Novembre

C'était un doux matin de novembre, l'air était plat et les nuages hauts et sombres se détachaient sur l'aube claire à l'est et sur le ciel d'encre à l'ouest. Créant comme une frontière entre le nuit et le jour. Ma nuit s'était résumée en trois heures de sommeil en pièces détachées et je montais dans le bus fatiguée et emmitouflée dans mon écharpe. Pourtant il ne faisait pas vraiment froid, le vent s'en était allé et il semblait qu'aucune pluie n'allait tomber. Bien sûr que je n'avais pas envie d'aller en cours, bien sur que j'aurais préféré rester dans mon lit enroulée dans ma couette bien chaude et peut-être enfin trouver ce sommeil qui me manquait tant ce jour là. Mais non, j'étais assise là dans ce bus avec mon sac et ma fatigue insolente. Le bus allait lentement, cahotant sur les routes de campagne entre les ornières et les branches fouettant les vitres. Le car est un endroit plutôt rassurant, une forteresse rectangulaire à l'intérieur chaud et confortable. On semblait inattaquables. Il y avait, comme toujours les petites filles bavardes, ces sixièmes ne connaissant pas la gêne et parlant de tout et de rien, de leurs histoires sans importance avec la voix aiguë et insupportable qui sied à leur âge. J'étais seule ce matin là, ma meilleure amie commençait plus tard et m'avait lâchement abandonnée. Remarque, j'aurais fait la même chose si on m'avait proposé des heures de sommeil en plus. Néanmoins je finissais tôt en ce début de semaine. Aujourd'hui je devrais seulement affronter le vieux prof de sciences, cette personne traitant ses élèves d'idiots à tout va. Heureusement, mes capacités scientifiques dépassaient la moyenne et j'avais obtenu aisément un 18 à ma première évaluation. Ensuite venait la physique. Celui qui nous l'enseignait n'était pas désagréable, au contraire il était assez sympathique et nous pouvions bavarder avec lui quand notre travail était terminé. Mais il était d'une lenteur incroyable. Le cours de physique ne s'annonçait pas horrible. Le calme avant la tempête me direz vous. Exact car après, la classe devait se retrouver en français ou nous attendait une évaluation de lecture sur un livre de Maupassant des plus ennuyeux que j'avais fini depuis une bonne semaine et dont je n'avais plus de très bons souvenirs. Mais je l'avais lu et en entier, c'était déjà ça. Puis enfin la délivrance. Mon père devait me ramener chez moi à midi ou je pourrais faire une sieste bien méritée. Ce matin la une douleur aiguë me traversait l'épaule gauche a chaque fois que j'avais le malheur de me servir de mon bras. Ou même si je ne m'en servais pas d'ailleurs. Bon, vous l'aviez compris ce matin la n'avait absolument rien de réjouissant à première vue. Mais avec un peu d'imagination je pouvais penser que mes profs allaient faire grève, grève que mon cousin m'avait annoncée hier comme on annonce de la manière la plus normale du monde qu'on a pas cours le lendemain. Et ce manquement aux cours de la part des professeurs ne pouvait que m'arranger. J'allais peut-être passer un moment agréable à lire ou à dessiner seule à la bibliothèque. Ah mais la bibliothèque va être en grève. Tant pis j'irais à la cafétéria mais seulement si j'ai un trou et que je reprends la torture après. Sinon, ce que j'espère bien, mon cauchemar va se transformer en rêve. Si je finis après la svt je vais foncer jusqu'à mon ancien collège et peu m'importera mon bras à ce moment là. Car la bas je vais peut-être retrouver une personne que je n'ai pas vu depuis trop longtemps, une personne qui me manque atrocement. En même temps je serais un peu déçue, je lui avais fait un dessin mais je ne l'ai pas pris avec moi. De toute manière hein, c'est beau de rêver mais je n'y crois qu'à moitié honnêtement. Finalement je traversais le couloir peu fréquenté et rejoignais la salle de sciences en ce matin de novembre.

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