L'affaire était arrivée à son apogée, et chaque détail de l'enquête nous avait menés ici, dans ce petit appartement à l'angle de Yokohama. Tout se recoupait enfin. Ranpo avait analysé chaque indice, chaque piste. Nous n'avions plus qu'une seule option pour conclure cette affaire : confronter le meurtrier face à face.

Le carnet que nous avions trouvé, les messages cryptiques, tout avait été soigneusement orchestré pour nous mener dans une danse macabre, chaque étape nous faisant avancer dans l'incertitude. Mais cette incertitude n'était plus de mise. Le coupable était à portée de main, et c'était le moment de le démasquer.

Je sentais mes mains moites, malgré ma détermination. L'adrénaline me parcourait alors que je suivais Ranpo, qui semblait étrangement calme. C'était presque comme si cette situation n'était qu'une formalité pour lui, un autre puzzle à résoudre. Mais pour moi, cette fois-ci, c'était plus. Bien plus. Le poids de cette enquête m'avait changée. Et cette confrontation finale allait être la clé, non seulement pour résoudre le mystère, mais aussi pour apaiser le tourbillon qui m'habitait depuis trop longtemps.

Nous arrivâmes enfin à l'immeuble, un vieux bâtiment qui semblait avoir été ignoré par le reste de la ville. Les fenêtres étaient couvertes, et la porte d'entrée, déformée par le temps, se tenait fermée avec une serrure vieillissante. Ranpo n'eut même pas à réfléchir une seconde avant de faire le geste décisif : il se pencha, déverrouillant la porte avec une facilité déconcertante.

Je restai un instant derrière lui, observant la scène. Les pièces du puzzle s'emboîtaient. Le message *Le pire est encore à venir* avait été un avertissement, mais pas seulement pour nous. Le meurtrier était là, caché, attendant de nous faire tomber dans un piège. Et je savais qu'il savait que nous étions sur sa trace.

Lorsque nous pénétrâmes à l'intérieur, l'atmosphère était oppressante. Le silence était lourd, presque suffocant. Les murs étaient tapissés de notes et de croquis, des dessins brefs, presque schizophrènes. Chaque espace était recouvert de signes, de symboles, de mots qui semblaient sans fin. Il était là, quelque part, prêt à nous défier encore une fois.

Ranpo se tourna vers moi, et pour la première fois depuis longtemps, son regard ne portait plus cette insouciance habituelle. Il était sérieux, presque... préoccupé. "Prépare-toi. C'est ici que tout se termine."

Je hochai la tête, mon regard fixant l'obscurité qui s'étendait devant nous. Chaque pas résonnait dans le silence, chaque mouvement semblait amplifié. Puis, au bout du couloir, une porte entrouverte. C'était là. Il nous attendait.

Nous nous dirigeâmes vers la porte. Ranpo donna un coup sec à la poignée, l'ouvrant brusquement. Et là, dans la pièce, il était. Le meurtrier.

Je n'étais pas étonnée de la personne qui se tenait devant nous. Le visage que j'avais vu dans les croquis, dans les symboles griffonnés, se dévoilait enfin sous nos yeux. C'était un homme apparemment sans histoire, sans passé, mais derrière son sourire se cachait une vérité terrifiante. Il savait que nous venions. Il savait que nous l'avions trouvé.

"Bravo, vous avez réussi à me retrouver", dit-il d'un ton calme, presque détaché. "Mais vous savez ce que ça signifie, n'est-ce pas ? Le jeu est terminé, mais tout ne fait que commencer."

Je sentis une pression dans ma poitrine. Cet homme était intelligent, bien plus que je ne l'aurais cru. Et pourtant, il n'avait pas su voir que nous étions plus malins, que Ranpo et moi étions à l'avant-garde de ce jeu.

Ranpo s'avança, son regard perçant figé sur lui. "Le jeu est effectivement terminé", dit-il, sa voix ferme. "Il est temps que tu répondes de tes actes."

L'homme sembla hésiter, un instant. Puis, dans un mouvement furtif, il tenta de fuir. Mais il n'allait nulle part. En un éclair, Ranpo réagit, se jetant sur lui avec une précision redoutable. Il l'attrapa par le bras, l'immobilisant dans un mouvement fluide, presque gracieux. Le meurtrier se débattit, mais il était déjà trop tard. 

Les policiers étaient déjà en route, et la scène était scellée. L'affaire était résolue. Le meurtrier était capturé, et il n'avait nulle part où fuir.

Je me tenais en retrait, observant la scène se dérouler. Un sentiment étrange m'envahit alors que l'homme était menotté. Ce sentiment de victoire, mais aussi de soulagement. L'énigme était terminée, mais quelque part, je savais que ce n'était pas la fin. Pas pour moi, en tout cas. Pas avec Ranpo.

Le regard de ce dernier croisa le mien. "Bien joué", murmura-t-il, un sourire esquissé sur son visage. "Tu as fait un excellent travail."

Je le regardai sans un mot, mon cœur battant plus fort que d'habitude. Cette enquête m'avait fait grandir, m'avait poussée à mes limites. Mais il y avait quelque chose d'encore plus captivant qui m'attirait vers lui. Quelque chose de plus complexe que tout ce que j'avais pu imaginer.

Mais pour l'heure, l'affaire était résolue. Le meurtrier était entre les mains de la justice, et nous, nous avions gagné.

La porte se ferma derrière nous, l'affaire enfin conclue. Mais au fond de moi, je savais que ce n'était pas la fin d'une énigme. C'était juste le début de notre propre jeu.