4) Cherche

Le pied toujours posé sur la première marche de l'escalier, Léana réfléchissait. Que s'était-il passé? Était-ce réel? Avait-elle rêvé? Elle était sûre que non. Ce qu'elle venait de vivre lui semblait bien trop vrai pour n'être que le fruit de son imagination. Mais alors, qu'est-ce que c'était? La princesse n'en savait rien et ça la frustrait. Elle détestait ne pas savoir, elle détestait rester sans réponses, pourtant depuis qu'elle était rentrée dans cette tour, elle n'était sûre de rien et ça la dépitait. Sa curiosité et sa soif de découvrir de nouvelles chose avaient toujours été ses plus grands défauts et elle avait beau faire tous les efforts du monde, sa vraie nature revenait toujours au galop. 

Ce jour-là ne faisait pas exception. Malgré ce qu'elle venait de vivre, elle voulait toujours avancer, gravir cet escalier flottant et en découvrir tous les secrets. Elle voulait savoir ce qui ce cachait derrière cette surprenante architecture et elle voulait voir ce qui se trouvait au sommet de cette mystérieuse tour. Mais en même temps, elle avait peur de ce qu'elle allait y trouver. Ce combat incessant entre son cœur et sa raison faisait encore rage en elle. Et une nouvelle fois, ce fut le coeur qui l'emporta. 

La princesse releva la tête vers le sommet de la tour, puis la baissa de nouveau vers ses pieds. Inquiète mais décidée, elle leva son pied qui quitta le sol pour se poser sur la deuxième marche. Rien ne se passa. Surprise, Léana monta sur la troisième marche, puis sur la quatrième, la cinquième, et bientôt elle se retrouva sur la vingtième marche sans que rien d'étrange ne se soit passé.

A nouveau, des questions sans réponses affluèrent dans l'esprit de la jeune femme. Pourquoi ne se passait-il rien? Et pourquoi s'était-il passé quelque chose sur la première marche? S'il y avait bien une chose sur laquelle la princesse était sûre, c'était sur le fait que son Élévation avait commencé. Depuis quand, en revanche, elle n'en savait rien, de même qu'elle ne savait pas pourquoi sa mère lui avait dit que quelqu'un l'attendrait devant la tour alors que se n'était visiblement pas le cas. Léana était plongée dans l'ignorance et elle était loin d'apprécier ça. Tout en continuant à gravir l'escalier, elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Pourtant, elle savait qu'elle n'aurait sans doute jamais de réponse à ses questions, vu le secret qui pesait sur l'Élévation. Mais la curiosité était son plus vilain défaut, elle n'y pouvait rien.

Elle avait l'impression que cela faisait des heures qu'elle grimpait et ses jambes commençaient à la tirer à cause de l'effort qu'elle faisait. Elle regarda vers le haut, mais elle ne voyait toujours pas le sommet de la tour. C'était comme si elle était revenue à la case départ, et ça la décourageait. Quand elle regardait vers le bas, elle ne voyait qu'une faible lumière bleutée. Le bassin était réduit à la taille d'une fourmi, mais malgré tout, la princesse avait l'impression de ne pas avoir avancé d'un poil. 

Elle soupira mais ne s'arrêta pas. Elle poursuivait sa longue ascension avec détermination, malgré la fatigue et l'ennui qui commençaient à la gagner. Pour se changer les idées, elle songea à son petit frère, son Romyals. Ce surnom qu'elle lui donnait venait de l'Alysien, la langue bannie par sa mère. Romy signifiait frère et als petit. C'était son père qui lui avait appris ces mots avant sa mort, et la princesse les avait à son tour appris à son frère, malgré l'interdiction de sa mère de prononcer le moindre mot en Alysien. Le jeune prince, quand à lui, surnommait sa sœur Lilyas, grande sœur. Mais le prince comme la princesse n'étaient pas assez suicidaires pour s'appeler ainsi devant quiconque dans le palais, à par peut-être William, le maître de la princesse. Ces quelques mots en Alysien qu'ils connaissaient étaient leur secret le mieux caché. Certes, quand le jeune prince avait compris qu'il s'agissait d'une langue interdite par sa mère, il avait tout de suite voulu cesser de la parler, mais sa sœur l'avait convaincu du contraire.

Le prince Matthias était assez discret et ne parlait pas beaucoup. On pouvait penser qu'il était timide et qu'il n'avait pas confiance en lui à première vue, mais Léana savait que ce n'était pas le cas. En réalité, Matthias était très indépendant et il n'accordait pas sa confiance facilement. Il observait de loin pour ce faire une idée personnelle de qui il avait à faire avant de dire ou de faire quoi que ce soit, tout le contraire de Léana en soit. Le prince aimait travailler et il savait prendre les bonnes décisions et donner les meilleurs conseil. A l'inverse de la princesse qui regrettait sans cesse tout ce qu'elle faisait, il avait confiance en ces actes et en ces paroles et convictions. Il avait un grand coeur et aimait tout et tout le monde, mais il ne se confiait qu'à sa sœur et gardait pour lui à peu près tout ce qui s'approchait de près ou de loin à des sentiments et émotions. Il s'était entouré d'une vraie carapace et il fallait beaucoup de courage et de patience pour ne serait-ce qu'essayer de la briser.

Léana ne put s'empêcher de sourire en songeant à son frère. Il ne connaissait pas le monde à l'extérieur du château, mais le peu qu'il savait lui avait suffit à se forger une idée inébranlable de ce qu'il y avait au dehors, et ce n'était pas forcément le plus beau monde qu'il imaginait. Léana avait encore quelques vagues souvenirs de son enfance avant le meurtre de son père et elle savait que même si tout n'était pas rose dehors, il y avait tout de même de belles choses dont son frère ne se doutait pas. 

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas la porte avant de lui rentrer dedans. Surprise, elle descendit quelques marches pour mieux observer ce qui se trouvait devant elle tout en se massant le nez qui avait pris un coup. L'objet de son attention était effectivement une porte, une petite porte en bois posée sur une marche sans aucun mur autour et qui bloquait le passage. La princesse se pencha sur le côté pour voir ce qu'il se trouvait derrière mais il n'y avait rien, que du vide. La porte semblait mener nul part. Avant que les doutes et les questions ne l'assaillent, la jeune femme haussa les épaules, saisit la poignée et ouvrit la porte.

A sa sa plus grande surprise, la porte ne s'ouvrit pas sur du vide mais sur une pièce sombre. Timidement, elle passa la tête à travers l'encadrement de la porte et approcha sa main du sol. Il était solide, comme si la pièce était réellement là, alors que la jeune fille savait que ce n'était pas le cas. Cette pièce ne pouvait pas être réelle, elle n'était visible qu'à travers la porte. Mais après tout, la forêt qu'elle avait traversée, les animaux et le ruisseau lui avaient semblé bien réel, alors pourquoi pas cette pièce?

Léana posa prudemment un pied sur le sol et, le sentant ferme et bien solide, décida d'entrer entièrement dans la salle. 

La pénombre régnait dans la pièce, mais les yeux de la princesse s'étaient habitués à l'absence de lumière des escaliers, c'est pourquoi elle n'eut aucun problème à voir ce qui l'entourait. Sur les murs et au plafond étaient accrochés une multitude de feuilles et de plantes séchées. Devant elle se trouvait une table en bois qui semblait avoir été fabriquée à la main et sur laquelle étaient posées des fruits et des instruments et outils en tout genre: des fioles, des tubes, des récipients, des couteaux et bien d'autres encore. Ça ressemblait fortement à un atelier d'alchimiste mélangé à un boutique d'apothicaire. Malgré l'absence de luminosité, l'ambiance de la pièce et les effluves odorantes qui émanaient des plantes apportaient de la chaleur au lieu.

Prise d'un élan de courage, la jeune fille s'avança plus loin encore dans la pièce. Les feuilles pendant au-dessus de sa tête lui chatouillaient le visage, mais la princesse tenta d'en faire abstraction pour atteindre son but: l'homme dos à elle qui s'affairait sur une table. En s'approchant, elle remarqua ses longs cheveux blancs attachés en une queue de cheval lâche. Lorsqu'elle fut à son niveau, elle osa enfin demander:

- Monsieur? Que faites-vous ici? Avez-vous besoin d'aide?

Sa voix était enrouée, comme si cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas parlé. Pourtant, à sa connaissance, elle n'avait pas passé plus d'une journée dans la salle avec le bassin bleu. Mais en y pensant, elle en était moins sûre. Elle n'avait aucun moyen de savoir combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait franchi la porte de la tour Nord. La notion du temps semblait échapper complétement à ce lieu.

L'homme au cheveux blancs ne répondit pas. Il se contenta de se tourner vers la princesse et de poser devant elle une poignée de feuilles séchées et un couteau. Il se concentra de nouveau sur son travail qui consistait à couper des feuilles presque identiques à celles qu'il lui avait donné en fines tranches. Léana l'observa quelques instants, le couteau à la main, indécise. L'homme semblait vouloir d'elle qu'elle l'aide à couper ses plantes, et comme la jeune femme n'avait rien d'autre à faire, elle haussa les épaules et se mit au travail.

Une fois qu'elle en eu fini avec les feuilles, l'homme posa devant elle des fruits secs, qu'elle coupa en cube, puis des fleurs dont elle extraya la sève, des morceaux d'écorce qu'elle dut rapper et surtout, une quantité impressionnante de différentes plantes séchées. 

La princesse avait l'impression que cela faisait des heures qu'elle travaillait et le vieillard à côté d'elle n'avait toujours pas dit un seul mot. Le silence imposé par l'homme n'était coupé que par les bruits des couteau frappant la table, mais au moins il n'y avait pas un silence total comme dans la forêt de pins. 

Au bout de ce qui lui sembla une éternité, l'homme décida enfin qu'elle avait assez travaillé et lui prit le couteau des mains. Léana se tourna vers lui et l'observa s'affairé autour d'un chaudron posé sur un feu et rempli d'eau bouillante. Il ajouta dans le récipient dans un ordre bien précis les différentes plantes qu'elle avait coupé, mélangeant entre deux ingrédients, un coup dans le sens des aiguilles d'une montre, un coup dans le sens inverse. Puis, il s'éloigna vers un coin sombre de la pièce et revint avec une petite bouteille en vers contenant un liquide orange. Il versa dans le chaudron tout le contenu de la bouteille et mélangea sa mixture jusqu'à obtenir une couleur rouge homogène. Alors seulement, il saisit une petite fiole et, à l'aide d'une louche, la remplie du liquide qui bouillait dans la marmite. Il referma délicatement le flacon avec un bouchon en liège et le tendit à la princesse qui s'en saisit, intriguée.

- Qu'est-ce que c'est? murmura-t-elle plus pour elle-même que pour le vieillard en face d'elle. 

L'homme ne répondit pas. Il s'éloigna dans le même recoin sombre que précédemment et en revint avec une petite boite en bois gravé, comme les murs de la tour Nord, de l'histoire des quatre frères. L'Esprit avait été représenté par un renard, le Corps par un loup et le Cœur par une biche. Exactement les même animaux que dans la forêt de pins. Cependant, en y regardant de plus près, Léana songea qu'encore une fois, l'Âme était absente. Une petite serrure en or permettait l'ouverture de la boite, mais l'homme ne donna pas de clés à la princesse, il se contenta de lui indiquer une table que la jeune fille n'avait pas remarquée, au fond de la pièce.

Voyant que Léana, n'esquissait pas le moindre mouvement pour s'en approcher, l'homme saisit son poignet avec une poigne surprenante pour son âge et la tira en avant.

- Qu'est-ce que..., commença la princesse avant de se taire immédiatement.

Devant elle se trouvait une petite table fabriquée à la main, plus utile qu'esthétique, et sur laquelle était entassée une multitude de clés en tous genres. Il en avait des petites, des grosses, des tordues, des abîmées, certaines en or, d'autres en argent, en bronze, ou encore en métal, et même quelques-unes en bois. La pile était immense. Il y avait là au moins plusieurs milliers de  clés, si ce n'était plus. 

Ne sachant que faire, Léana se tourna vers le vieil homme. Celui-ci semblait attendre d'elle quelque chose, mais elle ne comprenait pas quoi. Peut-être voulait-il qu'elle trouve la clé correspondant à la boite en bois? Mais cela reviendrait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Il y avait définitivement trop de clés sur cette table pour trouver celle qui ouvrait le coffret, en imaginant qu'elle y était, bien sûr. Alors qu'attendait-il donc?

Pendant de longues minutes, la jeune fille le dévisagea, tentant de trouver la réponse dans ses yeux bleu glacier, mais en vain. L'homme ne semblait pas décidé à lui dire quoi que ce soit. Son regard froid restait figé sur le tas de clé et ne bougeait pas d'un millimètre. On aurait dit que le vieillard s'était figé comme une statue de glace et ça en devenait même effrayant. 

La princesse sentit sa main tenant le flacon commencer à trembler. C'est la fatigue, se dit-elle comme pour se persuader, rien que la fatigue. Cet homme et ces clés n'ont rien avoir avec ça. La peur non plus. Elle serra le point pour stopper les tremblements et éprouva soudain un besoin urgent de sortir de cette pièce et de s'en éloigner le plus rapidement possible. D'un mouvement brusque, elle fit volte-face et commença à marcher à grandes enjambées, pressée de mettre le plus de distance possible entre ce lieu lugubre et elle. Cependant, elle n'eut pas le temps de faire plus de deux pas que le vieil homme l'arrêta de sa poigne forte et la força à faire marche arrière. Il lui arracha le flacon rempli du liquide rouge des mains et ôta le bouchon en liège. Tout en la retenant par le poignet, il agita le flacon sous le nez de la princesse, comme pour l'inciter à le boire. Léana se débattit en réalisant cela mais la poigne du vieil homme était trop forte et elle ne parvenait pas à l'éloigner d'elle à l'aide de son autre main. Quand son regard croisa celui du vieillard, un frisson lui parcouru l'échine. 

Ce n'était plus un regard froid et vide d'émotions, non, c'était un regard déterminé et bien plus glacial qu'avant. Un regard qui faisait froid dans le dos. Un regard qui encouragea Léana à se débattre plus violemment encore. 

La sentant essayer de se défaire de sa poigne, le vieil homme passa dans son dos à la vitesse de la lumière et l'immobilisa complétement d'une seule main, sans renverser le contenu de la fiole qu'il avait dans l'autre main. Paniquée, Léana cherchait autour d'elle quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait l'aider à se sortir de cette situation. Mais il n'y avait rien et elle était dans l'incapacité de bouger le moindre muscle. Elle n'osait pas parler, de peur que l'homme en profite pour lui faire avaler le liquide, mais il n'eut pas besoin d'attendre qu'elle parle. Malgré toute la résistance que lui opposait la princesse, il n'eut aucun mal à entrouvrir sa bouche à l'aide de deux doigts et à faire couler la mixture à l'intérieur du corps de la jeune fille. Celle-ci retint sa respiration pour ne pas l'avaler, mais l'homme fit basculer sa tête en arrière et elle ne put faire autrement que de laisser le liquide s'écouler dans son œsophage, les larmes aux yeux.

Presque immédiatement, elle sentit sa tête lui tourner et une douleur sourde pulser au creux de son ventre, comme si elle venait de recevoir un coup de poing en pleine poitrine et qui lui coupait la respiration. Aveuglée par la douleur, elle ne sentit même pas l'homme la relâcher et elle s'écroula au sol, ses jambes refusant de la porter plus longtemps. Une migraine atroce s'installa dans sa tête et elle commença à se sentir nauséeuse. Sans prévenir, elle recracha ses repas de la journée et tous ceux de la veille. Elle vomit jusqu'à n'avoir plus rien dans l'estomac et elle vomit encore après. Lorsqu'enfin ses soubresauts et ses vomissements s'arrêtèrent, elle se redressa et s'assit en tailleur. Elle essuya ses joues inondées de larmes qu'elle n'avait même pas remarquées et releva la tête. La douleur s'était atténuée, ne laissant derrière elle que des vestiges de ce qu'elle avait fait subir à la princesse. Elle n'avait toutefois pas disparue, mais la jeune femme l'oublia totalement lorsqu'elle comprit qu'un changement s'était opéré en elle.

Elle voyait tout. Pas seulement les feuilles, les fruits, la tables, les clés, non, elle voyait aussi des choses qu'elle ne voyait pas avant. Elle voyait des fils de lumière dorée qui reliaient différents objets entre eux, formant un fouillis de traits lumineux. Elle voyait l'homme en face d'elle auréolé d'une d'un halo bleu aussi glacial que ses yeux, elle voyait la boite en bois qui était tombée par terre briller d'un éclat aussi doré et lumineux que les traits et elle voyait, enfuie dans le tas sur la table, une lumière dorée s'échapper par les interstices entre les différentes clés.

Léana se leva avec hésitation, le regard alternant entre la clé, la boite et l'homme. Comme ce dernier n'avait pas l'air de s'apprêter à esquisser le moindre mouvement, elle se pencha légèrement pour attraper la boite à ses pieds. Elle s'avança avec méfiance de la table, sans lâcher le vieillard du regard. Une voix, la même que celle qu'elle avait entendue dans la forêt, s'éleva:

Fais un choix, disait-elle.

La princesse sursauta en l'entendant et regarda autour d'elle. Plus nerveuse encore qu'elle ne l'était en se relevant, elle attendit en jetant des coups d'œils un peu partout que la voix se fasse de nouveau entendre, ce qui ne tarda pas à arriver.

Cherche...

La voix semblait venir de partout et de nul part en même temps. Encore une fois, la jeune fille songea l'avoir imaginée et commença à douter de sa santé mentale. Elle frissonna de la tête aux pieds et, dans un élan de courage, plongea la main dans le tas de clés et en sortit celle qui brillait d'un éclat doré. L'homme n'avait pas bougé d'un poil et le stress ambiant continuait à augmenter inlassablement.

Trouve...

Cette fois-ci, la voix ne sortait que d'un seul et même endroit: la bouche du vieillard. Celui-ci fit un pas en avant tout en murmurant le même mot,Trouve, Trouve, Trouve... Léana paniqua. Son sang ne fit qu'un tour et elle passa à l'action sans même s'en rendre compte. Le coffret dans une main, la clé dans l'autre, elle traversa la pièce à vive allure, débarqua sur l'escalier flottant et ferma vivement la port qui menait dans la salle sombre. Elle redescendit de quelques marches sans lâcher la porte du regard, attendant que l'homme en surgisse, mais rien ne se passa.

La princesse poussa un soupir de soulagement. Elle n'avait plus envie de continuer à grimper ces marches. Elle voulait rentrer chez elle, serrer son petit frère dans les bras et lire dans la salle en décombres. Elle voulait retourner faire tourner en bourrique William et manger en silence avec sa mère. Elle voulait retourner à une vie normale, où personne ne la forçait à boire un flacon contenant une substance douteuse et où aucune voix ne venait la rendre folle. Elle n'était plus curieuse de voir ce qui se trouvait au sommet de la tour. Elle ne voulait plus s'y aventurer, pas si c'était pour y connaître une angoisse aussi sourde et atroce que dans la forêt ou dans la pièce sombre. Non, elle ne voulait pas de ça.

Alors qu'elle commençait à redescendre les marches doucement, un détail plus bas attira son attention. Les marches tombaient, une à une, pour finir par s'écraser au sol. D'abord la première, puis la deuxième, puis la troisième et bientôt, les marches devant elle tombèrent à leur tour. 

La princesse n'avait plus le choix. Elle devait monter, et vite. Alors elle fit volte face et s'élança dans les escaliers à vive allure vers le sommet, le coeur battant la chamade et la boite et la clé précieusement serrées dans ses mains.

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