L'Affaire de Trop


La première affaire de meurtre. C'était comme un tournant, une ligne tracée dans le sable entre l'observation et l'action. Ce n'était plus un simple vol à l'étalage, ni un oubli dans un supermarché. Non, cette fois, il s'agissait de la vie d'une personne. Et pour la première fois depuis que j'avais intégré l'Agence des Détectives Armés, je m'étais retrouvée seule sur le terrain, seule à devoir résoudre un crime...


L'empoisonnement d'une femme, retrouvée morte dans son domicile. Les suspects : son mari, sa sœur, et sa fille. Une histoire de famille tissée de mensonges, de trahisons et de secrets enfouis. Cela semblait être l'occasion idéale de mettre mes compétences à l'épreuve. Et moi, je n'avais pas peur de ça. 

Je me souvenais encore des premières impressions. Le corps de la victime avait été retrouvé dans son salon, une tasse de thé à moitié pleine reposant sur la table basse. Rien de suspect en soi, mais une analyse plus poussée avait révélé que la tasse contenait un poison difficile à identifier à première vue. Mais les indices ne s'arrêtaient pas là.

Le mari, apparemment dévasté par la mort de son épouse, avait tout de suite été suspecté. Puis la sœur, qui semblait un peu trop calme, avait attiré l'attention des enquêteurs. Quant à la fille, elle paraissait aussi perdue que son père, mais il y avait quelque chose de trop parfait dans son comportement. Quelque chose qui laissait supposer qu'elle en savait plus qu'elle ne le montrait. 

Les policiers, après avoir interrogé les trois principaux suspects, étaient convaincus. Le mari et la sœur, après tout, avaient une liaison secrète, et plusieurs témoignages les désignaient comme les plus plausibles coupables. Mais quelque chose clochait. Pourquoi si évidents ? Et si cela n'était qu'un jeu de dissimulation, un stratagème pour cacher une vérité plus insidieuse ?  

C'est là que j'intervins. Ce n'était pas le mari. Ce n'était pas la sœur. Ce n'était même pas la fille. Je le sentais au fond de moi. Il y avait quelqu'un d'autre. Et ce n'était pas un hasard si c'était une personne que personne n'avait interrogée de manière approfondie : le petit ami de la fille.

Je m'étais rendue dans le café où il travaillait, un endroit que la victime fréquentait souvent, apparemment. Après avoir posé quelques questions innocentes, je l'avais observé, cherchant la moindre faille dans son attitude. Il avait l'air nerveux. Il semblait trop... trop inquiet pour quelqu'un qui n'avait rien à cacher. 

Je n'avais pas besoin de recourir à mon pouvoir pour savoir que quelque chose clochait. Non, je l'avais observé simplement. Il avait essayé de mentir sur ses alibis, puis il avait commencé à se contredire. C'était tout. 

Je n'étais pas encore sûre, mais le doute m'avait frappée. Et j'avais su que la clé de l'affaire ne résidait pas dans les évidences. Non, il fallait que je m'intéresse à ce petit ami, que je découvre ce qui le liait à cette famille.

La confrontation avait été brutale. Lorsqu'il avait avoué, il n'avait pas montré de remords. Mais la vérité, elle, était là, crue et implacable. La fille, en complicité avec son petit ami, avait orchestré l'empoisonnement. Elle avait utilisé la liaison de son père avec sa tante pour créer l'illusion d'une famille déchirée par l'adultère, afin de détourner l'attention de leur véritable but : l'héritage. Une fois la mère morte, ils pouvaient tout avoir. 

La réaction de la fille avait été glaciale. Elle n'avait même pas bronché en apprenant que son petit ami avait tout avoué. Quant à son mari, il était trop tard pour le sauver de sa propre trahison. 

Lorsque j'ai quitté la scène, un mélange de satisfaction et d'amertume m'envahissait. L'affaire était résolue. Le coupable avait été arrêté. Mais au fond, ce qui m'avait perturbée, c'était la froideur de cette famille. Comment quelqu'un pouvait-il orchestrer une telle cruauté pour de l'argent, sans le moindre remords ? 

Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser à la manière dont tout s'était emboîté. Une famille, un mari infidèle, une sœur jalouse, une fille motivée par l'argent. Et un petit ami prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait. Tout s'était parfaitement encaissé, comme un puzzle bien monté, mais derrière la perfection de la mise en scène, se cachait la plus grande vérité : la monstruosité humaine.

Je me sentais épuisée, mais satisfaite. Ce n'était pas seulement une victoire pour l'agence. C'était une victoire pour moi. J'avais résolu ma première affaire de meurtre, et cela me prouvait que je pouvais faire plus que simplement observer.  

Cependant, une question persistait dans mon esprit. L'énigme de l'être humain, cette capacité à cacher la vérité, à manipuler, m'intéressait plus que jamais. La solution était toujours là, sous mes yeux. Mais l'observer n'était jamais aussi simple qu'on le pensait. 

Et quelque part, au fond de moi, je savais que cette enquête n'était que le début d'un chemin plus tortueux, avec de nouveaux mystères à résoudre. Et peut-être, quelque part dans tout cela, Ranpo Edogawa avait raison. Les meilleures énigmes étaient celles qu'on ne résolvait jamais entièrement...

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