Les heures s'étiraient, mais l'enquête stagnait. Chaque indice que nous découvrions semblait ouvrir plus de pistes que nous n'arrivions à suivre. La note laissée près du corps, *Le pire est encore à venir*, résonnait dans ma tête comme un écho lointain. Mais même après tout ce temps passé sur le terrain, nous n'avions toujours aucune idée de qui était derrière tout cela. La victime était un inconnu, un homme sans attaches apparentes et sans ennemis évidents. Le message, cette phrase cryptique, ne nous apportait aucune clarification. 

Je jetai un regard furtif à Ranpo, qui, comme à son habitude, semblait parfaitement calme. Son regard acéré parcourait la scène, scrutant des détails que j'aurais sans doute manqués. Il avançait d'un pas sûr, ses gestes lents, comme s'il se savait déjà sur la bonne voie, mais il ne me disait rien. Nous n'avions aucune preuve tangible autre que cette note mystérieuse et un carnet que nous venions de découvrir dans un bâtiment abandonné. 

Le carnet était soigneusement écrit, méthodique. Mais il ne contenait que des paroles énigmatiques : *C'est la fin, mais pas encore la fin. Le jeu continue*. Ces mots me tournaient en tête, je n'arrivais pas à les ignorer. Tout cela semblait si soigneusement calculé, trop parfait pour être le fruit du hasard.

Je m'approchai de Ranpo, qui semblait aussi concentré que jamais. Il n'avait même pas pris la peine de me regarder, et pourtant, je savais qu'il ressentait la même chose. Nous étions proches de la vérité, mais l'obscurité de l'affaire semblait se refermer autour de nous.

"Tu penses qu'il y a un lien entre la victime et ce carnet ?" demandai-je, sans détourner mon regard de la scène. "Il n'y a rien de concret qui nous aide à avancer."

Ranpo se tourna lentement vers moi, un léger sourire aux lèvres, comme s'il se délectait de notre confusion. "Bien sûr qu'il y a un lien. Mais il est encore trop tôt pour le comprendre complètement. Ce carnet fait partie du jeu, et nous devons continuer à jouer selon ses règles."

Son ton était calme, presque moqueur, mais il y avait une intensité dans ses yeux qui me disait qu'il avait déjà une idée de la suite. Il s'éloigna lentement, se dirigeant vers un petit bâtiment en ruine dissimulé derrière des arbres. J'étais hésitante, mais je le suivis sans poser de questions, bien que mon esprit était en ébullition.

 Àl'intérieur, tout était sombre et abandonné, l'air lourd et poussiéreux. Les poutres en bois du plafond grincèrent sous nos pas, mais Ranpo avançait comme s'il était à la recherche de quelque chose de précis. Je suivais ses mouvements, mes yeux scrutant chaque recoin, cherchant un indice, mais je n'arrivais qu'à trouver des objets inutiles.

Puis, tout à coup, Ranpo s'arrêta net. Je le rejoignis et vis ce qu'il avait trouvé. Un carnet, presque intact malgré les conditions de l'endroit. À première vue, il semblait ordinaire, mais au fur et à mesure qu'il l'examina, je remarquai l'écriture soignée qui tranchait avec l'environnement chaotique. C'était comme si quelqu'un avait pris soin de laisser ce carnet là, exactement à cet endroit.

Je ne pus m'empêcher de m'approcher, attirée par l'objet. Ranpo l'ouvrit lentement, et mes yeux se posèrent immédiatement sur la dernière page. Les mots inscrits étaient simples, mais lourds de sens : *C'est la fin, mais pas encore la fin. Le jeu continue.*

Je frémis. Ce message était tellement plus qu'une simple phrase énigmatique. C'était un avertissement. Une promesse, même. Mais une promesse de quoi ?

"Qu'est-ce que tu en penses ?" demandai-je, les sourcils froncés. "Il faut que nous découvrions qui est derrière tout ça. Ce n'est pas qu'un simple meurtre."

Ranpo hocha la tête. "Tu as raison. Ce n'est pas un meurtre ordinaire. Et ce carnet... il est lié à tout ça. Nous devons découvrir à qui il appartient. Tout ce qu'on sait, c'est que l'auteur veut jouer à un jeu avec nous."

Je le regardai, un frisson me parcourant l'échine. "Un jeu ?"

"Exactement", répondit-il en fermant doucement le carnet. "Et je pense qu'il ne nous reste plus qu'à suivre ses règles."

Je laissai échapper un léger soupir. C'était tellement Ranpo, de considérer une situation aussi complexe et dangereuse comme un simple jeu. Pourtant, je savais au fond de moi que c'était exactement ce qu'il faisait. Il était déjà en avance sur nous, comme toujours.

Nous prîmes le carnet et retournâmes à l'agence, sans un mot. Les policiers nous avaient laissés nous débrouiller seuls, convaincus que nous trouverions la solution. Mais plus je me plongeais dans l'affaire, plus je comprenais que chaque réponse entraînerait des questions plus complexes.

De retour à l'agence, Ranpo commença immédiatement à analyser les informations que nous avions récoltées. Il parcourut le carnet avec une rapidité déconcertante, ses yeux brillant d'excitation. 

"Je sais qui est derrière tout ça", dit-il soudain, en posant le carnet sur la table. Je me figeai.

"Qui ?" demandai-je, mon cœur battant plus fort.

"Un maître du déguisement", répondit-il tranquillement. "Celui qui nous défie à chaque étape. Il utilise des fausses pistes, des indices qu'on ne peut pas relier entre eux. Mais tout se recoupe. C'est quelqu'un qui aime nous observer, qui adore nous pousser dans nos retranchements."

Je le regardai, pensant à toutes les fois où ses réflexions avaient mené à des conclusions apparemment farfelues, mais qui étaient toujours justes. Mais cette fois, quelque chose me perturbait. Quelque chose de plus grand se cachait derrière cette enquête. Ce meurtre, ces messages, ce jeu qui se jouait. C'était bien plus qu'une simple résolution de casse-tête.

"Mais qui est-il ? Pourquoi jouer avec nous de cette façon ?" murmurai-je, alors que je sentais une lourde pression dans la pièce. 

Ranpo me regarda alors, ses yeux brillants, comme si tout lui paraissait évident. "C'est un test, une épreuve. Il veut voir jusqu'où nous sommes prêts à aller. Et il est temps que nous répondions."