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Tout ça a commencé avec cette fille. Elle était si gentille, elle me plaisait bien. On a sympathisé, tellement, qu'elle m'a avoué me trouver jolie et drôle. Au début, j'étais gênée, mais pas parce qu'elle m'a clairement avoué son attirance vers moi, mais parce que son compliment m'a fait chaud au cœur. 

J'ai repensé à ça durant des jours avant de comprendre une chose : cette possibilité ne me répugnait pas, au contraire. Je trouvais ça même plutôt agréable et normale. Je m'étais dit que c'était possible puis toute la réalité a refait surface quelques semaines plus tard. Mes parents, ma famille, n'accepteraient jamais une telle chose. La religion, ma religion, bloque tout.

Les quelques baisers échangeaient, me faisaient me sentir tellement bien que j'ai complètement mis de côté toutes ses pensées négatives. J'étais bien, vraiment bien. Je me sentais vivante. J'essayais d'en apprendre plus sur moi, j'essayais d'être moi-même, mais la réalité m'a frappé et j'ai dû tout refouler en moi. 

La pire des solutions pour contrer cette "frustration" a été de commencer la drogue, douce, mais me connaissant jaurai été bien plus loin. J'ai cette chose en moi qu'on pourrait qualifier de "auto destructio". Quelle connerie ! Mes amis m'avaient prévenu, ils ne voulaient pas, mais je ne les ai pas écoutées. 

Me voilà à commencer la fumette, c'était bien. Je ne pensais plus à rien, j'étais bien. Quel cliché ! Mais plus ça allait et plus tous revenaient par vague. J'ai commencé à ressentir un manque, un manque de liberté. Mais au final, mes parents ont tout découvert. Ils ont compris que je fumais et j'ai trouvé ce moment pour faire mon coming-out, quelle bêtise !

Je reviens à la réalité et une nuit de sommeil me serait bénéfique, mais comment dormir avec toutes ses pensées en tête ? Je me retrouve à faire une nuit blanche, encore.

Mes insomnies ont commencé quand j'ai commencé à me découvrir et depuis je ne dors presque pas. Mes cernes en sont la preuve, mais personne n'a compris sauf mes amis les plus proches. 

J'ai eu des crises de panique et des paralysie du sommeil. Mon médecin essayait par tout les moyens de me faire voir un psychologue, pour m'aider, mais je refusais. Tout ça m'empêchait de dormir, d'être bien, alors j'ai continué à me droguer. Comment peut-on rester serein avec tout ça en tête ? Le pire c'est que j'avais des antidépresseur et que je cumulais ça avec la drogue et parfois même l'alcool.

Je me demande encore comment c'était possible que ma famille ne remarque rien, suis-je vraiment une si bonne actrice que ça ?

Voila que le soleil se lève, un moment de sérénité avant la traversée d'une nouvelle journée dans les Abysses. J'essaie de préparer des excuses, peut-être qu'ils vont me croire ? 

Oui, j'ai décidé de mentir. À quoi bon s'entêter quand rien ne peut nous sauver ? J'ai encore en tête les paroles de mon père quand je suis rentré du lycée hier.

"J'ai appelé ton oncle, tu vas aller vivre en Turquie dans un internat, ils vont te remettre dans le droit chemin eux !" 

J'ai eut si peur, il ne m'a jamais parlé avec autant de haine. Enfin, pour le peu qu'il me parlait ces dernières années.

J'entends du bruit provenant du couloir, mes parents doivent être réveillés. Je regarde la porte de ma chambre ouverte, ah oui ! Je ne peux plus fermer ma porte, elle doit rester ouverte. 

"Viens au salon." Dit ma mère d'une voix tellement vide d'émotion.

Je me lève à contrecœur et avec appréhension je me diriger vers le salon. Je m'assois sur le fauteuil face au canapé où mes parents sont assis. Je n'ose même pas les regarder. 

"Tu retourneras en cours pour passer ton bac et rien de plus. Tu n'ira pas en cours avant ça. Ton téléphone t'est confisqué et je veux que devant nous, tu effaces absolument tout ce qui à un rapport avec cette histoire. Tu as quelque chose à nous dire ?" Demande ma mère d'une voix tranchante.

Je sais ce qu'ils attendent, des excuses...je vais devoir m'excuser d'une chose totalement normal à mes yeux. Quelle absurdité !

"Je suis désolée, j'ai dit ça sur le coup de la colère. Je ne le pensais pas." M'excusais-je avant de récupérer le téléphone et de tout effacer sous leurs yeux.

Une larme coule sur ma joue, je m'empresse de l'essuyer. J'efface tous mes souvenirs avec mes amis, tout ce que j'ai de plus chère. J'efface les seuls moments de bonheur que j'arrivais à avoir depuis tout ça. Je redonne mon téléphone et m'assois de nouveau sur le fauteuil. 

"J'ai pris rendez-vous avec une psy, tu dois avoir un problème psychologique. Tu m'as parlé de tes crises, même si je ne te crois pas, y a quelque temps, peut-être que tu es folle !" 

Ses paroles sont tellement choquantes et blessantes que j'en reste sans voix. Je ne réussis qu'à hocher la tête. Je me lève et me dirige dans ma chambre. J'ai besoin d'un temps pour récupérer. Je me sens vraiment mal, très mal. Cette sensation de faiblesse dans tout le corps m'est très désagréable. 

Je ne fais rien de ma journée, je regarde le jardin et le ciel par ma fenêtre. Il n'y a rien à faire de toute façon. Ma mère m'a appelé pour manger j'étais prête pour refuser, mais son regard m'en a dissuadé. C'était la seule extravagance de ma journée. 

Encore une nuit sans sommeil. Suis-je vraiment réduit à ça ? Rester enfermée dans ma chambre ? Je ne peux ni sortir, ni appeler mes amis, ni rien faire. Je vais rester ici, seule. 

"Prépare-toi, on y va " me prévient ma mère en entrant dans ma chambre. 

Je me lève et m'habille, très simplement. Je rejoins ma mère à l'entrée et attends de partir. Je n'ai vraiment pas envie d'aller voir une psy, ça ne va me servir à rien. 

Nous sortons de la maison pour monter dans la voiture, l'ambiance est assez pesante. Je ne sais pas trop quoi faire ou dire. Je regarde seulement le paysage défiler par la fenêtre de ma portière. Cependant, on arrive plus vite que prévu au lieu du rendez-vous. 

Je souffle avant de sortir de la voiture, on sonne et la psychologue arrive en souriant. Elle nous invite à entrer, son cabinet se trouve dans la dépendance au fond de son jardin. 

On entre dans la salle et on s'assoit, ma mère et moi, sur le canapé et la psychologue face à nous, sur son fauteuil. Elle nous regarde en souriant avant de prendre une feuille et stylo. 

"Expliquez-moi la raison de votre visite ?" Commence la psy, j'allais parler, mais ma mère me devance.

La psy absorbe les paroles de ma mère en hochant la tête. Elle prend quelques notes en fronçant parfois les sourcils. Je n'écoute pas vraiment ce que ma mère dit mais j'entends quelques bouts de phrases..

"J'ai été en dépression pendant presque un an et je n'ai pas remarqué qu'elle avait changé.... Dans notre religion, ce genre de chose ne se fait pas... Je connais ma fille et elle n'est pas comme ça... Elle a été influencée..." je souris, mais un sourire amer.

Elle ne me connaît pas, ils ne savent même pas ma couleur préféré à vrai dire, même la plus basique des informations, ils ne la connaissent pas. 

La fin de la séance est arrivée et je n'ai même pas pu parler. On n'est pas venu pour moi de base ? La psychologue me regarde avec un air désolé. Je suis vraiment à prendre en pitié pour qu'elle me regarde ainsi ?

"Pour la prochaine séance, j'aimerais voir votre fille en privé." Ma mère tique, mais accepte. 

Nous rentrons chez nous et lors du trajet, je suis briefé pour le prochain rendez-vous. Je dois dire que tout va bien, qu'on a réglé chaque problème. J'accepte sans broncher, pourquoi refuser ? 

"Je ne vais pas payer des séances de psy pour une fille comme toi !" Et encore une phrase qui me hantera toute ma vie.

Je ne vaux rien ? Même des séances avec une psy est beaucoup trop pour ma personne ? Je ne dis rien de tout le trajet, ça n'en vaut pas la peine, après tout. 

Des séances m'auraient fait du bien, j'ai besoin d'aide. Affronté tout ça toute seule a l'air tellement insurmontable. Je me sens désemparée, impuissante.

Je regagne ma chambre une fois arrivée et m'allonge sur mon lit. Mais je ne peux me reposer que ma mère entre dans ma chambre. Elle s'assoit sur la chaise de mon bureau et me regarde.

"Écoute, je t'aime. On ne veut que ton bien, comprends nous s'il te plaît" je relève la tête et allais sortir une remarque, mais je n'ai pas le temps qu'elle reprend la parole.

Je l'écoute que d'une oreille, elle me répète que je dois revenir sur le droit chemin et me faire pardonner. Me faire pardonner de quoi ? D'être qui je suis ? On revient encore aux mêmes choses, encore et encore.

"Je suis désolée, j'ai dit ça sous le coup de la colère. Je ne recommencerais plus..." je me demande réellement si elle me croit, c'est tellement pas sincère ce que je dis.

Elle me sourit puis me prend dans ses bras. Elle pleure en me disant qu'elle est désolée de ce qu'elle m'a dit, mais qu'elle était désespérée à l'idée d'avoir une fille comme moi. Est-ce réellement des excuses ? 

Ma deuxième séance, un cauchemar. Regarder cette dame et lui mentir est un supplice. Jaimerai lui dire ce que j'ai a dire. Que je me sens mal, que j'ai envie de mourir, que la seule chose qui me retient c'est la peur.

J'aimerai lui dire que j'ai peur la nuit pour dormir, lui dire que j'ai sans cesse du mal a respirer. Mais je ne peux pas, si je lui dis tout ça elle proposera d'autres séance et ma mere saura que j'ai rien dit de ce qu'elle m'a ordonné de faire.

Alors je me tais et attends. La psy me demande tout de même de l'appeler si y a un truc qui va pas.

Je ne l'ai jamais rappelé. Elle aurait pu rien faire de toute façon. Au moment des faits, j'étais majeure et c'était à moi de prendre la décision de partir ou pas.

Néanmoins, j'ai commencé à voir une psy en 2020. Bon je dois avouer que ça ne m'a pas beaucoup aidé. Voir, pas du tout. J'y allais je parlais, mais y'avait aucune solution derrière. Elle ne faisait pas grand chose à part m'écouter. Je ne sais pas ce que j'attendais des séances pour tout dire. Du coup, j'ai arrêté, j'ai arrêté le traitement aussi. (Bon le traitement c'était mon médecin qui me l'avait donné, et c'était pour m'aider avec mes angoisses, elle pouvait rien faire de plus.)

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