Un lourd passé

Au matin d'Halloween, les élèves se réveillèrent dans une délicieuse odeur de citrouille qui flottait dans les couloirs. Avec les nombreux épouvantards qui se promenaient dans le château, cela rentrait parfaitement dans le thème.

On voyait des loups garous, des sorcières dignes des comptes russes et romains, des fantômes malfaisants...

Une décoration bien plus unique que les autres années.

Les vrais fantômes du château - qui n'étaient pas des épouvantards - chantonnaient  joyeusement des chansons sur le thème de la fête.

Maritza aimait l'ambiance que procurait la fête d'Halloween, elle salua quelques fantômes en marchant joyeusement dans les couloirs. Pour l'occasion, elle avait fait un maquillage qui correspondait bien au thème de l'horreur. Ses cheveux toujours attachés en haute queue de cheval étaient colorés en vert. Son visage était couvert de peinture blanche, deux rond noirs encerclaient ses yeux et son sourire avait été élargi à l'aide de peinture rouge. Elle s'était maquillée comme le joker - un personnage de bande dessinée comics. Il était considéré comme fou et tout ce qu'il cherchait était le chaos et rien d'autre.

⏤ J'adore votre maquillage ! La complimenta Tonks qui passait dans les couloirs.

⏤ Je vous remercie Mlle Tonks, sourit cette dernière.

⏤ Vous vous êtes déguisée en Peeves c'est ça ?

⏤ Peeves ? Répéta Maritza en fronçant les sourcils.

⏤ C'est un esprit frappeur très chaotique.

⏤ Oh non je ne suis pas déguisée en esprit frappeur, j'ai fais un maquillage comme le joker dans Batman.

⏤ Je ne connais pas.

⏤ Ce sont des comics moldus que je conseille.

⏤ J'y jetterais un coup d'œil, sourit Tonks avant de partir du côté opposé du couloir.

Maritza allait continuer sa marche mais quelque chose - ou plutôt quelqu'un - lui barra le passage.

Quand son regard croisa des yeux sombres, tranchants et significatifs tel le corbeau du paysage, elle se figea. C'était un grand homme aux cheveux noirs qui portait un long costume noir avec une cravate rouge. Il affichait un sourire mauvais et sortit sa baguette d'un air menaçant.

La peur la submergea à l'instant. Elle fut plongée dans un gouffre dont il lui était impossible d'en sortir. Elle chutait, tombait et se dévoilait dans ce cercle de terreur noire.

Les images défilaient devant elle. Tous les moindres détails étaient retranscrits. Le corps. La magie. Sa défense. Sa culpabilité. Son côté sombre.

La tristesse lui piqua les yeux et son cœur cessa de battre. Tout ce qu'elle sentait c'était une boule, une grosse boule, elle envahissait son organisme et la rendait plus lourde.

Elle se voyait en 78 à New York, et les souvenirs enfouis dans son subconscient refirent surface.

New York août 1978

Maritza marchait tranquillement dans les quartiers magiques pour faire des achats de potions. Elle tourna sur l'angle d'une rue plutôt sinistre et croisa un groupe de sorciers - tous habillés de noir, semblant douteux.

Elle décida de se cacher derrière un mur et d'écouter leur conversation.

Devrions-nous nous joindre à lui ? La question reste posée... Songea l'un deux.

Pourquoi la question resterait-elle posée ? Ne comprit pas un autre. Le seigneur des ténèbres est la voie, il faut le suivre sans hésitation. Les moldus sont inférieurs à nous, il doivent être soumis face à notre puissance. Le pouvoir doit revenir.

Mais cela ne concerne que l'Angleterre, rétorqua l'autre sorcier. Notre nation n'a aucun rapport avec le seigneur des ténèbres.

Et si elle en avait un finalement ? Questionna une femme. Son pouvoir s'élargit de jour en jour. Ce ne serait pas impossible qu'il égale Grindelwald. Et ce ne serait pas impossible qu'il réussisse à instaurer son pouvoir en Amérique.

Ces mots lui glacèrent le sang. Maritza avait assisté à un complot qui ne devait pas être entendu. Elle ne pouvait pas surgir maintenant et les emmener au congrès magique. Ils étaient bien plus nombreux et même si elle avait de fortes capacités magiques, elle ne pouvait pas s'opposer face à dix personnes corrompues par les forces obscures.

Elle rebroussa le chemin en s'assurant de ne pas se faire remarquer. Elle s'apprêtait à poser le pied sur les pavés des rues principales mais elle fut tirée par le col avant de se retrouver plaquée contre le mur.

C'était un homme qui se trouvait en face d'elle. Ses yeux noirs, colériques et ardents rencontraient des prunelles déroutées.

Sais-tu que c'est très impoli d'écouter les conversations ?

Il crispa ses mains qui étaient posées sur ses épaules. Il était très fort et le seul moyen de se défendre contre cet individu était de sortir sa baguette. Elle était rangée dans la poche arrière de son jean mais c'était assez compliqué de la prendre sans qu'il ne la voit.

Sans réfléchir, Maritza lui donna un coup de genoux dans son entre-jambe, et l'homme la lâcha aussitôt avant de lâcher un cris de douleur.

Stupéfix ! Lança-t-elle.

L'homme stoppa le sortilège avec sa baguette.

Maritza pouvait savoir quel sort il allait lancer. Le sortilège de la mort. Ça se voyait, il voulait l'éliminer, supprimer un témoin.

Elle calcula dans sa tête avant de se baisser au même moment où son "avada kedavra" fut pensé.

La jeune femme se releva et tenta de lui lancer plusieurs sorts informulés qu'il réussit à dégager. Elle ne pouvait pas le tuer avec de la magie noire, mais la solution était très tentante. Elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire d'autre.

Les options se tassant trop au fond de sa tête, elle n'arriva pas à se protéger d'un sort qui l'envoya valser contre un mur. Son dos se frappa contre la paroi et ses membres s'arrachèrent en une douleur incontrôlable.

Sa tête se mit à tourner et son corps restait pétrifié. Elle ignorait quel maléfice il lui avait lancée, mais il était bien violent. Elle arrivait juste à bouger les bras, le reste de son corps lui faisant atrocement mal.

Sa main effleura sa baguette qu'elle avait lâché. En le voyant s'approcher d'elle avec un sourire mauvais, prêt à mettre fin à ses jours, elle paniqua.

Sous l'instinct, elle lança un sortilège virulent qui le propulsa contre le mur. Hébété, Maritza en profita pour déverser une flopée de sortilèges, dominée par la peur et l'instinct. L'homme restait immobile, n'opposant aucun signe de résistance, ne pouvant pas empêcher tous les sortilèges lancés sur lui.

Puis, ses yeux s'écarquillèrent avant de devenir livides. Le teint de sa peau devint froid et squelettique et ses muscles finirent par le lâcher.

Mort. Il était mort. Un cadavre longeant les rues.

Ayant entendu des agitations s'approcher, Maritza prit la fuite.

Fin du flashback

Depuis, le coupable de ce crime restait encore inconnu aux yeux du congrès magique.

Sa plus grande peur n'était pas les cadavres, sa plus grande peur était de perdre le contrôle. Un seul sortilège l'avait déjà déstabilisé, mais la crainte avait voulu qu'elle l'en lui lance plusieurs, jusqu'à la mort.

Riddikulus ! Retendit une voix familière.

Un épouvantard... Elle aurait du y penser. Où avait-elle perdu la tête ? Elle enseignait ce sortilège à des enfants et n'arrivait même pas à se défendre avec.

L'homme se transforma en une simple serviette de bain qui finit pas s'évaporer de la circulation. La personne qui avait lancé le sort ne devait sûrement pas avoir d'humour.

Maritza se retourna et fut surprise de voir Severus Rogue se tenir devant elle avec une expression neutre.

⏤ Ah... Merci beaucoup Severus... Bredouilla-t-elle confuse. Désolée de mon indifférence face à l'épouvantard, normalement je ne perds pas le contrôle comme ça...

⏤ Nous perdons tous le contrôle au bout d'un moment, révéla-t-il comme s'il avait vécu une chose similaire.

⏤ Voulez-vous en parler ? Demanda-t-elle d'une voix douce.

⏤ Je n'ai rien à dire à ce sujet de mon côté, répliqua-t-il le visage impassible. Et vous alors ?

⏤ Je ne sais pas si je peux vraiment vous raconter ça. On ne se connait pas vraiment et c'est un souvenir dont je n'ai même pas parlé à Renée et Pomona. Mais bon... J'ai toujours eu de la facilité pour me confier aux personnes que je ne connais pas vraiment. Je sais qu'elles ne pourront pas me juger ou m'en vouloir.

⏤ Je prends donc ça pour un "oui".

Elle hocha la tête. Severus l'escorta à son bureau, où elle s'installa sur une chaise devant son bureau. Il lui tendit une tasse de thé qu'elle accepta avec reconnaissance, le parfum de jasmin s'engouffra dans ses narines.

Severus s'assit en face d'elle en croisant les bras au-dessus de la table. Elle lui raconta tout dans les moindres détails : la réunion complotiste, son agression, sa défense, son meurtre, sa culpabilité.

Le silence envahit la salle. L'intensité dans le regard de Severus lui faisait penser qu'il essayait d'entrer dans son esprit.

⏤ Vous êtes un legilimens n'est-ce pas ? Devina-t-elle en reposant sa tasse de thé.

Il fronça les sourcils.

⏤ Vous n'avez pas besoin de lire dans mes pensées, je vous ai tout dit. De toute façon je suis une occlumens.

Il ne répondit pas, mais semblait toujours aussi méfiant.

⏤ Vous ne me faites pas confiance... Soupira-t-elle. Je vous ai révélé une partie sombre que j'essaye de refouler mais vous me faites toujours pas confiance. Juste parce que j'enseigne un poste maudit. Juste parce que vous êtes remplis de préjugés.

Elle le regarda tristement, un peu déçue.

⏤ González, dit-il d'une voix solennelle. Je m'excuse.

Les mots semblaient lui coûter quelque chose.

⏤ Je n'aurais pas du tenter de lire dans vos pensées. Je m'inquiète pour Poudlard...

Elle fronça les sourcils rompant le contact visuel.

⏤ Je comprends, accepta t-elle.

⏤ Juste une chose González...

⏤ Oui ?

⏤ Ne vous sentez aucunement coupable pour ce que vous avez fait. Vous vous êtes juste défendue. Dans l'histoire, c'était ce sorcier le coupable.

⏤ Merci...

Les yeux de Rogue se reposèrent sur un chaudron bouillonnant.

⏤ À en juger par l'odeur vous faites un philtre de mort vivante, devina Maritza en reconnaissant la poudre rose et les fèves sopophorifiques.

⏤ C'est exact, répondit-il légèrement surpris.

⏤ J'ai été professeur de potions à Ilvermony, lui expliqua t-elle et il comprit.

⏤ Intéressant...

⏤ Je pourrais vous fournir quelques ingrédients que j'ai ramené des États-Unis, lui proposa t-elle.

⏤ Je ne suis pas contre.

⏤ Bien. Je vous laisse.

Elle quitta la salle de potions un peu perturbée. Elle s'était entièrement ouverte à un jeune homme qui pouvait être son petit frère.

C'était étrange mais pas désagréable. Malgré ses airs sombres, il semblait l'avoir écoutée. Se sentir entendue lui importait beaucoup.

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