La Déclaration et la Vérité


Le silence régnait dans la voiture, juste après l'arrestation du meurtrier. La route de retour à l'agence semblait interminable, chaque seconde s'étirant, chaque virage accentuant l'anxiété qui me serrait la poitrine. Le vent passait à travers les fenêtres entrouvertes, mais il n'arrivait pas à apaiser le tourbillon de pensées qui envahissait mon esprit. Je n'avais pas l'habitude d'être aussi troublée, mais ce soir-là, quelque chose me rongeait, quelque chose que je n'avais jamais eu le courage d'affronter.

Je n'avais pas remarqué que Ranpo était assis en silence à mes côtés, observant la ville défilant à travers la vitre. Mais lui, lui savait sans doute. Il avait toujours ce regard qui semblait voir à travers les gens, comme si rien ne pouvait lui échapper.

Je n'arrivais plus à me concentrer sur le paysage. Mes pensées étaient enchaînées à ce même sentiment, cette pression dans mon cœur. *Je dois lui dire*, pensais-je. *Je ne peux plus continuer à me cacher derrière ces murs que j'ai érigés.* L'idée de lui avouer mes sentiments, pourtant si évidents, me terrorisait. Que penserait-il ? Que dirait-il ? J'avais vu combien il pouvait être distant parfois, et j'avais toujours eu ce sentiment qu'il ne se laissait jamais vraiment toucher par quoi que ce soit ou qui que ce soit. Alors, pourquoi m'accrocher à un espoir aussi fragile ?

"Ranpo," murmurais-je finalement, brisant le silence. "Il faut que je te parle."

Il tourna la tête vers moi, son regard curieux, mais il ne dit rien. Cela me fit me sentir encore plus vulnérable. Je déglutis, les mots bloqués dans ma gorge. Comment pouvais-je exprimer ce que je ressentais sans paraître ridicule ?

Il continua à me fixer, et quelque chose dans ses yeux m'encouragea. Il attendait. Alors, sans réfléchir davantage, je pris une grande inspiration et lâchai tout d'un coup.


"Je crois... Je crois que je suis amoureuse de toi, Ranpo."


La confession était sortie, presque trop vite, comme un éclat de verre brisé. Je détournais immédiatement le regard, me sentant rougir sous la brûlure de mes propres paroles. Je voulais m'enfoncer dans le sol, disparaître, mais je n'avais plus le choix. J'avais laissé le poids de mon cœur éclater, et il fallait maintenant que je fasse face à l'inconnu qui suivrait.

Un silence s'installa, lourd et pesant. J'attendis, espérant un mot, un geste, une réaction. Mais tout ce que j'entendis, ce fut le bruit de la voiture roulant sur l'asphalte.

Soudain, sans avertissement, Ranpo se tourna brusquement vers moi, attrapant mes épaules avec une urgence qui me coucha sur le siège. Je n'eus même pas le temps de comprendre ce qu'il faisait que je me retrouvai dans ses bras, enveloppée dans une étreinte soudaine, intime et réconfortante.

Je n'arrivais pas à croire ce qui se passait. "R-Ranpo...?"

Il me serra plus fort, sa voix basse, vibrante d'émotion. "Je t'aime aussi." Ses mots m'avaient frappée comme un éclair, et je n'étais pas sûre de bien comprendre, mais tout en lui respirait une vérité évidente. "J'ai attendu que tu le dises. J'étais juste... trop stupide pour le dire moi-même."

Je ne pouvais plus retenir les larmes qui montaient dans mes yeux. Un mélange de soulagement, de bonheur et d'incrédulité envahit tout mon être. C'était réel. Il ressentait la même chose. Cette vérité, aussi simple et belle soit-elle, m'embrasait le cœur d'une chaleur infinie.

"Je... Je ne pensais pas que tu pourrais ressentir la même chose", murmurais-je, mes mains serrant son manteau.

Il sourit contre mes cheveux, caressant doucement mes bras. "C'est parce que je suis Ranpo Edogawa, et je suis bien plus observateur que tu ne le crois." Il marqua une pause, avant de se détacher légèrement pour regarder dans mes yeux. "Je savais, je le savais depuis longtemps."

Un rire nerveux s'échappa de mes lèvres, et nous restâmes là, dans l'étreinte de la vérité que nous venions enfin d'accepter. Le monde extérieur pouvait bien attendre, car ce moment était à nous.

En silence, la voiture arriva devant l'agence des détectives, mais ni l'un ni l'autre ne bougeâmes immédiatement. Le confort de nos bras l'un autour de l'autre était un refuge que nous n'étions pas prêts à quitter.

Finalement, nous sortîmes du véhicule, l'air frais de la nuit nous frappant en pleine figure, mais je me sentais plus légère que jamais. Nous marchions ensemble vers l'entré de l'agence, un poids en moins sur mes épaules, un avenir nouveau devant nous.

Quand nous franchîmes la porte, l'agitation habituelle de l'agence des détectives nous accueillit. Tout le monde semblait affairé à ses occupations, mais une fois que Ranpo et moi fûmes dans la pièce commune, tout s'arrêta. Les regards se tournèrent vers nous, certains curieux, d'autres inquiets. Mais personne ne dit rien, pas tout de suite.

Je sentis le regard de Ranpo sur moi avant qu'il ne s'avance, une étincelle de malice dans ses yeux. "On a quelque chose à vous annoncer."

Je levai les yeux vers lui, surprise par son changement d'attitude. Avant que je ne puisse réagir, il prit ma main dans la sienne et la leva bien haut, un sourire large s'étalant sur son visage. "Nous sommes ensemble." 

Le silence qui suivit fut à couper le souffle. Tout le monde, de Dazai à Kyouka, semblait avoir figé dans le temps, mais lorsque la vérité pénétra, un éclat de rires se fit entendre. Kenji était le premier à sauter de joie, et bientôt, tout le monde se réunit autour de nous, nous félicitant.

Je sentais mes joues rougir à l'idée que tout le monde connaissait maintenant notre secret. Mais à cet instant précis, rien d'autre n'avait d'importance. Nous étions ensemble. Et le futur semblait désormais bien plus clair. 

Les rires et les exclamations résonnaient dans l'agence, et moi, je me sentais enfin chez moi, à ma place. Aux côtés de Ranpo. 

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