Chapitre 1 : Beware of withered roses

MYOSOTIS

Chapitre 1 : Beware of Withered Roses

Il a pleuré, oui.

Il est démoralisé de la pire des manières, ce n'est que son troisième emploi, et il espérait tenir au moins toute la saison, il ne demandait pas à être le meilleur ou le plus titré, mais juste à être respecté. André ne pensait pas que ce serait trop demandé, il espérait mieux que d'être dégagé de cette façon, comme s'il n'avait jamais compté. Il n'aurait jamais dû quitter Porto, au moins il savait quoi faire là-bas, au lieu de devoir se retenir de se morfondre comme un idiot dans sa voiture. Il restera toujours dans l'ombre de José et cet échec cuisant confirme tout ça, il n'arrivera jamais à se défaire de sa réputation, il sera toujours son ancien assistant ou son héritage, et jamais André. C'est déprimant. Il n'y a rien de pire pour qu'il se sente mal, il veut tellement bien faire et réussir à se débarrasser des à priori sur lui qui le suivront toujours parce que José n'a pas pu s'empêcher de le prendre avec lui quand il était un gosse.

André est obligé de repenser à leur foutue relation, à la voix de José quand il lui a demandé alors qu'il avait à peine un peu plus de vingt-cinq ans de le suivre à travers une partie de l'Europe, pour aller à Chelsea ironiquement. Sois mes yeux et mes oreilles, mais ne t'impose pas. André aurait dû savoir que c'était une mauvaise idée, il aurait dû dire non et rester à Porto, ne jamais quitter son poste de formateur des équipes jeunes, il n'aurait jamais dû écouter son cœur, et garder sa raison comme seule amie. Il a échoué dans tous ses choix à cause de José, il pourrait se reposer tranquillement au Portugal, au lieu de vouloir pleurer dans sa voiture parce que Roman l'a viré comme un malpropre. Sa relation avec José le suivra sur toute sa carrière, alors qu'il en aura fini dans dix ans. Il va passer la prochaine décennie et le reste de sa vie dans l'ombre de José alors qu'il aurait pu se fonder sa propre légende...

Il pensait que prendre son indépendance en 2009 et le laisser seul à Milan l'aiderait à retrouver confiance en lui, malheureusement il n'a pas l'impression qu'il n'ait réussi à faire autre chose que d'échouer à sortir de l'ombre de son ancien mentor. C'est risible, il mérite mieux que ça. Ce n'est pas l'héritage de sa famille qui devait le porter, ou celui de José, mais le sien, et il n'est pas foutu de le mettre en place quand il n'est pas au Portugal...

André ne se laissera quand même pas décomposer. Il veut se morfondre et rentrer chez lui pour oublier toute cette douleur, mais il ne laissera pas Lampard marteler son honneur avec les mots qu'il peut utiliser derrière son dos. Il n'était peut-être pas le meilleur entraîneur, mais il refuse qu'on parle de lui comme ça, et il compte bien s'expliquer avec l'anglais pour qu'il n'ose plus jamais s'exprimer comme ça par rapport à lui, il n'est pas n'importe quel gars malgré ce qu'il peut penser. Lampard peut évoquer les résultats, mais pas son âge ou sa réputation. Se faire virer ne lui a déjà pas fait spécialement plaisir, alors qu'il l'humilie comme ça dans la presse par la suite, c'est hors de question de plus se laisser marcher sur les pieds. Tout ça a le don de plus l'énerver que le licenciement.

André toque à sa porte en essayant de ne pas laisser paraître qu'il y a quelque chose de brisé à l'intérieur de lui, que ce soit sa confiance ou son respect pour lui-même. Voir la tête de Frank, son sourire arrogant, lui donne envie de le frapper d'avance, mais il ne peut pas le faire, pour sa réputation déjà misérable en Angleterre. Frank sent fort, il ne sait pas ce que c'est, peut-être une rose Boscobel, mais l'odeur est trop prononcée...

''Pourquoi tu as dit ça à la presse ?'' André essaie de ne pas trop montrer qu'il est frustré de toute cette journée insupportable, il veut juste retourner chez lui et ne plus y penser, mais son honneur ne le laisse pas faire

''Parce que vous êtes mauvais, il n'y a pas de raison que je ne le dise pas, puisque c'est la vérité.'' Le sourire arrogant se foutant de lui de Lampard l'énerve tellement, c'est hors de question pour lui de rester calme alors qu'il arrive à peine à se recollecter

André a terriblement envie de le frapper pour lui rappeler qui a le plus à perdre ici par rapport à ses mots, mais au premier pas fait, l'expérience du terrain de Lampard le domine, ce qui explique sans nul doute le coup qu'il se prend facilement à la tête, qui lui fait peu à peu perdre connaissance, son esprit lourd et son corps faible...

Quand il se réveille, sa tête est toujours lourde et lui fait mal, son sang battant trop fort dans ses tempes pour qu'il ne ressente rien. Il veut les masser, mais ses mains ne peuvent pas atteindre son crâne. Il est sûr et certain d'avoir les yeux ouverts, mais il ne peut pas voir autre chose qu'une mer d'obscurité. Une nausée lui monte rapidement en comprenant grâce à la texture sous lui qu'il est toujours chez Lampard, et probablement sur son lit ou quelque chose dans le genre. Il pourrait rester calme, mais c'est impossible dans son état, et c'est encore pire quand les doigts de Lampard commence à glisser sur sa peau, nue. Non, il ne veut pas que ce cauchemar continue, il veut fuir au plus vite et retourner à Porto... Il commence à paniquer en visualisant parfaitement dans quel ramdam il se trouve, son front contre le drap, nu et attaché sur le lit, quelque chose sur ses yeux pour l'empêcher de voir. Et il y a Frank derrière lui, profitant de sa situation et de son corps faible pour se moquer de lui de la pire des manières...

Sa voix est rauque, sa gorge sèche, alors qu'il lui demande de ne pas faire ça, qu'il ne dira rien s'il le laisse partir, mais ce n'est qu'un cri qui ponctue sa phrase quand Lampard rentre un doigt entre ses fesses, sans lubrifiant. Non... Il n'a pas fait ça depuis tellement de temps, il ne veut pas faire ça maintenant, pas dans son état, pas ici et pas avec lui... Ses yeux toujours aveuglés commencent à lui piquer, la douleur le rendant encore plus passif et sensible qu'avant... Les doigts qui rentrent en lui, ou la main qui le frappe au niveau des fesses, une bague rendant les futures plaies plus profondes... André est fragilisé par la pire douleur, par la pire humiliation.

Ce sont de longs moments où il sent sa confiance en lui disparaître à jamais, parce qu'il n'est pas capable de se défendre, de lutter et de se sortir de là, parce qu'il est forcé de se laisser abuser alors qu'il ne veut absolument pas que Lampard lui fasse ça... C'est encore pire quand l'anglais lui pose des questions sur sa relation avec José, il ne veut pas penser aux bons moments qu'il a passé avec lui quand il est utilisé de cette manière... Il ne veut pas repenser à son lit chaud et ses mains douces sur lui après les victoires, les petites faveurs quand il faisait bien ses analyses des adversaires... Il ne veut pas que Lampard en sache plus sur sa vie privée, sur ce qu'il peut toujours ressentir par rapport à José, à quel point il veut le revoir et le rappeler, il ne veut pas que son bourreau sache à quel point il s'est démené pour trouver son nouveau numéro, tout ça pour ne jamais trouver le courage de lui parler...

André sait qu'il pleure quand Lampard frappe une nouvelle fois ses fesses, retirant les cordes, mais il ne peut pas arrêter, il n'a plus la force de faire autre chose que d'avoir honte de lui-même, de tous ses aveux fragiles, de ses larmes et des tremblements qui parcourent son corps à cause de la douleur...

Il n'arrive même pas lui-même à se rhabiller, c'est Frank qui doit se moquer de lui une nouvelle fois en l'aidant à remettre ses vêtements, ses larmes brouillent toujours ses yeux et son corps engourdi ne veut rien faire. Il ne sait pas comment il est arrivé dans sa voiture, il ne sait plus quoi faire ou où aller, mais il ne peut que pleurer et avoir mal. André ne veut pas que quelqu'un le voit comme ça, il est recroquevillé sur son siège en attendant de retrouver un peu de force, un peu de courage. Il a la tête perdue entre ses genoux, comme si ses larmes allaient sécher. Il ne sait plus ce qu'il doit faire, ce qu'il veut faire, il ne peut pas rester en Angleterre, mais il ne sait pas où aller pour se remobiliser, il ne peut pas retourner à Porto dans cet état, ça ferait trop mal qu'on le voit aussi abattu...

Son téléphone est dans sa main, il a composé le numéro sans savoir pourquoi. Il n'a plus personne dans sa vie, alors il ne devrait pas se tourner vers lui en premier pour essayer d'aller mieux, mais il l'a fait de manière automatique, comme toutes les autres fois qu'il a essayé de l'appeler, sans trouver la force. Il n'a plus rien à perdre, à part peut-être la vie, ou alors il vient de la perdre. André pose le téléphone contre son oreille en essayant de sécher ses larmes avec son autre main, sa voix est tremblante quand il essaie de râcler sa gorge.

''Qui est-ce ?''

''Est-ce que je peux... Hm... Venir te parler à Madrid... ?''

''Qu'est-ce qu'il s'est passé André ?''

''S'il te plaît José...''

''Réponds à ma question.''

''Je te dirai tout à Madrid, s'il te plaît... C'est à propos de Lampard...''

''... Bien.''

José raccroche juste après. Ou alors c'est lui. Il ne sait pas. André finit juste par pleurer un peu plus entre ses genoux, malgré un retour de son mentor dans sa vie... Il y a l'odeur de Frank sur lui, c'est insupportable, il a tellement honte de lui...

Fin du chapitre 1

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