La mission terminée, je m'étais retrouvée au centre de l'attention, entourée des membres de l'agence. Chacun y allait de son commentaire, ses félicitations, ou de ses plaisanteries maladroites. Même Dazai, avec son insatiable penchant pour les provocations, avait lâché un compliment déguisé :  

"Tu sais, tu es bien meilleure que je ne l'aurais imaginé. Mais ne prends pas trop la grosse tête, on pourrait encore te tester."  

Kunikida, plus sobre, s'était contenté d'un hochement de tête approbateur, ce qui, venant de lui, était déjà un exploit. Yosano m'avait donné une tape sur l'épaule, tandis que Kenji, toujours enthousiaste, m'avait dit que j'étais "vraiment cool".  

Je les avais remerciés, sans trop en faire. Être au centre de l'attention n'était pas ma tasse de thé, mais au fond de moi, quelque chose s'éclairait. Peut-être que je pouvais vraiment m'intégrer ici .

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En rentrant chez moi, je traversai les rues illuminées de Yokohama, mon esprit en ébullition. Tout était allé si vite. L'adrénaline de la journée laissait place à une étrange satisfaction. Malgré moi, un sourire s'étira sur mes lèvres.  

"Je vais vraiment faire partie de l'Agence des Détectives Armés," murmurai-je pour moi-même, incrédule.  

Mon appartement se trouvait dans un quartier résidentiel calme, loin du tumulte de la ville. À première vue, ma vie semblait banale, presque enviable. L'appartement était spacieux, décoré avec goût. Chaque meuble, chaque tableau sur les murs témoignait d'un certain raffinement, mais aussi d'un détachement. Rien ici ne semblait avoir de réelle valeur sentimentale.  

J'avais bâti cette vie grâce à mon pouvoir. Mon aptitude à discerner le mensonge et à extorquer des vérités utiles m'avait ouvert bien des portes. Les riches et les puissants avaient souvent recours à mes services pour déjouer des arnaques, découvrir des trahisons ou obtenir des informations sensibles. Ils payaient bien, très bien.  

Au fil des années, j'avais accumulé assez d'argent pour vivre paisiblement sans lever le petit doigt pendant au moins cinq ans. Mais cette idée me donnait envie de vomir. Me tourner les pouces, regarder le temps passer, me complaire dans le confort ? Non. Ce n'était pas moi.  

Assise dans mon fauteuil préféré, un verre d'eau à la main, je regardais la ville à travers la grande baie vitrée. Je me souvenais du moment où j'avais décidé d'arrêter mes affaires lucratives. C'était lors d'une énième mission où j'avais aidé un homme d'affaires véreux à démasquer son associé, seulement pour découvrir qu'il comptait l'utiliser pour couvrir des malversations bien pires.  

Ce jour-là, une pensée s'était imposée à moi : *Mon pouvoir ne devrait pas servir à enrichir des monstres.*  

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La mission d'aujourd'hui, aussi chaotique soit-elle, avait ravivé quelque chose en moi. J'avais vu ce que signifiait vraiment utiliser ses capacités pour aider les autres. Ce n'était pas juste une question d'adrénaline ou de reconnaissance. C'était une question de sens.  

Je posai mon verre sur la table et me levai, observant mon reflet dans la vitre. Une femme déterminée, mais hantée par une légère mélancolie.  

"Se sentir inutile, c'est pire que tout," murmurai-je.  

Je n'avais jamais été capable de rester les bras croisés. Même avec des économies confortables, l'idée de ne rien faire, de ne rien apporter au monde, m'étouffait. L'Agence des Détectives Armés représentait peut-être la réponse à cette frustration.  

Je me laissai tomber sur le canapé, regardant le plafond, repensant à la journée. Dazai et son exubérance agaçante. Kunikida et son sérieux implacable. Yosano et son assurance effrayante. Tous ces gens avaient quelque chose que je n'avais pas : un but clair.  

Mais maintenant, je pouvais enfin en avoir un, moi aussi.  

Un sourire plus sincère étira mes lèvres.  

"Oui, je crois que je suis à ma place," dis-je dans un souffle.  

Loin d'être la fin, cette journée marquait le début d'une aventure. Et pour la première fois depuis longtemps, je n'avais plus peur de ce qui allait arriver.  

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