La mermaid-attitude
Dehors, un homme en imper beige marchait sur un tapis neigeux, son col relevé accentuait son statut d'inspecteur. Le froid le faisait frissonner et sa marche s'accélérait avec chaque bourrasque de neige. La rue était déserte, normal en ces temps d'hiver. La seule trace de vie était la fumée que dégageaient les cheminées au sommet des maisons.
L'homme s'engagea dans un chemin perpendiculaire à la route principale et fut accueilli par un coup de vent froid. Il continua quelques mètres avant de pénétrer dans une bâtisse. En ouvrant la porte, le vent la fit se claquer contre le mur. L'homme entra et mit quelques minutes à fermer la porte, retenue ouverte par le vent extérieur. Une fois la porte fermée, il retira son manteau et l'accrocha au porte-manteaux et pénétra dans la seconde salle.
Une douce chaleur caressa sa peau et une musique emplit ses oreilles. L'homme alla s'asseoir dans un des fauteuils et observa la scène en face de lui. Une femme somptueuse chantait à gorge déployée, elle chantait si fort que sa voix emplissait la salle. Celle-ci semblait même réchauffer le corps de l'homme.
Il l'observa plus attentivement, sa robe était pourpre et parsemée de paillettes, son maquillage était léger et accordé aux couleurs de sa robe et ses cheveux étaient retenus en un chignon travaillé. L'homme était comme absorbé par son chant et ne pouvait pas quitter des yeux cette somptueuse créature.
Il fut sorti de sa torpeur par le serveur qui l'interpella :
— Monsieur, nous allons fermer...
L'homme le regarda hébété :
— Mais enfin, je viens à peine d'arriver !
— Je regrette monsieur mais cela fait maintenant 4 heures que vous êtes assis ici...
L'homme recula stupéfait, comment le temps avait-il pu passer aussi vite ?
— Navré monsieur mais je vais devoir réitérer ma demande. dit le serveur.
L'homme reprit ses esprits.
— Heu oui, heu mais heu...
— Monsieur, si vous ne partez pas je vais devoir appeler la sécurité !
— Bon, écoutez je suis inspecteur de police, j'étais venu interroger madame Maidmer à propos de la mort de M. Jouglon, mais pour une raison qui m'est inconnue, je suis resté plus longtemps que prévu...
— Mais monsieur, j'entends bien, mais nous devons ferm...
— Laisse tomber Jeremy, je vais parler au monsieur.
La chanteuse à la robe pourpre s'avança en balançant ses hanches et s'assit en face de l'inspecteur.
— Laisse-nous Jeremy. S'il te plaît. adressa-t-elle au serveur
— Ou-oui madame Maidmer...
Le serveur tourna les talons et se retira.
— Je suis à vous, monsieur ?
— Stafler, inspecteur Stafler.
— Mmmh quelle joli nom... la chanteuse lui lança un regard langoureux.
— Hem, je n'irai pas par quatre chemins, commença l'inspecteur visiblement gêné, je suis chargé de l'enquête concernant la mort de monsieur Jouglon, et je suis persuadé qu'il s'agit d'un meurtre.
— Un meurtre ?! Oh ciel qu'est ce qui vous fait dire cela ? la femme parlait d'une voix douce et féminine.
— Les indices madame, les indices...
— Oh et donc les indices vous disent que c'est moi qui ai tué monsieur Jouglon ?
— Oh non, bien sûr que non, comment une femme aussi ravissante aurait-elle pu tuer un homme de la sorte, non je viens vous voir car vous étiez une des personnes les plus proches de monsieur Jouglon.
— Proche est un bien grand mot inspecteur, si vous voulez savoir, il ne s'est jamais rien passé entre nous, ce cher monsieur Jouglon était un admirateur.
— Pour un admirateur, il vous envoyait énormément de cadeaux quand même...
— Que voulez-vous, certains tombent plus rapidement sous le charme que d'autres. la femme lui adressa un regard plein de tendresse.
— Hem, oui, si vous le dites
La femme pinça ses lèvres de ses dents parfaitement blanches et se mit à approcher sa main de celle de l'homme.
— Si on allait dans un endroit plus calme ?
L'inspecteur décontenancé par l'attitude de son interlocutrice retira vivement sa main.
— Hem, hem, je regrette, mais j'ai énormément de travail qui m'attend, je vais devoir décliner votre offre...
L'homme se leva et se dirigea vers la sortie. La femme quand à elle observait l'homme partir en passant sa langue sur ses lèvres.
•••••••••••••••••
Le matin se levait sur le commissariat de police. L'inspecteur Stafler s'était endormi sur son bureau. Lorsqu'une voix de femme cria son nom. L'homme se réveilla en sursaut et regarda en direction de ce cri soudain. Madame Medmaire était là, à l'entrée du commissariat et semblait terrifiée. L'inspecteur alla donc à sa rencontre.
Une fois que la jeune femme l'eût remarqué, elle courut vers lui et l'enlaça en sanglotant.
— Quelle horreur inspecteur, il s'est passé quelque chose d'affreux, que dis-je, d'abominable !
Toutes les têtes se tournèrent vers l'inspecteur qui était extrêmement gêné.
— Hem, et si nous en parlions en privé dans mon bureau, à l'abri des regards indiscrets ?
Tous deux se dirigèrent vers le bureau de l'inspecteur et s'installèrent dans le sofa face au bureau.
— Bon qu'est ce qui est si terrible et qui vous met dans pareil état ?
— C'est Jeremy, il a été assassiné !
L'homme mît quelques secondes pour se rappeler qui était ce Jeremy.
— Attendez vous voulez dire le serveur d'hier ?
— Oui c'est lui, oh mon dieu inspecteur c'est horrible !
— Vous avez prévenu la police, les urgences ?!
— Non je suis directement venue ici pour vous en parler !
— Bon très bien, allons voir ce corps !
•••••••••••••••••••
— En tout cas une chose est sûre, si vous ne m'aviez pas dit que c'était lui, on ne l'aurait jamais su !
L'inspecteur se couvrait le nez et la bouche d'un mouchoir.
— Il a dû être attaqué par une bête affamée, il manque plus de la moitié de son corps, et tout ce qui reste est en lambeaux !
Madame Maidmer retenu un haut le cœur, la vue du cadavre était horrible et difficile à soutenir.
— Mais inspecteur, je ne suis pas une brillante détective, mais un animal sauvage aurait réussi à tuer quelqu'un chez lui, dans sa maison ?
— En effet je vous l'accorde, c'est étrange, mais vous voulez savoir ce qui est encore plus étrange, c'est que monsieur Jouglon a été tué de manière similaire...
•••••••••••••••••
Une semaine passa et chaque jour un nouveau cadavre apparaissait, comme des champignons. L'inspecteur passa de plus en plus de temps, durant ces pauses et après le travail au bar où se représentait madame Maidmer. Il en devenait peu à peu fou amoureux : sa voix, sa beauté, son caractère, tout lui plaisait !
Un jour il se lança, après une représentation de madame Maidmer, il l'invita à dîner dans un restaurant chic.
Celle-ci accepta et ne semblait pas étonnée par la demande.
Sur le chemin du restaurant, l'inspecteur reçu un appel, il décrocha
— Oui allô ?
— Inspecteur nous avons trouvé des indices concernant l'affaire qui pourrait vous intéresser. retentit la voix à l'autre bout du fil.
— Je vous écoute.
— Au début nous n'y avons pas prêté attention, mais à chaque meurtre, il y a eu un témoin et ceux-ci affirment toujours la même chose : ils ont tous entendu une voix chanter.
— Vous vous fichez de moi ?!
— Non monsieur, et ils affirment être comme attirés par ce chant.
— Vous être en train de me dire que grâce à des chants mystérieux, le tueur réussissait à entrer dans la maison de ses victimes ?
— Oui inspecteur, et ce n'est pas tout, certains affirment même avoir vu un immense oiseau quitter systématiquement la maison peu après qu'une personne ne soit entrée.
— Et à quoi ressemblait cette personne ?
— Une femme en robe, la trentaine, qui chantait extrêmement bien.
Le cœur de l'homme se mit à battre plus fort.
— Qu-que dîtes vous ?
— Je vous dis, monsieur l'inspecteur, que le portrait robot du tueur ressemble traits pour traits à celui de votre amie.
L'homme laissa tomber son téléphone, impossible...
— Que se passe-t-il inspecteur ? lança une voix féminine
Madame Maidmer qui le suivait depuis le début n'avait pas raté une miette de la conversation.
— Ri-rien ma chère, mais hélas, je suis appelé au poste, on se refera ce dîner une autre fois ?
— Oooooh moi qui était si enthousiaste à l'idée de manger un admirateur...
— Vous voulez sûrement dire « avec » un admirateur.
— Hélas, trois fois hélas pour vous, vous avez découvert mon secret.
La femme défit la tirette de sa robe et la fit glisser le long de son corps, se retrouvant seins nus face à l'homme.
— Mais vous comprendrez donc que je ne puisses pas vous laisser en vie...
Des ailes se mirent à lui pousser dans le dos.
— Pour-pourquoi tuez vous ces gens ?
— Haaaaa voilà une excellente question, voyez-vous, j'ai besoin de chair humaine pour pouvoir vivre, alors je me sers de mon don : le chant. Dès que je me mets à chanter, tout le monde exécute mes demandes.
L'homme se rappela le soir où il l'a vue pour la première fois, il avait été subjugué par son chant enjôleur.
— C'est dommage inspecteur, vous me plaisiez énormément...
Des plumes lui recouvrirent le corps et ses jambes s'allongèrent jusqu'à former des pattes d'oiseaux immenses. La femme ouvrit sa bouche et entonna un air. L'homme fut subjugué et se mit à marcher en direction de sa maison. Une fois arrivé, il ouvrit la porte. La femme-oiseau, toujours derrière lui le suivait de près en continuant de chanter. Une fois dans le salon, l'homme s'agenouilla et attendit. Madame Maidmer finit son chant et abattit ses serres sur le cou de sa victime lui brisant la nuque d'un coup.
— Vois cela comme une faveur, au moins je ne te mangerai pas vif...
Et elle se posa au sol et entama son dîner.
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Le lendemain, madame Maidmer se rendit au commissariat et alla pleurer la mort de son amant. Elle fut écartée de tout soupçon. Et chaque jour, des dizaines d'admirateurs venaient au bar où elle chantait, et chaque soir, l'un d'eux nourrissait l'appétit de madame Maidmer, chaque soir l'un d'eux se jetait à l'eau et se faisait dévorer par la sirène...
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Alors, pour ceux qui ne savent pas, la sirène de l'antiquité grecque n'est pas un femme mi-femme, mi-poisson, mais une femme mi-femme, mi-oiseau. Les sirènes étaient sur un rocher au milieu de la mère et attirait les marins par leurs chants. Ceux-ci se jetaient à la mer et se faisaient dévorer par les sirènes.
Voilà une histoire un peu plus crue que d'habitude, mais j'aime bien « choquer » un peu le lecteur. N'hésitez pas à me dire si ça a fonctionné. Et à me dire aussi si vous préférez les histoires plus longues comme celles ci ou les plus courtes comme la précédente. En tout cas moi je vous dis à très vite 😉😁
Antoine_31
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