formalisait que très peu de ses actes, car il n'était pas à l'origine de cette initiative, il ne l'était jamais, lui n'était que le joli minois, le messager, celui qui faisait le sale boulot.

Pour l'instant, Charles s'en accommodait parce qu'il saisissait la différence d'âge et d'expérience par rapport aux autres membres. Il était même plutôt ravi de pouvoir faire partie d'actions importantes, telle que celle qu'il accomplissait. On lui avait clairement dit qu'il jouait un rôle-clé dans le tournant des événements.

Une fois arrivés à destination, dans l'Arcade, Charles s'était tourné vers Phoebe et l'avait tirée de son sommeil.

— Hé, réveille-toi. On est arrivés.

— Mhm? ...Mais! Qu'est-ce que tu fais? C'était qu-

La jeune fille aux cheveux bleus n'avait pu achever ses mots car à peine Charles l'eut-il réveillée qu'il lui avait planté une seringue dans le bras droit. En quelques secondes le liquide s'était propagé dans son organisme, et elle était tombée inconsciente sur la banquette.

Charles avait ensuite rangé la seringue dans un rangement du véhicule et avait ouvert la portière. Quelques personnes patientaient au dehors. Dès que le jeune homme fut sur ses pieds, ils l'avaient salué avec amitié et l'avaient dépassé pour se diriger vers la voiture. Le groupe avait porté Phoebe à l'extérieur, dans la fraîcheur de la nuit aux mille étoiles.

L'un des hommes avait soulevé la jeune fille dans ses bras et, les autres membres l'encadrant, il avait rejoint d'un pas rapide le bâtiment le plus proche. Le lieu où ils étaient n'en comportait que peu.

Ils se trouvaient sur l'emplacement d'un ancien centre commercial, entouré d'un hôpital en ruines et de magasins laissés à l'abandon. Des routes traversaient les lieux et étaient segmentées par une poignée de ronds-points. Au-delà étaient de vastes champs aux terres desséchées, sur lesquels s'éparpillaient des débris, des déchets et des voitures détruites partiellement ou complètement.

Phoebe était restée évanouie durant encore de longues heures, sans avoir conscience de son corps transporté, effleuré, parfois cogné, malmené puis déposé sur un lit dans une pièce qui faisait guise de cachot. C'était en réalité l'un des cafés du centre commercial, dont l'intérieur avait été entièrement vidé, et métamorphosé en un espace clos, avec pour unique issue une porte en métal à empreinte.

Le seul lien avec l'extérieur était un placard au mur opposé à la porte d'entrée, qui était relié aux cuisines et dans lequel apparaissait, à horaires précis, un repas consistant et mince. Phoebe avait essayé de maintenir cette trappe ouverte, mais c'était peine perdue car rien ne pouvait supporter la force du matériau de l'espèce de placard. De plus, en punition, le repas qui suivait ses tentatives lui était supprimé.

Phoebe ne comprenait plus rien à ce qui lui arrivait. Était-ce réellement Charles qui lui avait fait du mal? Comment n'avait-elle pas pu se rendre compte qu'elle était en train d'être enlevée? Ses interrogations l'avaient bien vite amenée à s'accabler elle-même, et pourtant, la vérité était telle: Charles avait usé de ses charmes pour la séduire, l'avait amenée à boire de manière démesurée, dans le but qu'elle ne réagisse pas quand il la tirerait vers cette voiture.

Elle n'avait pas pu prendre de douche, pas pu changer ses vêtements, qui n'étaient qu'une frêle robe et des sandales à talons carrés. Elle sentait son visage sale et gras, son maquillage toujours présent, bien qu'effacé. Cela la répugnait de se sentir dans un tel état de crasse et de puanteur. Phoebe avait longtemps imploré, le premier jour, qu'on la laissât au moins se laver et revêtir de nouveaux vêtements.

C'était comme si elle était seule à des lieux à la ronde, avec juste ces repas qui sortaient de nulle part. Elle s'était bien vite résignée, à bout de forces, humiliée, seule, déboussolée. Phoebe avait parfois fantasmé sur ces histoires où un garçon mystérieux, quoi que sociopathe, enlevait une jeune fille, puis les deux finissaient par se découvrir, s'aimer et tout s'achevait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Égoïstement peut-être, de manière insouciante assurément, elle avait soupiré par moments de ne pouvoir vivre une intrigue semblable.

Or, ce n'était pas comme cela qu'elle le concevait. Le garçon était beau, il collait avec le portrait, mais il avait disparu, et elle était abandonnée à présent. Qu'allait-il advenir d'elle? Elle évitait de trop y songer, effrayée par la sournoise pensée que personne ne viendrait la chercher, qu'elle allait mourir dans cette piètre prison qui n'en était même pas une. Phoebe était terrifiée à l'idée de mourir de faim, de soif, de quoi que ce soit d'autre, sans que personne ne se doute de rien, alors que le monde continuait à tourner sans penser au drame qui se déroulait ailleurs.

Ce fut le lundi soir qu'un changement s'opéra. Phoebe était allongée sur le sol froid, dos à la porte, les yeux clos, quand un léger bip résonna. Elle recouvrit instantanément toute sa conscience et se releva sur les genoux, en pivotant vers la porte. Cette dernière coulissa pour révéler une femme aux cheveux bleus, au visage parsemé de quelques rides, mais duquel émanait la vitalité, l'ambition, une force inédite. Elle avait vécu, et elle continuait à vivre, avec éclat.

La vue d'une femme apaisa Phoebe un tant soit peu. Elle se sentait plus en sécurité avec une personne qui n'était pas un homme, elle ne savait pour quelle raison. Les traits de son visage se détendirent et, de sa voix enrouée, elle apostropha l'arrivante:

— Qui êtes-vous?

La femme d'une cinquantaine d'années s'arrêta à quelques mètres de Phoebe, la porte toujours ouverte dans son dos. La jeune fille ne pouvait s'empêcher de loucher dessus tandis qu'elle s'adressait à la femme.

— En premier lieu, je m'excuse au nom de tous pour ces deux journées que tu viens d'endurer. Nous ne pouvions nous occuper de toi dans l'immédiat, puis nous avons rencontré des problèmes inattendus. Par ailleurs, je ne crois pas que tu demandes qui je suis, moi, en particulier, n'est-ce pas? l'interrogea-t-elle, sagement.

Phoebe, rigide, secoua sa tête avec lenteur. Elle sentait qu'elle allait enfin sortir de sa cellule; la question en suspens était sous quelle forme.

— En ce qui concerne qui nous sommes en tant que groupe, je te donne notre nom: les Éternels. C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour le moment, mais, très bientôt, tu en sauras plus. Par ailleurs, si cela peut te rassurer sur qui je suis, je m'appelle Elisa Éluard, aussi connue comme étant la Chancelière Éluard dans cette région du pays.

Phoebe eut un mouvement de recul brusque. Ce nom de famille... Elle le connaissait, c'était celui d'Estia. La prisonnière fouilla quelques secondes dans son esprit, prestement, pour se souvenir si elle avait jamais entendu être cité le nom de cette femme qui lui faisait face.

Elle était certaine de n'avoir jamais entendu le nom d'Elisa Éluard. En revanche, elle se souvenait qu'Estia avait à de rares occasions parlé d'une tante qui avait été bannie du Milieu et obligée de vivre dans l'Arcade. Ce n'était pas impossible non plus qu'elle ait cité qu'elle était devenue chancelière.

Cette fois, Phoebe était certaine: elle venait de faire la rencontre de la tante d'Estia. En outre, cela l'éclairait sur le fait qu'elle avait quitté le Milieu, et son appartement ne lui manqua jamais autant qu'à cet instant.

— Vous êtes la tante d'Estia.

— Tu as raison. Je suis celle dont ma famille ne veut plus entendre parler, la tante oubliée d'Estia.

Phoebe perçut un pincement de tristesse dans sa voix. Qu'importe l'assurance qui transparaissait en elle, Elisa souffrait de cet abandon.

— As-tu d'autres questions à me poser avant de quitter cette pièce? Nous ne sommes que toutes les deux, mais d'autres t'attendent au dehors.

La jeune fille baissa les yeux aussitôt sur son corps, sur ses vêtements, sur ses genoux écorchés, sur ses pieds douloureux, puis les releva sur la chancelière.

— Est-ce que je peux avoir accès à une douche et des vêtements propres?

La femme sourit avec empathie. Elle acheva de se rapprocher de Phoebe et lui tendit sa main pour l'inviter à se lever sur ses pieds.

— Viens avec moi.

Phoebe, avec un peu d'hésitation, déposa sa main dans celle qui lui était tendue. Elle ne se doutait pas encore qu'une fois cette porte passée, sa vie allait prendre un tournant qui allait changer le cours de son existence à jamais.

Les deux femmes, de deux âges, se dirigèrent vers la sortie, un rectangle de lumière tamisée. Arrivées à l'extérieur, Phoebe se rendit compte qu'elles se trouvaient dans un centre commercial à l'abandon que les Éternels avaient dû retaper au mieux.

— Tu auras droit à une visite des lieux dès que les présentations seront passées, l'informa Elisa.

Phoebe intégra la nouvelle, sans y accorder de réponse. Elle talonnait la chancelière qui progressait d'un pas rapide dans le bâtiment aux hauts plafonds et à l'atmosphère poussière.

Elles parvinrent finalement à un ensemble de pièces qui avaient été transformées en salles d'eau et en toilettes. Phoebe se sentit soulagée d'en découvrir de véritables, n'ayant joui que de latrines « à l'ancienne » dans la pièce qu'elle avait quittée - soit un simple trou d'évacuation.

— Fais-toi plaisir, tout est à ta disposition, l'invita à entrer Elisa.

Un sourire béat sur le visage, Phoebe pénétra en premier lieu dans la salle d'eau, se déshabilla sans plus penser et se glissa dans la douche. Pendant ce temps, Elisa s'était retirée à l'extérieur de la zone de ces salles, pour regarder les allées et venues ainsi que pour préserver l'intimité de Phoebe.

Plus d'une demi-heure après, alors que le soleil continuait à brûler le ciel, Phoebe reparut. Elle s'était douchée, plusieurs fois, avait retiré tout son maquillage, s'était nettoyée le visage et le corps, s'était brossée les dents, s'était coiffée, s'était soulagée aux commodités. Enfin, elle avait relevé ses cheveux en queue de cheval, s'était appliquée un peu de parfum et avait revêtu une paire de vêtements qui se trouvaient là. Ils étaient différents de ceux qu'elles pouvaient porter; ils n'étaient plus dans les tons bleus, ils étaient d'un gris uniforme, pâles, bien que propres et confortables.

À l'entente de ses pas discrets, Elisa se tourna vers l'adolescente. Ses yeux laissèrent s'échapper une flamme d'étonnement: la jeune fille avait retiré la saleté, le maquillage, les vêtements chiffonnés et abîmés, elle avait enlevé son ancienne peau.

— Te voilà revigorée. Viens avec moi maintenant, ils nous attendent.

— D-d'accord.

Phoebe n'avait pas l'habitude d'être hésitante, de paraître désaccordée, elle qui était constamment follement enjouée, poussant les autres avec elle sur le devant de la scène. Or, dans ces moments, elle était chez elle, à sa place, en territoire connu. À présent, elle progressait dans une région où elle n'avait jamais mis les pieds, entourée de personnes inconnues dont elle ne connaissait pas les intentions, bonnes ou mauvaises.

Les deux femmes empruntèrent des escaliers qui débouchaient dans un immense hall, que surveillaient quelques gardes à son entrée. Là-bas, à l'emplacement d'un vieux kiosque, une grande table trônait, autour de laquelle une poignée d'adultes conversaient entre eux. Phoebe serra les poings, plantant inconsciemment ses ongles dans sa paume.

Elisa toussa pour les annoncer, puis invita Phoebe à venir se placer à côté d'elle si elle le souhaitait. Alors qu'elle se sentait envahie par l'anxiété, ses yeux se posèrent sur un adolescent - le seul - aux cheveux roux, qui semblait aussi perdu qu'elle. Il la regardait également et lui offrit un sourire pour la rassurer.

— Je vais... je vais me mettre à côté de lui, si ça vous convient, refusa-t-elle à la chancelière.

— Je comprends très bien, ne t'en fais pas pour moi.

Phoebe rejoignit le garçon qui devait avoir le même âge qu'elle, à quelques années près. Un tour de table s'opéra, afin d'introduire la séance. La jeune fille put apprendre en présence de qui se trouvait-elle, quel était leur but, leurs ennemis, leurs convictions. Elle eut le sentiment de découvrir un nouveau monde, et surtout d'être en guerre, alors même que deux jours auparavant elle se saoulait en soirée.

Ce soir-là, elle se coucha dans un lit de camp, dans une chambre qu'elle partageait avec la chancelière qui avait insisté pour la garder auprès d'elle, ainsi que deux autres femmes. L'angoisse lui nouait l'estomac, mais elle se sentait en sécurité, l'esprit du bon côté — mais le cœur de l'autre.

Elle se réveilla tard le lendemain, car on lui avait octroyé le droit à une longue nuit de sommeil. Du raffut l'avait tirée loin des bras de Morphée; elle se leva de son lit, enfila ses baskets et, tout en s'attachant les cheveux, Phoebe sortit du dortoir vide, qui faisait face au lieu de rassemblement de la veille. D'ailleurs, un groupe était formé en ce même endroit, duquel s'échappaient de vaines protestations.

Confuse par cette voix familière, Phoebe se rapprocha de quelques mètres, dans l'optique de découvrir le visage de cette fille qui se débattait. Sa surprise fut plus grande encore quand elle reconnut le visage, les vêtements, l'attitude de l'adolescente: ce n'était autre que Laïa.

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C'est le chapitre le plus long que j'ai écrit pour l'instant, et ce n'est même pas du point de vue d'un des personnages principaux :')

J'espère que vous ne l'avez pas trouvé trop ennuyant mais je peux vous dire qu'il introduit le début de tout, comme vous avez pu le voir avec les retrouvailles annoncées et la première vraie apparition des Éternels!

Bisou mes griffeurs♡

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