Au-delà des Enquêtes
Les semaines s'étaient écoulées sans que je ne m'en rende vraiment compte. La routine au sein de l'Agence des Détectives Armés était devenue un rythme presque réconfortant. Les affaires quotidiennes, bien que souvent banales, m'enseignaient des choses nouvelles, des leçons précieuses sur l'observation et l'analyse. Mais tout cela n'était rien en comparaison des moments passés en présence de Ranpo.
Il continuait à me surprendre. Chaque regard, chaque parole semblait caché derrière un voile de mystère, et malgré ma capacité à percer les mensonges des autres, il demeurait une énigme. Non pas parce qu'il mentait, mais parce qu'il était tellement imprévisible, tellement insaisissable. C'était comme si chaque conversation avec lui devenait un puzzle que je ne pouvais pas résoudre, un défi que je n'arrivais pas à relever.
Aujourd'hui encore, je me retrouvais face à ce défi, assise dans mon bureau, en train de regarder les dossiers de l'affaire en cours sans vraiment les voir. Une petite affaire de vol à l'étalage dans une supérette, rien de très excitant. Mais le temps passait, et je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose que Ranpo.
Il venait de partir en mission avec Kunikida et Atsushi, et je savais qu'ils reviendraient dans quelques heures, probablement pour discuter de la prochaine grande enquête. Mais j'avais cette étrange sensation qu'au fond, je me préoccupais moins de la résolution de ces affaires que de l'évolution de mon rapport avec lui.
"Il est insupportable, n'est-ce pas ?"
Je sursautai en entendant la voix de Dazai derrière moi. Je me retournai pour le voir adossé à l'encadrement de la porte, un sourire en coin sur son visage. Il n'avait pas l'air du tout perturbé, mais je savais qu'il avait tout vu.
"De qui tu parles ?" répondis-je, feignant l'indifférence.
"De Ranpo, bien sûr. Il a ce petit côté... insupportable, non ?" Il s'avança dans la pièce, son sourire ne s'effaçant pas. "Et pourtant, c'est peut-être celui qui t'intrigue le plus."
Je le fixai un instant, me demandant s'il avait réellement vu à travers moi. Mais avant que je puisse répondre, il éclata de rire, se dirigeant vers la fenêtre.
"Ne te fatigue pas trop à essayer de comprendre. Je crois que toi-même, tu ne sais pas ce que tu ressens." Il tourna la tête vers moi. "C'est ce qui rend les choses intéressantes, n'est-ce pas ?"
Je ne répondis pas tout de suite. C'était une question à laquelle je n'avais pas de réponse. Après tout, comment décrire un sentiment que je n'étais pas prête à accepter ? J'avais l'impression d'être prise dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Un jour, je voulais lui répondre, l'autre, je me demandais pourquoi je le laissais m'agacer autant.
Mais je ne pouvais pas nier qu'il avait raison sur un point : Ranpo était un mystère, un défi. Et malgré tout, c'était ce qui le rendait si captivant.
___
Quelques heures plus tard, Ranpo et les autres revinrent, et comme prévu, il se dirigea directement vers le bureau, toujours aussi détendu. Son regard se posa sur moi avec ce sourire implacable qui lui était propre.
"Alors, comment se passe l'enquête ?" demanda-t-il sans même attendre ma réponse, comme si les petites affaires ne l'intéressaient jamais vraiment.
Je levai les yeux de mon dossier. "C'est une simple erreur de caisse, mais je suppose que tu n'as pas de temps à perdre avec ce genre de futilité, n'est-ce pas ?"
Il rit, son regard se figeant un instant. "Tu sais, tu devrais être plus ouverte aux petits détails. Parfois, ce sont les plus petites erreurs qui mènent aux plus grandes découvertes." Il se pencha légèrement vers moi, son sourire se faisant plus mystérieux. "Mais bon, je suppose qu'on peut toujours se concentrer sur l'essentiel. Comme d'habitude."
Je soupirai, un peu agacée mais aussi intriguée. "Et qu'est-ce qui, selon toi, serait l'essentiel, Ranpo ?"
Il s'éloigna alors en s'étirant, l'air de ne pas trop se soucier de ma question. "On en reparlera, mais pas aujourd'hui. Tu as des choses à apprendre, tu sais."
Sans un mot de plus, il s'éloigna pour rejoindre Atsushi et Kunikida, laissant derrière lui une vague de pensées confuses. Mais je savais que, de quelque manière que ce soit, cette conversation avait réveillé quelque chose en moi. Quelque chose que je n'avais pas envie de nommer, mais qui commençait à faire surface. Un défi, oui. Mais surtout une envie irrésistible de comprendre ce qui, chez lui, était si captivant.
Et peut-être, inconsciemment, je commençais à accepter ce défi.
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